E N U N E R É F É R E N C E . . . RÉFÉRENCE Systematic review: transient left ventricular apical ballooning: a syndrome that mimics ST-segment elevation myocardial infarction. Bybee KA, Kara T, Prasad A et al. w Ann Intern Med 2004;141:858-65. LE FOND Cette publication de la Mayo Clinic fait la synthèse de 7 séries (180 patients) de cardiomyopathies “tako-tsubo-like” : les cas rapportés concernent majoritairement des femmes âgées en moyenne de 62 à 75 ans, adressées pour douleur thoracique, dyspnée, et plus rarement pour syncope. Ces symptômes surviennent fréquemment dans le contexte d’un stress physiologique ou émotionnel. Initialement, un sus-décalage de ST, le plus souvent dans les dérivations précordiales, et une élévation modérée des enzymes cardiaques peuvent orienter vers un infarctus du myocarde, mais la coronarographie ne met pas en évidence de lésion coronaire significative. Par contre, la ventriculographie gauche et l’échocardiographie objectivent une altération franche de la fonction systolique, avec des fractions d’éjection ventriculaires gauches inférieures à 50 % et une déformation caractéristique quasi anévrysmale du ventricule gauche respectant uniquement sa base. La mortalité hospitalière est estimée à 1 % pour la série la plus importante (88 patients), et un œdème aigu pulmonaire ou une insuffisance cardiaque gauche à la phase initiale sont rapportés dans 3 à 46 % des cas selon les publications. Mais une fois la période aiguë passée, on assiste à la régression des troubles de la cinétique ventriculaire gauche en quelques jours ou quelques semaines. La récidive est exceptionnelle (0 à 8 % des cas pour les séries analysées). C O M M E N T A IR E S La cardiomyopathie dite “tako-tsubo-like” (en référence à la forme du ventricule gauche, évoquant celle d’une amphore japonaise utilisée pour la pêche) ou “transient left ventricular apical ballooning” est une entité relativement nouvelle : la série la La Lettre du Cardiologue - n° 384 - avril 2005 Quand le cœur redevient l’organe (et la cible) de l’émotion plus importante, regroupant 88 patients, a été publiée en 2001 (Tsuchihashi K et al., J Am Coll Cardiol). Au Japon, où elle a été initialement décrite, elle concernerait 1 % des patients admis pour suspicion d’infarctus du myocarde. Pour envisager ce diagnostic, il faut avoir préalablement éliminé une coronaropathie, une myocardite, une cardiopathie hypertrophique, un phéochromocytome, ou encore un traumatisme crânien ou une hémorragie intracérébrale. La survenue de cette cardiopathie est favorisée par un choc émotionnel ou physiologique : dans un article récent du New England Journal of Medicine (Wittstein et al., 2005), près de la moitié des patients venait d’apprendre le décès inattendu d’un proche, et les taux de catécholamines plasmatiques étaient plus élevés que ceux de sujets admis pour un infarctus du myocarde en classe Killip III. Différentes hypothèses ont été proposées pour tenter d’expliquer une sidération myocardique réactionnelle à une décharge importante de catécholamines circulantes : la provocation de spasmes coronaires ou microvasculaires diffus, une toxicité directe sur les myocytes... Quant à la prépondérance des troubles de la cinétique sur les segments ventriculaires gauches moyens et apicaux, on évoque une plus grande vulnérabilité de ces parois à l’afflux soudain des catécholamines (davantage de récepteurs adrénergiques in situ ou une réponse accrue à la stimulation adrénergique, différences régionales de distribution du flux sanguin). Enfin, la description de cette cardiopathie touchant essentiellement des femmes ménopausées fait envisager la participation d’une dysfonction endothéliale secondaire aux modifications hormonales avec diminution de l’imprégnation estrogénique ; toutes explications pour le moment non assurées et laissant place à de nombreuses incertitudes. Toujours est-il que, une fois passées la phase aiguë et ses possibles conséquences potentiellement sévères (insuffisance cardiaque, voire choc cardiogénique, rupture cardiaque, troubles du rythme, thrombus ventriculaire gauche, décrits dans la littérature), l’évolution de cette sidération myocardique dans un contexte de stimulation sympathique excessive est favorable, avec la régression des troubles de la cinétique ventriculaire gauche. B IB L IO G R A P H IE Parmi les 41 références annexées, les sept publications analysées, dont la série la plus importante (88 patients) : Tsuchihashi K et al. Transient left ventricular apical ballooning without coronary artery stenosis: a novel heart syndrome mimicking acute myocardial infarction. J Am Coll Cardiol 2001;38:11-8. À lire, deux articles plus récents : Wittstein IS et al. Neurohumoral features of myocardial stunning due to sudden emotional stress. N Engl J Med 2005; 352:539-48, et Sharkey SW et al. Acute and reversible cardiomyopathy provoked by stress in women from the United States. Circulation 2005;111:472-9 (éditorial associé). MOTS-CLÉS Cardiomyopathie de stress - Tako-tsubo cardiomyopathie - Transient left ventricular apical ballooning - Sidération myocardique - Catécholamines. T IR É S À P A R T Dr CS Rihal, Cardiac Catheterization Laboratory, Mayo Clinic and Foundation, 200 First Street SW, Rochester, MN 55905, États-Unis. E-mail : [email protected] C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil 31