133
Modalités de sevrage
Une unité d’accueil pour le sevra-
ge des toxicomanes en médecine
interne existe depuis 1987. La
structure d’accueil de cette unité
a évolué dans le temps : de 1987
à 1990, un des dix-neuf lits de
l’unité pouvait être attribué à une
cure de sevrage, en fonction des
demandes. Il s’agissait d’un lit en
chambre individuelle munie de
toilettes et d’un lavabo. Depuis
1990, trois lits sur quinze ont été
individualisés et plus particulière-
ment réservés au sevrage des
toxicomanes. Les lits destinés au
sevrage des toxicomanes et ceux
destinés à l’accueil d’autres
malades en médecine interne se
situent dans le même lieu géogra-
phique. L’équipe médico-sociale
est la même pour les toxicomanes
et les autres patients. Confor-
mément à la loi de 1970, l’hospi-
talisation peut être anonyme. Le
sevrage se déroule en quatre
étapes : la demande de rendez-
vous de consultation de préad-
mission, l’entretien de préadmis-
sion, l’hospitalisation, la sortie.
•Demande de rendez-vous de
consultation de préadmission
Le toxicomane téléphone pour
formuler sa demande de sevrage.
Lors de cet appel, une secrétaire,
spécialement formée, expose les
conditions d’hospitalisation et la
nécessité d’une consultation de
préadmission. Si la demande de
sevrage du toxicomane paraît
claire, motivée, construite, un
rendez-vous d’entretien de pré-
admission lui est fixé dans un
délai de 5 à 15 jours. Les infor-
mations concernent l’identité du
demandeur, le parcours toxico-
maniaque, l’orientation à la sor-
tie, la date de l’appel, le jour et
l’heure de la sortie.
• L’entretien de préadmission
L’entretien a lieu une fois par
semaine en présence d’un méde-
cin interniste, d’une psychologue,
d’un cadre infirmier et d’une
secrétaire. La durée de l’entretien
est de 45 à 90 minutes environ. Il
se déroule à la polyclinique de
l’hôpital au même titre que les
autres consultations de médecine.
Tout retard supérieur à 30
minutes conduit à l’annulation de
l’entretien et à la proposition d’un
nouveau rendez-vous. Le patient
peut venir seul ou accompagné
par un membre de sa famille ou
un travailleur social. Les objectifs
de cet entretien sont d’amener le
sujet à retracer les grands événe-
ments de sa vie, à décrire son
environnement familial, social et
professionnel, à parler de son his-
toire toxicomaniaque : la pre-
mière drogue utilisée, le(s)
type(s) de produit(s) utilisé(s) au
moment du rendez-vous, sa
consommation journalière, le
mode d’administration du pro-
duit, les comportements à risque
au regard du VIH et du VHC.
L’équipe invite le toxicomane à
s’exprimer sur les raisons de sa
demande de sevrage et de ses
projets de post-sevrage. Les in-
formations obtenues permettent
d’évaluer la motivation des sujets
pour un sevrage en milieu hospi-
talier, de repérer les signes cli-
niques révélateurs de leur person-
nalité et d’établir un traitement
médicamenteux adapté à chaque
patient. Le sujet est informé que
c’est dans une chambre indivi-
duelle, équipée d’une douche,
d’un lavabo, de toilettes, d’un
fauteuil, d’une table, d’une chaise,
d’une télévision, qu’il sera
accueilli. Quelques ouvrages et
bandes dessinées ainsi que du
matériel d’activités physiques
sont mis à sa disposition. Au
terme de cette rencontre, les
conditions de l’hospitalisation
sont exposées, notamment la
teneur du contrat. Les différents
points du contrat de sevrage for-
ment un document écrit qui est
remis au patient. Le contrat
d’hospitalisation pour sevrage
précise la durée, la date et l’heure
de l’hospitalisation, ainsi que la
date et l’heure de la sortie. Le
contrat rappelle que l’hospitalisa-
tion peut être anonyme si le sujet
le souhaite. Il insiste sur les inter-
dictions : ne pas sortir de la
chambre, ne pas recevoir de
visite de la famille ou d’amis,
n’émettre ou ne recevoir aucune
lettre ni aucun message télépho-
nique, aucune négociation du
traitement médicamenteux n’est
autorisée.
Il précise qu’une identification
systématique des intervenants
externes – médecins, psychothé-
rapeutes, éducateurs, assistante
sociale – autorisés à rendre visite
au sujet sera faite. Il indique les
affaires personnelles que le
patient doit apporter durant l’hos-
pitalisation (vêtements, objets de
toilette, cigarettes, boissons et ali-
ments en paquets fermés, poste
de radio...). Enfin, le contrat pré-
cise que l’inventaire des affaires
autorisées sera réalisé par le cadre
infirmier à l’arrivée dans le servi-
ce. À la suite de la consultation,
les personnes accompagnant le
patient, lorsque c’est le cas,
seront informées des décisions ou
des orientations prises si le toxi-
comane le souhaite.
• L’hospitalisation
Le patient toxicomane est
accueilli par le cadre infirmier,
présenté à l’ensemble du per-
sonnel soignant avant d’être
conduit à sa chambre. Si le
toxicomane est accompagné,
aucune personne n’est autori-
sée à entrer dans sa chambre
d’hospitalisation. En cas de
retard de plus d’une heure,
l’hospitalisation est différée au
lendemain. À son arrivée, ses
affaires personnelles, non
nécessaires à son hospitalisa-
tion, sont déposées dans un pla-
card situé en dehors de la
chambre. Ce placard est fermé
à clé, laquelle est disponible 24
heures sur 24 auprès de l’équi-
pe soignante. L’hospitalisa-tion
dure de 8 à 10 jours selon le
type de sevrage à effectuer : 8
jours pour le sevrage de l’héroï-
ne, 10 jours pour le sevrage de
la codéine, du sulfate de mor-
phine, de la buprénorphine haut
dosage et dans le cas d’une
polytoxicomanie associant le
plus souvent des opiacés, des
benzodiazépines et de l’alcool.
Le patient reçoit un traitement
médicamenteux qui a évolué
avec le temps variable selon le
type d’opiacés et la durée de
l’hospitalisation.
Globalement, il est composé
d’antalgiques, d’anxiolytiques,
d’hypnotiques, d’alpha 2 ago-
nistes adrénergiques. En cas de
sevrage d’une polytoxicomanie,
les traitements médicamenteux
varient selon les produits
consommés. La prise des médi-
caments se fait à heure régulière.
Comme pour les autres patients
hospitalisés dans le service,
l’équipe médicale rend chaque
jour visite au sujet ; il reçoit éga-
lement la visite des infirmières,
pour la distribution des médica-
ments, et des aides-soignants,
pour la distribution des repas.
Dans le cadre d’un soutien psy-
chologique, chaque jour le sujet
peut rencontrer une psychologue,
un masseur-kinésithérapeute, une
diététicienne afin d’évaluer les
consommations alimentaires et
réajuster les menus en fonction
des préférences individuelles.
Des professionnels extra-hospita-
liers, spécialisés en toxicomanie,
qui suivaient le toxicomane avant
son sevrage, peuvent rendre visi-
te au patient après avoir été préa-
lablement identifiés par l’équipe
soignante présente. En cas de
problèmes somatiques intercur-
rents, si le trouble est jugé grave,
il a priorité sur le sevrage, qui est
donc interrompu, voire reporté, et
le patient est traité sous substitu-
tion. Dans le cas où le problème
somatique ne gêne pas le déroule-
ment du sevrage, il est traité
simultanément. Si un examen
complémentaire impose la sortie
de la chambre, le patient est
accompagné par un étudiant en
médecine ou un infirmier à cet
examen.