Le matériel de ponction, de cathétérisme et de drainage dérive en
partie du matériel à utilisation vasculaire. De plus en plus, du
matériel à usage spécifiquement biliaire est disponible.
À ce matériel de base peut être adjoint le matériel d’endoscopie
(source lumineuse, cholangioscope, duodénoscope), de lithotripsie
électrohydraulique ou laser pour la réalisation de techniques
combinées, de procédures complexes endobiliaires.
ANESTHÉSIE-RÉANIMATION
Les procédures de radiologie interventionnelle biliaire sont
potentiellement longues, douloureuses et itératives. Pour le confort
du patient et indirectement de l’opérateur, une prise en charge
anesthésique doit permettre une sédation, une amnésie et une
analgésie. En fonction de la complexité et du caractère douloureux
du geste, la prise en charge anesthésique va de la simple
prémédication orale par un sédatif (hydroxyzine : Ataraxt), à
l’anesthésie générale avec intubation, en passant par la diazanalgésie
associant benzodiazépine et morphinique.
Une prise en charge par des mesures de réanimation peut être
indiquée avant et après la procédure. Un patient porteur d’un ictère
obstructif développe à plus ou moins longue échéance des troubles
intercurrents, qu’il s’agisse de problèmes rénaux, de coagulation,
nutritionnels et hydroélectrolytiques, infectieux. La prise en charge
de ces patients fragiles par un réanimateur conditionne en grande
partie le pronostic à court terme.
ANTIBIOTHÉRAPIE
Une antibioprophylaxie à large spectre couvrant les germes à Gram
négatif est instaurée par voie intraveineuse 1 heure avant le geste,
dans la plupart des centres (céphalosporine de troisième génération :
Rocéphinet). Cette attitude, justifiée par la fréquence de l’infection
de la bile en rétention, est d’autant plus nécessaire que le terrain est
fragile.
Un prélèvement de bile pour analyse bactériologique doit être réalisé
systématiquement en début de procédure. Après le drainage, la
poursuite de l’antibiothérapie est non systématique. Elle est
nécessaire s’il existe des problèmes infectieux, et adaptée aux
résultats des hémocultures et des prélèvements biliaires. Les patients
présentant une angiocholite doivent être soumis à une
antibiothérapie précoce, efficace et prolongée.
SUIVI
Le suivi médical et radiologique du patient porteur d’un drain ou
d’une endoprothèse est une évidence.
Le patient doit être éduqué sur les signes devant l’amener à
consulter : des urines foncées, des selles décolorées, la réapparition
du prurit, l’apparition de fièvre, la fuite de bile à la peau autour
d’un drain interne-externe font suspecter une interruption du
drainage. Une échographie et/ou une opacification du drain doivent
être réalisées au moindre doute.
La présence d’un drain biliaire impose des soins infirmiers
quotidiens, avec rinçage avec 10 mL de sérum physiologique et des
soins cutanés aux points de ponction.
Le changement d’un drain interne-externe s’effectue toutes les 4 à
12 semaines. Une occlusion partielle nécessite le changement du
drain.
La prescription d’une échographie systématique tous les 3 mois
permet au radiologue de ne pas perdre de vue les patients.
Procédures interventionnelles
CHOLANGIOGRAPHIE TRANSHÉPATIQUE (CTH)
C’est l’opacification des voies biliaires par ponction transhépatique.
L’opacification reste la méthode de référence pour le diagnostic des
anomalies élémentaires des voies biliaires. Aujourd’hui, la CTH est
le plus souvent réalisée en préalable aux techniques de radiologie
interventionnelle.
¶Technique
Préparation du patient
Le patient est positionné en décubitus dorsal, le bras droit en
abduction.
Une désinfection chirurgicale de la paroi abdominale doit être
réalisée ; l’examen se déroule dans des conditions d’asepsie strictes.
Une voie veineuse est mise en place et un monitoring des fonctions
vitales assuré.
Après éventuelle prémédication, une anesthésie à la lidocaïne est
effectuée au niveau des plans cutanés et de la capsule de Glisson.
La ponction est effectuée sous repérage fluoroscopique ou
échographique, avec une aiguille métallique de 15 cm de long,
22 G de calibre (Chiba).
Choix de la voie d’abord
La ponction des voies biliaires en vue de leur opacification peut
porter sur les voies biliaires intrahépatiques droites ou gauches,
exceptionnellement sur la vésicule. N’importe quelle voie biliaire
peut être ponctionnée.
Le choix du côté à ponctionner est dicté par le dossier pathologique
du patient (siège de la ou des lésions et des dilatations, déterminé
sur les examens d’imagerie antérieurs réalisés [échographie,
tomodensitométrie, cholangio-IRM]).
En cas d’obstacle siégeant en dessous de la bifurcation (dilatation de
l’ensemble des voies biliaires intrahépatiques) ou en l’absence
d’obstacle (cholangite, fistule), la ponction peut porter
indifféremment sur les voies droites ou gauches.
Si l’obstacle se situe au-dessus de la bifurcation, la ponction porte
sur la ou les voies biliaires dilatées.
Si plusieurs segments sont exclus par une lésion hilaire, la ponction
peut intéresser plusieurs voies biliaires intrahépatiques.
L’opacification des voies biliaires par ponction de la vésicule est
exceptionnellement réalisée au cours d’une cholécystostomie.
Ponction des voies droites
[31]
Elle peut s’effectuer sous repérage fluoroscopique ou échographique.
Le repérage scopique a été le premier utilisé. Le point de ponction
se situe sur la ligne axillaire moyenne, en dessous du cul-de-sac
pleural repéré en inspiration, le plus souvent en intercostal, en sous-
costal en cas de débord hépatique sous-costal.
La progression de l’aiguille, suivie sous scopie, se fait dans un plan
horizontal, parallèle à la table, en direction du col de la 12
e
côte
droite, en dessous du tiers interne de la coupole diaphragmatique
droite, près de l’angle cardiophrénique.
Après avoir retiré le mandrin et adapté une seringue de 20 mL de
produit de contraste hydrosoluble, celui-ci est injecté à faible
pression en retirant l’aiguille.
Trois types d’image sont alors obtenus. Une image opaque persistant
après injection correspond à une opacification parenchymateuse
(cette opacification conduit à une opacification lymphatique se
dirigeant vers la région cœliaque). Une image opaque disparaissant
avec l’arrêt de l’injection correspond à une opacification vasculaire
(les vaisseaux portes, sus-hépatiques et artériels sont souvent
traversés par l’aiguille de ponction). Les images opaques persistant
après injection dessinant des structures canalaires, l’injection
devenant plus facile, correspondent à l’opacification des canaux
biliaires.
L’abord intercostal permet l’opacification des voies biliaires
segmentaires supérieures (VII ou VIII), l’abord sous-costal,
l’opacification des segments inférieurs (V ou VI).
Si aucune voie biliaire n’a été opacifiée sur tout le trajet de l’aiguille,
il faut renouveler la ponction sans modifier le point d’entrée
hépatique mais l’orientation de l’aiguille de 10°.
En cas de nouvel échec, il convient de changer l’orifice d’entrée
cutanée pour un point plus antérieur par rapport à la ligne axillaire
moyenne.
Radiodiagnostic Radiologie interventionnelle des voies biliaires 33-666-A-10
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