É ditorial La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue La prise en charge du carcinome hépatocellulaire : oncologue ou hépatologue ? Ça recommence ! Directeur de la publication : Claudie Damour-Terrasson Rédacteur en chef : Pr M.A. Bigard (Nancy) Rédacteurs en chef adjoints : Dr L. Choné (Nancy) - Dr L. Peyrin-Biroulet (Nancy) Comité de rédaction Dr V. Abitbol (Paris) - Pr P. Desreumaux (Lille) Pr X. Hébuterne (Nice) - Dr B. Landi (Paris) Dr V. Laurent (Nancy) - Pr Ph. Mathurin (Lille) Pr Y. Panis (Clichy) - Dr A. Pauwels (Gonesse) Pr L. Siproudhis (Rennes) - Pr Ph. Sogni (Paris) Dr T. Vallot (Paris) Conseillers scientifiques Pr G. Bommelaer (Clermont-Ferrand) Pr J. Boyer (Angers) - Pr J.F. Bretagne (Rennes) Pr A. Cortot (Lille) - Pr J.C. Delchier (Paris) Pr M. Doffoel (Strasbourg) - Pr D. Jaeck (Strasbourg) Pr R. Jian (Paris) - Pr F. Michot (Rouen) Pr T. Poynard (Paris) - Pr P. Rampal (Monaco) Pr J.C. Souquet (Lyon) Comité de lecture Dr J.P. Arpurt (Avignon) - Pr R. 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Zarski (Grenoble) Société éditrice : EDIMARK SAS Président-directeur général Claudie Damour-Terrasson Rédaction Secrétaire générale de la rédaction : Magali Pelleau Première secrétaire de rédaction : Laurence Ménardais Secrétaire de rédaction : Victoria Chakarian Rédactrices-réviseuses : Cécile Clerc, Sylvie Duverger, Muriel Lejeune, Odile Prébin Infographie Premier rédacteur graphiste : Didier Arnoult Responsable technique : Virginie Malicot Rédacteurs graphistes : Mathilde Aimée, Christine Brianchon, Rémy Tranchant Dessinatrices d’exécution : Stéphanie Dairain, Christelle Ochin Commercial Directeur du développement commercial : Sophia Huleux-Netchevitch Directeur des ventes : Chantal Géribi Régie publicitaire et annonces professionnelles Valérie Glatin Tél. : 01 46 67 62 77 – Fax : 01 46 67 63 10 Abonnements : Lorraine Figuière (01 46 67 62 74) Éditorial Nous faisons de vos spécialités Nous faisons de vos spécialités notrespécialité spécialité notre Management of hepatocellular carcinoma: gastroenterologist or oncologist? That’s at it again! S IP Jean-Claude Barbare* coop : le carcinome hépatocellulaire (CHC) est un cancer ! L’augmentation de l’incidence, le rôle du VHC et, plus médiatiquement, l’avènement d’un traitement médicamenteux efficace sont en train de faire apparaître le CHC sur la scène de l’oncologie. Tant mieux ! Mais en même temps, on entend les premiers bruissements d’une polémique concernant le leadership en matière de CHC : qui de l’hépatologue ou de l’oncologue doit commander la guerre contre le CHC ? Ce cancer était orphelin et voilà que plusieurs membres de la famille des docteurs le revendiquent ! Que faire ? En réalité, la situation est connue, car elle s’était posée dans les mêmes termes entre oncologues et gastroentérologues lorsque la chimiothérapie du cancer colorectal était apparue. Suivant le bon exemple de la pneumologie, et résolu de fait par l’obligation de pluridisciplinarité, le conflit a avorté, et voila que cela recommencerait avec le CHC ! Raisonnons un peu… Rôle de l’oncologue Ce n’est pas faire injure à l’hépatologue : l’oncologue est plus au fait des thérapies ciblées, de leurs modes d’action, leur utilisation et leurs effets secondaires. Accompagner au mieux les débuts du traitement médicamenteux du CHC, son évaluation et la suite de la recherche nécessite à l’évidence des compétences oncologiques. D’autre part, bien que la pluridisciplinarité et la culture de la recherche clinique soient maintenant généralisées, rappelons que le fonctionnement en comité, l’organisation des soins spécifiques au cancer, la recherche précoce ont pour origine les services d’oncologie, en particulier dans les CLCC. Si le CHC est bien un cancer, il n’y a pas de raison pour que l’organisation des soins de ces malades diffère de celle définie par l’INCa, et il est évident que l’oncologue a un rôle central et stratégique dans cette organisation. Enfin, il bénéficie d’un réseau spécifique, avec notamment les réseaux régionaux, les CLCC, l’INCa, les cancéropôles et l’industrie, qui en font un acteur incontournable. Rôle de l’hépatologue 2, rue Sainte-Marie - 92418 Courbevoie Cedex Tél. : 01 46 67 63 00 – Fax : 01 46 67 63 10 E-mail : [email protected] Site Internet : http://www.edimark.fr Adhérent au SNPM Revue indexée dans la base PASCAL © : photos, droits réservés La cirrhose, ou la fibrose évoluée, associée neuf fois sur dix au CHC, rend le rôle de l’hépatologue incontournable. Les indications et la gestion des risques des traitements, ainsi que la prise en charge des complications * CHU d’Amiens. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 9 - novembre-décembre 2007 225 Éditorial É ditorial de l’hépatopathie sont de sa compétence. Dans l’ère présorafénibienne, l’hépatologue avait déjà à mener des discussions thérapeutiques complexes. Il n’est pas inutile de rappeler que l’arrivée d’un nouveau traitement doit s’inscrire dans la stratégie déjà validée par les pratiques professionnelles, et l’hépatologue – ou plus exactement l’équipe hépatologique, comprenant notamment radiologue interventionnel et chirurgien hépatique – doit plus que jamais être partie prenante dans la discussion des options thérapeutiques. D’autre part, la grande majorité des malades atteints de CHC est prise en charge dans les services d’hépato-gastroentérologie des hôpitaux, et notamment des centres hospitaliers, c’està-dire là où sont suivis les malades atteints de cirrhose. Le faible nombre d’oncologues, actuels ou en formation, impose de fait la place des spécialistes de l’appareil digestif. Enfin, le développement rapide de la recherche clinique doit avoir nécessairement recours aux réseaux spécifiques, les groupes coopérateurs (GETCH, FFCD, PRODIGE, AFEF), qui ont de longue date développé leur savoir-faire en matière de recherche clinique sur le CHC. Pour l’union Pour les non-initiés, rappelons que le CHC est un cancer un peu particulier : il se développe sur un organe en état d’insuffisance au moins latente ; le niveau de preuve des traitements à visée curative et des stratégies est faible ; il n’existe pas de classification pronostique consensuelle. D’autre part, le spécialiste médical en charge du malade peut tout à fait légitimement être hépatologue, oncologue médical, oncologue digestif ou hépato-gastroentérologue du secteur public ou libéral. Largeur 176est-il mm (La Lettre, Le d’unir Courrier) Pourquoi nécessaire nos efforts plutôt que de revendiquer le leadership ? Pour l’intérêt des malades, en 226 premier lieu, bien sûr ; il n’est pas concevable actuellement de discuter un traitement médicamenteux sans avoir éliminé toutes les autres possibilités thérapeutiques ni, à l’inverse, d’utiliser sans nuances le nouveau traitement ou de l’ignorer. Il en va d’autre part de la crédibilité des médecins vis-à-vis des institutions, des appels à projets et des industriels. Tous peuvent reconnaître la spécificité et la pluridisciplinarité particulière de ce cancer, mais n’arrivons pas en ordre dispersé ! Les spécialités qui progressent rapidement, et qui sont largement financées, telle l’oncohématologie, sont dotées de structures consensuelles. De la conformité aux recommandations sur l’organisation des soins en cancérologie dépendra bientôt l’autorisation des établissements pour traiter des malades atteints de cancer ; les malades atteints de CHC doivent donc bénéficier des mêmes RCP avec respect du quorum, des mêmes consultations d’annonce que les autres malades atteints de cancer. Enfin, l’union des disciplines à tous les niveaux, notamment national, est indispensable pour que la recherche de transfert et les essais cliniques avancent vite. Les autorités de santé et les industriels sont en train de prendre conscience de l’importance et des enjeux de ce cancer ; il serait incohérent et inefficace de répondre à leurs sollicitations en ordre dispersé. En conclusion, trois banalités recommandables Les équipes hépato-gastroentérologiques, qui prennent en charge de longue date la majorité des malades atteints de CHC, doivent systématiquement prendre l’avis d’un oncologue. Les équipes oncologiques, qui vont être de plus en plus sollicitées pour ces malades, doivent intégrer dans leurs discussions l’avis des équipes spécifiques : hépatologues, chirurgiens, radiologues interventionnels, etc. La recherche doit être initiée, discutée et menée par des équipes vraiment multidisciplinaires. Vous avez dit rêveur ? n