Actualités pharmaceutiques
• n° 547 • juin 2015 •
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pratique
thérapeutique
Le fingolimod montre une supério-
rité face à certains DMTs, sur la
réduction du nombre de poussées
ainsi que sur le nombre et l’activité
des lésions détectées par imagerie
par résonance magnétique (IRM).
Pour une dose de 0,5mg une fois
par jour, l’étude Freedoms [1] a
démontré une réduction de 54% du
taux de poussées annuelles avec ce
médicament versus un placebo.
Une surveillance cardiaque est obli-
gatoire lors de l’administration de la
première dose (bradycardie poten-
tielle, voire bloc auriculo-ventricu-
laire). Le cas des sujets ayant des
antécédents cardiovasculaires
devra être soumis à l’avis d’un
cardiologue.
En raison d’une lymphopénie, les
vaccins vivants sont contre-indi-
qués pendant le traitement et
jusqu’à deux mois après son arrêt.
En cas d’oubli de dose, le patient
peut reprendre son comprimé dans
les 12heures suivantes. Enrevanche,
il est vivement déconseillé de dou-
bler une dose, car cela majorerait les
effets bradycardisants.
Un effet tératogène est apparu chez
l’animal. Les patientes en âge
d’avoir des enfants doivent, de ce
fait, disposer d’une contraception
efficace jusqu’à deux mois après
l’arrêt du traitement.
F Le tériflunomide (Aubagio®) est
un immunomodulateur doté de pro-
priétés anti-inflammatoires qui inhi-
bent de façon sélective et réversible
la dihydroorotate déhydrogénase,
une enzyme mitochondriale néces-
saire à la synthèse de pyrimidine.
Ildiminue la prolifération des cel-
lules qui ont besoin de la synthèse
de novo de pyrimidine pour se multi-
plier (lymphocytes activés).
Cinétiquement, le tériflunomide se
distingue par: un Tmax atteint au
bout de quatreheures et une longue
demi-vie d’environ 19 jours. Modé-
rément métabolisé, il est principale-
ment excrété sous forme inchangée
par la bile. La prise de nourriture n’a
pas d’influence clinique.
Pour des doses quotidiennes de
7et 14mg, il montre une efficacité
comparable aux DMTs injectables
sur les poussées, alors qu’à 14mg,
il permet un discret ralentissement
de la progression des troubles
neuro logiques sur deux ans [3].
En raison d’une lymphopénie, les
vaccins vivants sont contre-
indiqués pendant le traitement et
jusqu’à deux mois après son arrêt.
Les patientes en âge de procréer
doivent utiliser une contraception
efficace, y compris après l’arrêt du
traitement, jusqu’à ce que la quantité
d’Aubagio® dans le sang soit suffi-
samment éliminée par l’organisme
(élimination naturelle qui peut néces-
siter jusqu’à deux ans). Afin de rac-
courcir ce délai, il existe un protocole
d’élimination du tériflunomide accé-
lérée sur 11 jours utilisant le charbon
actif ou la résine cholestyramine.
F Le diméthylfumarate (Tecfi-
dera®), dérivé de l’acide fumarique,
est déjà utilisé pour lutter contre le
psoriasis. Les études précliniques
montrent un effet antioxydant par l’ac-
tivation de la voie transcriptionnelle du
facteur nucléaire NRF2 et une aug-
mentation de l’expression des gènes
antioxydants NRF2-dépendants.
Ce médicament se distingue par un
temps de demi-vie du monométhyl-
fumarate atteint au bout de à
2,5heures, un temps de demi-vie
court, d’environ une heure, et une
forte métabolisation hépatique,
60% de la dose étant éliminés par
expiration du dioxyde de carbone.
L’alimentation n’a pas de consé-
quence, mais une prise au cours
des repas peut être envisagée pour
une meilleure tolérance en cas de
bouffées congestives et/ou d’effets
indésirables gastro-intestinaux.
Pour une dose de 240mg deux fois par
jour, Tecfidera® n’a pas montré une
efficacité supérieure aux inter férons
bêta et à l’acétate de glatiramère en
termes de diminution du taux annuel
de poussées et de réduction de la pro-
gression du handicap [4].
F Le laquinimod est une molécule
actuellement à l’étude qui a des pro-
priétés anti-inflammatoires et
neuroprotectrices. Les premiers
résultats d’une étude de phase III
montrent que ce médicament ralen-
tirait la progression du handicap
neuro logique et l’atrophie cérébrale,
mais ne diminuerait que faiblement
le risque de poussées annuelles [5].
Switch thérapeutique
Le passage de la forme injectable à
la forme orale constitue un switch
thérapeutique.
Tableau4. Raisons motivant un switch.
Raisons du switch en faveur du fi ngolimod Pourcentage (%) des patients
Recommandations du médecin 15,6
Facilité de prise de la forme orale 15,4
Effet indésirable d’un ancien traitement de fond 12,5
Échec thérapeutique 11
Désagrément des injections 10,9
Moins d’effets indésirables 10
Meilleure effi cacité 10
Satisfaction des patients
sous fingolimod
Bien que 80% des patients aient rap-
porté la présence d’un effet indésirable
modéré, sévère ou très sévère, 97%
sont satisfaits de leur switch [6].