Une étiologie méconnue d'hypertension en cancérologie : les
anti angiogéniques.
Le VEGF est un acronyme qui signifie vascular endothelial growth factor.
Un acronyme est formé par les premières lettres d'une suite de nom : ákros signifie extrême et on le
retrouve dans acrosyndrome c'est à dire syndrome des extrémités et ὄνυμα, ónyma nom.
Le VEGF est la cible d'un certain nombre de traitement en cancérologie qui vise à bloquer la
néovascularisation qui aide à la prolifération et au développement des tumeurs qui sans le VEGF
s'étoufferaient lors de leurs développements. On parle d'anti VEGF ou d'anti angiogéniques.
Ces traitements sont :
• un anticorps monoclonal le bévacizumab ou Avastin
• l'aflibercept
• le sunitinib
• le sorafénib
• le pazopanib
Ces médicaments sont indiqués dans les cancers métastasés. Les effets secondaires sont en général
cardiovasculaires et rénaux avec par ordre de fréquence : HTA (24 % des cas), protéinurie et plus
rarement insuffisance rénale et insuffisance cardiaque.
Le cardiologue peut donc être amené à diagnostiquer et traiter des HTA en oncologie chez
des patients métastatiques :
• soit des HTA secondaires à l'utilisation des anti VEGF
• soit des HTA connues et s'aggravant sous anti VEGF.
Il est donc utile de connaître le nom des traitements en cours lorsque un patient se plaint d'une
hypertension artérielle en cours de chimiothérapie (ce qui devrait être plus facile avec le carnet de
chimiothérapie).
Au passage, une controverse médiatique récente a concerné les anti angiogéniques en
traitement local cette fois : les ophtalmologues devraient utiliser un antiVEGF-A = anticorps
monoclonal = le ranibizumab (Lucentis) en injection locale dans la dégénérescence maculaire liée à
l'âge ou l'oedème maculaire secondaire à l'occlusion centrale de la rétine (coût mensuel 900 euros).
Le ranibizumab est un fragment du bévacizumab ou Avastin (un fragment particulièrement onéreux
donc). Certains ophtalmologues se sont mis à utiliser directement le bévacizumab ou Avastin (coût
mensuel 40 euros) malgré un décret ministériel de 2011 demandant l'interdiction de cette pratique et
malgré le désaccord des laboratoires concernés. Cette substitution qui est faite par les
ophtalmologues est équivalente au niveau thérapeutique pour les patients. Finalement l'utilisation du
bévacizumab en traitement local a fini par s'imposer et ce bref rappel pharmacologique nous permet
de rappeler qu'il vaut mieux faire la médecine avec les médecins et non pas contre eux.
Le VEGF a été découvert en 1986 et on espérait beaucoup initialement des propriétés primaires de
cette molécule dans le traitement de l'artérite des membres inférieurs ou de la coronaropathie. On
continue d'espérer que cette molécule ou ses dérivés pourront favoriser une néovascularisation
lorsque celle ci est nécessaire et là où elle est nécessaire. Pour l'instant, force est de constater que
les résultats se font attendre.
DR Serge SARZOTI