Le Courrier de la Transplantation - Volume IV - n
o
4 - oct.-nov.-déc. 2004
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Revue
de presse
La mesure de l’index
de résistance artérielle
du greffon rénal permet
de prédire la mortalité
des patients et des greffons
L
a néphropathie chronique du gref-
fon et le décès avec un greffon
fonctionnel sont actuellement respon-
sables de 80 % des pertes de greffe
après transplantation rénale (TR). Les
auteurs ont récemment montré que la
constatation d’un index de résistance
artérielle supérieur ou égal à 80 était un
élément prédictif de l’altération de la
fonction du greffon ou du décès chez
les patients transplantés présentant une
atteinte rénale autre qu’une sténose de
l’artère rénale. Les auteurs ont mis en
place une étude prospective, où l’index
de résistance a été mesuré au moins
trois mois après TR (médiane 40 mois).
Cette période de trois mois a été choisie
de façon à éliminer les insuffisances
rénales précoces postopératoires qui
n’avaient pas forcément de rôle prédic-
tif dans la survie du greffon ou des
patients.
Sur une période de quinze mois, une
étude ultrasonographique et doppler a
été effectuée par un seul investigateur
chez 776 transplantés rénaux consécu-
tifs ; 175 d’entre eux ont été exclus, soit
parce que la TR remontait à moins de
trois mois, soit parce qu’ils avaient des
facteurs confondants pouvant modifier
l’index de résistance. La présente étude
a donc porté sur 601 patients, suivis
pendant au moins trois ans. Le critère
principal de jugement était un critère
combiné associant réduction d’au moins
50 % de la clairance de la créatinine
entre échographie initiale et l’analyse
finale, nécessité de la dialyse ou décès
avec un greffon fonctionnel. Le signal
doppler a été enregistré sur des artères
segmentaires proximales. La vélocité
systolique maximale (Vmax) et la vélo-
cité diastolique minimale (Vmin) ont
été mesurées, et l’index de résistance
artérielle segmentaire ainsi calculé :
100 x (1-Vmin/Vmax).
Sur l’ensemble, 122 patients avaient un
index de résistance ≥80 et 479 < 80.
Les patients dont l’index était ≥80 cou-
raient un risque accru de développer le
critère principal (sensibilité 56 %, spé-
cificité 96 %, valeur prédictive positive
88 %, valeur prédictive négative 83 %) :
88 % des patients à haut index de résis-
tance versus 17 % des patients à faible
index de résistance (p < 0,01) ont atteint
ce critère. De plus, 84 patients ont évo-
lué vers une réduction de la créatinine
de plus de 50 % (69 % versus 12 % des
patients dont l’index était < 80) ;
57 patients ont eu recours à la dialyse
(47 % versus 9 % chez les patients dont
l’index de résistance était < 80), et 36
patients sont décédés (30 % versus 7 %
dans le groupe des patients dont l’index
était < 80) (p < 0,001 pour chaque com-
paraison). Les patients dont l’index de
résistance était ≥80 avaient une durée
médiane de survie du greffon de 2,5 ans
(IC95 : 2,3 à 2,6) versus 23,3 ans
(IC95 : 5,4 à 100,5) chez les patients
dont l’index de résistance était < 80. En
analyse par courbe ROC (receiver-ope-
rating-characteristic), les meilleures
sensibilités et spécificités étaient
atteintes pour un index de résistance de
0,795, confirmant la pertinence d’utili-
ser une valeur de 0,80 comme seuil.
En analyse multivariée, le risque relatif
de perte du greffon chez les patients à
haut index de résistance était de 9,1
(IC95 : 6,6 à 12,7). Les autres facteurs
prédictifs possibles, en analyse univa-
riée, étaient une durée d’ischémie froide
supérieure à 12 heures, une protéinurie
supérieure à 1 g/24 heures, une clairan-
ce de la créatinine inférieure à 30ml/mn
par 1,73 m3, un âge du donneur supé-
rieur à 65 ans, une épaisseur de paren-
chyme rénal inférieure à 15 mm, une
pression diastolique supérieure à
70 mmHg. Cependant, ces variables
avaient toutes un pouvoir discriminant
inférieur à celui de l’index de résistance
artérielle.
La présence d’un index de résistance
artérielle ≥80 semble donc être un puis-
sant prédicteur à la fois de la perte du
greffon et du décès avec un greffon
fonctionnel chez les transplantés
rénaux. La mesure de l’index de résis-
tance artérielle s’est avérée être simple
et reproductible entre les mains de
l’équipe de Hanovre. Elle peut être
répétée très facilement. Il serait bien sûr
intéressant d’analyser son évolution de
façon longitudinale.
L’index de résistance artérielle reflète
clairement des anomalies capables d’in-
fluencer la fonction à long terme du
greffon : la présence d’une augmenta-
tion de la résistance vasculaire est com-
mune à toutes les causes de néphropa-
thie, qu’elles soient immunologiques ou
non. Dans ce travail, l’index de résistan-
ce était corrélé avec un certain nombre
de paramètres histologiques obtenus un
an après la greffe, mais cela peut être
biaisé par le fait que seuls 31 % des
patients de cette série ont bénéficié
d’une biopsie rénale à cette date.
Y. Calmus, Paris
Radermacher J et al. The renal arterial resistance
index and renal allograft survival. N Engl J Med
2003 ; 349 : 115-24.
Implication
des récepteurs Toll
dans les mécanismes
du rejet aigu
L
es récepteurs Toll (TLR) sont des
récepteurs transmembranaires de
découverte récente. Leur premier rôle
démontré a été celui de la défense de l’or-
ganisme vis-à-vis des pathogènes. Ils sont