La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. IX - n° 4 - septembre 2006
Dossier thématique
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ment un rôle important. En effet, de multiples erreurs spontanées
surviennent quotidiennement dans le génome viral, à l’origine
de variants génétiques. Enfin, au niveau de l’hôte interviennent
des pressions de sélection, positives ou négatives, induites par
l’administration d’antiviraux, par exemple. Ces modifications
conduisent à la sélection de mutants capables de se répliquer
dans ce nouvel environnement et confèrent à ces souches un
potentiel de résistance aux antiviraux.
ANTIVIRAUX
Le but du traitement est de contrôler la réplication virale en
accélérant l’évolution naturelle de la maladie, de manière à passer
d’une phase d’hépatite active à une phase plus tardive, où la
réplication virale et les lésions hépatiques diminuent significa-
tivement. L’autre objectif est d’intensifier la réponse immune
nécessaire à contrôler la réplication virale. À plus large échelle,
il consiste à diminuer la transmission du virus par action sur
l’infectiosité du VHB.
Les antiviraux actuellement approuvés pour le traitement de
l’hépatite B sont résumés dans le tableau.
Tableau.
Antiviraux approuvés ou en cours d’étude utilisés dans le
traitement de l’hépatite chronique B.
Type de médicament Approuvés Phase III Phase II
Analogues
des nucléosides
Lamivudine
Entécavir
Emtricitabine
Telbivudine
Clévudine
Elvucitabine
Amdoxovir
Racivir
LB80380
Analogues des
nucléotides Adéfovir – dipivoxil Ténofovir Alamifovir
Pradéfovir
Cytokines Interféron alpha
Interféron pégylé alpha-2a
MÉCANISME DES ANTIVIRAUX
L’interféron α fut le premier antiviral introduit sur le marché dans
les années 1980. Il agit par deux mécanismes, un effet antiviral
direct (inhibition de la synthèse de l’ADN et des protéines du VHB,
prévention de la propagation de l’infection aux cellules) et un effet
immunomodulateur (augmentation de l’expression des antigènes
d’histocompatibilité de classe I et stimulation des lymphocytes CD4
et CD8). L’interféron pégylé est le résultat de la liaison entre l’in-
terféron α et le polyéthylène glycol (PEG). L’association diminuant
la clairance de l’interféron par les reins, elle augmente sa demi-vie,
permettant l’administration d’une injection unique par semaine.
L’avantage de l’interféron pégylé est d’obtenir une concentration
plus stable du médicament. Il montre par ailleurs une meilleure
efficacité antivirale que l’interféron standard (7, 22, 28).
Les analogues des nucléosides et des nucléotides bloquent
l’activité de la polymérase virale durant la synthèse du génome
viral, et inhibent ainsi l’élongation de l’ADN viral. Par ailleurs,
après incorporation dans l’ADN viral, ils empêchent l’addition
du nucléotide suivant dans le génome par un mécanisme de
terminaison de chaîne.
La lamivudine est un inhibiteur compétitif du dCTP (désoxycy-
tidine-triphosphate). Elle présente un avantage sur l’interféron
par son absence d’effets secondaires. Par ailleurs, elle induit une
amélioration clinique, une diminution rapide et efficace (4-5 log
10 copies/ml) de la charge virale dans le sérum, une normalisa-
tion des transaminases et une amélioration de l’histologie (18).
Cependant, son efficacité est limitée par la survenue de résis-
tances. Le mode d’action de l’emtricitabine est similaire à celui
de la lamivudine (12). La clévudine (L-FMAU) est un nouveau
β-L-nucléoside dérivé de la déoxythymine (TTP). Cette molécule
n’a qu’un effet limité sur l’activité de la transcriptase inverse. Son
action principale consiste en l’inhibition de l’activité de l’ADN
polymérase ADN dépendante (29, 33). L’entécavir est un ana-
logue de la cyclopentyl-guanosine, inhibant l’élongation du brin
négatif de l’ADN viral par son incorporation à la place du dGTP
(déoxyguanosine-triphosphate) naturel. Cette substance a un
haut potentiel suppresseur de la réplication virale (diminution de
5-6 log 10 copies/ml de la charge virale), révélant ainsi une effica-
cité supérieure à celle de la lamivudine (4, 21, 48). La telbivudine
(LdT) a une activité inhibitrice in vitro. Son efficacité est évaluée
actuellement dans une étude de phase III (20).
Après administration orale, l’adéfovir-dipivoxil est métabolisé en
adéfovir, qui agit en inhibant l’incorporation d’adénosine triphos-
phate dans le génome de la polymérase virale (15, 27). Le ténofovir
disoproxil fumarate est la prodrogue du ténofovir (PMPA). Déjà
utilisé dans le traitement de l’infection au VIH, il s’est avéré très
efficace in vivo et in vitro dans le traitement des hépatites B chroni-
ques. Son profil rend ce médicament particulièrement intéressant
dans le traitement des patients coïnfectés (17).
RÉSISTANCE AUX ANTIVIRAUX
Le bénéfice clinique des antiviraux a été freiné par la survenue
de mutations des souches virales diminuant leur sensibilité au
traitement. La résistance génotypique représente l’émergence
d’un mutant résistant dans le gène de la polymérase virale sous la
pression de sélection exercée par le médicament. Elle est suivie
d’un échappement viral, caractérisé par la perte de suppression
de la réplication virale en dépit du traitement et se manifeste
par une augmentation persistante de la charge virale sérique
(au moins 1 log 10 copies/ml par rapport aux valeurs les plus
basses sous traitement antiviral) [24, 30].
On note également une perte du bénéfice clinique avec la reprise
de la progression de la maladie hépatique, parfois sous la forme
d’une exacerbation aiguë grave (23, 25).
L’analyse génétique du génome viral devient alors indispensable
pour l’adaptation du traitement antiviral. Le séquençage repose
sur l’amplification d’une partie du génome viral par PCR et