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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 6, novembre-décembre 2006
La multitude des effets physiologiques et celle des sites
d’action de l’aldostérone sont bien résumées dans la
première partie de l’article de M.C. Zennaro, qui sou-
ligne ensuite l’intérêt pour les praticiens d’avoir à leur
disposition des antagonistes du récepteur minéralocorti-
coïde. L’éplérénone, le plus récent d’entre eux, a l’avan-
tage de présenter moins d’effets secondaires sexuels
que la spironolactone, molécule utilisée en France dans
le traitement de l’insuffisance cardiaque et de l’hyper-
tension artérielle depuis maintenant de nombreuses
années. Les déterminants structuraux de l’affinité du
ligand à son récepteur y sont exposés. C’est le groupe de
M.E. Rafestin-Oblin, en France, qui a porté cette recher-
che moléculaire, recherche qui devrait s’avérer d’une très
grande utilité dans l’éventuelle synthèse d’autres antago-
nistes spécifiques du récepteur minéralocorticoïde.
Dans son article, R. Gaillard montre l’intérêt qu’il y a à
considérer le cœur non seulement dans sa fonction contrac-
tile mais aussi dans sa fonction endocrine. La démons-
tration de la synthèse du facteur atrial natriurétique il y
a maintenant plus de 20 ans a fait émerger ce concept.
Les différents composants du système rénine-angioten-
sine-aldostérone, en particulier, ont été recherchés, et de
nouvelles enzymes identifiées, telle la chymase cardiaque,
dont l’inhibition pourrait s’avérer intéressante sur un plan
thérapeutique. Le cœur est ainsi un acteur endocrinien à la
fois dans sa fonction sécrétrice et dans sa fonction de tissu
cible de nombreux facteurs humoraux et inflammatoires.
Que le bénéfice des anti-aldostérones dans l’insuffisance
cardiaque soit seulement lié à son effet natriurétique ou
qu’il soit aussi médié par l’effet propre de ces antagonis-
tes au niveau cardiovasculaire fait l’objet de débats et de
recherches qui ne sont pas près de s’éteindre ! Dans les cir-
constances cliniques, l’effet profibrosant et arythmogène
de l’hyperaldostéronisme résulte vraisemblablement d’une
interaction avec une altération forte de la balance sodée.
Enfin, une revue très complète sur l’hyperaldostéronisme
primaire complète ce dossier sur l’aldostérone. Il s’agit de
la forme la plus fréquente d’hypertension artérielle secon-
daire, représentant, en fonction des séries, 5 à 10 % en
moyenne des cas d’hypertension artérielle reçus dans un
service hospitalier. En pratique, plusieurs milliers de nou-
veaux cas par an ! L’ensemble de la stratégie diagnosti-
que et thérapeutique y est revu, de même que les méca-
nismes physiopathologiques de la maladie, en particulier
les liens entre obésité, hypertension artérielle et excès de
minéralocorticoïdes. Quelques cas rares, mais exemplaires,
d’hyperaldostéronisme sont héréditaires, et de nouveaux
gènes restent à identifier pour expliquer des cas familiaux
avec hyperplasie surrénalienne ou adénome. La mise en
place d’un registre national serait à cet égard extrêmement
utile, tant pour rassembler les quelques familles atteintes
que pour suivre leur évolution dans le cadre d’une prise en
charge spécifique. Pour cette pathologie, dont le méca-
nisme est mal connu et probablement hétérogène, on peut
prévoir que les avancées dans la connaissance physiopa-
thologique pourront être obtenues par l’analyse molécu-
laire directe des adénomes ou hyperplasies qui sont à l’ori-
gine de l’hyperaldostéronisme.
Souhaitons que le nombre et la qualité des publications à
venir soient à la hauteur de cette hormone fascinante qui
ne nous a pas encore livré tous ses secrets !
Xavier Jeunemaitre,
Inserm U772, Collège de France, Paris.