La Lettre du Cardiologue - n° 305 - janvier 1999
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également en graisses insaturées et en protéines, à un régime amé-
ricain “standard” chez 133 hypertendus légers. Après deux mois
d’étude sans différence de poids entre les groupes, 70 % des
hypertendus soumis au régime le plus diététique étaient équili-
brés, contre 45 % des patients suivant le régime intermédiaire et
23 % de ceux respectant leur régime habituel. Malheureusement,
ces bénéfices spectaculaires sont perdus par la suite si les diffé-
rentes mesures sont abandonnées, comme l’a montré D. Jones
dans la phase II de l’étude de prévention TOHP.
De nombreuses équipes américaines ont publié des études
d’intervention auprès des patients, avec des résultats souvent
favorables : relances téléphoniques, auto-contrôle, ajustement
thérapeutique à distance, intervention des infirmières,
campagnes d’information...
K. Ishikawa (Tokyo) se préoccupe également de l’exercice phy-
sique et en constate des effets dissociés plus importants et plus
rapides sur la pression artérielle chez les sujets de 30 à 49 ans
que chez les plus âgés.
ET LA COURBE EN J ?
Si des corrélations ont été trouvées ou confirmées entre le niveau
de pression artérielle et l’homocystéine (J. Chambers, Londres)
et s’il existe un effet favorable de la vitamine C sur la fonction
endothéliale des hypertendus pour D. Sherman (Boston), la
recherche clinique continue de s’intéresser aux conséquences
éventuelles des variations tensionnelles et des valeurs respectives
de la systolique, de la diastolique et de la pression pulsée, ainsi
que, d’autre part, aux conséquences heureuses ou malheureuses
de la recherche d’une pression diastolique la plus basse possible.
Ainsi, S. Hoshide (Tochigi) étudie la relation entre la progres-
sion de la maladie cérébrovasculaire et les variations de pres-
sion artérielle chez des coronariens. Les sujets ayant le plus de
lacunes cérébrales en IRM et le plus grand nombre de sténoses à
la coronarographie avaient moins de chutes nocturnes de la pres-
sion artérielle. Pour la Framingham Heart Study,A. Haider tente
de rapprocher le pronostic cardiaque des critères :pression sys-
tolique, pression diastolique, pression pulsée, chez 2 040 patients
suivis 18 ans en moyenne. Après ajustement des divers facteurs
de risque, la pression pulsée se révèle être le meilleur critère de
développement d’une insuffisance cardiaque, suivie par la pres-
sion systolique, l’élévation du risque lié à la pression diastolique
n’étant pas significative.
Si, cependant, l’incidence des événements cardiovasculaires est
plus importante chez les sujets qui, malgré le traitement, élèvent
progressivement leur pression diastolique, et paraît dans certaines
études s’élever également lorsque cette pression devient trop basse
(courbe en J),elle ne paraît pas, pour I. Ferguson (New York),
être liée à des altérations de structure ou de fonction du ventri-
cule gauche préalables au traitement. La masse du VG, absolue
ou rapportée à la surface corporelle, ainsi que la FR et la FE
n’étaient pas, au départ, significativement différentes selon l’évo-
lution ultérieure, y compris pour des ▲▲PAD jusqu’à – 55 mmHg.
Plus généralement, les résultats de l’étude HOT (Hypertension
Optimal Treatment), publiés dans The Lancet (1998 ; 356 : 1755-
62),ont indiqué que l’incidence la plus basse d’événements
cardiovasculaires était obtenue pour une PAD de 82,6 mmHg,
et le risque le plus faible de mort d’origine cardiaque pour une
PAD de 86,5 mmHg. Cette étude portait sur 19 196 patients de
50 à 80 ans (PAD de 101 à 115 mmHg), avec l’objectif d’obte-
nir des PAD 90 mmHg, 85 mmHg ou 80 mmHg selon les
groupes, ceux-ci étant traités par félodipine avec une escalade
thérapeutique si nécessaire par bêtabloquant, IEC et hydrochlo-
rothiazide. Les résultats les plus spectaculaires étaient obtenus
chez les diabétiques, avec un risque cardiovasculaire réduit de
moitié après l’obtention d’une PAD 80 mmHg, par rapport au
groupe d’objectif 90 mmHg (p = 0,005).
HYPERTENSION RÉNOVASCULAIRE
D. Bluemke (Baltimore) a montré de superbes images en 3D
d’angio-IRM permettant une visualisation précise de la vascu-
larisation rénale et obtenues grâce à de nouveaux appareils avec
une acquisition rapide : coupes fines, multi-incidences, images
en contraste de phase, obtenant, pour certaines équipes, une sen-
sibilité de 97 % et une spécificité de 92 % pour le diagnostic de
sténose des artères rénales. Cet examen permet de voir des lésions
multiples, des sténoses modérées, des aspects de Takayasu, de
dissection, des images après transplantation, etc. Cet examen non
invasif, physiologique et anatomique, de mieux en mieux stan-
dardisé, garde certains inconvénients : disponibilité, parfois sur-
estimation de lésions en raison de calcifications ou de turbulences
vasculaires, perte de sensibilité pour les vaisseaux accessoires
intrarénaux.
Les places respectives de l’angioplastie et de la chirurgie ont
été une fois de plus discutées. On manque toujours d’études pros-
pectives randomisées. Il existe de nombreux biais, notamment de
sélection et d’homogénéité, dans le suivi. Pour l’équipe du John Hop-
kins,
40 % des hypertendus de plus de 60 ans ont une participa-
tion rénovasculaire ; chez 1 070 adultes répartis dans neuf études,
la chirurgie guérit l’hypertension dans 34 à 50 % des cas, l’amé-
liore dans 23 à 51 % des cas, échoue dans 9 à 35 % des cas, et
entraîne une mortalité de 1,1 à 4 %. Elle s’adresse à des sujets de
plus en plus âgés, avec insuffisance rénale d’origine ischémique,
notamment après échec du traitement médical ou de l’angio-
plastie. Cette dernière est complétée par la pose d’un stent dans
les lésions ostiales ou sur des sténoses résiduelles supérieures à
50 % après angioplastie. Les complications sont de l’ordre de 9 %
dans une série de 92 patients : 3 embolies de cholestérol, 2 throm-
boses de branche artérielle, 1 thrombose du stent, 2 pseudo-ané-
vrismes fémoraux. Une guérison ou une amélioration est obte-
nue dans 59 % des cas.
La préservation de la fonction rénale et l’allègement ou l’arrêt du
traitement antihypertenseur ont été étudiés après pose de stent :
J. Cooper (Tolède) a traité 177 artères rénales sténosées chez
127 patients (PAS 169 ± 3 mmHg) dont 17 hypertensions légères
et 36 bien contrôlées par le traitement médical. La PAS moyenne
de l’ensemble du groupe était réduite, à six mois, à 146 mmHg
(p < 0,0001) et 25 patients n’avaient plus besoin de traitement
médical.
A. Krivitzky
HTA