Vie professionnelle
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La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 9 - novembre-décembre 2007
L’aléa
L’aléa est la conséquence non maîtrisée d’un acte irréprochable.
Dans son principe et ses modalités, la décision ou l’acte médical
ne fait l’objet d’aucune critique, peu importe qu’il en ait résulté
un dommage important pour le patient. En cas d’aléa, il n’y a
ni culpabilité ni responsabilité civile. Tout au plus peut exister
la procédure d’indemnisation devant la CRCI si le dommage
est supérieur à 25 % d’invalidité.
L’erreur
L’erreur est une décision ou un acte prudent et attentif, mais
qui se révèle inapproprié. Le praticien a agit comme un bon
professionnel, s’entourant des examens et conseils nécessaires,
agissant dans son domaine de compétence, mais a mal interprété
un signe ou pris une décision qui finalement, avec le recul, aurait
dû être autre. L’erreur n’engage pas la responsabilité. Chacun
bénéficie du droit à l’erreur, et ce principe n’est pas remis en
cause en matière de santé.
La faute
La faute est un acte imprudent ou négligent. Ou c’est un mauvais
acte professionnel, et pas forcément l’acte d’un mauvais profes-
sionnel. L’acte a été maladroit, trop rapide, n’a pas pris en compte
des éléments diagnostiques importants, n’a pas bénéficié de
l’éclairage qui pouvait venir de praticiens spécialisés, ne répon-
dait pas au dernier état des connaissances… La faute engage la
responsabilité civile.
La faute pénale
La faute pénale est extrêmement proche. Elle se caractérise
comme un acte imprudent ou négligent, mais le code pénal,
depuis la loi du 10 juillet 2000, requiert une qualification de la
faute, et le tribunal peut, dans un même jugement, prononcer
l’innocence du médecin sur le plan pénal, la faute ne lui parais-
sant pas suffisamment caractérisée pour revêtir la qualification
pénale, et retenir la responsabilité civile, permettant ainsi au
patient d’être indemnisé par la compagnie d’assurance.
LES ÉVOLUTIONS DU CONTENTIEUX
Le contentieux n’est pas un tout. Il faut distinguer les doléances,
les recours en indemnisation et les plaintes pénales. Les
doléances, soit des réclamations informelles adressées au
directeur d’établissement, sont souvent des demandes d’ex-
plications ou l’expression de récriminations, mais elles ne
justifient pas la qualification de recours juridiques. Ces démar-
ches peuvent irriter, voire devenir gênantes. Elles n’en sont
pas moins l’expression de mécontentements et doivent être
prises en compte.
Les recours civils en indemnisation sont en augmentation,
particulièrement s’agissant des recours en référé aux fins de
désignation d’expertise. Ces recours sont spectaculaires, car ils
sont très rapides, ce qui est lié à leur caractère non contentieux.
Il s’agit, avant le procès, de réunir un certain nombre d’éléments
de preuve par le moyen d’une expertise. Une grande majorité
des rapports d’expertise conclut à l’absence de faute, de telle
sorte que très souvent le contentieux effectif n’est pas engagé.
Lorsque le procès se poursuit, c’est l’assureur qui en a la charge.
Les statistiques sont délicates à obtenir, mais il apparaît que le
nombre de condamnations s’accroît peu. Augmente en revanche
le montant des indemnisations, particulièrement s’agissant des
handicaps importants, avec IPP à plus de 85 % et tierce personne,
de sorte que les chiffres généraux sont déséquilibrés par un petit
nombre de dossiers.
Les plaintes pénales sont beaucoup moins nombreuses que les
recours en indemnisation, avec un chiffre se situant aux alentours
de 2 à 3 %. L’engagement de ces procédures est extrêmement
perturbant pour les professionnels du soin, qui se trouvent immé-
diatement placés dans le cadre d’une accusation. L’un des éléments
les plus rudes est la confrontation aux règles de la procédure. À
peine un tiers des procédures pénales vont jusqu’à l’audience
de jugement, et les statistiques, imparfaites, laissent apparaître
qu’alors une relaxe est prononcée dans environ 50 % des cas.
L’expérience de cinq ans depuis la loi du 4 mars 2002 peut
permettre de tenter une synthèse :
stabilisation des plaintes pénales, voire diminution compte
tenu des autres voies de procédures offertes ;
augmentation des procédures civiles, spécialement des
demandes de référé aux fins d’expertise ;
quasi-stabilité du nombre de condamnations pour faute, mais
augmentation sensible du montant des indemnisations accor-
dées, surtout dans le cadre du retour à domicile ;
ouverture d’une nouvelle voie d’indemnisation, lorsque sont
combinés l’absence de faute et un dommage important, par le
biais des CRCI et de l’ONIAM ;
situation tendue sur le front de l’assurance. n
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