Actualités des antiangiogéniques M Antiangiogenic drugs in oncology: updated results

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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVII - n° 3 - mars 2008
Actualités des antiangiogéniques
Antiangiogenic drugs in oncology: updated results
M. Saghatchian*
* Institut Gustave-Roussy, Villejuif.
cours de développement (tableau I). Langiogenèse tumorale
est indispensable à la prolifération des cellules tumorales et au
développement des tumeurs. Si le vascular endothelial growth
factor (VEGF) semble être le principal facteur proangiogénique
au stade initial du veloppement des tumeurs, de multiples
autres facteurs sont ensuite surexpris et impliqués dans
l’angiogenèse et la progression tumorale. Le bévacizumab est
le premier traitement antiangiogénique anti-VEGF développé
avec succès en cancérologie dans différentes indications.
Tableau I.
Liste non exhaustive des principales molécules en cours
de développement clinique.
Inhibiteurs des ativateurs de l’angiogenèse
ADH-1 (ExherinTM)
AG-013736
AMG-706
Ac anti-VEGF (bévacizumab, Avastin®) : se lie au VEGF et le neutralise
AZD2171 (cediranib, Recentin®) :
petite molécule inhibitrice de TK de tous les récepteurs VEGF
Bay 43-9006 (sorafénib, Nexavar®) : petite molécule inhibitrice de TK multicible
BMS-582664
CHIR-265
GW786034 (pazopanib)
PTK787/ZK222584 (vatalanib) : petite molécule inhibitrice anti-VEGF
RAD001 (évérolimus) :
inhibiteur de mTOR diminuant la production de VEGF par les cellules tumorales
VEGF-trap : récepteur soluble humanisé inhibiteur se liant au VEGF
Suramine
SU11248 (sunitinib, Sutent®) : petite molécule inhibitrice de TK multicible
ZD6474 (vandetanib, Zactima®) : petite molécule inhibitrice de VEGFR et EGFR
À part : inhibiteur des intégrines (EMD 121974 [cilengitide])
TK : tyrosine kinase ; Ac : anticorps.
LE BÉVACIZUMAB, PREMIER TRAITEMENT
ANTIANGIOGÉNIQUE ANTIVEGF
Anticorps monoclonal recombinant humanisé, le bévacizumab
neutralise les formes biologiquement actives de VEGF qui
interagissent avec les récepteurs VEGF1 et VEGF2 situés à la
surface des cellules endothéliales. Au vu des premières données
RÉSUMÉ
Les traitements antiangiogéniques, nouveau concept théra-
peutique en oncologie, constituent une véritable révolution
dans les traitements anticancéreux, traitements ciblés d’une
part, et d’autre part thérapeutiques diries vers une nouvelle
cible (diérente de la cellule cancéreuse) : la cellule endo-
théliale et l’angiogenèse. Au cours de ces dernières années,
plusieurs traitements antiangiogéniques, et en particulier
le bévacizumab, anticorps monoclonal anti-VEGF, ont été
développés avec succès dans diérentes indications théra-
peutiques. Un développement de grande envergure est
actuellement mené avec les antiangiogéniques, et cette
mise au point présente l’ensemble des résultats obtenus à
ce jour avec ces molécules.
Mots-clés : Angiogenèse – VEGF Bévacizumab – Anti-
angiogéniques.
SUMMARY
Revolutional progresses in oncology have been made with
antiangiogenic drugs, a new therapeutic concept relying
on treatments targeting a new way (dierent from tumoral
cells): endothelial cells and angiogenesis. During last years,
several antiangiogenic treatments, especially bevacizumab,
an anti-VEGF monoclonal antibody, have been successfully
developed in dierent indications. A large development
is ongoing with these new antiangiogenic drugs and this
article presents results of phase III studies conducted with
these molecules.
Keywords: Angiogenesis
VEGF
Bevacizumab
Anti-
angiogenic drugs.
Langiogenèse, avec au moins 20 facteurs de croissance
angiogéniques crits et 30 inhibiteurs naturels de
l’angiogenèse identifiés à l’heure actuelle, est devenue
une cible thérapeutique majeure dans le cadre du traitement
des cancers : plus de 300 inhibiteurs de l’angiogenèse sont en
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0
0 10 20
IFL + bévacizumab
6,2 versus 10,6 mois
Hazard-ratio (HR) = 0,54
IFL + placebo
Mois
6,2 10,6
30
0,4
0,2
0,8
1,0
Survie sans progression
0,6
0
0 10 20
IFL + bévacizumab
15,6 versus 20,3 mois
Hazard-ratio (HR) = 0,66
IFL + placebo
Mois
15,6 20,3
30 40
0,4
0,2
0,8
1,0
Estimation de la survie
0,6
Médiane de survie sans progression Survie médiane
Figure 1.
Cancer colorectal métastatique et traitement de première ligne : bénéces de l’association IFL + bévacizumab.
La Lettre du Cancérologue - Vol. XVII - n° 3 - mars 2008
dessais de phase II ainsi que de lessai de phase III coordonné par
H. Hurwitz et portant sur le cancer colorectal, le bévacizumab
a fait l’objet d’un développement de grande envergure.
Bévacizumab et cancer colorectal
Lessai fondateur de H. Hurwitz et al. (1) mené avec le va-
cizumab en traitement de première ligne chez 813 patients
atteints d’un cancer colorectal métastatique a mis en évidence,
pour la première fois, l’intérêt d’associer un traitement anti-
angiogénique à une chimiothérapie. Cette étude a évalué les
effets d’une chimiothérapie à base de 5-fluoro-uracile (5-FU) et
d’irinotécan (schéma américain IFL) associée au vacizumab
(5 mg/kg toutes les 2 semaines) ou à un placebo et adminis-
trée jusqu’à progression. Un bénéfice significatif en faveur de
l’association chimiothérapie-bévacizumab a été démontré sur
tous les paramètres, avec une amélioration de la survie globale
de 30 % (20,3 mois versus 15,6 mois), un allongement de la
survie sans progression de 70 % (10,6 mois versus 6,2 mois) et
une amélioration de la réponse objective (taux et durée de la
réponse) [figure 1].
Ces résultats positifs ont motivé la mise en place dessais cliniques
à différents stades de la maladie et en association avec diérentes
chimiothérapies, en particulier avec l’oxaliplatine, très utilisé
dans le traitement du cancer colorectal :
En traitement de première ligne, l’association de bévacizumab
à une chimiothérapie à base de 5-FU ou doxaliplatine (FOLFOX,
XELOX) apporte un allongement significatif de la survie sans
progression (9,4 mois versus 8 mois ; p = 0,0023), mais sans
impact démontré sur la survie (2) ;
Les données d’une vaste étude observationnelle, FIRST BEAT,
mee chez 1 914 patients, qui viennent dêtre présentées à
l’ASCO GI, suggèrent que le vacizumab associé à la chimio-
thérapie en traitement de première ligne chez des patients
atteints d’un cancer colorectal métastatique permet des résec-
tions curatives chez des patients initialement non résécables,
et ce avec un bon profil de tolérance (3) ;
En traitement de deuxième ligne, un allongement significatif de
la survie sans progression (7,2 mois versus 4,6 mois) et de la survie
globale (12,9 mois versus 10,8 mois) a été observé avec lassociation
de FOLFOX-4 et de bévacizumab versus FOLFOX-4 seul (4) ;
Les résultats de l’essai AVANT mené en adjuvant permettront
d’apprécier lintérêt d’associer le bévacizumab à une chimiothé-
rapie à un stade plus précoce de la maladie.
Bévacizumab et cancer bronchique
Deux grandes études de phase III menées en première ligne
chez des patients présentant un cancer bronchique non à petites
cellules (CBNPC) de stade IIIB/IV ont évalué l’intérêt d’associer
le vacizumab à la chimiothérapie, paclitaxel-carboplatine
dans l’essai de A. Sandler (5) et gemcitabine-cisplatine dans
l’essai AVAIL (6).
La première étude, américaine, a été menée par l’Eastern Coope-
rative Oncology Group (ECOG) [5]. Elle portait sur 838 patients
atteints d’un CBNPC non épidermoïde, de stade IIIB/IV, sans
antécédents d’hémoptysie ni métastases cérébrales, et a comparé
les effets dune chimiothérapie par carboplatine-paclitaxel seule
ou associée au bévacizumab (15 mg/kg toutes les 3 semaines).
Un bénéfice significatif a été observé sur le critère principal, la
survie globale (12,3 mois versus 10,3 mois ; p = 0,003), ainsi que
sur les autres crires, la survie sans progression (6,2 mois versus
4,5 mois) et le taux de réponse (35 % versus 15 %).
La deuxième étude, AVAIL (6), a évalué l’efficacidu béva-
cizumab (deux posologies, l’une de 7,5 mg/kg et l’autre de
15 mg/kg, toutes les 3 semaines) en association avec l’une des
chimiotrapies le plus souvent utilisées en Europe, gemcitabine-
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Nombre
P + CG 347 228 122 36 12 3 0
B 7,5 + CG 345 251 150 52 18 3 0
Nombre
P + CG 347 228 122 36 12 3 0
B 15 + CG 351 238 148 46 16 5 0
1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
Probabilité de survie sans progression
Probabilité de survie sans progression
0 3 6 9 12 15 18
Temps (mois)
1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0 0 3 6 9 12 15 18
Temps (mois)
Placebo + GC Bev 7,5 + GC
(n = 347) (n = 345)
HR –– 0,75
(IC95) (0,62-0,91)
p –– 0,0026
Placebo + GC Bev 15 + GC
(n = 347) (n = 345)
HR –– 0,82
(IC95) (0,68-0,98)
p –– 0,0301
Survie sans progression
7,5 mg/kg versus placebo
Survie sans progression
15 mg/kg versus placebo
Figure 2.
CBNPC métastatique : impact bénéque de l’association chimiothérapie-bévacizumab en traitement de première ligne.
La Lettre du Cancérologue - Vol. XVII - n° 3 - mars 2008
cisplatine. Des résultats significatifs ont été obtenus avec l’asso-
ciation de gemcitabine-cisplatine et de bévacizumab versus
chimiothérapie seule (aux deux posologies) sur le critère prin-
cipal, la survie sans progression (figure 2). Les taux de réponse
étaient également augmentés dans les bras vacizumab, les
résultats sur la survie globale étant pour leur part en attente.
Bévacizumab et cancer du sein
Une première étude, réalisée par K. Miller et al. (7), avait évalué
l’efficacité du bévacizumab en association avec la capécitabine
chez des patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique
déjà prétraitées. Ces données avaient été cevantes, le seul
bénéfice obtenu portant uniquement sur le taux de réponse
objective, tandis que les durées de survie sans progression et
de survie globale étaient comparables dans les deux groupes.
Une deuxième étude de phase III a ensuite été initiée (8), mais
cette fois-ci en traitement de première ligne chez 722 patientes
atteintes d’un cancer du sein métastatique, afin d’évaluer l’effi-
cacité d’une association chimiothérapie par paclitaxel-béva-
cizumab (10 mg/kg toutes les deux semaines). Les sultats,
concluants, montrent un allongement significatif de la survie
sans progression (13,3 mois versus 6,7 mois ; p < 0,001) – soit
une amplitude sans précédent en termes de bénéfice pour un
essai de phase III portant sur le cancer du sein et comparant
deux protocoles de chimiothérapie entre eux – et un taux de
réponse objective plus élevé (36,2 % versus 16,4 % ; p = 0,0001)
[tableau II]. Les données en termes de survie ne sont pas encore
matures, mais lanalyse intermédiaire indiquait un taux de survie
à 1 an de 82,3 % dans le groupe chimiothérapie-bévacizumab, et
de 73,8 % dans le groupe chimiothérapie seule (p = 0,007).
Parmi les nombreuses études en cours relatives au bévacizumab
dans le cancer du sein, signalons l’étude AVEREL, qui évalue
l’efficacité de l’association docétaxel-trastuzumab ± bévacizumab
chez des patientes présentant un cancer du sein métastatique
surexprimant HER2, ainsi que trois essais menés en adjuvant
avec le bévacizumab (BEATRICE, E5103 et BETH).
Tableau II.
Bévacizumab en traitement de première ligne dans le
cancer du sein.
Paclitaxel
(n = 354)
Paclitaxel +
bévacizumab
(n = 368)
p
Médiane de survie
jusqu’à progression (mois) 5,9 11,8 < 0,001
Taux de réponse (%) 21,2 36,9 0,0001
Bévacizumab et cancer du rein
Les résultats de l’étude AVOREN, présentés par B. Escudier lors
du dernier congrès de l’ASCO, montrent un bénéfice significatif
en faveur de l’association IFNα-bévacizumab pour le traitement
de première ligne du cancer du rein métastatique. Cette étude
de phase III (9) a évalué l’efficacité et la tolérance de l’IFseul
ou associé au vacizumab en traitement de première ligne chez
638 patients atteints d’un cancer du rein avancé ou métastatique.
Un allongement de la survie sans progression a été obsere
dans le groupe IFNα-bévacizumab (10,2 mois versus 5,4 mois ;
p < 0,0001), et en particulier dans les sous-groupes pronostiques
favorable et intermédiaire (figure 3).
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Nombre de patients à risque
Placebo
+ IFN 322 137 59 15 0
Bévacizumab
+ IFN 327 196 107 18 0
Médiane de survie sans progression
HR = 0,63, p < 0,0001
Bévacizumab + IFN = 10,2 mois
Placebo + IFN = 5,4 mois
1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
Probabilité de survie sans progression
0 6
5,4 10,2
12 18 24
Mois
Figure 3.
Cancer du rein et bévacizumab.
Nombre de patients à risque
Placebo
+ IFN 322 137 59 15 0
Bévacizumab
+ IFN 327 196 107 18 0
Médiane de survie sans progression
HR = 0,63, p < 0,0001
Bévacizumab + IFN = 10,2 mois
Placebo + IFN = 5,4 mois
1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
Possibilité de survie sans progression
0 6
5,4 10,2
12 18 24
Mois
0 3 6 9 12
0
0,5
1,0
15
Temps (mois)
Probabilité de survie sans progression
HR = 0,415
(IC95 : 0,32-0,54)
p < 0,000001
Sunitinib
Médiane de survie sans progression = 11 mois
IFNα
Médiane de survie sans progression = 5 mois
Survie sans progression (750 patients)
Figure 4.
Sunitinib et cancer du rein.
La Lettre du Cancérologue - Vol. XVII - n° 3 - mars 2008
Bévacizumab et gliomes malins
Face à ces tumeurs difficiles à traiter, les antiangiogéniques
constituent aujourd’hui un nouvel espoir thérapeutique, les
gliomes malins étant caractérisés par une surexpression impor-
tante de VEGFR, facteur de mauvais pronostic. Un essai de
phase II a donc été mené chez 68 patients atteints de gliome
malin en progression ou en rechute et préalablement traités par
radiothérapie et témozolomide (10). Les patients ont été traités
au sein de deux cohortes testant deux schémas thérapeutiques
différents : un schéma irinotécan-bévacizumab tous les quinze
jours et un schéma irinotécan-bévacizumab toutes les trois
semaines. Le traitement a été bien toléré, seul un cas d’hémor-
ragie cérébrale étant obseraprès 10 cycles de traitement.
Huit complications thromboemboliques, dont 2 ayant entraîné
le décès, sont survenues.
Le taux de ponse au traitement, impressionnant, a é de
59 % (38 réponses partielles et 2 réponses complètes). Ces taux
de réponse se sont traduits par une survie sans progression de
23 semaines et de 42 semaines, et par une survie globale de
40 semaines et de 60 semaines, dans les tumeurs de grade IV
et de grade III respectivement. Le schéma proposant une
cure tous les 15 jours est apparu moins toxique que celui
reposant sur une cure toutes les 3 semaines.
PETITES MOLÉCULES
ANTAGONISTES DES RÉCEPTEURS AU VEGF
Parmi les petites molécules inhibitrices de tyrosine kinase qui
possèdent un spectre d’action large sur les récepteurs à tyrosine
kinase, le sunitinib et le sorafénib sont celles dont le dévelop-
pement est actuellement le plus avancé.
Le sunitinib est une petite molécule inhibitrice des tyrosine
kinases de VEGFR-2 et PDGFR-β. Lefficaci du sunitinib, déve-
loppé d’abord dans les tumeurs stromales gastro-intestinales
(GIST) résistantes à l’imatinib, a été mise en évidence, avec des
résultats significatifs en termes de survie globale (79,4 % versus
56,9 %), de survie sans progression (6,8 mois versus 1,6 mois) et
de réponse. Ces données ont entraîné une levée de l’aveugle et
un enregistrement du produit dans cette indication.
L’intérêt du sunitinib a ensuite été évalué dans le cancer du rein
métastatique chez 750 patients en traitement de première ligne,
versus IFNα (11). Des sultats très significatifs en termes de
survie sans rechute (11 mois versus 5 mois ; p < 0,000001) et de
réponse objective (31 % versus 6 %) versus IFNα ont été observés
avec l’association sunitinib-IFNα (figure 4).
Petite molécule inhibitrice de Raf-1 et des tyrosine kinases de
VEGFR-2, VEGFR-3 et PDGFR-β, le sorafénib a fait l’objet d’une
étude de phase III versus placebo, TARGET, en traitement de
deuxième ligne dans le cancer du rein métastatique (12). Un allon-
gement signicatif de la survie globale (19,3 mois versus 15,9 mois)
et de la survie sans progression (5,5 mois versus 2,8 mois) ainsi
quune augmentation du taux de ponse ont été observés.
DES TOXICITÉS COMMUNES
À TOUS CES TRAITEMENTS ANTIANGIOGÉNIQUES
Ces traitements antiangiogéniques, qu’il s’agisse du vaci-
zumab, anticorps anti-VEGF, ou des petites molécules inhibi-
trices des tyrosine kinases des récepteurs au VEGF, présentent
un profil de toxicité spécifique dominé par l’asthénie, la protéi-
nurie et l’hypertension artérielle. Quelques effets indésirables
rares et spécifiques ont été décrits avec le bévacizumab, des
leucoencéphalopathies postérieures, des performations gastro-
intestinales et des hémorragies. Les molécules inhibitrices de
tyrosine kinases ont quant à elles une toxicité cutanée et indui-
sent des diarrhées.
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DE NOUVELLES CIBLES THÉRAPEUTIQUES
À VISÉE ANTIANGIOGÉNIQUE
De multiples cibles potentielles d’un traitement antiangio-
génique pour le traitement des cancers ont été identifiées,
parmi lesquelles les inhibiteurs des intégrines et les vascular
damaging agents (VDA).
Données précliniques observées avec les inhibiteurs
des intégrines αvβ3 et αvβ5
Selon ces données, les inhibiteurs des intégrines αvβ3 et αvβ5
(surexprimées à la surface des cellules endothéliales tumorales),
tel le cilengitide, ont une action antiangiogénique et antitumo-
rale et agissent en synergie avec les agents alkylants. Dans les
glioblastomes, la surexpression de ces intégrines est fréquente,
notamment en cas d’irradiation. Des résultats intéressants ont
été observés avec cette molécule chez 52 patients atteints d’un
glioblastome et traités par lassociation mozolomide, radiothé-
rapie standard et cilengitide (500 mg i.v. deux fois par semaine,
le traitement commençant une semaine avant la radiochimio-
thérapie et se poursuivant jusquà progression) [13] : la survie sans
progression médiane a été de 8 mois, une absence de progression
à 6 et 12 mois était observée chez 69 % et 67 % des patients, et la
médiane de survie globale nétait pas encore atteinte au moment
de l’analyse des résultats. La tolérance au traitement a éplutôt
bonne. Ces résultats conrment que la piste des antiangiogéniques
dans les gliomes malins est intéressante et suggèrent l’inrêt de
poursuivre un développement dans cette voie.
Une nouvelle classe thérapeutique émergente :
les vascular damaging agents (14)
Ces nouveaux agents, dont un grand nombre sont en cours de
développement clinique dans des essais de phase I, induisent
une destruction rapide de la vascularisation tumorale et entraî-
nent ainsi une nécrose tumorale brutale. Laction mixte de ces
agents, qui sont à la fois des antiangiogéniques et des poisons du
fuseau, est intéressante mais reste encore associée à une toxicité
importante (événements ischémiques, neurotoxicité).
Les angiopoïétines 1 et 2, les molécules de la famille NOTCH,
ainsi que les ligands impliqués dans le routage des axones
(éphrines, sémaphorine, slits et nétrines) et de leurs récepteurs
semblent aussi particulièrement inressants et font l’objet dune
recherche intensive.
CONCLUSION
Tous les résultats présentés ci-dessus montrent que ces nouvelles
approches antiangiogéniques apportent un vrai progrès dans le
traitement des cancers : des bénéfices significatifs sont démontrés
dans de nombreuses indications. Il faut maintenant aller plus loin
et déterminer comment optimiser l’efficacité de ces traitements :
cela passera-t-il par l’initiation plus précoce de ces traitements
en adjuvant, par l’association à d’autres chimiothérapies et/ou
à d’autres traitements ciblés en phase métastatique, ou par un
allongement de la durée du traitement et par sa poursuite au-
delà de la progression ? Autant de questions posées auxquelles
les différents essais en cours devraient permettre d’apporter, à
l’avenir, des réponses.
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