ÉCONOMIE POLITIQUE DE LA LOLF 5
Introduction
La réforme budgétaire a été engagée en France récemment, avec
l’entrée en vigueur de la LOLF (loi organique sur les lois de finances)
en janvier 2006.
Elle est le fruit d’un large consensus droite/gauche, suffisamment rare
chez nous pour être souligné, et identifié par l’activité inlassable
d’Alain Lambert et Didier Migaud pour inscrire la LOLF dans notre réalité
administrative, économique et citoyenne.
Le rapport qui suit a pour ambition de mettre en évidence les fondements
et la portée économique de la LOLF, sans nier pour autant ses autres
dimensions. Il fait une distinction entre la LOLF et « l’esprit de la LOLF »,
et souligne les grands axes de la nouvelle procédure budgétaire. Par delà
l’articulation missions/programmes/actions, la LOLF est l’occasion pour l’État
de mieux hiérarchiser et révéler ses préférences, de mieux analyser ce qui
relève de ses compétences essentielles (le « core business ») et ce qui lui
est moins spécifique, de privilégier l’optique de l’efficacité de la dépense
publique. Sur ce dernier point, l’élaboration des bons indicateurs de perfor-
mance est une nécessité et un défi, plus ou moins aigu selon les activités
concernées.
La LOLF, bien conçue et correctement appliquée, aura forcément des
conséquences sur la répartition des compétences entre le centre et la
« périphérie » (via le processus de déconcentration, la décentralisation, l’es-
sor éventuel des agences comme cela s’est fait au Royaume-Uni…), sur le
système de gouvernance publique et le dispositif de responsabilité
(l’accountability des Anglo-Saxons). Non seulement le management pu-
blic devrait être profondément modifié, avec à la clef des évolutions prévisi-
bles dans le statut de la fonction publique, le système de rémunération et
d’incitations, le code des marchés publics, etc., mais aussi les relations entre
le Parlement et l’exécutif de même que les pouvoirs propres du Parlement
vont s’en trouver sensiblement changés.
Il faut aussi appliquer un principe d’exhaustivité : la LOLF doit rapide-
ment gagner, après le budget de l’État, ceux des collectivités locales et de la
Sécurité sociale. De plus, la nouvelle procédure devrait permettre une
meilleure articulation entre le budget annuel et la pluri-annualité (en particu-
Rap. CAE 65 LOLF.pmd 06/04/2007, 08:595