A Mécanisme de l’insuffisance mitrale de la cardiomyopathie hypertrophique

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B S T R A C T S
Mécanisme de l’insuffisance mitrale de la cardiomyopathie hypertrophique
Point du sujet. Le mouvement systolique antérieur de la
valve mitrale (SAM) est responsable de l’obstruction intraventriculaire et de l’insuffisance mitrale (IM) de la cardiomyopathie hypertrophique (CMH). L’importance de l’IM peut être
cependant très variable pour un même degré de SAM. Des anomalies morphologiques des feuillets mitraux interviennent dans
le SAM, mais on ne sait pas si ces anomalies peuvent influencer
la sévérité de l’IM.
But. Le but de cette étude a été de tester l’hypothèse selon laquelle
l’IM serait favorisée par une longueur insuffisante de la valve
mitrale postérieure (VMP) en comparaison de la valve mitrale
antérieure (VMA), ainsi que par une mobilité réduite de la VMP
empêchant la VMP de suivre la VMA lors du SAM.
Patients et méthodes. Cette hypothèse a été testée d’une part in
vitro sur un modèle de CMH, et d’autre part chez 23 patients
explorés par échocardiogramme transœsophagien (ETO) peropératoire et ayant une CMH avec obstruction intraventriculaire
gauche mais sans anomalie de structure de la valve mitrale (gradient intraventriculaire = 77 ± 29 mmHg).
Résultats. In vitro, le degré de l’IM pour un SAM de même
importance était plus sévère en cas de restriction de mobilité de
la VMP. Ce résultat était confirmé in vivo chez les patients explorés par ETO. L’importance de l’IM, appréciée par la surface du
jet régurgitant et par la largeur de la vena contracta, était inver-
sement corrélée aux paramètres suivants : longueur du contact
systolique entre les deux feuillets mitraux (r = – 0,89), longueur
de la VMP (r = – 0,71) et mobilité de la VMP (r = – 0,79). Elle
était directement corrélée au rapport des longueurs VMA/VMP
(r = 0,77). En revanche, il n’existait pas de corrélation significative entre l’importance de l’IM et le gradient intraventriculaire
gauche.
Conclusion. Le SAM de la valve mitrale antérieure entraîne une
IM d’autant plus importante que la VMP ne peut se déplacer antérieurement et participer au SAM. Cela se produit lorsque la VMP
a une mobilité réduite et que sa longueur est trop courte en comparaison de la VMA, réduisant ou empêchant l’apposition systolique des deux feuillets mitraux lors du SAM, et pouvant entraîner l’apparition d’un hiatus entre les deux valves mitrales
responsable d’une IM sévère.
Dr B. Gallet, PH, service de cardiologie, CH Argenteuil
Mechanism of mitral regurgitation in hypertrophic cardiomyopathy. Mismatch of posterior to anterior leaflet length
and mobility.
Schwammenthal E., Nakatani S., He S., Hopmeyer J.,
Sagie A., Weyman A.E., Lever H.M., Yoganathan A.P.,
Thomas J.D., Levine R.A. ● Circulation 1998 ; 98 : 856-65.
Qualité de vie et devenir clinique des patients âgés traités par stimulation
ventriculaire comparée à la stimulation double chambre
En stimulation cardiaque, le mode VVIR est moins coûteux, et le mode DDDR est supposé être plus physiologique.
L’étude PASE tente de répondre au débat existant entre ces deux
modes de stimulation en termes de qualité de vie.
Il s’agit d’une étude de 30 mois, en simple aveugle, randomisée,
contrôlée, comparant le mode VVIR au mode DDDR chez
407 patients de plus de 65 ans dans 29 centres américains. Les
patients recevaient un stimulateur cardiaque double chambre qui
était programmé de façon randomisée soit en VVIR, soit en
DDDR.
La qualité de vie a augmenté significativement après l’implantation du stimulateur cardiaque (p < 0,001) mais, à la grande surprise des investigateurs, aucune différence n’a été retrouvée entre
les deux modes de stimulation, qu’il s’agisse de la qualité de vie
ou du devenir clinique. Cependant 53 patients assignés au groupe
VVIR (26 %) ont été reprogrammés en DDDR en raison de symptômes liés à un syndrome de pacemaker. Seuls les patients ayant
une dysfonction sinusale (et non ceux ayant un bloc auriculo-ventriculaire) ont eu une augmentation modérée de leur qualité de
vie et de leurs symptômes, en mode DDDR comparé au mode de
VVIR. Une tendance vers une significativité limite statistique,
La Lettre du Cardiologue - n° 304 - décembre 1998
pour ce qui concerne les critères de jugement clinique (fibrillation auriculaire, AVC ou hospitalisation pour insuffisance cardiaque ou décès), semblait favoriser le mode DDDR chez les
patients ayant une dysfonction sinusale mais pas chez ceux ayant
un bloc auriculo-ventriculaire complet.
Conclusion. L’implantation d’un stimulateur cardiaque définitif
améliore la qualité de vie. Une amélioration de qualité de vie par
la stimulation double chambre comparée à la stimulation ventriculaire simple n’a cependant été observée que chez les patients
ayant une dysfonction sinusale.
Dr J. Ollitrault, hôpital Saint-Joseph, Paris
Quality of life and clinical outcomes in elderly partients
treated with ventricular pacing as compared with dual
chamber pacing.
Lamas G.A., John Orav E.J., Stambler B.S., Ellenbogen
K.A., Sgarbossa E.B., Stephen Huang S.K., Marinchak R.A.,
Mark Estes III N.A., Mitchell G.F., Lieberman E.H.,
Mangione C.M., Goldman L. for the Pacemaker Selection
in the Elderly Investigators ● N Engl J Med 1998 ; 338 : 1097104.
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B S T R A C T S
Valeur pronostique de l’écho-dobutamine après infarctus du myocarde fibrinolysé
But. Le but de cette étude a été d’établir la prévalence et
la valeur pronostique de l’ischémie et de la viabilité myocardiques détectées par écho-dobutamine réalisé précocement
après un infarctus du myocarde fibrinolysé.
Patients et méthodes. L’étude a porté sur 152 patients ayant eu
un primo-infarctus fibrinolysé et ayant un échocardiogramme
techniquement réalisable. L’écho-dobutamine a été réalisé après
un délai moyen de 9 ± 5 jours sans complication majeure. Des
effets secondaires conduisant à interrompre l’examen sont survenus dans 5 % des cas. Le suivi moyen a été de 15 ± 19 mois.
Résultats. Une réponse ischémique a été observée chez
95 patients (62,5 %) constituant le groupe 1, intéressant la zone
infarcie chez 91 patients, et correspondant alors dans 90 % des
cas à une réponse biphasique. Une viabilité isolée a été observée
chez 32 patients (21 %) constituant le groupe 2. Une absence de
viabilité et d’ischémie a été observée chez 25 patients (16,5 %)
constituant le groupe 3. Au cours du suivi, des événements
majeurs de type décès ou infarctus sont survenus chez 10,5 % des
patients ayant une ischémie (groupe 1), mais chez 0 % des patients
des groupes 2 et 3. Un angor instable est survenu chez 43 % des
patients ischémiques (groupe 1), contre 22 % des patients du
groupe 2 et 20 % des patients du groupe 3. Une revascularisation
coronaire a été réalisée chez 60 % des patients ischémiques
(groupe 1), contre 16 % des patients du groupe 2 et 20 % des
patients du groupe 3. La probabilité d’une évolution sans événe-
ment cardiaque (décès, infarctus, angor instable, revascularisation) était plus faible chez les patients ischémiques (groupe 1)
que chez ceux du groupe 2 (p < 0,0001) et du groupe 3 (p < 0,001).
En analyse multivariée, l’étendue de l’ischémie et la survenue
d’un angor lors de l’écho-dobutamine étaient les seuls facteurs
prédictifs d’événements majeurs (décès ou infarctus). La valeur
prédictive négative de l’écho-dobutamine pour la survenue d’événements majeurs était excellente (100 %), mais sa valeur prédictive positive n’était que de 9 %.
Conclusion. Après infarctus fibrinolysé, la présence d’une ischémie mais non d’une viabilité est prédictive d’événements cardiaques ultérieurs. L’écho-dobutamine a une excellente valeur
prédictive négative et permet de repérer les patients à faible risque
après infarctus fibrinolysé.
Dr B. Gallet, PH, service de cardiologie, CH Argenteuil
Prognostic value of myocardial viability and ischemia
detected by dobutamine stress echocardiography early
after acute myocardial infarction treated with thrombolysis.
Previtali M., Fetiveau R., Lanzarini L., Cavalotti C., Klersy C.
● J Am Coll Cardiol 1998 ; 32 : 380-6.
Infarctus du myocarde et fibrinolyse par t-PA : le plus tôt est le mieux
Le délai de mise en route de la fibrinolyse après infarctus
du myocarde (IDM) reste crucial.
De juin 1994 à juillet 1996, 71 253 patients hospitalisés pour IDM
aigu dans 1 474 centres américains ont reçu une fibrinolyse par
t-PA : 39 % lors des deux premières heures d’évolution, 36 %
entre 2,1 et 4 heures, 12 % entre 4,1 et 6 heures, et les 13 % restants ultérieurement. Il existe une relation claire entre la précocité du traitement et une diminution du risque de décès hospitalier.
En revanche, il n’y a pas d’association démontrée entre le délai
de mise en route de la fibrinolyse et les événements hospitaliers
suivants : récidive d’IDM, ischémie myocardique, choc cardiogénique, accidents hémorragiques, accidents vasculaires cérébraux ischémiques ou hémorragiques.
L’incidence des arythmies ventriculaires soutenues diminue progressivement avec des délais plus importants de fibrinolyse (ces
troubles du rythme correspondant probablement à une reperfusion coronaire précoce et à une viabilité myocardique préservée,
obtenues d’autant plus facilement que le traitement a été précoce).
24
Conclusion
Ces résultats multicentriques confirment l’intérêt d’une fibrinolyse la plus précoce possible lors d’un IDM aigu pour diminuer la mortalité hospitalière.
Ils incitent à accroître les efforts d’organisation sanitaire pour
donner le maximum de chances aux patients en réduisant les
délais d’accès aux traitements de reperfusion (ici fibrinolyse par
t-PA) lors de la phase aiguë d’un IDM.
Si cette étude n’est pas randomisée et si ses conclusions ne concernent que le court terme (période hospitalière), sa force réside dans
le nombre important de patients évalués.
Dr C. Adams, PH, service de cardiologie, CH Argenteuil
Impact of time to treatment with tissue plasminogen activator on morbidity and mortality following acute myocardial infarction (the second National Registry of Myocardial
Infarction).
Goldberg R.J., Mooradd M., Gurwitz J.H., Rogers W.J.,
French W.J., Barron H.V., Gore J.M. ● Am J Cardiol 1998 ;
82 : 259-64.
La Lettre du Cardiologue - n° 304 - décembre 1998
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C-réactive protéine, sérologies infectieuses : facteurs de risque coronarien ?
Des travaux récents paraissent confirmer l’hypothèse d’un
rôle des processus inflammatoires locaux et systémiques
dans l’initiation et la progression de l’athérosclérose et de ses
complications. Les auteurs ont recherché une association entre
un marqueur inflammatoire, la C-réactive protéine (CRP), des
séropositivités à trois agents infectieux : Chlamydia pneumoniae
(CP), cytomégalovirus (CMV) et Helicobacter pylori (HP) d’une
part, et l’existence d’une coronaropathie ou d’infarctus du myocarde (IDM) d’autre part.
Des prélèvements sanguins ont été effectués chez 363 patients devant
être coronarographiés (CRP et titres IgG correspondant aux trois
agents pathogènes). La CRP est plus élevée pour les sujets ayant une
coronaropathie (au moins une sténose coronaire > 60 %, 219 sujets),
p = 0,004, et pour les sujets ayant un antécédent d’IDM (112 sujets,
dont 71 IDM récents), p = 0,0002, par rapport aux groupes contrôles
respectifs. Une séropositivité pour chacun des trois agents infectieux
est présente pour une importante proportion de patients ayant une
coronaropathie (58 % à 77 %) ou un antécédent d’IDM (54 % à
75 %) mais aussi en dehors de toute pathologie coronarienne ou
d’IDM (respectivement, 46 % à 74 % et 50 % à 77 %). Cependant,
si l’on considère les séropositivités couplées CP et HP, il existe alors
une incidence plus élevée de lésions coronaires (odds-ratio = 2,6 ;
p = 0,02) et d’IDM (odds-ratio = 2 ; p = 0,15) et des niveaux de CRP
plus importants (1,07 mg/dl vs 0,53 mg/dl, p = 0,06) par rapport aux
sujets négatifs pour ces deux sérologies.
Conclusion
La CRP est plus élevée en cas de lésion(s) coronaire(s) significative(s) (> 60 %) ou d’antécédents d’IDM, surtout récents
(taux multiplié par plus de 2 et par 4 respectivement). Si des sérologies positives aux différents agents étudiés (CP, CMV, HP),
prises isolément, sont fréquentes en présence ou en l’absence de
coronaropathie, des séropositivités CP et HP couplées sont associées à une augmentation de fréquence des coronaropathies et
antécédents d’IDM, ainsi qu’à des taux de CRP plus élevés.
Cette étude nuance l’implication de certaines séropositivités
très répandues et considérées isolément dans l’initiation et le
développement de l’athérome coronaire, et leur responsabilité
quant à l’existence d’un syndrome inflammatoire associé (élévation de la CRP). De nouveaux travaux semblent indispensables
pour comprendre les tenants de l’inflammation, d’origine infectieuse ou non.
Dr C. Adams, PH, service de cardiologie, CH Argenteuil
Evaluation of C-reactive protein, an inflammatory marker,
and infectious serology as risk factors for coronary artery
disease and myocardial infarction
Anderson J.L., Carllquist J.F., Muhlestein J.B., Home B.D.,
Elmer S.P. ● J Am Coll Cardiol 1998 ; 32 : 35-41.
À lire
Réanimation du sujet
en état de mort encéphalique en vue de
prélèvements d’organes
Conférence d’experts
organisée par la
Société
française
d’anesthésie et de
réanimation en collaboration avec l’Établissement français des greffes et la
Société française de transplantation.
“Songer au diagnostic de mort encéphalique (...), c’est admettre que, si ce diagnostic peut être affirmé, ce sera au prix
d’arguments médicaux incontestables,
mais ayant aussi valeur réglementaire, car
La Lettre du Cardiologue - n° 304 - décembre 1998
chacun sait que derrière ce diagnostic se
dessine une entreprise thérapeutique
considérable, la greffe d’organes.
Affirmer le diagnostic de mort encéphalique (...), c’est s’engager dans un projet
thérapeutique d’un genre spécial, consistant à s’assurer pendant quelques heures
le maintien délicat de la viabilité des
organes du corps d’une personne décédée, pour le bien de malades lointains et
qui resteront des inconnus. Chacun sait
qu’il est très malaisé pour un médecin de
lier dans son esprit cet espoir à distance et
cet échec si proche.
Assurer la viabilité des organes (...), c’est
lutter contre le temps, tout en conduisant
un dialogue serein avec la famille du
défunt, et en affrontant le tumulte qu’est
l’organisation du prélèvement des organes.
Chacun sait le courage qu’il faut alors pour
ne pas se détourner du dialogue, pour ne
pas se réfugier dans le silence, et pour travailler contre la mort alors qu’elle a déjà
fait son œuvre.
Les auteurs de cet ouvrage ont su rassembler leurs compétences et, en soulignant
les difficultés et les exigences de cette
entreprise, rendent la voie plus facile.”
Ainsi s’exprime D. Houssin, directeur
général de l’Établissement français des
greffes, en préface à cet intéressant
ouvrage qui fait le point sur un sujet particulièrement délicat.
Éditions scientifiques et médicales Elsevier,
23, rue Linois, 75724 Paris Cedex 15.
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Pentoxifylline et performances du ventricule gauche dans les cardiomyopathies
dilatées : une nouvelle thérapeutique dans l’insuffisance cardiaque ?
Depuis plusieurs années, les cytokines, et notamment le
tumor necrosis factor (TNF) alpha, ont été mises en évidence dans l’insuffisance cardiaque et corrélées à sa sévérité et à
ses symptômes. La pentoxifylline diminue, aussi bien in vitro
qu’in vivo, la production de TNF alpha. Même si elle est utilisée
depuis plus de vingt ans dans les artériopathies périphériques,
elle n’avait pas été étudiée dans l’insuffisance cardiaque.
Cette étude monocentrique, prospective et randomisée a étudié
les effets de la pentoxifylline sur la fonction ventriculaire gauche
dans les cardiomyopathies dilatées. Les caractéristiques des
patients sont résumées dans le tableau I. Tous les patients recevaient un traitement associant digoxine, diurétiques et inhibiteurs
de l’enzyme de conversion depuis au moins quatre mois. Ils ont
été randomisés entre pentoxifylline 400 mg/j et placebo pendant
une période de six mois. Il est à noter que tous les patients étaient
des Noirs sud-africains.
À six mois, dans le groupe pentoxifylline, il était noté une amélioration significative de la classe NYHA, de la fraction d’éjection, et un allongement du temps de décélération de l’onde mitrale
E. Le taux de TNF alpha était significativement plus important
chez les patients de l’étude que chez les patients témoins (9,45 ±
8,7 vs 1,44 ± 1,3, p = 0,0002) et, était, à six mois, significativement plus bas dans le groupe pentoxifylline que dans le groupe
placebo (p = 0,001) (tableau II).
Tableau II. Évolution des principaux paramètres avant et à six mois.
Placebo
Avant
6 mois
Classe NYHA
II
III ou IV
FC
DTD VG
DTS VG
FE
Âge (ans)
Hommes
Classe NYHA II/III
DTD VG (mm)
FE (%)
55,7 ± 12,0
12
4/10
66 ± 7
25,2 ± 9,0
10
4
70 (10)
64 (9)
54 (8)
26,8 (11)
4
10
76 (11)
64 (6)
56 (6)
22,3 (9)
14
0
77 (10)
61 (8)
49 (10)
38,7 (15)
p
0,01
< 0,01
0,02
0,44
0,36
0,04
FC : fréquence cardiaque en battements/min ; DTD VG : diamètre télédiastolique du ventricule gauche en mm ; DTS VG : diamètre télésystolique du ventricule gauche en mm ;
FE : fraction d’éjection ; entre parenthèses : déviation standard.
Le TNF alpha a des effets cardiotoxiques via l’apoptose et les
lésions myocardiques. Les effets bénéfiques exercés par le biais
des cytokines proviendraient plutôt de thérapeutiques agissant
sur la production de TNF alpha que par une neutralisation des
cytokines, ce qui est le cas de la pentoxifylline.
Conclusion. La pentoxifylline est connue depuis plusieurs
décennies, et cette étude vient relancer son intérêt. Bien évidemment, cette étude, effectuée sur un petit échantillon
(28 patients) de sujets de race noire, ne permet pas d’apprécier
pleinement sa place dans le traitement de l’insuffisance cardiaque.
Il faudra pour cela attendre d’autres études.
Dr Ph. Duc, service cardiologie, Hôpital Bichat, Paris
Tableau I. Caractéristiques des patients.
Placebo (n = 14)
4
10
75 (9)
65 (7)
55 (7)
26,1 (9,0)
Pentoxifylline
Avant 6 mois
Pentoxifylline (n = 14)
49,1 ± 8,0
7
4/10
64 ± 6
22,3 ± 9,0
DTD VG : diamètre télédiastolique du ventricule gauche ; FE : fraction d’éjection.
Randomised investigation of the effects of pentoxifylline
on left ventricular performance in idiopathic dilated cardiomyopathy.
Sliwa K., Skudicky D., Candy G., Wisenbaugh T., Sareli P. ●
Lancet 1998 ; 351 : 1091-3.
À lire
Les urgences cardiovasculaires
Cet important ouvrage de plus de 700 pages est
coordonné par le Pr Ph. G. Steg, du service de
cardiologie de l’hôpital Bichat, spécialiste de
la prise en charge des urgences cardiovasculaires. Il dirige une équipe d’une cinquantaine
d’auteurs francophones, tous experts dans le
domaine traité.
26
Sont étudiées successivement les techniques
de réanimation et d’urgence ; les stratégies
diagnostiques et thérapeutiques adaptées aux
situations cliniques les plus fréquemment rencontrées ; les urgences coronaires, rythmologiques, valvulaires, hypertensives, et enfin
vasculaires.
La rédaction toujours didactique, la richesse des
tableaux et des arbres de décision, le choix pertinent de l’iconographie font de ce livre un outil
indispensable à la pratique cardiologique quotidienne, qu’elle soit de ville ou hospitalière.
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La Lettre du Cardiologue - n° 304 - décembre 1998
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Une molécule anti-lipase pancréatique dans le traitement de l’obésité
et des facteurs de risque associés
La fréquence de l’obésité est en augmentation dans la plupart des pays occidentaux et dans certains pays en voie de
développement. Malgré l’effort de recherche consenti, le traitement de l’obésité reste décevant. Jusqu’à présent, l’approche
pharmacologique consistait principalement en l’administration
de médicaments anorexigènes, qu’ils aient une action centrale ou
digestive (substances dites de ballast). Ces substances venaient
en complément de l’approche diététique, dont on connaît les difficultés de suivi par les patients. Par ailleurs, le rôle des apports
lipidiques dans la genèse du surpoids [indice de masse corporelle
(poids/taille2) entre 25 et 30 kg/(m)2], de l’obésité [30 kg/(m)2] et
des complications associées à l’obésité rendait attractive la
recherche de substances visant à s’opposer à l’absorption digestive des matières grasses alimentaires.
L’étude multicentrique de Sjöström et coll., pilotée par les Laboratoires Hoffman La Roche, a porté sur deux groupes de
340 patients obèses [IMC entre 28 et 47 kg/(m)2] traités en double
insu pendant deux ans soit par un inhibiteur de la lipase pancréatique (orlistat : 40 mg aux trois repas), soit par placebo. Les
patients suivirent la première année un régime hypocalorique calculé sur la base de leurs besoins énergétiques estimés, auxquels
étaient soustraites 600 kcal/j. Le modèle diététique remis comprenait 30 % de lipides (à titre indicatif, 30 % de 1 700 kcal/j font
57 g/j de lipides). La deuxième année, les patients suivirent un
régime dit “de maintenance” (apports proches des besoins énergétiques). Toujours en double insu, ceux qui avaient reçu le placebo prirent soit de l’orlistat, soit du placebo, et ceux qui avaient
reçu l’orlistat prirent soit de l’orlistat, soit du placebo (quatre
groupes et deux types de traitement). On fit à chacun un bilan
comportant pression artérielle, glycémie et insulinémie, cholestérol total et HDL, triglycérides. Initialement, les patients pesaient
en moyenne 100 kg [IMC : 36 kg/(m)2]. Il s’agissait de femmes
dans 83 % des cas.
À un an, les patients traités par l’association régime et orlistat
avaient perdu en moyenne 10,3 kg (soit 10 % de leur poids ini-
tial), contre 6,1 kg (6 %) dans le groupe régime plus placebo
(p < 0,001). Les effets secondaires sous orlistat étaient ceux que
l’on attendait : selles plus liquides (13 % des cas), jugées grasses
(30 %) ou huileuses (20 %), et surtout selles urgentes dans 10 %
des cas.
À la fin de la deuxième année, sous régime “de maintenance”,
les patients mis à l’orlistat perdirent 0,9 kg supplémentaire, tandis que ceux poursuivant le placebo reprirent 2,5 kg. Les patients
qui étaient sous orlistat et y restèrent la deuxième année avaient
repris, à la fin de la deuxième année, 2,2 kg, tandis que ceux qui
étaient mis sous placebo avaient repris 4,6 kg (soit 2,4 kg de différence entre les deux groupes).
Dans le groupe orlistat, la première année, le cholestérol total
diminua légèrement (5,39 à 5,31 mmol/l) et le cholestérol HDL
augmenta un peu (1,15 à 1,25 mmol/l). Ces variables étaient
inchangées dans le groupe placebo.
Que peut-on dégager de cette étude ? Que le traitement par orlistat a un effet statistiquement significatif, sur la perte de poids
comme sur les lipides sanguins (HDL cholestérol). Que cet effet,
comme d’ailleurs celui des anorexigènes, n’est pas cliniquement
très signifiant. Que les patients sous orlistat (et régime) perdent
du poids doucement, au rythme de moins de 1 kg par mois. Que
la deuxième année, les choses se dégradent un peu. Que, lorsqu’on commence l’orlistat, il n’est pas facile de l’arrêter, puisque
l’on regrossit !
Qu’enfin, tout a un prix : il est ici, pour 120 mg/j, d’environ
600 F/mois.
Dr D. Rigaud, unité de nutrition, hôpital Bichat, Paris
Randomised placebo-controlled trial of orlistat for weight
loss and prevention of weight regain in obese patients.
Sjöström L., Rissanen A., Andersen T., Boldrin M., Golay
A., Kempf M. ● Lancet 1998 ; 352 : 167-73.
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Imprimé en France - Differdange S.A. - 95110 Sannois
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La Lettre du Cardiologue - n° 304 - décembre 1998
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