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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XII), n°3, mai-juin 2008
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kisspeptinergique. Le mécanisme invoqué
serait une diminution des phénomènes de
désensibilisation entre la kisspeptine et
son récepteur GPR54. Il s’agit donc là
d’une étude qui jette un nouvel éclairage
sur les facteurs potentiels impliqués dans
certaines des pubertés précoces classées
jusqu’à maintenant dans la rubrique
“idiopathique”.
JM Kuhn
Teles MG et al. N Engl J Med 2008;358:709-15.
La contraception orale
contre le cancer de l’ovaire
La contraception orale a été considérable-
ment développée au cours de la deuxième
moitié du XXesiècle, permettant le
contrôle des naissances dans les pays
industrialisés. Sa pharmacologie a évolué
dans le même temps, donnant naissance
à des formulations de moins en moins
dosées de combinaisons d’œstroproges-
tatifs, ainsi qu’à des pilules contenant
uniquement des progestatifs. La contra-
ception orale a suscité de nombreuses
interrogations sur d’éventuels effets
bénéfiques ou délétères pour la santé. Les
études épidémiologiques visant à évaluer
ses effets à long terme sont rendues extrê-
mement difficiles par la variabilité de la
nature des hormones synthétiques, de
leur dosage, de l’âge de début de traite-
ment, de la durée des traitements et du
nombre de facteurs confondants.
Malgré ces difficultés, un groupe de
travail britannique s’est efforcé d’éva-
luer l’effet de la contraception orale sur
la prévalence du cancer de l’ovaire. Les
auteurs de cet article publié dans The
Lancet ont examiné les données provenant
de 45 études épidémiologiques réalisées
dans 21 pays, totalisant 23257 femmes
ayant eu un cancer de l’ovaire et 87303
n’ayant pas présenté cette pathologie.
Une partie de ces femmes avaient béné-
ficié d’une contraception orale (31% des
patientes et 37% des sujets témoins).
L’analyse des données révèle que
5 années de traitement réduisent de 20%
le risque de cancer de l’ovaire. Ce risque
est réduit de moitié chez les femmes
ayant pris un contraceptif oral durant
1.
15 ans. Cet effet protecteur s’amenuise
avec le temps; il est réduit de 15% 20 à
30 ans après l’arrêt du traitement. L’évo-
lution des formes pharmacologiques
des pilules entre les années 1960 et les
années 1980 n’a pas eu de répercussion
sur leur effet bénéfique. Globalement, les
auteurs estiment que, depuis sa mise sur
le marché, la contraception orale a permis
d’éviter 200000 cancers de l’ovaire, et ils
prévoient qu’elle préviendra l’apparition
de 30000 cas par an durant la prochaine
décennie.
E. Louiset, Laboratoire
de neuroendocrinologie cellulaire
et moléculaire, unité Inserm 413, Rouen
Collaborative Group on Epidemiological Stu-
dies of Ovarian Cancer. Lancet 2008;371:303-14.
Cholestérol et prématurité
Au cours de la grossesse, le métabo-
lisme lipidique est biphasique, avec
une première phase de mise en réserve
et une seconde phase de lipolyse afin
de répondre aux besoins du fœtus. En
clinique, nous nous intéressons peu au
métabolisme lipidique et à ses anomalies
au cours de la grossesse en raison des
difficultés d’interprétation, et surtout de
l’absence de possibilités thérapeutiques.
Il est vraisemblable que certains acteurs
du métabolisme lipidique puissent être
associés à la morbidité fœtale, comme
la macrosomie, même en dehors d’ano-
malies de la tolérance glucidique. La
question qui se pose est de savoir si des
anomalies du métabolisme lipidique,
que ce soit dans un sens ou dans l’autre,
peuvent être responsables d’une morbi-
dité materno-fœtale.
Edison et al. se sont intéressés au taux
de cholestérol de femmes enceintes de
Caroline du Sud, âgées de 21 à 34 ans,
non diabétiques et non fumeuses. Autour
du terme de 17,6 semaines, ce qui corres-
pond au deuxième trimestre de la gros-
sesse, le taux de cholestérol se situe entre
1,59 g/l et 2,61 g/l. Le taux de choles-
térol était ajusté sur l’âge gestationnel
au moment du dépistage. Ces auteurs
ont considéré que le taux de cholestérol
était bas lorsqu’il était inférieur à 1,59 g/l
(10epercentile) et qu’il était normal lors-
qu’il était entre 1,59 g/l et 2,61 g/l. Ils
ont évalué le devenir maternel et fœtal
chez 118 patientes avec cholestérol bas
et 940 femmes avec cholestérol normal,
ce qui constituait la population témoin. Il
a été mis en évidence une augmentation
significative de la prématurité chez les
femmes avec cholestérol bas comparati-
vement à la population considérée comme
normale (12,7% versus 5,0%; p = 0,001).
Le risque de naître prématurément était
plus important chez les nouveaux-nés
de mères avec un cholestérol bas que
chez les nouveaux-nés de mères avec
un cholestérol normal (OR = 2,93; IC95
[1,51-5,56]; p = 0,001). Le risque d’ac-
couchement prématuré était également
plus élevé chez les femmes avec hyper-
cholestérolémie que chez celles avec
un cholestérol normal (OR = 2,66; IC95
[1,39-5,09]; p = 0,003). Ce risque a été
mis en évidence uniquement chez les
femmes de race blanche. Les femmes
de race noire ne sont pas concernées.
Les poids de naissance des enfants de
mères avec cholestérol bas étaient infé-
rieurs en moyenne de 147 g comparati-
vement aux enfants nés de mères avec
cholestérol normal après ajustement sur
les facteurs confondants habituels. Il n’a
pas été démontré de relation entre niveau
de cholestérol chez la mère et malfor-
mations congénitales, ni entre niveau de
cholestérol et macrosomie.
Bien que ces résultats méritent d’être
confirmés, ce travail démontre que les
anomalies lipidiques peuvent être asso-
ciées à une morbidité materno-fœtale au
cours de la grossesse normale. L’hypo-
cholestérolémie serait plus particulière-
ment associée à un risque de prématurité,
pouvant par conséquent être un marqueur
de risque en dehors de ceux déjà connus.
Il semble donc nécessaire de réaliser des
études prospectives permettant d’évaluer
les profils lipidiques au cours de la gros-
sesse, ainsi que l’association à une morbi-
dité materno-fœtale. Il apparaît également
intéressant d’évaluer l’impact des anoma-
lies lipidiques au cours de pathologies
comme la grossesse diabétique.
A. Vambergue, CHRU de Lille.
Edison RJ et al. Pediatrics 2007;120:723-33.
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