les triptans (élétriptan et naratriptan)
puisque, pour ces derniers, il a été
montré que le risque de récurrence
était corrélé à la brièveté de la demi-
vie. Les patientes ne prenant pas de
triptan peuvent essayer la DHE sous-
cutanée. En cas de crise restant forte
ou régulière, l’étape supérieure est
celle d’un traitement séquentiel pris
un à deux jours avant et pendant toute
la durée de la période à risque par
AINS ou par triptan (naratriptan CP
deux fois par jour ou sumatriptan
25 mg deux fois par jour), voire utili-
sant la DHE, le méthysergide (officiel-
lement contre-indiqué avec les triptans
toutefois) ou le magnésium. Les
femmes sous traitement prophylac-
tique de la migraine conservant une
crise au moment du cycle peuvent éga-
lement augmenter la dose de celui-ci
autour de la période à risque. L’usage
des substances à visée prophylactique
rend souvent les patientes plus sen-
sibles au traitement de crise.
En cas d’échec de ces différents traite-
ments, un traitement à visée hormo-
nale doit être envisagé. Avant celui-ci,
reste la solution souvent déjà testée
par le gynécologue de faire prendre la
pilule OP en continu, ce qui entraîne-
rait une diminution tant des céphalées
que des autres symptômes prémens-
truels dans un nombre non limité de
cas (3). Sinon, un traitement séquen-
tiel par estrogène percutané est classi-
quement proposé. Celui-ci doit être
débuté de deux jours avant les règles
et jusqu’à leur arrêt, afin de maintenir
une estrogénémie circulante constante.
Cela nécessite ou la prise d’une pilule
ou des cycles extrêmement réguliers.
Les études princeps ont été menées
avec l’estrogel percutané, souvent
délaissé au profit des patchs, d’usage
plus facile, mais obtenir la même
estrogénémie circulante nécessite
d’utiliser des patchs à 100 µg.
D’autres thérapeutiques d’usage plus
délicat ont été proposées dans les
migraines résistantes, telles que le
danazol, voire le tamoxifène ou la bro-
mocriptine (4).
Grossesse
Inversement, la grossesse, qui amène
une hypersécrétion constante d’estro-
gènes, entraîne une disparition des
migraines chez la plupart des femmes.
Mais cela ne s’installe souvent
qu’après les trois premiers mois, sou-
vent plus ou moins “chaotiques” chez
environ 25 % des femmes. Reste que
la migraine avec aura peut souvent
être inaugurée ou exacerbée pendant
la grossesse.
Il est nécessaire de dépasser l’abandon
thérapeutique des patientes à un para-
cétamol notoirement inefficace. Au
niveau des services d’urgence, le pro-
dafalgan est couramment utilisé mais,
tout récemment, le service d’urgences
céphalée de l’hôpital Lariboisière a pu
tester l’oxygénothérapie à 8 l/min pen-
dant 15 min à l’instar du traitement
des crises d’algie vasculaire de la face.
On peut déjà remarquer que l’Association
américaine de pédiatrie autorise pen-
dant la grossesse la prise d’un anti-
inflammatoire, le fénoprofène, jus-
qu’au 6emois (après il y a un risque
d’HTAP et d’insuffisance rénale).
Pour le Pr C. Lejeune, les AINS ne
sont pas tératogènes, tout comme l’as-
pirine, quoique celle-ci soit très anti-
agrégante, mais ils induisent une dimi-
nution du liquide amniotique et ainsi
ne doivent pas être utilisés en fin de
grossesse, sinon de manière régulière
plusieurs jours de suite (5). Le cas des
triptans n’est pas encore résolu : une
communication du congrès de l’IHS
(New York 2001, Cephalalgia) recen-
sait trois registres de femmes migrai-
neuses ayant consommé du sumatrip-
tan, le plus ancien des triptans, au
cours de leur grossesse, la différence
de malformation infantile n’y était
pas statistiquement significativement
supérieure par rapport au groupe des
femmes migraineuses n’en ayant pas
pris. Cela permet a priori de rassurer
les patientes en ayant consommé mal-
gré tout, à défaut de pouvoir claire-
ment l’autoriser.
Concernant les traitements prophylac-
tiques, une prise en charge non médi-
camenteuse reposant sur l’acupunc-
ture et la relaxation est à envisager en
première intention, mais elle n’est pas
souvent disponible. Ensuite, pour
l’Association américaine de pédiatrie,
le métoprolol est également autorisé
pendant la grossesse, ne nécessitant
qu’un arrêt préventif dans le dernier
mois pour éviter une bradycardie
fœtale. Quant à l’amitriptyline, elle
doit être arrêtée dans le dernier mois
pour se prémunir d’un effet atropi-
nique chez le nouveau-né (6).
Le méthysergide, comme les dérivés
de l’ergot, a un effet ocytocique rési-
duel. Les autres traitements, pizoti-
fène, oxétorone et flunarizine sont de
vieux produits, sans publication rap-
portée concernant leur tératogénicité
mais également sans étude prospective
à ce sujet. Concernant la gabapentine :
pas de recul, mais peu de cas décrits.
Dans le post-partum, il semble que les
crises soient plus fréquentes. Mais il
faut ne pas méconnaître une thrombo-
phlébite cérébrale, une angiopathie
aiguë bénigne liée à l’administration
de méthylergométrine ou de bromo-
criptine, utilisée pour contrecarrer la
montée laiteuse, ou encore un syn-
drome d’hypotension secondaire du
LCR lié à une péridurale poussée trop
loin.
Certaines femmes, après le “choc hor-
monal” induit par le passage d’un
excès d’estrogènes pendant la gros-
sesse à l’après-grossesse, peuvent voir
apparaître – ou du moins être majorée
– la fréquence des migraines.
Ménopause
Après l’augmentation de la fréquence
des crises de la périménopause, la
ménopause entraînera une diminution
du nombre des crises de migraine chez
deux tiers des femmes. Chez le tiers
restant, elle sera sans effet sur la fré-
quence des crises ou parfois entraînera
une apparition de crises de migraine.
Les ménopauses chirurgicales indui-
sent souvent des migraines sévères.
Migraine
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