Synthèse Aldostérone et tissu adipeux M.C. Zennaro*, M. Lombès* ✎ L’aldostérone est la principale hormone minéralocorticoïde chez l’homme. Son action principale est la régulation du transport transépithélial de sodium dans les tissus polarisés, notamment le rein. L’aldostérone joue un rôle fondamental dans la régulation de la volémie et de la pression artérielle, dont les altérations aboutissent à des phénomènes pathologiques spécifiques comme certaines formes d’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque et le pseudo-hypoaldostéronisme. ✎ En dehors de son action rénale, de nombreuses données indiquent que l’aldostérone joue un rôle important dans d’autres processus physiologiques, notamment dans le système cardiovasculaire et le système nerveux central. Très récemment, il a été montré que l’hormone agissait également au niveau du tissu adipeux, où elle était impliquée dans la différenciation cellulaire et la régulation de la thermogenèse. ✎ L’aldostérone agit par l’intermédiaire de son récepteur intracellulaire, le récepteur minéralocorticoïde (RM). Celui-ci fait partie de la superfamille des récepteurs nucléaires, qui inclut les autres récepteurs stéroïdiens, les récepteurs aux hormones thyroïdiennes, ainsi qu’un certain nombre de récepteurs, dits “orphelins”, pour lesquels le ligand n’est pas connu. ✎ Le RM agit comme facteur de transcription dépendant du ligand. Il régule, de façon tissuspécifique, l’expression de gènes impliqués dans la réponse physiologique à l’hormone en se fixant sur des éléments de réponse hormonale situés dans les régions régulatrices des gènes cibles. Cette interaction permet de recruter un certain nombre de corégulateurs, qui facilitent l’activation de la cascade transcriptionnelle. ✎ Le RM possède la même affinité pour le cor- tisol que pour l’aldostérone. Dans les tissus cibles épithéliaux, il existe des mécanismes de sélectivité, comme l’enzyme 11β-hydroxystéroïde déshydrogénase (11HSD2) de type 2, permettant à l’aldostérone de se lier à son récepteur, en présence de taux circulants de cortisol 1 000 fois supérieurs. Dans les tissus non épithéliaux, le RM peut être considéré comme un récepteur glucocorticoïde à haute affinité. ✎ De nombreuses données expérimentales suggèrent que la voie de signalisation minéralocorticoïde joue un rôle dans le développement de l’obésité et de ses complications métaboliques. Non seulement l’aldostérone est impliquée dans la différenciation de cellules préadipocytaires blanches en adipocytes matures, mais le RM pourrait bien être le médiateur de certains effets néfastes des glucocorticoïdes sur le développement d’insulinorésistance et d’hyperlipidémie. ✎ Le tissu adipeux brun représente une nouvelle cible pour l’action minéralocorticoïde. Ce tissu est impliqué dans la thermogenèse grâce à l’expression de protéines découplantes qui détournent l’énergie de la voie de synthèse de l’ATP pour la transformer en chaleur. L’aldostérone est capable d’induire la différenciation de cellules adipocytaires brunes et de réguler l’expression des protéines découplantes. Bien que l’importance du tissu adipeux brun chez l’homme ne soit pas clairement élucidée, celui-ci pourrait représenter un élément indispensable à la thermorégulation en période néonatale. D’autre part, des dépôts de tissu adipeux brun persistent tout au long de la vie et pourraient jouer un rôle dans la régulation globale de la balance énergétique. L’ aldostérone, via son récepteur, participe à de nombreux processus physiologiques chez l’homme. En dehors de son action sur l’homéostasie hydrosodée, des études récentes suggèrent un rôle du système minéralocorticoïde dans la régulation de la balance énergétique. Cet article a pour but de faire la mise au point sur l’implication de l’aldostérone et du RM dans la physiologie du tissu adipeux et dans l’obésité et ses complications métaboliques. Mécanisme d’action de l’aldostérone L’aldostérone est la principale hormone minéralocorticoïde chez l’homme. Elle est synthétisée par la zone glomérulée du cortex surrénalien en réponse à différents stimuli, tels l’angiotensine II, le potassium, l’ACTH et le sodium. L’aldostérone régule le transport transépithélial ionique en stimulant la réabsorption de sodium et l’excrétion de potassium au niveau du tubule distal rénal, du côlon, des glandes salivaires et sudoripares (1). L’hormone joue un rôle fondamental dans la régulation de la volémie et de la pression artérielle, dont les altérations aboutissent à des phénomènes pathologiques comme certaines formes d’hypertension artérielle (2). On sait maintenant qu’en dehors de son action rénale, l’aldostérone joue un rôle direct au niveau d’autres tissus, comme le système cardiovasculaire et le système nerveux central ; de façon intéressante, des études récentes suggèrent un rôle de l’hormone dans la régulation de la balance énergétique (3-5) (tableau I). * INSERM U 478, faculté de médecine Xavier Bichat, Paris. 260 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2002 Synthèse Tableau 1. Effets de l’aldostérone. tue le domaine de liaison à l’ADN ; enfin, le domaine C-terminal correspond au domaine de liaison de l’hormone et contient également des signaux de localisation nucléaire, de dimérisation, de transactivation et d’interaction avec les protéines chaperonnes, ainsi que les coactivateurs et les corépresseurs (figure 1). Dans sa forme inactive, le RM est majoritairement localisé dans le cytoplasme, associé à des protéines chaperonnes, comme la hsp90. Après liaison de l’hormone, le RM subit une série de modifications conformationnelles suivies du transfert vers le noyau, où il interagit, sous forme de dimère, avec des éléments de réponse hormonale situés dans les régions régulatrices des gènes cibles dont il module la transcription. Dans le rein, l’aldostérone stimule l’activité des protéines impliquées dans le transport transépithélial de sodium, comme la Na/K ATPase, le canal apical à sodium amiloride-sensible (ENaC [8]) et la protéine de type sérine-threonine kinase, sgk, qui stimule directement l’activité ENaC (9, 10). Enfin, il a été montré que l’aldo- stérone active la transcription des protooncogènes K-ras2, P21-ras, fra-2 (11), et des protéines GILZ (12) et NDRG2 (13). Le RM est, par ailleurs, capable de former des hétérodimères avec le récepteur aux glucocorticoïdes (RG), ce qui aboutit soit à une synergie d’action soit à une inhibition de la transactivation, selon le promoteur et le contexte cellulaire (14, 15). Cela est d’autant plus important que le RM et le RG sont coexprimés dans de nombreux tissus et que le RM possède la même affinité pour les glucocorticoïdes que pour les minéralocorticoïdes. Les hormones minéralocorticoïdes et glucocorticoïdes forment donc un système constitué de deux hormones et de deux récepteurs, dans lequel des variations/ modulations de la concentration de l’hormone et de l’occupation des récepteurs, ainsi que la mise en place de différents mécanismes de spécificité cellulaire, permettent d’exercer une grande variété d’effets physiologiques et de réguler de multiples réseaux de gènes (figure 2). Figure 1. Représentations schématiques du gène hMR. Les épissages alternatifs codant pour le récepteur entier (hMR) ainsi que l’isoforme d’épissage hMR∆5,6 sont indiqués. Les différents domaines fonctionnels du récepteur sont localisés sur la protéine. N-ter : domaine N-terminal ; DBD : domaine de liaison à l’ADN ; LBD : domaine de liaison au ligand ; ATG : site de début de traduction ; TGA : codon stop. Figure 2. Schéma du mécanisme d’action des hormones corticostéroïdes au niveau d’une cellule adipocytaire. L’aldostérone et le cortisol se fixent sur leur propre récepteur, RM ou RG. Le cortisol peut également se fixer au RM. Ses concentrations intracellulaires sont régulées par l’équilibre de l’activité des deux enzymes, 11HSD1 et 11HSD2. La réponse finale dépend de l’expression et de l’occupation relative des deux récepteurs et de leur interaction avec l’ADN. Tissus cibles Effets physiologiques. Rein, côlon, glandes Réabsorption de sodium, salivaires et sudoripares excrétion de potassium excrétion de protons. Système nerveux central Sress, mémorisation. Régulation centrale de la pression artérielle. Système cardiovasculaire Hypertrophie cardiaque, fibrose cardiaque, arrythmie, hypertrophie ventriculaire. Tissu adipeux Différenciation, thermorégulation. La plupart des effets de l’aldostérone passent par l’intermédiaire de sa liaison à un récepteur intracellulaire, le RM, qui appartient à la superfamille des récepteurs nucléaires (6). Le RM agit comme un facteur de régulation transcriptionnelle dépendant de l’hormone (7). Il est constitué de trois domaines fonctionnels distincts : le domaine N-terminal possède une fonction de transactivation ; la partie centrale consti- 261 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2002 Synthèse Spécificité minéralocorticoïde La spécificité de l’action de l’aldostérone au niveau des tissus cibles est en grande partie due à la présence d’une enzyme, la 11βhydroxystéroïde déshydrogénase de type II (11HSD2), qui métabolise les stéroïdes 11 hydroxylés, notamment le cortisol, en composés inactifs (16) (figure 2). En effet, le RM a la même affinité pour l’aldostérone et les hormones glucocorticoïdes, mais ces dernières ont des concentrations circulantes 100 à 1 000 fois supérieures à celles de l’aldostérone. La 11HSD2 évite donc une occupation illicite du RM par les hormones glucocorticoïdes et permet l’accès de l’aldostérone à son récepteur. En dehors de ce mécanisme enzymatique de protection du RM, il existe d’autres mécanismes responsables de la sélectivité tissulaire de l’action de l’aldostérone comme, par exemple, les propriétés intrinsèques du récepteur qui lui permettent de discriminer parmi les différents ligands stéroïdiens (17). Dans les tissus dans lesquels la 11HSD2 n’est pas exprimée, le RM peut être considéré comme un RG à haute affinité. La réponse hormonale dépendra alors des concentrations intracellulaires de cortisol et d’aldostérone, de l’expression du RM, du RG, de leurs isoformes et des mécanismes locaux de spécificité. En particulier, dans ces tissus, la concentration de glucocorticoïdes est modulée par l’enzyme 11β-hydroxystéroïde déshydrogénase de type I (11HSD1) qui, elle, catalyse la réaction inverse à la 11HSD2, notamment la réduction de la cortisone en cortisol. Comme nous le verrons plus loin, l’ensemble de ces mécanismes jouent un rôle extrêmement important dans la modulation des effets des hormones corticostéroïdes au niveau des tissus cibles. Le gène du RM humain code pour de multiples isoformes La structure du gène du RM humain (hMR) a été récemment déterminée (18) (figure 1). Le gène s’étend sur environ 400 kb et est composé de 10 exons. Les exons 2 à 9 codent pour les différents domaines fonctionnels du récepteur. Les deux premiers exons 1α et 1β sont des exons non traduits dont la transcription alternative génère deux isoformes d’ARN messagers, hMRα et hMRβ, qui codent pour la même protéine. Les deux isoformes hMRα et β sont coexprimées dans les cellules des parties distales du néphron, les cardiomyocytes, les entérocytes coliques, les kératinocytes et les canaux excréteurs des glandes sudoripares (19). L’expression du RMh est sous la dépendance de deux promoteurs alternatifs, un promoteur proximal P1 et un distal P2, qui diffèrent par leur activité transcriptionnelle basale et sont soumis à une régulation corticostéroïde différentielle (20). Récemment, différents variants d’épissage du RMh ont été identifiés. Ceux-ci incluent un variant qui possède une insertion entre les deux doigts de zinc du domaine de liaison à l’ADN (21) et un variant C-terminal tronqué qui ne lie pas l’hormone et n’active pas la transcription (22). Notre laboratoire a identifié un autre variant, le RMh∆5,6, où la délétion de deux exons entraîne un changement du cadre de lecture avec introduction d’un codon stop prématuré, conduisant à la synthèse d’un récepteur tronqué du domaine de liaison de l’hormone (figure 1) (23). Ce variant – qui est exprimé de façon différente dans les tissus cibles minéralocorticoïdes – possède des propriétés de transactivation indépendantes de la présence du ligand. Par ailleurs, sa présence augmente l’activation transcriptionnelle du RMh sauvage ainsi que du RG d’environ 2 fois, en particulier aux fortes doses d’hormones. En conclusion, ces données montrent que l’action des hormones corticostéroïdes est régulée par une cascade complexe d’événements. La potentialisation des fonctions du RM et du RG exercée par le RMh∆5,6 suggère que ce nouveau variant d’épissage ainsi que les autres isoformes de récepteur pourraient jouer un rôle modulateur important des effets corticostéroïdes au niveau des tissus cibles. Aldostérone et obésité L’obésité est le résultat complexe de l’interaction entre un terrain génétique permissif et un environnement, notamment nutritionnel et comportemental, qui a changé de façon majeure ces dernières décennies. Le lien entre obésité et hypertension artérielle est alors immédiat, étant donné la relation entre l’augmentation de la prise calorique et celle de l’apport sodé dans les aliments. L’obésité est d’ailleurs associée à un regroupement de facteurs de risque, notamment pour l’hypertension artérielle, l’athérosclérose, la résistance à l’insuline et les dyslipidémies. Dans ce contexte, plusieurs études soulignent l’interaction entre les processus régulant la différenciation adipocytaire et la balance énergétique et les facteurs intervenants dans le maintien de la balance sodée, notamment l’aldostérone et le RM. Il a été montré, par exemple, que les taux d’aldostérone sont corrélés avec la masse adipocytaire viscérale chez les femmes, indépendamment de l’activité rénine plasmatique, et que certains acides gras pouvaient stimuler la production d’aldostérone par des cellules de surrénale incubées in vitro avec des hépatocytes (24). Il a été également montré que la leptine était capable d’inhiber la sécrétion de l’aldostérone induite par l’ACTH dans des cellules de corticosurrénale humaine (25), alors que chez le rat, elle augmente la production d’aldostérone par des cellules dispersées de zone glomérulaire surrénalienne in vitro ainsi que la concentration plasmatique d’aldostérone in vivo (26, 27). D’autre part, il existe des arguments suggérant un rôle de l’aldostérone dans la différenciation adipocytaire et le développement de l’obésité. Dans des cellules préadipocytaires murines 3T3-L1, Rondinone et al ont montré que l’aldostérone pouvait induire la différenciation des préadipocytes en adipocytes matures (28). Cet effet était spécifique, car complètement inhibé par l’ajout d’un antiminéralocorticoïde. Par ailleurs, des sites de liaison à l’aldostérone ont été détectés dans 262 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2002 Synthèse ces cellules. D’autre part, Hauner et al. ont montré que des cellules vasculaires stromales, obtenues à partir de tissu adipeux sous-cutané d’homme adulte, pouvaient entrer dans un processus de différenciation adipocytaire induit par le cortisol, mais également en partie par l’aldostérone (29). Devenport et al. montrent que l’aldostérone, en infusion continue pendant 12 jours, stimule la prise de poids chez des rats surrénalectomisés, cette prise correspondant environ au double de celle observée chez des rats surrénalectomisés traités par des glucocorticoïdes ou non traités. De façon importante, cette prise de poids n’était pas corrélée à l’augmentation du capital hydrique, alors qu’il y avait une forte corrélation avec la masse du dépôt gras épididymal, indiquant que la prise de poids était plutôt due à une hypertrophie du tissu adipeux (30). Enfin, une étude récente montre que le RM pourrait être impliqué dans le développement des complications métaboliques de l’obésité. Des souris surexprimant l’enzyme 11HSD1, qui catalyse la réduction du 11-déhydrocorticostérone en corticostérone (le glucocorticoïde physiologique chez les rongeurs), dans le tissu adipeux, développent une obésité viscérale exacerbée par un régime riche en graisses (31). Elles présentent également tous les signes du syndrome métabolique, notamment un diabète insulinorésistant et une hyperlipidémie. Bien que ces effets soient dus à l’augmentation tissu-spécifique du cortisol, dans le tissu adipeux blanc, les effets des glucocorticoïdes pourraient très vraisemblablement faire intervenir le RM. Le tissu adipeux brun (BAT), nouvelle cible de l’aldostérone Alors que le tissu adipeux blanc est un organe de stockage d’acides gras, le BAT joue essentiellement un rôle de régulation de la thermogenèse, grâce à l’expression de protéines découplantes (Ucp), qui courtcircuitent le gradient électrochimique de protons – généré par l’activité de la chaîne respiratoire mitochondriale – et permettent ainsi la production de chaleur. En dehors de cette fonction thermogénique, il a été récemment montré que le BAT, à l’instar du tissu adipeux blanc, était capable de sécréter un certain nombre d’hormones, comme la leptine, la résistine et l’adiponectine, qui sont directement impliquées dans le contrôle de la masse adipeuse, de la sensibilité à l’insuline et dans le métabolisme glucidolipidique. Notre laboratoire a récemment démontré que le BAT est un nouveau tissu cible de l’aldostérone (3). En utilisant une stratégie d’oncogenèse ciblée chez la souris, nous avons réalisé des animaux transgéniques dans lesquels l’antigène T de SV40 est placé sous le contrôle de l’un des deux promoteurs du gène du RMh. De façon inattendue, les animaux fondateurs portant le promoteur proximal P1 lié à l’oncogène, sont décédés précocement (< 6 semaines) en présentant de volumineuses tumeurs liposarcomateuses développées aux dépens du BAT (hibernomes) (3). Nous avons ensuite montré que le RM endogène est exprimé dans le BAT normal. Une lignée cellulaire a été dérivée à partir d’un hibernome, la lignée T37i qui, après traitement approprié, présente toutes les caractéristiques des cellules adipeuses brunes, en particulier l’expression des protéines découplantes Ucp1, 2 et 3. Par ailleurs, ces cellules expriment des RM fonctionnels et représentent donc un modèle extrêmement intéressant pour l’étude des effets minéralocortïcoides dans le BAT. Une donnée nouvelle est représentée par la mise en évidence du rôle de l’aldostérone sur la différenciation des cellules adipocytaires brunes T37i, entraînant des modifications morphologiques caractéristiques et une augmentation significative du contenu intracellulaire en triglycérides, cela de façon dose-dépendante et RM spécifique, dans la mesure où les antiminéralocorticoïdes (mais pas le RU486, un antagoniste glucocorticoïde) bloquent l’effet de l’aldostérone (figure 3). L’aldostérone induit précocement l’expression de gènes de la différen- ciation adipocytaire (LPL, aP2, PPARγ), suggèrant que l’hormone pourrait participer à la régulation de la balance énergétique (4). D’autre part, nous avons montré que l’aldostérone inhibait, dans les cellules T37i, l’expression des protéines découplantes UCP1 et UCP3 au niveau transcriptionnel. L’étude du potentiel de la membrane mitochondriale a permis de confirmer le rôle fonctionnel majeur de l’aldostérone dans le maintien du gradient électrochimique de protons au niveau de la membrane interne de la mitochondrie des cellules T37i (5). L’ensemble de ces données indique un nouveau rôle pour l’aldostérone qui, au-delà de ses effets connus sur le maintien de la balance sodée, pourrait participer à des processus métaboliques chez l’homme et être impliquée, avec le RM, dans certaines altérations affectant la balance énergétique. Alors que le BAT possède un rôle majeur dans la régulation de la température corporelle, en particulier chez les rongeurs, son importance chez l’homme est plus controversée. Néanmoins, sa fonction est probablement très importante en période néonatale. Il a en outre été montré chez l’adulte que les dépôts adipocytaires bruns périrénaux étaient augmentés chez des malades atteints de syndrome de Conn (32). L’aldostérone et le RM pourraient donc intervenir dans la différenciation et/ou la prolifération adipocytaire chez l’homme. Néanmoins, les gènes qui sont directement régulés au niveau transcriptionnel doivent encore être identifiés. Figure 3. Différenciation des cellules adipocytaires brunes T37i sous l’influence de l’aldostérone. L’accumulation de gouttelettes lipidiques est mise en évidence par la coloration au Red Oil. 263 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2002 Synthèse Conclusion L’ensemble des données présentées indique que l’aldostérone pourrait être impliquée dans la régulation de la balance énergétique et de certaines fonctions métaboliques. Le RM, quant à lui, pourrait être responsable non seulement des effets minéralocorticoïdes, mais aussi des effets glucocorticoïdes et donc représenter un gène candidat potentiel pour l’obésité humaine et ses complications. L’importance de cet axe de recherche réside dans la possibilité d’identifier de nouveaux gènes impliqués dans la différenciation adipocytaire et/ou des processus métaboliques propres à l’adipocyte, constituant de nouvelles cibles thérapeutiques éventuelles dans l’obésité. Références 1. Verrey F, Pearce D, Pfeiffer R et al. Pleiotropic action of aldosterone in epithelia mediated by transcription and post-transcription mechanisms. Kidney Int 2000 ; 57 : 1277-82. 2. Geller DS, Farhi A, Pinkerton N et al. Activating mineralocorticoid receptor mutation in hypertension exacerbated by pregnancy [see comments]. Science 2000 ; 289 : 119-23. 3. Zennaro MC, Le Menuet D, Viengchareun S et al. Hibernoma development in transgenic mice identifies brown adipose tissue as a novel target of aldosterone action. J Clin Invest 1998 ; 101 : 1254-60. 4. Penfornis P, Viengchareun S, Le Menuet D et al. 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Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2002 Synthèse 30. Devenport LD, Goodwin KG, Hopkins PM. Continuous infusion of aldosterone : correlates of body weight gain. Pharmacol Biochem Behav 1985 ; 22 : 707-9. a u 31. Masuzaki H, Paterson J, Shinyama H et al. A transgenic model of visceral obesity and the metabolic syndrome. Science 2001 ; 294 : 2166-70. t o 1. Vrai ou faux : Le récepteur minéralocorticoïde est un récepteur à 7 domaines transmembranaires couplé aux protéines G. 2. Vrai ou faux : Le cortisol se lie au récepteur minéralocorticoïde avec la même affinité que l’aldostérone. - t e 32. Garruti G, Ricquier D. Analysis of uncoupling protein and its mRNA in adipose tissue deposits of adult humans. Int J Obes Relat Metab Disord 1992 ; 16 : 383-90. s t 3. Vrai ou faux : La concentration relative de glucocorticoïdes intracellulaires est régulée par l’activité des enzymes 11β-hydroxystéroïde déshydrogénases 1 et 2. 4. Vrai ou faux : L’aldostérone inhibe la différenciation adipocytaire brune et stimule l’activité thermogénique. Résultats : 1. Faux. 2. Vrai. 3. Vrai. 4. Faux. + 31 janvier 2003, Paris. 43e Journée annuelle de nutrition et de diététique co-organisée par l’Hôtel-Dieu, l’Université Paris-VI et l’Institut Benjamin-Delessert, sous la présidence du Pr Bernard Guy-Grand. Matin Prévention nutritionnelle : alimentation et modes de vie (modérateurs : Pr Basdevant et Dr Hercberg). Après-midi Prise de poids : quelques situations à risque modérateurs (Prs Guy-Grand et Messing). Lieu : CNIT, Paris-la-Défense, amphithéâtre Léonard de Vinci. Renseignements : Secrétariat général - 30, rue de Lübeck - 75116 Paris. Tél. : 01 45 53 41 69 - Fax : 01 44 05 13 37 Web : www.jand-hd-ibd.net Inscriptions : Christiane Finet - 18, rue d’Armenonville - 92200 Neuilly-sur-Seine Tél. : 01 47 22 90 79 - Fax : 01 47 45 15 45 + 12 et 13 juin 2003, Lille. 5es Entretiens de nutrition de l’Institut Pasteur de Lille (organisation scientifique : Dr Jean-Michel Lecerf). 12 juin : Stress et nutrition. 13 juin : L’allaitement maternel. Lieu : Institut Pasteur de Lille. Renseignements : Marie-Françoise Tahon. Tél. : 03 20 87 71 88 - Fax : 03 20 87 72 96 E-mail : [email protected] 265 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2002