18 LEÇON Équations du second degré à coefficients réels ou complexes Niveau : Première S (mise sous forme canonique, coef réels, résolution dans R) ; Terminale S (coef réels, résolution dans C) ; BTS groupement A (coef complexes). Prérequis : nombres complexes, définition et propriétés, polynôme, trinôme, résolution d’équations, fonctions du second degré. 1 Premières définitions et mise sous forme canonique 1 1 Définition d’une équation du second degré Définition 18.1 On appelle équation du second degré à coefficients réels (resp. complexes), une équation du type ax2 + bx + c = 0 avec (a, b, c) ∈ R3 (resp. C3 ), a �= 0 (E) Exemple 18.2. 2x2 − 3x + 1 = 0 est une équation du second degré à coefficients réels. 1 2 Mise sous forme canonique Théorème 18.3 Pour tout trinôme f : ax2 + bx + c avec a �= 0 et (a, b, c) ∈ R3 , il existe deux nombres α et β tels que : f (x) = a[(x − α)2 − β]. Cette écriture est appelée forme canonique. Développement Démonstration. Comme a �= 0, on peut écrire � � c b ax + bx + c = a x + x + . a a � � b 2 avec x2 + ab x. En effet On reconnaît le début du développement de x + 2a � �2 � �2 b b b x+ = x2 + x + , 2a a 2a 2 d’où b x + x= a 2 Ainsi : 2 ax + bx + c = a �� b x+ 2a � � b x+ 2a 2 �2 − � b 2a �2 . �� � � �2 b2 b c b2 − 4ac − 2+ =a x+ − 4a a 2a 4a2 = a[(x − α)2 − β] avec α = − b2 − 4ac b et β = 2a 4a2 � Exemple 18.4. Mettre sous forme canonique 2x2 − 6x − 1. Développement Solution. On a : � 1 . 2x − 6x − 1 = 2 x − 3x − 2 � �2 x2 − 3x est le début du développement de x − 32 . � �2 9 3 = x2 − 3x + x− 2 4 � �2 3 9 x2 − 3x = x − − . 2 4 2 82 � 2 LEÇON 18. ÉQUATIONS DU SECOND DEGRÉ À COEFFICIENTS RÉELS OU COMPLEXES Ainsi : � 1 2 x2 − 3x − 2 et on trouve : α = 3 2 et β = � �� �2 9 1 − − =2 4 2 � �� �2 11 3 . − =2 x− 2 4 3 x− 2 � 11 4 . � 2 Résolution dans C des équations du second degré à coefficients réels 2 1 Discriminant Définition 18.5 On appelle discriminant de l’expression ax2 + bx + c, avec a �= 0, le nombre Δ = b2 − 4ac. 2 2 Résolution Soit l’équation ax2 + bx + c = 0, avec a �= 0, de discriminant Δ. Si Δ > 0 l’équation a deux sollutions réelles distincts x1 et x2 : √ √ −b − Δ −b + Δ x1 = et x2 = 2a a Théorème 18.6 On a : ax2 + bx + c = a(x − x1 )(x − x2 ). b Si Δ = 0 l’équation admet une solution x0 = − 2a . Si Δ < 0 alors l’équation admet deux solutions complexes conjuguées : √ √ −b − i −Δ −b + i −Δ x2 = . x1 = 2a 2a Développement Démonstration. Soit l’équation ax2 + bx + c = 0 (avec a �= 0 et (a, b, c) ∈ R3 ). L’équation s’écrit : �� � �2 b b2 − 4ac a x+ − = 0. 2a 4a2 On pose Δ = b2 − 4ac, elle s’écrit donc a �� b x+ 2a soit à résoudre : � car a �= 0. Si Δ > 0 alors Δ est le carré de � √ x+ �2 Δ − 2 4a b 2 Δ − 2 2a 4a � � = 0, =0 Δ: b x+ 2a �2 � √ �2 � √ �� √ � b b Δ Δ Δ + x+ − . − = x+ 2a 2a 2a 2a 2a 18.2. RÉSOLUTION DANS C DES ÉQUATIONS DU SECOND DEGRÉ À COEFFICIENTS RÉELS 83 L’équation s’écrit : √ �� √ � b b Δ Δ + x+ − = 0. x+ 2a 2a 2a 2a � Donc soit x + b 2a � Si Δ = 0 alors x + b . x = − 2a + √ � b 2 2a Δ 2a = 0 ou soit x + − Δ 4a2 b 2a √ Δ 2a = 0 et ainsi : √ √ −b + Δ −b − Δ ou x = . x= 2a 2a � � � b 2 = 0 s’écrit x + 2a = 0. Ce carré est nul si et seulement si, x + − Si Δ < 0 pas de solutions réels mais en passnat par les complexes, Δ 4a2 est le carré de √ i −Δ 2a b 2a � = 0, soit et l’on revient au cas Δ > 0. � 2 3 Exemples de résolution Exemples 18.7. 1. Résoudre 2x2 − 5x − 4 = 0. 2. Résoudre, dans C, 2z 2 + 10z + 25 = 0. Développement Solution. 1. Soit à résoudre 2x2 − 5x − 4 = 0. Le discriminant de l’expression 2x2 − 5x − 4 est Δ = 25 + 4 × 4 × 2 = 25 + 32 = 57 > 0. Donc l’équation 2x2 − 5x − 4 = 0 admet deux solutions : √ √ 5 + 57 5 − 57 et x2 = . x1 = 4 4 2. Soit à résoudre 2z 2 + 10z + 25 = 0. Le discriminant de l’expression 2z 2 + 10z + 25 est Δ = 102 − 4 × 25 × 2 = −100 < 0. Il y a donc deux racines complexes : 5 5 5 −10 + 10i = − + i = (−1 + i) z1 = 2×2 2 2 2 5 5 −10 + 10i = − − i. z2 = 2×2 2 2 Ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Calculons la forme exponentielle de z1 et z2 . Tout d’abord, on calcul le module de z1 et z2 : √ 5� 2 5 2 2 |z1 | = |z2 | = . 1 + (−1) = 2 2 On calcule maintenant l’argument θ1 de z1 : √ √ 5 z1 2 2 iθ1 2 (−1 + i) √ = cos θ1 + i sin θ1 = e = + =− 5 |z1 | 2 2 2 2 donc : √ 2 cos θ1 = − √ 2 sin θ1 = 22 Donc : Pour z2 , son argument θ2 est tel que : � ⇒ θ1 = et ainsi, (mod 2π). √ 5 2 3iπ/4 e z1 = . 2 z2 = cos θ2 + i sin θ2 = eiθ2 = |z2 | donc 3π 4 √ cos θ2 = −√22 sin θ2 = − 22 � z2 = 5 2 (−1 − √ 5 2 2 ⇒ θ2 = − 3π 4 i) = √ 2 2 − i 2 2 √ (mod 2π) √ 5 2 −3iπ/4 e . 2 � 84 LEÇON 18. ÉQUATIONS DU SECOND DEGRÉ À COEFFICIENTS RÉELS OU COMPLEXES 3 Applications 3 1 Nombres consécutifs Déterminer deux nomrbes entiers relatifs consécutifs dont la somme des carrés est 221. Développement Solution. On forme l’équation : n2 + (n + 1)2 = 221 ⇔ n2 + n2 + 2n + 1 = 221 ⇔ 2n2 + 2n + 1 = 221 ⇔ 2n2 + 2n − 220 = 0 ⇔ n2 + n + 110 = 0 √ √ Le discriminant de l’expression n2 + n + 110 est Δ = 1 + 4 × 110 + 441 > 0, d’où Δ = 441 = 21 et il y a deux solutions pour l’équation n2 + n + 110 = 0 : n1 = 1 + 21 = 11 2 et n2 = 1 − 21 = −10. 2 � 3 2 Périmètre et diagonale d’un rectangle Soit ABCD un rectangle dont la diagonale [BD] mesure 15 cm et le périmètre P du rectangle vaut 42 cm. Quels sont les dimensions du rectangle ABCD ? D C 15 cm A B PABCD = 45 cm Développement Solution. Soit L la longueur du rectangle (ce qui correspond à la mesure du côté [AB]) et � la largueur du rectangle (ce qui correspond à la mesure du côté [AD]). � et L vérifient le système d’équations suivant : � � 2(� + L) = 42 L = 21 − � � + L = 21 2 2 2 ⇔ � + L = 15 (d’après le thm. de Pythagore) ⇔ 2 2 2 �2 + (21 − �)2 = 225 (2) � + L = 15 (�, L ≥ 0, � < L) On résoud l’équation (2) : (2) ⇔ �2 + (21 − �)2 = 225 ⇔ �2 + �2 − 42� + 441 − 225 = 0 ⇔ 2�2 − 42� + 216 = 0 ⇔ �2 − 21� + 108 = 0. √ Le discriminant de l’expression �2 − 21� + 108 est Δ = 441 − 432 = 9 > 0 donc Δ = 3 et l’équation (2) admet deux solutions : � � = 24 = 18 �1 = 21+3 �2 = 21−3 2 2 = 12 2 2 =9 et L1 = 21 − 12 = 9 L2 = 21 − 9 = 12. Or L > �, donc les dimensions du rectangle ABCD sont � = 9 cm et L = 12 cm. 18.3. APPLICATIONS � 85 3 3 Nombre d’or Soit R un rectangle. On note Q(R), le rapport de la longueur avec la largueur du rectangle R. Soit R1 le rectangle ABCD de longueur L et de largueur �. On trace un carré AEF D (qu’on nomme C) avec E ∈ [AB] et F ∈ [CD] puis on obtient le rectangle EBCF (qu’on nomme R2 ). On dit que R∞ est un rectangle d’or si Q(R1 ) = Q(R2 ) (on notera Φ = Q(R1 )). Quelle est la valeur exacte de Φ ? D R1 = ABCD C = AEF D R2 = EBCF F C E B A Développement Solution. On forme l’équation : � L(L − �) L = ⇔ =1 � L−� �2 ⇔ L2 − L� = �2 ⇔ L2 − L� − �2 = 0 Q(R1 ) = Q(R2 ) ⇔ On note Φ = L �, on peut diviser par �2 (car � �= 0) : ⇔ L L2 − − 1 = 0 ⇔ Φ2 − Φ − 1 = 0. �2 � Le discriminant de l’expression Φ2 − Φ − 1 est Δ = 1 + 4 = 5 > 0. Donc : Δ= √ 1+ 5 ≥ 0. 2 À noter qu’on trouve une autre solution de l’équation : Φ̃ = Comme le rapport L � √ 1− 5 < 0. 2 est positif, on prend juste la valeur de Φ. � 3 4 Intersection d’une parabole et une droite Soit f : R → R 2 x �→ x2 − x − 1 et g : R → R . x �→ x + 1 On note Cf (resp. Cg ) la courbe représentative de la fonction f (resp. g). Quels sont les coordonnées des points d’intersection de Cf et Cg ? 86 LEÇON 18. ÉQUATIONS DU SECOND DEGRÉ À COEFFICIENTS RÉELS OU COMPLEXES B 6 5 4 3 2 1 A −3 −2 0 −1 1 2 3 4 5 −1 Développement Solution. On cherche les coordonnées des points d’intersections A et B des courbes Cf et Cg . Trouver les coordonnées des points d’intersections revient à résoudre l’équation f (x) = g(x). x2 −x−1=x+1 2 ⇔ 2x2 − 2x − 2 = x + 1 ⇔ 2x2 − 3x − 3 = 0 √ Le discriminant de l’expression 2x2 − 3x − 3 est Δ = 9 + 4 × 3 × 2 = 33 > 0. Donc Δ = 33 et l’équation admet deux solutions : � � √ √ 33 3− 33 = xA = 3+√ x B 4 4 √ et . yA = 7+4 33 yB = 7−4 33 f (x) = g(x) ⇔ � 4 Résolution d’équations du second degré à coefficients complexes 4 1 Résolution Théorème 18.8 L’équation az 2 + bz + c = 0 avec (a, b, c) ∈ C 3 et a �= 0 admet deux solutions (distinctes ou confondues) : −b + δ −b − δ z1 = et z2 = 2a 2a où δ 2 = Δ = b2 − 4ac. Développement Démonstration. Soient a, b, c ∈ C et a �= 0. On considère l’équation : az 2 + bz + c = 0. (18.1) On met l’équation (18.1) sous la forme canonique : � � c b (18.1) ⇔ a z 2 + z + =0 a a � �2 �2 � b2 c b b2 − 4ac b + − 2 =0⇔ z+ = . ⇔a z+ 2a a 4a 2a 4a2 18.4. RÉSOLUTION D’ÉQUATIONS DU SECOND DEGRÉ À COEFFICIENTS COMPLEXES 87 On pose Δ = b2 − 4ac et w = z + 2b . D’où : Δ . 4a2 Soit δ une racine carrée de Δ, les deux solutions de (18.1) sont donc : (18.1) ⇔ w2 = z1 = −b + δ , 2a z2 = −b − δ . 2a � 4 2 Un exemple Résoudre iz 2 − (3 + 8i)z + 13 + 13i = 0. Développement Solution. On obtient : Δ = (3 + 8i)2 − 4i(13 + 13i) = 9 + 48i − 64 − 13 × 4(i(1 + i)) = −55 + 48i − 52(i − 1) = −55 + 52 + 48i − 52i = −3 − 4i. 2 On cherche δ = a + ib tel que δ 2 = −3 − 4i. On a : δ 2 = a2 − b2 + 2iab et |δ| = a2 + b2 . De plus |Δ| = On en déduit : 2 2 2 a = 1 a + b = 5 d’où a2 − b2 = −3 b2 = 4 2ab = −4 ab = −2 On trouve ainsi les racines de Δ sont : δ1 = 1 − 2i D’où : et √ 9 + 16 = 5. δ2 = −1 + 2i. 4 + 6i (3 + 8i) − (−1 + 2i) = = 3 − 2i; 2i 2i 2 + 10i (3 + 8i) + (−1 + 2i) z2 = = = 5 + i. 2i 2i z1 = � 88 LEÇON 18. ÉQUATIONS DU SECOND DEGRÉ À COEFFICIENTS RÉELS OU COMPLEXES