La Lettre du Cardiologue - n° 304 - décembre 1998
25
Des travaux récents paraissent confirmer l’hypothèse d’un
rôle des processus inflammatoires locaux et systémiques
dans l’initiation et la progression de l’athérosclérose et de ses
complications. Les auteurs ont recherché une association entre
un marqueur inflammatoire, la C-réactive protéine (CRP), des
séropositivités à trois agents infectieux : Chlamydia pneumoniae
(CP), cytomégalovirus (CMV) et Helicobacter pylori (HP) d’une
part, et l’existence d’une coronaropathie ou d’infarctus du myo-
carde (IDM) d’autre part.
Des prélèvements sanguins ont été effectués chez 363 patients devant
être coronarographiés (CRP et titres IgG correspondant aux trois
agents pathogènes). La CRP est plus élevée pour les sujets ayant une
coronaropathie (au moins une sténose coronaire > 60 %, 219 sujets),
p = 0,004, et pour les sujets ayant un antécédent d’IDM (112 sujets,
dont 71 IDM récents), p = 0,0002, par rapport aux groupes contrôles
respectifs. Une séropositivité pour chacun des trois agents infectieux
est présente pour une importante proportion de patients ayant une
coronaropathie (58 % à 77 %) ou un antécédent d’IDM (54 % à
75 %) mais aussi en dehors de toute pathologie coronarienne ou
d’IDM (respectivement, 46 % à 74 % et 50 % à 77 %). Cependant,
si l’on considère les séropositivités couplées CP et HP, il existe alors
une incidence plus élevée de lésions coronaires (odds-ratio = 2,6 ;
p = 0,02) et d’IDM (odds-ratio = 2 ; p = 0,15) et des niveaux de CRP
plus importants (1,07 mg/dl vs 0,53 mg/dl, p = 0,06) par rapport aux
sujets négatifs pour ces deux sérologies.
Conclusion
La CRP est plus élevée en cas de lésion(s) coronaire(s) signi-
ficative(s) (> 60 %) ou d’antécédents d’IDM, surtout récents
(taux multiplié par plus de 2 et par 4 respectivement). Si des séro-
logies positives aux différents agents étudiés (CP, CMV, HP),
prises isolément, sont fréquentes en présence ou en l’absence de
coronaropathie,des séropositivités CP et HP couplées sont asso-
ciées à une augmentation de fréquence des coronaropathies et
antécédents d’IDM, ainsi qu’à des taux de CRP plus élevés.
Cette étude nuance l’implication de certaines séropositivités
très répandues et considérées isolément dans l’initiation et le
développement de l’athérome coronaire, et leur responsabilité
quant à l’existence d’un syndrome inflammatoire associé (éléva-
tion de la CRP). De nouveaux travaux semblent indispensables
pour comprendre les tenants de l’inflammation, d’origine infec-
tieuse ou non.
Dr C. Adams, PH, service de cardiologie, CH Argenteuil
A
BSTRACTS
C-réactive protéine, sérologies infectieuses : facteurs de risque coronarien ?
Evaluation of C-reactive protein, an inflammatory marker,
and infectious serology as risk factors for coronary artery
disease and myocardial infarction
Anderson J.L., Carllquist J.F., Muhlestein J.B., Home B.D.,
Elmer S.P.
●
J Am Coll Cardiol 1998 ; 32 : 35-41.
Réanimation du sujet
en état de mort encé-
phalique en vue de
prélèvements d’or-
ganes
Conférence d’experts
organisée par la
Société française
d’anesthésie et de
réanimation en colla-
boration avec l’Éta-
blissement français des greffes et la
Société française de transplantation.
“Songer au diagnostic de mort encépha-
lique (...), c’est admettre que, si ce dia-
gnostic peut être affirmé, ce sera au prix
d’arguments médicaux incontestables,
mais ayant aussi valeur réglementaire, car
chacun sait que derrière ce diagnostic se
dessine une entreprise thérapeutique
considérable, la greffe d’organes.
Affirmer le diagnostic de mort encépha-
lique (...), c’est s’engager dans un projet
thérapeutique d’un genre spécial, consis-
tant à s’assurer pendant quelques heures
le maintien délicat de la viabilité des
organes du corps d’une personne décé-
dée, pour le bien de malades lointains et
qui resteront des inconnus. Chacun sait
qu’il est très malaisé pour un médecin de
lier dans son esprit cet espoir à distance et
cet échec si proche.
Assurer la viabilité des organes (...), c’est
lutter contre le temps, tout en conduisant
un dialogue serein avec la famille du
défunt, et en affrontant le tumulte qu’est
l’organisation du prélèvement des organes.
Chacun sait le courage qu’il faut alors pour
ne pas se détourner du dialogue, pour ne
pas se réfugier dans le silence, et pour tra-
vailler contre la mort alors qu’elle a déjà
fait son œuvre.
Les auteurs de cet ouvrage ont su rassem-
bler leurs compétences et, en soulignant
les difficultés et les exigences de cette
entreprise, rendent la voie plus facile.”
Ainsi s’exprime D. Houssin, directeur
général de l’Établissement français des
greffes, en préface à cet intéressant
ouvrage qui fait le point sur un sujet par-
ticulièrement délicat.
Éditions scientifiques et médicales Elsevier,
23, rue Linois, 75724 Paris Cedex 15.
À lire