thématique Dossier Aldostérone et cœur Aldosterone and the heart R.C. Gaillard* Résumé L e cœur est non seulement un organe cible pour les actions hormonales mais aussi un organe endocrine qui synthétise et sécrète des hormones. Ainsi le cœur est-il à la fois un organe cible de l’aldostérone et de l’angiotensine II, dont il est aussi une source. Il produit de l’angiotensine II soit par la voie classique du système rénineangiotensine-aldostérone, dépendante de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA), soit par une voie alterne indépendante de cette dernière, la voie de la chymase (une sérine protéinase présente dans les mastocytes). Outre ses effets classiques qui assurent l’homéostasie hydro-électrolytique, l’aldostérone induit de nombreux effets délétères (fibrose myocardique, dysfonction endothéliale, augmentation du PAI-1, etc.) responsables d’une augmentation de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaires. Associé au traitement conventionnel, le blocage spécifique du récepteur minéralocorticoïde par de faibles doses de spironolactone ou d’éplérénone réduit de manière très significative cette morbi-mortalité chez des patients atteints d’une insuffisance cardiaque modérée à sévère et/ou d’une dysfonction ventriculaire gauche après infarctus du myocarde. Mots-clés : Système rénine-angiotensine-aldostérone – Chymase mastocytaire – Fibrose myocardique – Arythmie – Récepteur minéralocorticoïde – Spironolactone – Éplérénone. Keywords: Renin angiotensin aldosterone system – Mast cells chymase – Myocardial fibrosis – Arrhythmia – Mineralcorticoid receptor – Spironolactone – Eplerone. L e cœur est non seulement un organe cible pour les actions directes et indirectes de multiples hormones et facteurs hormonaux, mais il constitue également un organe endocrine, au sens classique du terme, puisqu’il synthétise et sécrète dans la circulation des substances qui vont agir à distance. * Service d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme, CHU Vaudois, 1011 Lausanne, Suisse. Après la découverte du facteur natriurétique auriculaire (ANF) dans les années 1980, il a été montré que le cœur fonctionnait comme un véritable organe endocrine. En effet, De Bold et al. (1) ont démontré en 1981 que l’injection à des animaux de laboratoire d’extraits cardiaques d’origine auriculaire, mais non d’origine ventriculaire, induisait une natriurèse et une réduction du volume intravasculaire. Cette activité fut attribuée à l’ANF, qui, après son isolement et sa carac- térisation, est devenu le peptide natriurétique auriculaire (ANP). Celui-ci est synthétisé par le cœur, d’où il est sécrété dans la circulation pour agir au niveau rénal, où il se comporte comme un puissant agent natriurétique, ainsi qu’au niveau vasculaire, où il induit une vasodilatation. L’ANP agit également sur la contractilité du myocarde. Depuis la découverte de l’ANP, d’autres peptides ou facteurs humoraux cardiaques ont été identifiés. Parmi eux, citons l’adrénomédulline, dont la synthèse est stimulée par une surcharge de pression et de volume (2), et l’urocortine, un nouveau membre des peptides de la famille du CRH (3). Ces deux peptides sont de puissants vasodilatateurs. En outre, l’adrénomédulline diminue le remodelage vasculaire par un effet antiprolifératif au niveau de la paroi vasculaire, et pourrait ainsi exercer une protection contre le développement de l’athérosclérose et/ou de la resténose (4, 5). Le cœur est également capable, comme nous le mentionnerons dans cette brève revue, de produire lui-même tous les composants du système rénineangiotensine-aldostérone (SRAA). Il produit encore de nombreux autres facteurs humoraux tels que le monoxyde d’azote (NO), l’endothéline, les éicosanoïdes et les substances du système kallicréinekinine. Toutes ces substances sont des modulateurs de la performance cardiaque, que ce soit dans des circonstances physiologiques ou physiopathologiques (6). Le cœur constitue aussi un organe cible pour des hormones et certains facteurs humoraux, comme les catécholamines, les substances du SRAA, les estrogènes, la testos- Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 6, novembre-décembre 2006 143 Dossier thématique térone, l’insuline, ainsi que pour l’hormone de croissance et les sécrétines peptidiques de l’hormone de croissance (6-9). Ainsi, dans l’insuffisance cardiaque, le cœur est incapable d’assurer correctement sa fonction de pompe, et la baisse du débit cardiaque qui en résulte entraîne une augmentation des concentrations plasmatiques de plusieurs substances actives au niveau cardiovasculaire, telles les catécholamines, l’angiotensine II, l’aldostérone, la vasopressine et l’endothéline. L’action de toutes ces substances a pour but de maintenir la pression de perfusion périphérique. À long terme, toutefois, les actions de ces hormones se révèlent dommageables, car elles sont responsables d’effets délétères sur la structure et la fonction cardiaques, et contribuent ainsi paradoxalement à l’aggravation de la dysfonction cardiaque. L’activation de ces systèmes neurohormonaux sert de marqueur de l’insuffisance cardiaque et constitue ainsi une cible thérapeutique. Parmi ces hormones, il a été récemment démontré que les composants du SRAA ont effectivement des effets spécifiques et néfastes sur le cœur et les vaisseaux, et que le blocage de leur action pourrait ainsi être bénéfique. Le système rénineangiotensine-aldostérone Le SRAA préserve l’homéostasie circulatoire lors d’une perte de sel et d’eau résultant par exemple d’une transpiration intense et prolongée, de vomissements ou d’une diarrhée. La rénine, l’angiotensine II et l’aldostérone sont des éléments clés de ce système. La rénine, synthétisée par l’appareil juxtaglomérulaire du rein, produira le clivage de quatre acides de l’angiotensinogène circulant (le précurseur hépatique de tous les peptides de l’angiotensine) 144 pour former l’angiotensine I, un décapeptide biologiquement inactif. L’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA) qui est liée à la membrane des cellules endothéliales effectue ensuite le clivage de deux acides aminés de l’angiotensine I pour engendrer l’angiotensine II. La chymase mastocytaire L’ECA est donc une enzyme indispensable à la génération de l’angiotensine II. Dans le cœur, il existe cependant une voie alterne ne passant pas par l’ECA, mais impliquant l’α-chymase, une enzyme similaire à la chymotrypsine qui est exprimée dans les granules sécrétoires des mastocytes cardiaques. La présence d’une telle voie a été démontrée in vitro, puisque, dans des homogénats de tissu cardiaque humain, 75 % de l’angiotensine II formée sont dépendants de la chymase, alors que seuls 25 % le sont de la voie classique de l’ECA (10, 11). Diverses études ont confirmé que l’angiotensine II, dans les divers tissus d’origine cardiovasculaire, est dépendante de la voie de la chymase plutôt que de la voie classique de l’ECA, puisque la production d’angiotensine II dans ces tissus est bloquée à près de 90 % par des inhibiteurs de la chymase (12-14). La chymase est stockée dans les granules des mastocytes sous forme inactive, en raison d’un pH à 5,5 dans ces granules. Le pH optimal pour l’activité enzymatique est compris entre 7 et 9, situation rencontrée lors de la sécrétion de la chymase après activation des mastocytes présents dans un tissu lésé ou inflammatoire (15). L’activité chymasique ne s’exerce qu’au niveau tissulaire local, car de puissants inhibiteurs de la chymase sont présents dans la circulation sanguine et bloquent immédiatement son activité enzymatique (15). Il existe deux types de chymase, la forme α, qui prédomine notamment Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 6, novembre-décembre 2006 chez l’homme, le singe et le mouton, et la forme β, que l’on trouve chez le rat et la souris (16). La chymase cardiaque humaine présente une très grande spécificité pour l’angiotensine I, ce qui la distingue d’autres enzymes impliquées dans la production de l’angiotensine II, telles l’ECA, la kallicréine, la cathepsine et les autres chymases (10). En outre, la chymase cardiaque humaine, au contraire de l’ECA, ne dégrade pas l’angiotensine II ni les autres peptides comme la bradykinine, la substance P et la gonadolibérine (10). La chymase mastocytaire contribue non seulement à la transformation de l’angiotensine I en angiotensine II, mais elle participe aussi à la sécrétion et à l’activation de la cytokine IL-1β, une cytokine pro-inflammatoire, et du TGF-β1, une cytokine qui est impliquée notamment dans l’hypertrophie et la fibrose cardiaque (17, 18). La chymase active le TGFβ qui se trouve sous forme inactive ou latente dans les mastocytes (18). Les mastocytes sont donc, par ce mécanisme, impliqués dans des processus pathologiques caractérisés par des événements inflammatoires et fibrogéniques tels que la fibrose pulmonaire (19), l’infarctus du myocarde et la fibrose myocardique post-transplantation (20, 21). Toutes ces observations suggèrent qu’une inhibition de ces effets par des inhibiteurs de la chymase pourrait être utilisée à but thérapeutique pour prévenir les maladies cardiovasculaires et la fibrose. En plus des effets susmentionnés, l’α-chymase est aussi capable de former les endothélines de 31 acides aminés, de dégrader l’endothéline 1, de modifier le métabolisme lipidique et d’endommager la matrice extracellulaire (22). L’ a n g i o t e n s i n e I I exe r c e d e nombreuses actions pour maintenir l’homéostasie circulatoire, induisant la constriction des artérioles au niveau des circulations rénale et systémique, ainsi que la réabsorption du sodium au niveau des segments proximaux du néphron. L’angiotensine II stimule également la sécrétion d’aldostérone responsable d’une réabsorption du sodium (en échange du potassium) au niveau des segments distaux du néphron, ainsi que dans le côlon, les glandes salivaires et sudoripares. Lorsque le volume intravasculaire est réduit, l’angiotensine II est le stimulus principal de la production d’aldostérone, qui peut cependant aussi être stimulée par le potassium, l’ACTH, les catécholamines, l’endothéline et la sérotonine d’origine mastocytaire. Parmi ces stimuli de l’aldostérone, le potassium a un rôle physiologique important, puisqu’il permet de maintenir son homéo­ stasie grâce à la capacité de l’aldo­ stérone, dont il stimule la sécrétion, à augmenter l’excrétion potassique dans les urines, les selles, la sueur et la salive (23). L’aldostérone permet ainsi de prévenir l’hyperkaliémie en cas d’apport potassique élevé dans l’alimentation ou après un exercice physique intense qui entraîne une sortie de potassium des muscles. L’aldostérone produit deux types d’action : des modifications immédiates de conductances ioniques, ainsi que l’induction différée de gènes cibles qui survient après liaison sur son récepteur intracellulaire, le récepteur des minéralocorticoïdes (MR). Son action principale consiste à augmenter la synthèse et l’activité des canaux sodiques amiloride-sensibles et la Na/KATPase membranaire des cellules du tubule contourné distal et du tube collecteur rénal pour aboutir à la réabsorption du sodium. Comme nous le verrons ci-après, l’aldostérone, parallèlement à cette action essentielle de réabsorption sodique, exerce d’autres actions, notamment sur le système cardiovasculaire. Le récepteur MR de l’aldostérone est un facteur de transcription, membre de la superfamille des récepteurs nucléaires, qui comprend les récepteurs aux hormones stéroïdes/ thyroïdes et à l’acide rétinoïque. Ces récepteurs sont classiquement loca- lisés dans des cellules épithéliales (côlon, reins, glandes salivaires et sudoripares). Des études récentes ont toutefois démontré que les MR pouvaient également être présents dans des tissus non épithéliaux tels que les organes circumventriculaires du cerveau, le cœur et les vaisseaux sanguins. Les domaines de fixation sur l’ADN et de liaison au ligand du MR et du récepteur des glucocorticoïdes (GR) ont une grande homologie de séquences. Pour cette raison, le MR peut également lier le cortisol avec la même affinité que pour l’aldostérone. Le cortisol peut être un véritable concurrent pour l’aldostérone, car sa concentration plasmatique est 100 à 1 000 fois supérieure à celle de l’aldostérone. Aussi, pour “protéger” le MR des glucocorticoïdes, les cellules disposent-elles d’une enzyme, la 11-βhydroxystéroïde deshydrogénase (11-β-HSD) de type 2, qui transforme le cortisol (actif) en cortisone, inactive car incapable de se lier au MR. Cela suppose donc que, dans les types cellulaires spécifiquement répondeurs à l’aldostérone, il y ait une colocalisation de la 11-β-HSD 2 et du MR. Une telle colocalisation a été vérifiée dans le rein, et elle est aussi présente dans le cœur humain (24). Synthèse de l’aldostérone La synthèse de l’aldostérone a lieu dans le cortex surrénalien, où la P-450 aldostérone-synthase, sous contrôle de l’angiotensine II et du potassium, et plus faiblement de l’ACTH et du sodium, catalyse cette synthèse à partir de la désoxycorticostérone. Des sites de production extrasurrénaliens ont cependant été identifiés. Il s’agit du cœur, de l’aorte, de l’artère pulmonaire et du cerveau. Un SRAA complet a été mis en évidence au niveau du cœur (25), qui possède ainsi l’ensemble de l’équipement enzymatique nécessaire à la production d’aldostérone (26). Le cœur est également un organe cible pour les effets de l’aldostérone, puisque le messager du MR est abondant dans les cardiomyocytes et la paroi endothéliale des artères principales (24). La concentration tissulaire cardiaque d’aldostérone, qui est déjà 15 fois supérieure à celle du plasma, peut encore augmenter de deux à trois fois dans le modèle murin de situation postinfarctus par ligature coronaire (27). Toutefois, la contribution cardiaque aux taux plasmatiques d’aldostérone paraît non significative comparativement à celle du cortex surrénalien (28). Si elle ne contribue pas aux taux circulants de cette hormone, elle joue certainement un rôle paracrine et autocrine important au niveau cardiaque. Il est intéressant de noter que le sel a une fonction régulatrice différente sur l’aldostérone plasmatique et sur l’aldostérone cardiaque. En effet, un régime hypersodé chez le rat normotendu induit une diminution de l’aldostérone plasmatique, alors qu’une augmentation de l’aldostérone cardiaque et une hypertrophie du cœur sont relevées (29). Cette observation suggère donc qu’un régime hypersodé augmente la synthèse d’aldostérone du cœur et contribue ainsi à l’hypertrophie cardiaque de manière indépendante du SRAA circulant. Des travaux récents ont clairement démontré que l’aldostérone exerçait des effets directs sur le cardiomyocyte, par l’induction, en présence d’une concentration extracellulaire de sodium, d’une hypertrophie cardiaque (30). De plus, au niveau du cœur, l’aldostérone exerce un rétrocontrôle positif sur sa propre production, puisqu’elle augmente paradoxalement l’expression de l’ARN messager de l’enzyme de conversion. Ce mécanisme pourrait être responsable de l’augmentation et de la progression de l’activité du SRAA cardiaque en cas d’insuffisance cardiaque. Le cœur est donc non seulement un organe cible pour les minéralocorti- Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 6, novembre-décembre 2006 thématique Dossier 145 Dossier thématique coïdes et les glucocorticoïdes, mais il semble également constituer un organe endocrine capable de synthétiser de novo des corticostéroïdes. Il y a cependant controverse quant à l’origine précise de l’aldo­stérone cardiaque (31-33), des arguments scientifiques solides amenant à considérer que l’aldostérone intracardiaque provient essentiellement de la circulation générale (28). Effets de l’aldostérone Les effets minéralocorticoïdes classiques incluent la rétention du sodium et de l’eau ainsi que l’excrétion du potassium et du magnésium. Ils contrôlent l’homéostasie du sel et de l’eau. Depuis quelques années, de nouveaux effets ont été mis en évidence, en particulier au niveau du cœur et des vaisseaux. Ces derniers sont plutôt considérés comme des effets indésirables. Ils sont responsables de l’induction d’une fibrose cardiaque importante, d’une fibrose/ rigidité vasculaire, d’une diminution de la capture myocardique de norépinéphrine, d’une augmentation de la production de l’inhibiteur de l’activateur du plasminogène de type 1 (PAI- 1), de l’induction d’une dysfonction endothéliale, et d’une diminution du HDL-cholestérol. Autant d’effets dont les conséquences délétères sont résumées dans le tableau. Effets délétères de l’aldostérone Chez l’homme sain, un phénomène d’échappement à l’effet de l’aldostérone empêche qu’une administration continue d’aldostérone ne produise une réabsorption sodique au-delà d’environ cinq jours. Les mécanismes impliqués dans cet échappement semblent multiples. Celui-ci résulterait de changements hémodynamiques au niveau rénal, d’une upregulation de la sécrétion de l’ANP et d’une diminution des cotransporteurs Na+/Cl- thiazide-sensibles au niveau des tubules rénaux distaux. En cas d’insuffisance cardiaque congestive, ce phénomène d’échappement est inopérant. En conséquence, même de petites quantités d’aldostérone vont provoquer une rétention sodée et une expansion du volume. En outre, la production cardiaque d’aldostérone est augmentée au Tableau. Conséquences délétères de l’augmentation de l’aldostérone. Rétention sodée Insuffisance cardiaque Perte potassique Perte de magnésium Arythmies ventriculaires Toxicité digitalique Fibrose myocardique Production de collagène du myocarde Hypertrophie ventriculaire Dysfonction ventriculaire Diminution de la réserve coronarienne Ischémie Dysfonction des barorécepteurs Hypertension artérielle Diminution capture myocardique NE Arythmies Dysfonction endothéliale ATS Diminution du HDL-cholestérol ATS Augmentation PAI-1 (coagulation) Ischémie Abréviations NE : Norépinéphrine ; ATS : Athérosclérose ; PAI : Inhibiteur de l’activité plasminogénique 146 Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 6, novembre-décembre 2006 cours de l’insuffisance cardiaque humaine, proportionnellement au niveau de dysfonction ventriculaire (34). La production de l’enzyme de conversion ainsi que celle du peptide natriurétique de type B sont également activées dans les ventricules d’un cœur défaillant. Il est donc probable que l’augmentation de la tension de paroi ou la distension d’un ventricule dilaté observées lors d’une dysfonction systolique soient des stimuli pour la production d’aldostérone, d’enzyme de conversion et de peptide natriurétique de type B au niveau des ventricules. Fibrose myocardique due à l’aldostérone L’augmentation de l’aldostérone cardiaque est responsable d’une fibrose myocardique et vasculaire. En effet, l’aldostérone stimule la synthèse du collagène par les fibroblastes cardiaques, induisant une fibrose cardiaque, avec des conséquences défavorables sur la fonction de pompe ainsi que sur le rythme cardiaque (effet arythmogène). Ce sont les travaux de Weber qui ont, les premiers, montré que l’aldostérone associée au NaCl induisait une fibrose cardiaque majeure chez le rat (35). Cette fibrose résulte d’un effet direct de l’aldostérone ; elle est indépendante des facteurs hémodynamiques comme l’hypertension. L’effet spécifique de l’aldostérone est confirmé par les observations suivantes : ✓ le blocage de l’aldostérone par la spironolactone prévient la fibrose, même à des doses qui n’influencent ni l’hypertension, ni l’hypertrophie ventriculaire gauche ; ✓ la fibrose cardiaque induite par une infusion systémique d’aldostérone et de NaCl n’est pas prévenue par l’administration intracérébroventriculaire de spironolactone, bien que ce traitement prévienne l’apparition de l’hypertension artérielle. Une étude récente (36) menée chez des patients normotendus présentant un hyperaldostéronisme familial de type 1 démontre clairement que c’est l’excès d’aldostérone en lui-même qui est responsable des anomalies de structure et de fonction du ventricule gauche. En effet, ces patients atteints d’un hyperaldostéronisme présentent, en l’absence d’hypertension, un remodelage cardiaque avec épaississement du septum et de la paroi ventriculaire gauche, ainsi qu’une diminution de la fonction diastolique. La fibrose cardiaque et le remodelage coronarien résultent donc bien d’un effet direct de l’aldostérone sur le tissu cardiaque. Cet effet trophique de l’aldostérone qui aboutit au remodelage vasculaire est dépendant du sodium, ce qui suggère que l’aldosté­rone induit une entrée de sodium dans les fibroblastes (35). Un travail récent (37) a en outre démontré que, lors d’un infarctus, l’aldostérone stimule l’activité des protéinases impliquées dans la production du collagène et donc dans la fibrose cardiaque. En plus de l’aldostérone et du sel, l’angiotensine II paraît également participer à cette fibrose par l’intermédiaire des récepteurs AT1 (25). La synthèse d’aldostérone cardiaque est augmentée dans la zone non infarcie du cœur de rat un mois après la ligature coronaire, parallèlement à la synthèse locale d’angiotensine II (27). Ainsi, l’aldostérone et l’angiotensine II sont impliquées dans la régulation des processus inflammatoires et de réparation qui surviennent après lésion tissulaire (38, 39). À cet effet, elles stimulent la production des cytokines et le chimiotactisme ; elles activent les macrophages aux sites de réparation (40) et stimulent la croissance des fibroblastes ainsi que la synthèse du collagène de type I et III qui gouvernent la formation du tissu cicatriciel (37, 41). Le rôle physiologique de la production locale d’aldostérone pourrait donc être son action de réparation tissulaire après infarctus du myocarde (27). Effet arythmogène de l’aldostérone Le rôle proarythmique de l’aldostérone (42) pourrait dépendre partiellement de la fibrose myocardique, qui perturbe la fonction électrique du cœur, de l’hypokaliémie et de l’hypo magnésémie dues à la perte de potassium et de magnésium au niveau des tubules rénaux, ainsi que de l’effet de l’aldostérone sur la capture myocardique des catécholamines (43, 44). Tous ces effets de l’aldostérone prédisposent aux arythmies ventriculaires, à la toxicité digitalique et donc à l’arrêt cardiaque (45). Aldostérone et dysfonction endothéliale L’aldostérone augmente la résistance périphérique et coronarienne en réponse à l’angiotensine II, à la sérotonine et à la norépinéphrine. Elle induit la sécrétion d’endothéline, un puissant stimulus de facteurs de croissance (46) qui favorise le développement de l’athérosclérose. L’aldostérone inhibe en outre la synthèse de NO des cellules vasculaires (47). Finalement, l’aldostérone diminue le HDL-cholestérol, prédisposant ainsi à l’athérosclérose (48), et contribue, avec l’angiotensine II, à l’augmentation du potentiel de coagulation par stimulation de la production du PAI-1 et de l’agrégation plaquettaire aux sites de saignement (49). Angiotensine et aldostérone : facteurs de risque cardiovasculaire L’ensemble de ces effets délétères fait de l’aldostérone un facteur de risque cardiovasculaire, indépendant de l’angiotensine II. De nombreux travaux ont montré une relation entre la concentration plasmatique d’aldostérone et la mortalité chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque, ainsi qu’avec la masse ventriculaire gauche, qui est un bon indice de morbimortalité. Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) diminuent efficacement la morbidité et la mortalité des patients présentant une insuffisance cardiaque et une dysfonction ventriculaire gauche. Comme l’angiotensine II est un stimulus important de la production d’aldostérone, il était raisonnable et logique de penser que l’emploi d’un IEC aurait pour conséquence de supprimer les effets indésirables à la fois de l’angiotensine II et de l’aldostérone. Les résultats obtenus avec les IEC n’ont cependant pas tout à fait répondu à l’attente, ce qui pourrait être dû à l’échappement du blocage de la production d’aldostérone sous IEC. En effet, des observations cliniques ont mis en évidence un tel échappement, qui se traduit par une remontée des concentrations plasmatiques d’aldostérone après trois mois de traitement par IEC (43). Plusieurs mécanismes ont été évoqués pour expliquer cet échappement. Il pourrait s’agir d’un blocage incomplet du SRAA, d’une synthèse d’angiotensine II empruntant d’autres voies que celle de l’ECA, d’une stimulation de la sécrétion d’aldostérone en réponse à des influences éventuellement combinées : hypokaliémie, hypomagnésémie chronique, intervention de facteurs paracrines et neurocrines, et/ou diminution du catabolisme hépatique de l’aldostérone (50). L’ a n g i o t e n s i n e I I , q u ’ e l l e provienne de la voie classique de l’ECA ou de la voie alterne de la chymase, exerce diverses actions sur le cœur. Par la stimulation de ses récepteurs AT1, elle agit au niveau de la coagulation (profibrogènes) et pro-inflammatoires. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 6, novembre-décembre 2006 thématique Dossier 147 Dossier thématique 148 L’inflammation joue un rôle majeur dans la physiopathologie des affections cardiaques. L’angiotensine II stimule en effet l’expression du facteur nucléaire κB (NF-κB), un facteur de transcription qui règle l’expression génique des cytokines pro-inflammatoires, telle l’interleukine 6 (51). Au niveau cardiaque, l’angiotensine II joue aussi un rôle important dans la prolifération vasculaire (52). Les résultats d’études cliniques confirment l’hypothèse selon laquelle l’angiotensine II, produite indépendamment de la voie de l’ECA, stimulerait la prolifération vasculaire et favoriserait ainsi la resténose après une angioplastie coronarienne percutanée. En effet, la resténose est prévenue par l’administration d’un antagoniste du récepteur de l’angiotensine II, alors qu’elle ne l’est pas en cas d’administration d’un inhibiteur de l’ECA (53). Cela confirme la présence au niveau cardiaque ainsi que l’importance de la voie alterne chymasique de la production de l’angiotensine II. De nombreux modèles animaux de pathologie cardiaque (cardiomyopathie, surcharge de pression, infarctus du myocarde) s’associent à une élévation de la chymase cardiaque, aussi bien en ce qui concerne l’ARNm que son activité enzymatique. Il en est de même dans des homogénats de cœurs humains pathologiques (cardiomyopathie idiopathique, infarctus du myocarde [54, 55]). Toutes ces observations étayent l’hypothèse du rôle de l’angiotensine II, issue de la voie de la chymase, dans la pathogénie de ces états pathologiques. La chymase contribue aux affections cardiaques non seulement par la transformation de l’angiotensine I en angiotensine II, mais aussi par l’activation du TGF-β et par le remodelage de la matrice extracellulaire. Ainsi, la chymase contribue à la fibrose et à l’hypertrophie cardiaque. Effets cardiovasculaires bénéfiques résultant de l’inhibition de la chymase mastocytaire L’activité de la chymase cardiaque étant élevée dans de nombreuses pathologies cardiaques, il était logique de penser que son inhibition pourrait avoir un effet thérapeutique bénéfique. C’est pourquoi plusieurs inhibiteurs sélectifs de cette enzyme ont été développés ou sont en cours de développement (15). Ils n’ont pas encore été utilisés chez l’homme, mais des résultats prometteurs ont été obtenus chez l’animal, dans des modèles expérimentaux d’infarctus du myocarde, de cardiomyopathie et d’insuffisance cardiaque induite par tachycardie (15). Il est donc fort probable que ces inhibiteurs soient appelés à occuper une place significative dans le traitement de maladies cardiaques où la dégranulation des mastocytes, provoquée par la lésion ischémique, paraît jouer un rôle important. Des inhibiteurs de la chymase ont significativement réduit la prolifération vasculaire dans des veines greffées chez le chien (56, 57), ainsi que la prolifération vasculaire et l’hyperplasie intimale survenant après une lésion par ballonnet de dilatation (58). Ces molécules pourraient donc être utiles dans la prévention de la resténose après dilatation percutanée de vaisseaux coronariens. L’activité chymase est aussi augmentée dans la paroi des anévrysmes de l’aorte abdominale (59), et son inhibition, dans le modèle d’anévrysme du hamster, s’accompagne notamment d’un effet favorable sur le diamètre aortique, ce qui suggère que l’inhibition de la chymase pourrait prévenir la progression de l’anévrysme aortique abdominal (60). L’inhibition de la chymase pourrait également avoir un effet thérapeutique dans certaines cardiomyopathies (15) [figure], dans l’infarctus du myocarde (55), dans la prévention du remodelage cardiaque lors Mastocyte Mastocyte Activation Angiotensine I Chymase active Inhibition Chymase inactive Inhibiteur de chymase Angiotensine II TGF-β Affections cardiovasculaires TGF-β latent-binding protein Fibrose tissulaire Figure. Mécanisme d’action des inhibiteurs de la chymase mastocytaire pour la prévention des maladies cardiovasculaires et de la fibrose myocardique. Libérée par les mastocytes activés, la chymase induit la production d’angiotensine II et de TGF-β, responsables de maladies cardiovasculaires et de fibrose. L’inhibition de la chymase est susceptible de prévenir ces deux conséquences en réduisant la production d’angiotensine II et de TGF-β. (D’après Takai et al. [15].) Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 6, novembre-décembre 2006 d’une insuffisance cardiaque (61), ainsi que dans l’athérosclérose (62). Au niveau cardiaque, l’angiotensine II possède un effet inotrope positif. Ainsi, la présence dans le cœur d’une voie génératrice d’angiotensine II indépendante de l’ECA pourrait avoir un rôle bénéfique important en cas de traitement de l’insuffisance cardiaque par des IEC. Cette voie alterne n’étant pas touchée par les IEC, l’angiotensine II qui en est issue pourrait ainsi participer à la préservation de la fonction d’un cœur insuffisant en maintenant son support inotrope positif. En effet, en cas d’insuffisance cardiaque, les IEC améliorent la fonction cardiaque par diminution des effets de l’angiotensine II au niveau des vaisseaux, réduisant ainsi les pré- et post-charges cardiaques sans modifier l’effet inotrope positif de l’angiotensine II cardiaque, puisque celle-ci provient de la voie de la chymase, ce qui la rend indépendante de l’action des IEC (10). En conclusion, toutes les observations suggèrent que l’inhibition de l’activité de la chymase par des inhibiteurs non peptidiques, et donc actifs par voie orale, pourrait, dans un avenir proche, faire partie de l’arsenal thérapeutique des pathologies cardiovasculaires. Effets cardiovasculaires bénéfiques résultant du blocage des actions de l’aldostérone L’échappement de l’aldostérone observé sous IEC et les résultats des travaux qui ont démontré les effets cardiaques délétères de l’aldostérone ont motivé la réalisation de l’étude multicentrique RALES (Randomized Aldactone® Evaluation Study), dont le but consistait à évaluer, chez des patients présentant une insuffisance cardiaque sévère, l’effet sur la morbidité et la mortalité cardiovasculaires d’une adjonction de spironolactone au traitement standard (63), afin de bloquer l’effet de l’aldostérone au niveau des récepteurs. Les résultats obtenus par l’adjonction de la spironolactone ont été tellement favorables que l’étude a été arrêtée au bout de 24 mois, soit plus d’un an avant le terme prévu, l’objectif primaire de diminution de la mortalité ayant été atteint. En effet, l’association de 26 mg/j de spironolactone au traitement standard de l’insuffisance cardiaque (IEC, diurétiques et digoxine) a permis de diminuer le risque de décès toutes causes confondues de 31 %, celui de décès d’origine cardiaque de 31 %, et les hospitalisations d’origine cardiaque de 30 %. De plus, la spironolactone a exercé un effet bénéfique sur la fonction cardiaque, puisque des patients sont passés de la classe IV de la NYHA à la classe III au terme de l’étude. Le blocage de l’action de l’aldostérone par une faible dose de spironolactone, associée au traitement conventionnel de l’insuffisance cardiaque, produit donc un bénéfice assez spectaculaire. La faible dose de spironolactone utilisée n’ayant pas d’effets hémodynamiques, il est donc fort probable que le bénéfice observé résulte d’une inhibition des effets directs de l’aldostérone au niveau cardiaque. Ainsi, une réduction de la fibrose a certainement joué un rôle dans la diminution de la morbidité et de la mortalité de ces patients, ainsi que le démontre le travail de Zannad et al. (64). Utilisant le dosage plasmatique d’un fragment du collagène III comme mesure de la fibrose cardiaque, ces auteurs ont, d’une part, observé une relation entre le taux de fibrose cardiaque et la mortalité, et démontré, d’autre part, que la spironolactone réduisait la fibrose cardiaque, l’effet le plus net étant relevé chez les patients présentant la fibrose la plus élevée au début de l’étude. La spironolactone est également capable de réduire les arythmies ventriculaires observées en cas d’insuffisance cardiaque congestive ou ischémique. En effet, Ramires et al. (44) ont décrit, chez 35 patients insuffisants cardiaques traités par spironolactone (25-50 mg/j), une diminution de 74 % des extrasystoles ventriculaires, de 80 % des épisodes de tachycardie ventriculaire non soutenue, et de 100 % des épisodes de tachycardie ventriculaire à l’effort. Le blocage du MR s’oppose au rôle proarythmique de l’aldostérone, soit en diminuant la fibrose cardiaque, soit en équilibrant la balance électrolytique (hypokaliémie et hypomagnésémie), et/ou en permettant la capture des catécholamines par les cardiomyocytes. L’utilisation clinique de l’éplérénone, un nouvel antagoniste plus sélectif du MR, diminue également de manière significative, dans l’étude EPHESUS, la morbidité et la mortalité de patients en insuffisance cardiaque et en dysfonction ventriculaire gauche après un infarctus du myocarde (65). Dans cette étude, l’éplérénone administrée en complément du traitement conventionnel diminue la mortalité, toutes causes confondues, de 15 % à 16 mois (65). Rapidement introduite (entre trois et 14 jours) après l’infarctus du myocarde, elle réduit la mortalité à 30 jours de 31 % ; la mortalité cardiovasculaire, en particulier, diminue de 13 % chez des patients ayant une fraction d’éjection inférieure ou égale à 40 % et des signes d’insuffisance cardiaque (66). thématique Dossier Aldostérone et dysfonction endothéliale L’aldostérone est impliquée dans la dysfonction endothéliale, notamment par inhibition de la synthèse de NO (47). Cet effet de l’aldostérone Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 6, novembre-décembre 2006 149 Dossier thématique est mis en évidence par l’amélioration de la dysfonction endothéliale par le blocage par la spironolactone du MR qui augmente la bioactivité du NO, qui rétablit la réponse artérielle à l’acétylcholine et qui inhibe la conversion vasculaire de l’angiotensine I en angiotensine II chez les patients en insuffisance cardiaque (67). Il est donc fort probable que ces effets bénéfiques de la spironolactone aient contribué à la réduction de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaires, telles que rapportées dans l’étude RALES (63). Sécurité et effets indésirables de la spironolactone Un des risques potentiels du blocage du MR est d’induire une hyperkaliémie. Toutefois, ce risque est significativement réduit si la dose de spironolactone associée aux IEC ne dépasse pas 25 mg/j. Dans l’étude RALES, la survenue d’une hyperkaliémie cliniquement significative a été rare, puisqu’elle n’a été observée que chez 1 % des patients sous placebo, et chez 2 % des patients traités par spironolactone. Il faut cependant souligner qu’une créatininémie > 250 mg/l et qu’une kaliémie > 5 mmol/l constituaient des critères d’exclusion à l’entrée dans l’étude. Il est évident que les mesures de la créatinine plasmatique et de la kaliémie doivent faire partie de la surveillance d’un traitement associant IEC et spironolactone, et ce d’autant plus que le risque d’hyperkaliémie en pratique courante n’est pas négligeable (68). Comme la spironolactone se lie non seulement aux MR mais également aux récepteurs des androgènes, une gynécomastie et une impuissance peuvent survenir sous ce traitement. Dans l’étude RALES, une gynécomastie et/ou des douleurs au niveau des seins ont été rappor- 150 tées chez 10 % des hommes sous spironolactone, contre 1 % dans le groupe placebo. Au vu des importants effets bénéfiques de ce traitement sur la morbidité et la mortalité cardiovasculaires, le risque de gynécomastie ne devrait cependant pas détourner de l’emploi de la spironolactone chez les hommes souffrant d’une insuffisance cardiaque sévère. L’arrivée sur le marché de l’éplérénone, nouvel antagoniste plus sélectif du MR, devrait significativement diminuer la fréquence de cet effet indésirable. L’éplérénone bloque sélectivement le MR et n’a pas d’effet sur les récepteurs des glucocorticoïdes, des androgènes et de la progestérone (69). Ainsi, dans l’étude EPHESUS (65), qui a démontré que l’éplérénone adjointe au traitement conventionnel diminuait la morbidité et la mortalité de patients en insuffisance cardiaque et en dysfonction ventriculaire gauche après un infarctus du myocarde, l’incidence de la gynécomastie et de l’impuissance chez les hommes du groupe éplérénone n’était pas supérieure à celle observée dans le groupe placebo. Ces résultats, très différents de ceux de l’étude RALES, sont liés à la plus grande sélectivité de l’éplérénone pour le MR, comparativement à la spironolactone, qui se lie aussi aux récepteurs des androgènes. Conclusion Le cœur est non seulement un organe cible pour les hormones, mais il constitue également un véritable organe endocrine, produisant des facteurs hormonaux qui exercent des rôles autocrines, paracrines et endocrines. Il est non seulement soumis à l’influence du SRAA systémique, mais il possède également son propre SRAA. Ce dernier produit de l’angiotensine II par l’intermédiaire de la voie classique, ECA-dépendante, et par la voie alterne de la chymase masto- Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 6, novembre-décembre 2006 cytaire, ECA indépendante. Parmi les constituants du SRAA, l’aldostérone systémique et intracardiaque ainsi que l’angiotensine II exercent des effets importants sur la structure et la fonction cardiaques. En plus de ses effets sur la rétention hydrosodée et l’excrétion potassique, l’aldostérone est à l’origine d’une fibrose cardiaque et vasculaire, d’une diminution de la capture de la norépinéphrine au niveau du myocarde, et d’une dysfonction endothéliale. Tous ces effets délétères au niveau du cœur et des vaisseaux sont certainement impliqués dans la morbidité et la mortalité cardiovasculaires, notamment en cas d’insuffisance cardiaque. Des études récentes ont clairement démontré que, associé au traitement conventionnel, le blocage des MR par la spironolactone ou l’éplérénone réduit de manière significative la morbidité et la mortalité cardiovasculaires des patients en insuffisance cardiaque sévère et/ou avec dysfonction ventriculaire après infarctus du myocarde. Ainsi, 50 ans après sa découverte, l’aldostérone continue à étonner (70). Références bibliographiques 1. De Bold AJ, Borenstein HB, Veress AT, Sonnenberg H. 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Les comprimés à 80 mg sont réservés aux formes sévères d’hypercholestérolémie notamment aux formes familiales homozygotes. Indications basées sur des études cliniques d’intervention : Réduction des événements coronaires chez des patients hypertendus traités avec 3 facteurs de risque en prévention primaire, avec ou sans hyperlipidémie associée. Prévention des évènements coronaires et cérébrovasculaires chez des patients diabétiques de type 2 avec un autre facteur de risque, avec ou sans hyperlipidémie associée • Posologie et mode d’administration : Prescription en association avec le régime, en prise unique à tout moment de la journée, indépendamment des repas. Posologie initiale : 10 mg/jour. La réponse thérapeutique s'observe en 2 semaines et est habituellement maximale après 4 semaines. Cette dose permet un contrôle satisfaisant chez la majorité des patients. Si nécessaire, adaptation posologique à intervalle d'au moins 4 semaines, en fonction de l'évolution de la cholestérolémie. Posologie usuelle : 10 voire 20 mg/j dans les hypercholestérolémies modérées. Formes sévères (notamment dans les formes familiales homozygotes) : des posologies plus élevées peuvent être nécessaires. Dose maximale recommandée : 80 mg. Insuffisant rénal, sujet âgé : il n’est pas nécessaire d’ajuster les doses. Traitements associés : l'atorvastatine peut être associée aux chélateurs des acides biliaires. • Contre-indications : Ce médicament ne doit jamais être prescrit dans les cas suivants : hypersensibilité à l’un des constituants du médicament ; affection hépatique évolutive ; élévation prolongée des transaminases sériques ; en association avec l’itraconazole, le kétoconazole, la télithromycine, le stiripentol et la delavirdine ; chez la femme qui allaite. Ce médicament est généralement déconseillé en cas d’association aux fibrates. • Mises en garde spéciales et précautions particulières d’emploi : Interrompre le traitement en cas de découverte d’une grossesse.Tenir compte de la présence de lactose. Surveillance hépatique : avant puis régulièrement après l’instauration du traitement ainsi qu’en cas de signes ou de symptômes évocateurs d’une altération hépatique. Surveillance des transaminases plus fréquente en cas de prescription des doses les plus élevées. Interrompre le traitement en cas d’augmentation persistante des transaminases ALAT ou ASAT au-delà de 3 fois la limite supérieure de la normale. Effets musculaires : Comme les autres inhibiteurs de l'HMG-CoA réductase, l'atorvastatine peut affecter les muscles squelettiques et entraîner des myalgies, myosites et myopathies, pouvant rarement évoluer vers une rhabdomyolyse, caractérisée par des taux élevés de CPK (plus de 10 fois la LSN), une myoglobinémie et une myoglobinurie et pouvant entraîner une insuffisance rénale, et être fatale dans certains cas. Chez les patients asymptomatiques traités par statine, pas de recommandation de dosage régulier des taux de CPK ou d'autres enzymes musculaires. Chez les patients présentant des facteurs prédisposant à une rhabdomyolyse et chez ceux présentant des symptômes musculaires pendant un traitement par une statine, recommandation de dosage des CPK avant toute initiation d'un traitement par statine. Avant initiation du traitement : Contrôler le taux de CPK dans les situations suivantes : insuffisance rénale, antécédent personnel ou familial de maladies musculaires génétiques, antécédent personnel de toxicité musculaire lors d'un traitement par une statine ou un fibrate, abus d'alcool, hypothyroïdie, patients âgés (> 70 ans). Dans ces situations, réévaluer régulièrement le bénéfice/risque du traitement et assurer une surveillance clinique régulière. Ne pas débuter le traitement si le taux basal de CPK est significativement élevé (plus de 5 fois la LSN). Mesure de la CPK : Ne pas mesurer la CPK après un exercice physique important ni en présence d'une autre cause possible d'augmentation. En cas d'élévation significative de la CPK (plus de 5 fois la LSN) avant traitement, recontrôler systématiquement dans les 5 à 7 jours pour confirmer les résultats. Si le taux initial de CPK > 5 fois la normale est confirmé, ne pas initier le traitement. Pendant le traitement : demander aux patients de signaler rapidement toute douleur musculaire inexpliquée, crampe ou faiblesse musculaire, en particulier si elles s'accompagnent de malaise ou de fièvre ; en cas d’apparition de symptômes sous traitement effectuer un dosage de CPK ; interrompre le traitement si le taux CPK est significativement élevé (plus de 5 fois la LSN) ; si les symptômes musculaires sont sévères et provoquent une gêne quotidienne envisager l’arrêt du traitement, même si le taux de CPK ne dépasse pas 5 fois la LSN ; si les symptômes disparaissent et que le taux de CPK redevient normal envisager la réintroduction de l’atorvastatine ou d’une autre statine à la dose la plus faible sous étroite surveillance ; interrompre le traitement en cas d’élévation cliniquement significative du taux de CPK (plus de 10 fois la LNS) ou de diagnostic ou de suspicion de rhabdomyolyse. Dans le traitement des hypercholestérolémies familiales homozygotes, il n’existe à l’heure actuelle que peu de données chez l’enfant.• Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interaction : Associations contre-indiquées : itraconazole, kétoconazole, stiripentol, delavirdine, télithromycine. Association déconseillée : fibrates, gemfibrozil. Associations nécessitant des précautions d’emploi : anticoagulants oraux, vérapamil, diltiazem, erythromycine, clarithromycine, ciclosporine, inhibiteurs de protéases. Association à prendre en compte : jus de pamplemousse. • Effets indésirables : Les évènements indésirables ci-dessous sont listés selon la classification MedDRA par système-organe et par ordre de fréquences:Très fréquents (≥ 1/10), fréquents (≥ 1/100 et < 1/10), peu fréquents (≥ 1/1 000 et < 1/100), rares (≥ 1/10 000 et < 1/1 000), très rares (< 1/10 000). Les effets indésirables sont généralement discrets et transitoires. Affections hématologiques et du système lymphatique : Peu fréquent :Thrombocytopénie. Affections du système immunitaire : Peu fréquent : Réaction d’hypersensibilité (urticaire). Troubles du métabolisme et de la nutrition : Peu fréquents : Hypoglycémie, hyperglycémie, anorexie, prise de poids. Affections psychiatriques : Fréquent : insomnie. Affections du système nerveux : Fréquents : Hypoesthésie, paresthésie, vertiges, céphalées. Peu fréquents : Neuropathie périphérique, amnésie. Affections de l’oreille et du labyrinthe : Peu fréquents : Acouphènes. Affections gastro-intestinales : Fréquents : Nausées, diarrhées, douleurs abdominales, dyspepsie, constipation, flatulences : Peu fréquents :Vomissements Rare : Pancréatite. Affections hépatobiliaires : Rares : Hépatite, ictère cholestatique. Affections de la peau et des tissus sous-cutanés : Fréquents : Prurit, éruption. Peu fréquents :Alopécie. Rare : Eruption bulleuse.Très rares : Oedème de Quincke, syndrome de Stevens-Johnson, syndrome de Lyell. Affections musculo-squelettiques et systémiques : Fréquents : Myalgie, arthralgie, douleur dorsale (cf. rubrique Mises en garde et précautions particulières d’emploi). Rares : Myosite, crampes musculaires (cf. Mises en garde et précautions particulières d’emploi).Très rares : Rhabdomyolyse, myopathie, tendinopathies parfois compliquées de rupture (cf. Mises en garde et précautions particulières d’emploi). Affections des organes de reproduction et du sein : Peu fréquent : Impuissance. Troubles généraux et anomalies au site d’administration : Fréquents :Asthénie, douleurs thoraciques. Peu fréquent : Malaise. Rares : Oedème, œdème périphérique. Investigations : Fréquents : Élévation des enzymes hépatiques :ASAT,ALAT (principalement en relation avec une cholestase), augmentation des CPK (cf. rubrique Mises en garde et précautions particulières d’emploi). PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES : • Propriétés pharmacodynamiques : HYPOCHOLESTÉROLÉMIANT ET HYPOTRIGLYCÉRIDÉMIANT/INHIBITEUR DE L'HMG-CoA RÉDUCTASE. Code ATC : C10 AA05. Prévention des complications cardiovasculaires : Dans l’étude Collaborative Atorvastatin Diabetes Study (CARDS), l’effet de l’atorvastatine sur les évènements coronaires et cérébrovasculaires mortels et non mortels a été évalué chez 2838 patients atteints de diabète de type 2 âgés de 40 à 75 ans, sans antécédent de maladies cardiovasculaires et avec un taux de LDL ≤ 4,14 mmol/l (160 mg/dl) et de TG ≤ 6,78 mmol/l (600 mg/dl). Par ailleurs, tous les patients avaient au moins un des facteurs de risque cardiovasculaire suivants : hypertension, tabagisme, rétinopathie, microalbuminurie ou macroalbuminurie. Dans cette étude randomisée, en double aveugle, multicentrique, contrôlée versus placebo, les patients recevaient soit de l’atorvastatine à la dose de 10 mg/jour (n = 1 428) soit un placebo (n = 1 410) durant une période moyenne de 3,9 ans. L’effet du traitement par atorvastatine sur le critère primaire ayant atteint le seuil d’arrêt de l'étude prédéfini pour l’efficacité, CARDS a été arrêtée 2 ans avant la date prévue. L’atorvastatine a réduit significativement : la fréquence des évènements cardiovasculaires majeurs (critère composite associant l’infarctus du myocarde sévère mortel et non mortel, l’infarctus du myocarde asymptomatique, la mort d’origine coronaire aiguë, l’angor instable, le pontage coronarien par greffe, l’angioplastie transluminale percutanée, la revascularisation, l’AVC) de 37 % (p = 0,0010), (placebo 9,0 %, atorvastatine 5,8 %) ; la fréquence des infarctus du myocarde sévères mortels et non-mortels et des infarctus du myocarde asymptomatiques de 42 % (p = 0,0070), (placebo 4,5 %, atorvastatine 2,7 %) ; la fréquence des AVC mortels et non mortels de 48 % (p = 0,0163), (placebo 2,8 %, atorvastatine 1,5 %). L’incidence globale des effets indésirables ou des effets indésirables sévères était similaire dans les deux groupes. PRÉSENTATION ET NUMÉRO D’IDENTIFICATION ADMINISTRATIVE : Modèle ville : TAHOR® 10 mg, comprimé pelliculé, boîte de 28 comprimés : AMM n° 343 067.5 ; boîte de 90 comprimés : AMM n° 371 992.1. TAHOR® 20 mg, comprimé pelliculé, boîte de 28 comprimés : AMM n° 343 068.1 ; boîte de 90 comprimés : AMM n° 371 993.8. TAHOR® 40 mg, comprimé pelliculé, boîte de 28 comprimés : AMM n° 343 069.8 ; boîte de 90 comprimés : AMM n° 371 994.4. TAHOR® 80 mg, comprimé pelliculé, boîte de 28 comprimés : AMM n° 355 575.0 ; boîte de 90 comprimés : AMM n° 371 995.0. Modèle hôpital : TAHOR® 10 mg, comprimé pelliculé, boîte de 50 comprimés : AMM n° 560 302.2. TAHOR® 20 mg, comprimé pelliculé, boîte de 50 comprimés : AMM n° 560 304.5. TAHOR® 40 mg, comprimé pelliculé, boîte de 50 comprimés : AMM n° 560 306.8. TAHOR® 80 mg, comprimé pelliculé, boîte de 50 comprimés : AMM n° 355 576.7. PRIX : TAHOR® 10 mg : 22,88 € (28 cp) ; 66,39 € (90 cp). TAHOR® 20 mg : 40,23 € (28 cp) ; 117,55 € (90 cp). TAHOR® 40 mg : 43,16 € (28 cp) ; 126,97 € (90 cp). TAHOR® 80 mg : 43,16 € (28 cp) ; 126,97 € (90 cp). CTJ : 0,82 € (cp 10 mg, bte de 28), 0,74 € (cp 10 mg, bte de 90) ; 1,44 € (cp 20 mg, bte de 28), 1,31 € (cp 20 mg, bte de 90) ; 1,54 € (cp 40 mg, cp 80 mg, bte de 28), 1,41 € (cp 40 mg, cp 80 mg, bte de 90). CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DÉLIVRANCE : Liste I. Remb. Séc. Soc. à 65 % - Collect. - Seul TAHOR ® 10 mg est remboursé dans les indications basées sur des études cliniques d’intervention. EXPLOITANT : Pfizer – 23-25, avenue du Docteur Lannelongue – 75014 Paris – Tél. (information médicale) : 01 58 07 34 40. ® : Marque déposée. Date de révision d’AMM : 22/03/2006. Pour plus d’informations, se référer au Résumé des Caractéristiques du Produit. Version n° 006-08/06. 152 Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 6, novembre-décembre 2006