ASCO 2007
Nouvelles thérapies
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 6-7 - juin-juillet 2007
encore ouverte). Le rationnel pour l’association est de combiner
une action anti-VEGF à une action intracellulaire en aval par
l’inhibition de Raf-kinase. Le sorafénib était administré à la dose
conventionnelle de 400 mg deux fois par jour, et le 17-AAG était
ensuite ajouté deux semaines après à doses progressivement
croissantes (à partir de 300 mg/m² i.v. en 3 heures à J1, J8 et J15
tous les 28 jours). Diff érents types de tumeurs ont été traités
(dont 6 cancers du rein à cellules claires, 1 cancer papillaire du
rein, 4 cancers colorectaux et 3 mélanomes). Il y a eu au total
une réponse partielle et 6 stabilisations, l’ensemble du traitement
étant par ailleurs bien toléré et la DLT non atteinte.
L’équipe du Dana Farber Cancer Institute (Richardson PG et al.
abstract 3532) a mené une étude de l’association au bortézomib
(Velcade
®
) dans le myélome. Le bortézomib est un inhibiteur
du protéasome 26S qui est responsable de la dégradation des
protéines sur lesquelles est fi xée l’ubiquitine. La voie ubiqui-
tine-protéasome joue un rôle essentiel dans l’organisation du
renouvellement des protéines spécifi ques. L’inhibition du protéa-
some 26S empêche cette protéolyse ciblée et aff ecte de multi-
ples cascades de signaux à l’intérieur de la cellule, entraînant la
mort de la cellule cancéreuse. Le bortézomib est actuellement
indiqué dans le traitement du myélome en troisième intention.
Les études précliniques suggèrent une synergie potentielle entre
les inhibiteurs de Hsp 90 et les inhibiteurs du protéasome.
Dans cette étude, la tanespimycine (17-AAG) était administrée
en perfusion d’une heure à J1, J4, J8 et J11 tous les 21 jours à
la suite du bortézomib injecté en i.v. directe.
Au total, 49 patients ont été inclus dans 7 cohortes de doses
(tanespimycine 100-340 mg/m² ; bortézomib 0,7-1,3 mg/m²).
Dans la dernière cohorte de traitement (tanespimycine 340/
bortézomib 1,3 mg/m²), les eff ets secondaires les plus fréquents
étaient : diarrhée (42 %), nausées (32 %), vomissements (26 %),
augmentation des enzymes hépatiques AST/ALT/phosphatases
alcalines (26 %/21 %/21 %), myalgies (16 %) et confusion (16 %).
La seule toxicité de grade 3 était la thrombopénie (16 %).
Des réponses ont été observées chez des patients naïfs de trai-
tement par bortézomib ou prétraités ou même réfractaires
au bortézomib (27 % de réponse objective observée pour ces
patients).
Dans l’étude du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center
(Tse AN et al., abstract 3533), la molécule a été associée à l’iri-
notécan, inhibiteur de la topo-isomérase I, avec lequel son action
est synergique. Dans cette étude de phase I, les patients rece-
vaient l’irinotécan en perfusion de 30 minutes suivi du 17-AAG
administré en 2 heures une fois par semaine pour 2 semaines
tous les 21 jours. Des biopsies tumorales post-traitement étaient
par ailleurs réalisées. L’étude a inclus 22 patients présentant des
tumeurs variées.
Les toxicités dose-limitantes sont apparues chez 4 patients aux
doses de 100 mg/m² d’irinotécan et de 375 mg/m² de 17-AAG :
nausées, vomissements, diarrhée et embolie pulmonaire. Il
n’y avait pas d’interaction pharmacocinétique entre les deux
molécules.
Il y a eu quelques réponses mineures chez des patients n’ayant
pas reçu préalablement d’irinotécan et présentant des cancers
du pancréas (2), du sein (1), et des tumeurs neuro-endocrines
de haut grade (1).
La dose recommandée en phase II est de 100 mg/m² d’irinotécan
et de 300 mg/m² de 17-AAG.
INHIBITEURS DE HDAC
Les inhibiteurs des histones désacétylases (HDACi) appartien-
nent à une classe thérapeutique à part dont le développement est
particulièrement intéressant en hématologie avec, récemment,
des études prometteuses dans les tumeurs solides. Le vorinostat
est la première de ces molécules à avoir été commercialisée aux
États-Unis dans les lymphomes T cutanés (en octobre 2006).
Ces molécules permettent l’acétylation des histones, la relaxa-
tion de la structure chromatinienne et ainsi la réactivation des
gènes régulateurs du cycle cellulaire (en particulier des gènes
suppresseurs de tumeurs anormalement réprimés dans les
cellules tumorales). On parle dans ce cas de ciblage thérapeu-
tique épigénétique.
Plusieurs molécules sont à l’étude et se distinguent essentiel-
lement par l’inhibition plus ou moins sélective des diff érents
isotypes d’HDAC.
Le MGCD0103 est un inhibiteur sélectif de certains isotypes
(HDAC1, 2, 3 et 11) et fait cette année une apparition remarquée
dans la maladie de Hodgkin (déjà présenté en 2006 en phase I
de tumeurs solides).
Dans l’étude de phase II présentée en session orale (Younes A
et al., abstract 8000), parmi les 20 patients évaluables, tous
préalablement multitraités pour un lymphome hodgkinien en
rechute (et pour certains ayant progressé lors de toutes les lignes
précédentes), le MGCD0103 en monothérapie était administré
par voie orale à 110 mg 3 x/semaine pendant 4 semaines. Le
traitement a permis de contrôler la maladie dans 45 % des cas,
avec 40 % de réponses objectives (réponses complètes et réponses
partielles) ! L’effi cacité a été évaluée chez 22 patients, permettant
d’obtenir deux réponses complètes (10 %), 6 réponses partielles
(30 %), 1 stabilisation de plus de 6 mois (5 %), 8 stabilisations de
moins de 6 mois (40 %) et 3 progressions (15 %).
Le traitement est par ailleurs extrêmement bien toléré, les
nausées et la fatigue étant les eff ets indésirables les plus gênants
(toxicités de grade 3 : asthénie [2 %], thrombopénie [10 %], toxi-
cités de grade 1-2 les plus fréquentes : nausées, vomissements,
diarrhée, dyspnée, asthénie, anorexie, perte de poids).
Il s’agit donc là d’un nouvel espoir, dans une maladie globale-
ment de bon pronostic, mais dont les formes réfractaires ou en
rechute constituent encore un défi thérapeutique.
Le LBH589 est le nouvel inhibiteur d’HDAC qui agit sur les
classes I, II et IV, comme le vorinostat.
Il a été évalué dans une étude de phase I (Prince HM et al.,
abstract 3500) dans les tumeurs solides et les lymphomes non
hodgkiniens, en particulier T cutanés. Le traitement était admi-
nistré trois fois par semaine par voie orale, et des lymphocytes
périphériques étaient prélevés afi n d’évaluer l’état d’acétylation
des histones après traitement (par Western-Blot).