
Intensité thérapeutique optimale
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Il semble donc logique de proposer de réduire la durée d'administration de la
chimiothérapie et de délivrer la radiothérapie plus précocement
[17].
L'inconvénient
de cette approche est de provoquer une augmentation des dommages causés aux tis-
sus sains proliférant rapidement (toxicité précoce).
Il
n'est malheureusement pas en-
core possible de reconnaître avant traitement les tumeurs
à
cinétique de prolifération
élevée, ce qui permettrait d'évaluer l'efficacité de l'accélération des traitements sur
les patients les plus susceptibles d'en retirer un bénéfice
[18].
Vascularisation tumorale
-
La vascularisation tumorale est en généra! médiocre,
hétérogène et variable au cours du temps (alternance de phases de constriction et de
dilatation des capillaires tumoraux). Ceci constitue un obstacle évident
à
l'activité de
la chimiothérapie qui ne peut parvenir aux cellules tumorales. Autre conséquence de
la mauvaise vascularisation, I'hypoxie est un facteur important de radio-résistance
[
11-
Le fractionnement de l'irradiation est une manière élégante de limiter les effets de
I'hypoxie, la réduction tumorale entre les séances favorisant la reperfusion des cellu-
les résiduelles. L'association d'agents sensibilisant les ceIlules hypoxiques
à
l'action
des rayonnements ionisants n'a pas fait la preuve de son efficacité. Plus prometteuse
semble être l'administration simultanée de la radiothérapie et d'un agent sélective-
ment toxique pour les cellules hypoxiques (mitomycine C, tirapazamine).
Un
effet
différentiel bénéfique entre tissus tumoraux et sains est probable car les tissus sains
sont bien vascularisés. Certaines drogues (dont la nicotinamide) entraînent une dila-
tation des capillaires sanguins et sont en cours d'évaluation en association avec la
radiothérapie.
Résistances cellulaires et instabilité génomique
-
La mise en œuvre des mécanis-
mes de réparation des lésions de l'ADN est
à
l'origine de la résistance des cellules
à
l'action des rayonnements ionisants. Les cellules sont aussi capables de se protéger
des produits cytotoxiques par des mécanismes multiples [19],.parfois communs avec
ceux de la résistance
a
la radiothérapie. Plusieurs stratégies ont été envisagées pour
prévenir la survenue de résistance (association précoce de drogues sans résistance
croisée
[13],
accélération du traitement) ou
pour
saturer des résistances préexistantes
(augmentation de la dose totale, modulation
par
d'autres drogues). Ces approches re-
présentent autant de modalités d'intensification thérapeutique.