ÉDITORIAL Congrès américain en ­oncologie clinique 2015 : un leitmotiv, ­l’immunothérapie “ P lus de 5 000 études ont été sélectionnées pour présentation au congrès américain en oncologie clinique 2015. Dans les travaux qui ont retenu l’attention, l’immunothérapie se taille la part du lion. Pour les cancers bronchiques non à petites cellules, les anticorps anti-PD-1 ­s’affirment comme un nouveau standard de prise en charge. Ces anticorps sont, en deuxième ligne de traitement, supérieurs à la chimiothérapie classique par leur impact sur la survie globale et leur tolérance satisfaisante. Jean-François Morère Service d'oncologie médicale, hôpital Paul-Brousse, Villejuif. L’éventail clinique de ces mêmes anticorps s’élargit régulièrement. S’inscrivent à leur tableau de chasse, cette année : l’hépatocarcinome ainsi que les cancers de l’œsophage, de l’estomac, de la tête et du cou et les cancers urothéliaux. L’arsenal thérapeutique s’enrichit de nouveaux anticorps. MPDL3280A, qui cible le PD-L1, obtient des résultats prometteurs dans les cancers bronchiques (étude POPLAR). L’élotuzumab s’attaque à SLAMF7 et permet d’obtenir des résultats remarqués dans les myélomes réfractaires. Les anticorps semblent utiles lorsqu’ils sont prescrits seuls. Leur combinaison améliore encore leur efficacité. C’est le cas de la combinaison ipilimumab-nivolumab dans le mélanome. Cette amélioration des résultats n’est toutefois obtenue qu’au prix d’importants effets indésirables. Se pose inévitablement la question du financement de ces traitements par des ­médicaments coûteux, alors que la durée optimale du traitement est pour l’instant inconnue. Afin de convaincre l’auditoire, un des “reviewers” n’a-t-il pas comparé ces traitements à l’achat de luxueuses voitures de sport étrangères ? Face à cette vague d’immunité, les thérapies ciblées tentent de résister. Leur combinaison se pose ainsi comme une pierre angulaire de la stratégie dans les mélanomes. Les inhibiteurs de Cyclin-Dependent Kinase en association avec l’hormonothérapie deviennent incontournables dans le cancer du sein. Les “anciennes” armes, telles que la chirurgie ou la chimiothérapie, produisent encore quelques étincelles. La chirurgie a de nouvelles procédures dans les cancers du sein et de la cavité buccale. L'instauration précoce de la chimiothérapie présente un intérêt dans les cancers de la prostate, tandis que celle de l’éribuline semble intéressante dans les sarcomes. J.F. Morère déclare avoir des liens d’intérêts avec Roche (investigateur). On le voit, une nouvelle réunion riche de progrès et de promesses ! 344 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIV - n° 7 - juillet 2015 0344_LON 344 ” La prévention n’a cependant pas été oubliée, avec la démonstration de l’efficacité de la vitamine B3 pour éviter la récidive des cancers cutanés. 10/07/2015 17:05:07