La Lettre du Gynécologue - n° 326 - novembre 2007
Congrès
Congrès
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l’EORTC en cours. En cas de validation, cela devrait réduire de
façon importante la morbidité de la prise en charge chirurgi-
cale pour les cancers vulvaires de taille limitée et en l’absence
d’adénopathies inguinales suspectes.
Cancer du vagin et de l’ovaire : les données actuelles sont
très limitées et si l’on peut attendre un bénéfice de la tech-
nique pour les cancers du vagin, l’intérêt semble limité pour
l’ovaire.
Faut-il réellement opérer les endométrioses
profondes ?
Pour : M. Canis
La chirurgie de l’endométriose infiltrante est à risque de com-
plications (notamment fistules urinaires ou digestives), mais
celles-ci doivent être mises en balance avec les douleurs par-
fois invalidantes dans cette forme de la maladie. L’indication
opératoire doit donc tenir compte du contexte : les patientes
asymptomatiques ne devraient être opérées que dans deux
situations : endométriose périuretérale ou lésion vaginale pure
devant être opérée pour une autre raison (exemple : bilan d’in-
fertilité). Par ailleurs, il faut opérer les patientes atteintes d’une
endométriose infiltrante symptomatique, malgré une aménor-
rhée sous traitement médical. Dans ce cas, la chirurgie n’est
pas une urgence, mais reste le seul traitement curatif que l’on
puisse proposer. L’indication opératoire et la réalisation du
geste sont du ressort d’une équipe chirurgicale entraînée, par-
fois multidisciplinaire. Quant à l’abstention chirurgicale, elle
ne se conçoit que sous surveillance clinique régulière et après
un interrogatoire soigneux. Si la lésion augmente de volume,
il faut opérer, la chirurgie pouvant être plus aisée pour les
lésions de volume limité.
Contre : H. Fernandez
La prise en charge d’une endométriose profonde nécessite la
réalisation préalable d’un bilan complet de la maladie : interro-
gatoire soigneux précisant la séméiologie de la douleur éven-
tuelle, échographie pelvienne, échographie endorectale et/ou
IRM. De la qualité du diagnostic dépend la qualité de la prise
en charge. La reconnaissance de la pathologie est néanmoins
souvent retardée et son implication causale dans le symptôme
dominant reste parfois difficile à évaluer. Enfin, le contexte
demeure un point capital à définir si l’on considère les deux
symptômes les plus fréquents attribuables à l’endométriose
profonde, l’infertilité et la douleur. En effet, les patientes avec
un désir de grossesse et souffrant d’endométriose profonde
ne justifient pas de la chirurgie, mais d’une aide médico-
psychologique (AMP), l’endométriose n’intervenant pas sur
les chances de succès de ces techniques. Pour les patientes
qui ont des douleurs importantes, les recommandations du
CNGOF rejoignent celles du Royal College et de l’ACOG : un
traitement médical visant la suppression prolongée des règles
doit être prescrit en première intention avant de réaliser une
cœlioscopie diagnostique. La durée optimale de ce traitement
n’est pas définie, mais le développement des agonistes de la
LH-RH associé à l’add-back therapy permet de traiter durant
de longs mois en redonnant à ces patientes un confort de vie.
Pour celles qui souffrent malgré les traitements médicaux, on
s’oriente vers une prise en charge chirurgicale. L’information
préopératoire ne doit pas omettre de préciser dans ce cas que
l’efficacité d’un geste optimal, réalisé par une équipe multidis-
ciplinaire entraînée, sera efficace dans 60 à 100 % des douleurs
avec un risque de 4 à 15 % de complications digestives et de
20 % de séquelles fonctionnelles urinaires et/ou sexuelles.
Chirurgie du sein : l’oncoplastie pour les nuls
I. Garrido, D. Ganglo, D. Querleu
Au début des années 1970, l’équivalence en termes de survie
entre le traitement conservateur et la mastectomie pour la
prise en charge du cancer du sein a été démontrée. Depuis, la
chirurgie oncoplastique a développé des techniques permet-
tant d’en augmenter les indications et de diminuer les séquel-
les cosmétiques. Le principe consiste à utiliser les techniques
de chirurgie plastique mammaire dans le même temps que le
geste carcinologique. Une formation spécifique, à la frontière
entre chirurgie carcinologique et plastique, doit être entre-
prise dans les centres spécialisés en chirurgie mammaire.
Au-delà du geste technique, les bonnes indications doivent
être débattues en collaboration multidisciplinaire lors de la
mise en place du traitement. Cela pourrait concerner 15 %
des patientes, en particulier lorsque l’évaluation préopératoire
rend prévisible le recours à cette technique.
Pathogénie des prolapsus et concepts thérapeutiques
R. Villet
Les prolapsus génito-urinaires, quel que soit le compartiment
intéressé, urologique, gynécologique ou digestif, sont liés à
une dégradation des systèmes d’amarrage des viscères et/ou
du plancher pelvien. Ces dégradations sont secondaires à une
fragilité spontanée ou acquise des tissus de soutien, résultat de
traumatismes directs ou de sollicitations trop fortes ou inadap-
tées comme l’hyperpression abdominale chronique quelle qu’en
soit la cause. Le support anatomopathologique de ces dégrada-
tions est conjonctif, neurologique et musculaire intrinsèque ou
secondaire à une atteinte neurologique. Dans l’état actuel des
connaissances, nul ne sait réparer le conjonctif, les nerfs et les
muscles. Traiter un prolapsus c’est donc faire appel à d’autres
moyens pour replacer, suspendre et/ou maintenir les parois du
vagin et les viscères pelviens. Ces moyens utiliseront les tissus
naturels de la patiente ou feront appel à des tissus hétérolo-
gues ou synthétiques de renforcement. Leur réalisation se fait
par voie abdominale (laparotomie ou laparoscopie) ou par voie
vaginale. La voie abdominale a le mérite d’être parfaitement
standardisée. Dans tous les cas, la technique choisie évitera de
créer ou de favoriser de nouvelles dégradations anatomiques ou
de nouveaux troubles fonctionnels.
Chirurgie du prolapsus : que faut-il faire si l’on s’en
tient strictement à l’EBM ?
M. Cosson, F. Sabban, J.P. Lucot, P. Collinet
Malgré le nombre important de publications sur le sujet, les