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Figure 1.
Opaci cation percutanée à l’aiguille  ne des voies
biliaires intrahépatiques droites montrant une sténose du canal
hépatique commun, de la convergence biliaire supérieure, avec
extension aux convergences secondaires droites chez une pa-
tiente présentant un cholangiocarcinome hilaire de stade IIIa.
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POINTS FORTS
La cholangiographie à visée diagnostique na pratiquement
plus d’indication.
Labord transhépatique sera considéré d’emblée pour les
sténoses hilaires complexes, et après échec de l’approche
endoscopique pour les sténoses sous-hilaires.
Lobjectif est d’améliorer l’état général du patient, en parti-
culier nutritionnel, de rétablir une fonction hépatique quasi
normale, de soulager le prurit et éventuellement de proposer
une chimiothérapie.
En cas d’obstacle sous-hilaire de la voie biliaire principale,
le drainage est réalisé par une prothèse unique, avec une
seule voie d’abord, préférentiellement droite, ce qui permet
habituellement de drainer tout le foie ; en cas d’obstacle
hilaire séparant les voies droites et gauches, plusieurs options
peuvent être discutées.
Pour un cholangiocarcinome du hile opérable, un drainage
biliaire préopératoire permettra d’amener le patient dans les
meilleures conditions à l’intervention.
Mots-clés : Drainage biliaire – Endoprothèse – Photothéra-
pie dynamique.
Keywords: Biliary drainage – Stents – Photodynamic therapy.
Les techniques et les indications des procédures percuta-
nées se sont considérablement modifi ées durant ces dix
dernières années. Le développement de l’endoscopie,
l’apparition des endoprothèses métalliques et l’émergence de
nouveaux protocoles thérapeutiques sont les principaux facteurs
de cette évolution (1).
DRAINAGE PERCUTANÉ TRANSHÉPATIQUE
DES VOIES BILIAIRES
Cette procédure s’eff ectue sous sédation analgésique, une anti-
biothérapie prophylactique systématique (amoxicilline + acide
clavulanique) étant administrée une heure avant, puis éven-
tuellement adaptée aux germes des prélèvements biliaires. Les
contre-indications sont des troubles de la coagulation impossi-
bles à corriger, un patient en phase terminale, une obstruction
intrahépatique de haut grade ou la présence d’une ascite.
Cholangiographie transhépatique
Le geste commence par une cholangiographie percutanée à
l’aiguille fi ne (Chiba, 22 gauge), sous contrôle fl uoroscopique
ou échographique, par un abord soit intercostal latéral droit,
soit épigastrique en cas d’exclusion des voies biliaires gauches
(fi gure 1). Le repérage de la voie biliaire se fait en injectant de
petites quantités de produit de contraste par l’intermédiaire
d’un raccord souple lors du retrait de l’aiguille sous contrôle
uoroscopique. Lopacifi cation se fait sous faible pression, afi n
d’obtenir un remplissage progressif des voies biliaires.
Place de la radiologie interventionnelle
dans la prise en charge thérapeutique
Percutaneous treatment of cholangiocarcinoma
쐌쎲 Maïté Lewin, Jean-Michel Tubiana*
* Service de radiologie, hôpital Saint-Antoine, Paris.
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Figure 2.
Endoprothèse plastique chez un patient présentant
un cholangiocarcinome sous-hilaire de stade I.
A. Opaci cation des voies biliaires montrant une sténose sous-
hilaire.
B. Mise en place d’une endoprothèse plastique.
AB
Figure 3.
Drainage partiel chez une patiente présentant un
cholangiocarcinome hilaire de stade IV avec atrophie du foie
gauche.
A. Mise en place d’un drain interne-externe.
B. Mise en place de part et d’autre de la sténose d’une endo-
prothèse métallique autoexpansible prenant son diamètre
dé nitif soit spontanément soit avec l’aide d’un ballon d’an-
gioplastie.
AB
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Mise en place d’un drain
Après réalisation de la cartographie biliaire, le drainage biliaire
est eff ectué. Le choix de la voie biliaire à ponctionner est primor-
dial ; on choisira une voie biliaire périphérique de façon à dimi-
nuer le risque de saignement et pour disposer d’un long trajet
endobiliaire en amont de l’obstacle. On utilise la même aiguille
ne, qui permet le passage d’un guide puis d’un système coaxial
pour faire progresser une sonde de calibre plus large.
Un drainage biliaire interne-externe est réalisé après fran-
chissement de l’obstacle grâce à diverses combinaisons de guides
et de cathéters. En cas de diffi culté, un guide hydrophile est
très utile pour franchir des sténoses très serrées. Lextrémité du
drain interne doit être dans le duodénum, si possible bouclée,
pour permettre une meilleure stabilité. Dans tous les cas, il doit
y avoir suffi samment de trous latéraux dans les voies biliaires
au-dessus de la sténose pour un drainage effi cace.
Un drainage biliaire externe est réalisé en cas d’échec de
franchissement de la sténose, en amont de l’obstacle, pour
drainer les voies biliaires dilatées et opacifi ées, avant de faire
une nouvelle tentative quelques jours plus tard après diminution
des phénomènes infl ammatoires.
Endoprothèses
Les endoprothèses biliaires permettent d’assurer un drainage
interne sans présenter l’inconvénient du drain à la peau. La mise
en place des endoprothèses biliaires s’eff ectue soit au décours de
la procédure du drainage inaugural s’il nexiste pas d’infection
biliaire ou d’hémobilie pendant la réalisation du geste, soit dans
un second temps, quelques jours après la mise en place d’un
drain interne-externe.
Les endoprothèses plastiques sont peu chères, mais leur
inconvénient majeur est la survenue inévitable d’une obstruction
par incrustation en cinq à six mois, nécessitant des réinterven-
tions et donc des hospitalisations pour des patients à durée
de vie courte (fi gure 2). De plus, le gros calibre des endopro-
thèses plastiques rend leur pose douloureuse ; le diamètre le
plus couramment utilisé est de 12 French. Cependant, elles ont
comme avantage de pouvoir être retirées ou changées par voie
rétrograde endoscopique. On peut les réserver aux indications
palliatives, où la durée de survie est estimée en semaines, ou à
certains drainages provisoires.
Les endoprothèses métalliques expansibles ont remplacé
chez la plupart des équipes les endoprothèses plastiques (2). Il
existe un grand choix de diamètres et de longueurs. Elles off rent
l’avantage d’un faible calibre d’introduction de 7 à 9 French, ce
qui rend leur insertion plus aisée, celle-ci ne nécessitant pas de
dilatation du trajet percutané ; une fois en place, elles off rent en
outre un calibre de drainage important, avec une lumière interne
de 10 mm de diamètre, contre 4 mm pour les endoprothèses
plastiques. Le taux d’occlusions tardives, qui varie de 15 à 30 %
selon les séries, n’est cependant pas sensiblement inférieur à
celui relevé avec les prothèses plastiques malgré le calibre plus
important de ces dernières, mais le temps de perméabilité est
un peu plus long (3). Il est usuel d’utiliser des prothèses longues,
même en cas de sténoses courtes, positionnées largement en
amont ou en aval de la sténose pour retarder et prévenir au
mieux les obstructions biliaires (fi gure 3). Une ou plusieurs
prothèses peuvent être larguées selon l’étendue de la lésion. Une
fois larguées, elles prennent leur diamètre défi nitif soit spon-
tanément, soit avec l’aide d’un ballon d’angioplastie (fi gure 4).
En cas d’obstruction d’une prothèse métallique, il est possible
d’insinuer une nouvelle prothèse, plus longue, en général au
travers de la nouvelle sténose. Ces prothèses métalliques ont
comme inconvénient majeur d’être non extirpables.
Les endoprothèses métalliques couvertes ont des indica-
tions limitées comme, par exemple, la couverture d’une zone
de fi stule.
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Figure 4.
Ballon d’angioplastie placé gon é dans une prothèse
métallique.
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Résultats
L’un des avantages de cette technique est une voie d’abord directe
de l’obstacle tumoral, avec un taux de succès proche de 100 % si les
voies biliaires sont dilatées. Le taux de complications est inférieur
à 5 %. Celles-ci sont principalement le saignement et l’infection.
Le pneumothorax, la fi stule biliopleurale, le biliopéritoine et la
pancréatite sont plus rarement observés. Le taux de mortalité
précoce à 30 jours du drainage palliatif des sténoses malignes est
estimé à 25 % avec les prothèses plastiques. Il est réduit à près de
10 % avec les prothèses métalliques expansibles (4).
INDICATIONS
Gestes à visée diagnostique
Cholangiographie diagnostique
Elle na pratiquement plus d’indication. Les examens morpho-
logiques non invasifs comme l’échographie, le scanner multi-
barrette et surtout la cholangio-IRM permettent de préciser les
modalités techniques du drainage biliaire. Cependant, la cholangio-
IRM peut être prise en défaut lorsqu’il existe des obstacles avec
peu ou pas de dilatation biliaire sus-jacente. Lidentifi cation de
l’obstacle peut se faire lors de la cholangiographie percutanée en
analysant la cinétique d’évacuation de la bile opacifi ée.
Prélevement de tissu par “brossage
Lobtention de prélèvements histologiques reste un problème
entier dans le cas de sténoses biliaires malignes. Les prélèvements
peuvent être réalisés sous simple repérage fl uoroscopique par
l’intermédiaire d’un introducteur permettant le passage d’une
brosse ou d’une pince à biopsie endobiliaires. Ils sont alors
dirigés sur une image radiologique de sténose ou de bourgeon
tumoral. Lanalyse cytologique de la bile après drainage biliaire
ou la pratique du brossage biliaire ont un taux de positivité
d’environ 50 %.
Cholangioscopie
Le cholangioscope (12 à 16 French) est introduit en douceur
dans une gaine après dilatation du trajet. Le but de ce geste est
de faire des prélèvements sous contrôle de la vue au niveau
d’une zone suspecte : bourgeon ou sténose.
Gestes à visée thérapeutique
Traitement palliatif
Les indications concernent les tumeurs non résécables sur le
plan chirurgical. Labord transhépatique sera considéré d’emblée
pour les sténoses hilaires, et après échec de l’approche endos-
copique pour les sténoses sous-hilaires. Il s’agit de réaliser un
drainage palliatif simple des voies biliaires dans le but d’améliorer
l’état général du patient, en particulier nutritionnel, de rétablir
une fonction hépatique quasi normale, de soulager le prurit et
éventuellement de proposer une chimiothérapie. Le choix de la
voie d’abord et d’un drainage complet ou seulement partiel du
foie est déterminé, si possible avant l’opacifi cation biliaire, en
se fondant sur les données de la cholangio-IRM. En cas d’obs-
tacle sous-hilaire de la voie biliaire principale, le drainage est
réalisé par une prothèse unique, avec une seule voie d’abord,
préférentiellement droite, ce qui permet habituellement de
drainer tout le foie. En cas d’obstacle hilaire séparant les voies
droites et gauches, plusieurs options sont discutées : drainage
complet du foie par abord bilatéral ou prothèses intersegmen-
taires, drainage restreint aux secteurs les plus dilatés ou drainage
uniquement controlatéral à l’extension tumorale prédominante
en cas d’atrophie hépatique associée (1).
Cas particulier : drainage biliaire préopératoire du cholan-
giocarcinome hilaire
En cas de patient opérable présentant un cholangiocarcinome du
hile, un drainage biliaire peut être réalisé dans le but d’amener le
patient dans les meilleures conditions à l’intervention, laquelle
peut être très lourde (hépatectomie parfois majeure avec résec-
tion de la voie biliaire et anastomose biliodigestive). Limportance
de la cholestase étant un facteur péjoratif, certaines équipes
chirurgicales préconisent la mise en place d’un drain externe ou
d’un drain interne-externe pendant quelques semaines (5).
Complications opératoires tardives
Une sténose anastomotique secondaire à une récidive peut
survenir en postopératoire. Après confi rmation de la récidive,
le traitement, percutané, repose sur la dilatation de la sténose
par un ballonnet d’angioplastie et sur la mise en place d’une
endoprothèse métallique (fi gure 5).
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Figure 5.
Sténose d’une anastomose hépaticojéjunale par récidive d’un cholangiocarcinome.
A. Mise en place d’un drain transanastomotique.
B. Mise en place d’un guide transanastomotique et d’une endoprothèse métallique.
AB
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Curiethérapie endobiliaire
La curiethérapie endobiliaire peut être pratiquée dans le cadre
d’un protocole pour les tumeurs non résécables (traitement
palliatif), associant radiothérapie externe, chimiothérapie et
radiothérapie endobiliaire. Lintérêt de cette technique fait
actuellement l’objet d’un débat (6).
érapie photodynamique
Une PDT peut être réalisée par voie percutanée avant la mise
en place d’une endoprothèse. Des études récentes ont démontré
un allongement très signifi catif de la survie dans un groupe de
patients présentant un cholangiocarcinome inopérable traité
par PDT et endoprothèse biliaire versus un drainage biliaire
simple (7).
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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2. D’Alincourt A, Hamy A,  ibaud C et al. Ictères obstructifs néoplasi-
ques : apport des prothèses métalliques percutanées. Gastroenterol Clin Biol
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1996;201:167-72.
5. Nimura Y, Kamiya J, Kondo S et al. Aggressive preoperative management and
extended surgery for hilar cholangiocarcinoma: nagoya experience. J Hepatobi-
liary Pancreat Surg 2000;7:155-62.
6. Singhal D, Van Gulik TM, Gouma DJ. Palliative management of hilar cholan-
giocarcinoma. Surg Oncol 2005;14:59-74.
7. Ortner ME, Caca K, Berr F et al. Successful photodynamic therapy for non-
resectable cholangiocarcinoma: a randomized prospective study. Gastroentero-
logy 2003;125:1355-63.
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