•La classique règle des 10 % (10 % de phéochromocytomes héréditaires,
10 % de phéochromocytomes extrasurrénaux et 10 % de phéochromo-
cytomes malins) a été révisée puisque, en fait, un quart (25 %) des phéo-
chromocytomes sont génétiquement déterminés.
•Il est maintenant établi que l’identification d’une mutation constitutionnelle
SDHB est un facteur pronostique de récidive et de malignité, ce qui constitue
une importante avancée pour cette tumeur dont le caractère malin ne pou-
vait jusqu’alors être diagnostiqué qu’à l’apparition de la première métastase.
La recherche d’une mutation sur le gène SDHB est donc fondamentale pour
le pronostic du phéochromocytome et la surveillance du patient atteint.
•Il est désormais acquis que tout patient porteur d’un phéochromocytome,
quels que soient son âge et son type de tumeur, doit bénéficier d’une enquête
génétique au sein d’une consultation multidisciplinaire spécialisée et se voir
proposer un test génétique. La prise en charge d’un patient atteint d’une
forme héréditaire, et de sa famille, sera ensuite guidée par le type de patho-
logie (paragangliome héréditaire, néoplasie endocrinienne multiple de type II,
maladie de von Hippel-Lindau, neurofibromatose de type I) dont il est atteint.
Ce numéro de Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition, à travers deux
articles écrits par les équipes de l’hôpital européen Georges-Pompidou qui déve-
loppent les aspects actuels épidémiologiques, diagnostiques et génétiques du
phéochromocytome, vous apportera, nous l’espérons, de nouveaux éléments
utiles pour la prise en charge de vos patients. La prise en charge thérapeutique
du phéochromocytome, dont vous lirez une description détaillée rédigée par
Philippe Grise et Youssef Daoudi, reste chirurgicale. Il est possible que, dans les
prochaines années, grâce aux efforts de recherche menés par de nombreuses
équipes internationales pour, notamment, élucider les mécanismes moléculaires
liant mitochondrie et tumorigenèse, de nouvelles voies thérapeutiques, voire
préventives, apparaissent. Le transfert en routine du dosage de nouveaux mar-
queurs biologiques du phéochromocytome – comme l’EM66, dérivé des gra-
nines, développé par l’équipe rouennaise de Laurent Yon et Youssef Anouar –
pourrait s’avérer extrêmement utile, notamment pour le suivi des patients à
risque de récurrence et des sujets asymptomatiques mais reconnus comme étant
à risque de développer la maladie par un test génétique familial présymptoma-
tique positif. En conclusion, ce numéro de Métabolismes Hormones Diabètes
et Nutrition, publié en 2006, est une étape résumant les connaissances sur cette
tumeur, cause classique, rare et curable d’hypertension artérielle, qui nécessi-
tera probablement une réactualisation dans les cinq prochaines années.
A.P. Gimenez-Roqueplo
Département de génétique, hôpital européen Georges-Pompidou ;
université Paris-Descartes, faculté de médecine ; INSERM U772 ; Collège de France, Paris.
Référence
1.
Baysal BE, Ferrell RE. Sciences 2000;287:848-51.
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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 2, mars/avril 2006