Interview
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Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 6 - vol. VIII - novembre-décembre 2005
Prix Nobel de médecine 2005
L’avis de Colm O’Morain, professeur au Trinity College, Dublin, Irlande
Interview par D. O’Toole*
* Fédération médico-chirurgicale
d’hépato-gastroentérologie,
hôpital Beaujon, Clichy.
L’ attribution du prix Nobel de
médecine et de physiologie
2005, le lundi 3 octobre à
Stockholm, aux deux chercheurs aus-
traliens Barry J. Marshall et J.R. Warren,
pour leurs travaux sur Helicobacter
pylori et son rôle dans les affections
gastriques et duodénales, a incité
à une revisitation de cette épopée
révolutionnaire. Discutons-en avec le
Pr O’Morain, lui-même pionnier de
cette quête contre l’ancien dogme
“no acid, no ulcer”.
Qu’en pensez-vous ?
Pr O’Morain : “En effet, avant la
démonstration du rôle clé de cette
bactérie, anciennement appelée Cam-
pylobacter pylori, l’acide semblait être
le principal facteur favorisant le déve-
loppement de l’ulcère gastrique ou
duodénal. Les jeunes médecins ne se
souviennent plus de l’ère des anti-H2,
qui étaient des médicaments très nova-
teurs au début des années 1980. Les
travaux de Warren étaient fondés sur
le principe d’une association entre la
gastrite et l’observation des bactéries
en microscopie optique en 1982…
Les signes d’inflammation dans la
muqueuse gastrique étaient toujours
observés en présence de la bactérie.
Avec l’aide de B. Marshall, la bactérie
a été cultivée en laboratoire et nom-
mée Helicobacter pylori. Outre l’asso-
ciation entre la bactérie et l’inflam-
mation gastrique chronique dans les
ulcères gastriques ou duodénaux, la
preuve finale apportée était la quasi-
absence de récidive de ces affec-
tions après une éradication efficace
du germe, ce qui a été confirmé par
une étude réalisée chez nous à Trinity
College Dublin en 1987. Cette der-
nière étape pouvait être obtenue en
tuant la bactérie grâce à une antibio-
thérapie (Marshall s’était auto-infecté
avec le germe en 1985 avant de se
soigner par des antibiotiques). Voici le
début d’un nouveau dogme, ‘no bug,
no ulcer’ ; mais sérieusement, cette
recherche, suivie de plusieurs études
européennes et américaines, a per-
mis de changer radicalement la prise
en charge d’une maladie jusqu’alors
assez grave. Ils se sont heurtés au mar-
ché très lucratif des médicaments anti-
ulcéreux de cette époque, mais ont
contribué sans doute au développe-
ment d’autres molécules (IPP). Cette
récompense est largement justifiée
compte tenu de l’impact majeur de
cette fréquente affection.”
La cérémonie de remise du prix Nobel
un diplôme, une médaille d’or et un
chèque de 10 millions de couronnes
suédoises (soit environ 1,1 million
d’euros) – se déroulera à Stockholm
et à Oslo le 10 décembre 2005, date
anniversaire de la mort de son fon-
dateur, l’inventeur suédois de la dyna-
mite, Alfred Nobel.
Alors qu’une trithérapie est
instaurée comme efficace contre
H. pylori
depuis plus de 15 ans,
quel est l’avenir de cette patho-
logie ?
Pr O’Morain : “D’abord, grâce
aux études épidémiologiques, nous
savons tous que l’incidence de cette
infection est, de façon assez nette, en
cours de modification, avec une baisse
dans les pays occidentaux. L’asso-
ciation du germe avec des affections
extragastriques (cardiovasculaires,
auto-immunes, hépatiques, etc.) a fait
couler beaucoup d’encre pendant plu-
sieurs années. Il semblerait que son
imputabilité dans l’ischémie cardiaque
reste incertaine ; cependant, l’associa-
tion avec le purpura thrombopénique
idiopathique est beaucoup plus éta-
blie – l’éradication de H. pylori aug-
mente significativement le taux de
plaquettes chez ces malades, via des
mécanismes incertains, peut-être en
rapport avec la réponse immunolo-
gique de l’hôte à la bactérie. D’ailleurs,
le consensus Maastricht 3 de mars
Interview
Interview
2005 souligne ce point, ainsi que les
données suggérant un rôle du germe
dans l’anémie ferriprive. Toutefois,
pour confirmer cette association, des
études plus approfondies sont néces-
saires, qui s’attacheront à éliminer
d’autres causes d’anémie, surtout une
affection de l’intestin grêle, en uti-
lisant des techniques modernes,
comme la vidéocapsule ou l’entéro-
scopie à double ballon. Enfin, Maas-
tricht 3 proposera des recommanda-
tions sur l’implication de H. pylori
dans la dyspepsie, le reflux gastro-
œsophagien et l’utilisation des anti-
inflammatoires non stéroïdiens. Bien
entendu, nous avons également rééva-
lué les grandes lignes du traitement,
et ce document doit être publié pro-
chainement.”
Et où en est-on dans l’imputabi-
lité de
H. pylori
dans le cancer
gastrique ?
Pr O’Morain : “Les travaux initiaux
de Warren et Marshall n’avaient sans
doute pas prévu le spectre physio-
pathologique de ce germe, en parti-
culier son rôle oncogène. Il est univer-
sellement établi comme le facteur de
risque le plus important dans les can-
cers gastriques de type intestinal. Le
fait que 80 % des malades qui sont
positifs pour le germe n’ont pas de
manifestations cliniques témoigne
d’un besoin d’identification d’autres
cofacteurs dans le développement de
l’adénocarcinome gastrique. Toute-
fois, en présence de certaines souches
bactériennes, surtout celles expri-
mant certains des facteurs de viru-
lence (Cag-A, Vac-A, S1m1…), on
constate que le risque de cancer est
beaucoup plus important (de l’ordre
de 21 %). Des variations génétiques
de la bactérie semblent jouer un rôle
clé dans sa virulence, et des études
prospectives examinant leurs impli-
cations cliniques doivent apporter
davantage de lumière sur des souches
plus agressives. Alors que les études
d’association ont montré l’importance
de H. pylori dans le cancer gastrique,
nous attendons des études interven-
tionnelles avant de proposer une éra-
dication universelle. On peut égale-
ment espérer que l’identification de
facteurs bactériens de prédisposition,
couplée aux données épidémiolo-
giques, permettra un traitement pré-
ventif ciblé.”
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HGE n°6 vol. VIII - (nov.-déc.. 2005)
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