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Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) n° 4, avril 2000
Dans la situation
la plus fréquente,
c’est la méthionine
qui est substituée
(YIDD, YVDD). Ces
mutations sont
induites par la
lamivudine, puis-
sant agent virostatique, dont
le mode d’action principal est
l’inhibition de la polymérase
virale. La lamivudine ou thya-
cytidine (2’3’-didéoxy-3’thia-
cytidine, ou 3TC), est un
énanthiomère (-) d’un ana-
logue didéoxy de la cytidine,
qui agit comme substrat pour
la polymérase. Le métabolite
actif de la lamivudine, la
lamivudine triphosphate, entre
en compétition avec le nucléo-
side naturel et occupe le site
de liaison de la polymérase,
ce qui a pour effet d’inter-
rompre en cours d’élongation
la synthèse de la chaîne
d’ADN viral naissante.
Dans le cas de l’hépatite chro-
nique B, la lamivudine, admi-
nistrée à une posologie de
100 mg/jour, est remarqua-
blement tolérée et initialement
très efficace, entraînant une
négativation de l’HBV-DNA
sérique dans près de 100 %
des cas, à un à deux mois ;
elle est associée, lorsque le
traitement est donné de façon
prolongée, à une diminution
des lésions nécrotico-inflam-
matoires histologiques.
L’apparition des souches
“mutantes” semble inéluctable
avec le temps (d’autant plus
probable que le traitement est
prolongé). Elle concerne
chaque année environ 15 %
des sujets immunocompétents
et 25 % des patients immuno-
déprimés (co-infectés par le
VIH ou transplan-
tés d’organe).
L’expression cli-
nique de l’appari-
tion de ces souches
“mutantes” est la
survenue d’une
résistance au traite-
ment avec détection d’une
réplication virale B dans le
sérum et augmentation des
transaminases. Ces “mutants
YMDD” sont réputés moins
pathogènes que les souches
“sauvages” de VHB. C’est la
raison pour laquelle il est
actuellement conseillé de ne
pas interrompre un traitement
par lamivudine chez un patient
développant une résistance à
ce traitement. Néanmoins,
quelques cas d’insuffisance
hépatique contemporaine de
telles réactivations virales ont
été décrits, qui justifient avec
force la recherche et le déve-
loppement de nouvelles molé-
cules antivirales au mécanisme
différent.
Cette appellation concerne les souches de virus de l’hé-
patite B (VHB) ou du virus de l’immunodéficience
humaine (VIH) ayant acquis une mutation dans le motif
YMDD (chaque lettre désigne un acide aminé : tyrosine-
méthionine-aspartate-aspartate) de la polymérase virale.
* Service d’hépato-gastroentérologie,
GH Pitié-Salpêtrière, Paris.
mot du mois
Mutants YMDD
V. Di Martino*
Mot du mois
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