L`Opinion «GeNeuro, une approche innovante dans la lutte contre la

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Mardi 19 Avril 2016
Geneuro, une approche innovante dans la lutte
contre la sclérose en plaque
Emmanuelle Ducros -19 Avril 2016 à 17h07
À l’issue d’une levée de fonds de 33 millions d’euros, la société est cotée sur le compartiment B
d’Euronext
© Sipa Press
Cette société de biotechnologies, qui expérimente un traitement préventif plutôt que curatif
contre les attaques de la sclérose en plaques, a fait ses premiers pas en Bourse.
Cela fait quinze ans, maintenant, que les équipes de Geneuro travaillent sur la sclérose en plaque.
D’abord dans le giron de BioMérieux, puis seules depuis que le fond suisse Éclosion, spécialisé
dans les biotechs, a permis aux cofondateurs Hervé Perron et Jesús Martin-Garcia de prendre leur
indépendance en 2006.
Le constat de ces chercheurs ? Les traitements actuellement disponibles contre la sclérose en
plaques, curatifs, ne parviennent que peu à endiguer les poussées de la maladie. Celle-ci provient
d’une attaque de l’enveloppe des fibres nerveuses, la myéline, par les lymphocytes du corps. Il en
résulte une altération des connexions nerveuses et des difficultés à se mouvoir. C’est une maladie
auto-immune : le malade est victime de ses propres défenses immunitaires.
Mardi 19 Avril 2016
Les chercheurs ont fait le pari de s’intéresser à une protéine toxique, la MSRV-Env, produite par
un rétrovirus issu de l’ADN humain, qui serait à l’origine de ces attaques sur l’enveloppe des nerfs.
Les traitements actuels de la sclérose en plaque ciblent les lymphocytes et causent d’autres soucis
d’immunité. Le produit développé par Geneuro, le GNbAC1, propose d’inverser la vision du
traitement en l’envisageant de façon préventive. La molécule cible la protéine et l’empêche de
s’exprimer.
Tests coûteux. Si l’approche est révolutionnaire, elle doit, avant de se traduire en un médicament,
faire l’objet de tests coûteux. Une étude clinique de phase II est en cours : elle s’intéresse à 260
patients dans 13 pays et donnera des résultats en 2017. Elle est prometteuse, puisque Servier a
choisi de financer toutes les étapes de développement clinique du candidat médicament en
Europe. En novembre 2014, le laboratoire a signé avec Geneuro un partenariat de recherche, qui
aboutira au versement potentiel de 360 millions d’euros de royalties à la jeune société, si le
traitement aboutit. Mais cela ne suffit pas et c’est ce qui pousse Geneuro à entrer en Bourse.
À l’issue d’une levée de fonds de 33 millions d’euros, la société est cotée depuis lundi sur le
compartiment B d’Euronext, où elle affiche une capitalisation de 180 millions d’euros, après deux
séances positives. Au capital, on retrouve ses bailleurs de fonds, le fonds Éclosion, l’Institut
Mérieux et Servier (respectivement 43,7 %, 27,3 % et 8,8 % du capital). La part réservée aux
investisseurs individuels est de 12,3 % du capital. L’opération a fait l’objet de beaucoup
d’attention, car après des années très riches en introductions de biotechs à la Bourse de Paris, le
filon s’est fait maigre. Geneuro est d’ailleurs la première opération, tous secteurs confondus,
depuis le début de l’année 2016.
D’autres espoirs. L’argent levé servira à financer une série d’essais de phase II aux États-Unis et
au Japon, des zones géographiques non comprises dans la phase de tests en cours, et à préparer
la phase III. Surtout, Geneuro va utiliser de 60 à 70 % des fonds pour financer des études sur
d’autres pathologies. « La protéine incriminée dans la sclérose en plaques est en effet détectée
dans le corps de patients victimes de diabètes de type I ou de polyneuropathies », explique un
porte-parole de la société. Les indications du médicament envisagé par Geneuro pourraient donc
être bien plus larges que ce qui était initialement envisagé.
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