des spasmes du sanglot ou des malaises
sont assez stéréotypées et permettent
d’identifier l’origine vagale bénigne des
symptômes.
Tout malaise ou syncope survenant dans
un contexte d’effort
(natation surtout)
mérite une exploration plus poussée.
Une consultation spécialisée avec ECG,
échocardiographie, enregistrement hol-
ter, voire épreuve d’effort, permettra
d’identifier les causes de syncope et de
mort subite que sont certaines malfor-
mations et myocardiopathies, le bloc
complet, le syndrome de Wolff-Parkin-
son-White et les « canalopathies »
[15]
.
T
COMME TRAITEMENT
L’amiodarone
est l’anti-arythmique pé-
diatrique de référence en France.
L’amiodarone doit être administrée per
os, à la dose de charge de 500 mg/m
2
/j
durant 8 à 10 jours, relayée par une do-
se d’entretien de 250 mg/m
2
/j. Les ef-
fets secondaires indésirables sont rares
chez l’enfant. Il s’agit essentiellement
de l’intolérance cutanée avec photosen-
sibilisation. Les dysthyroïdies ne sont le
plus souvent que biologiques, mais tout
traitement par l’amiodarone doit être
accompagné d’une surveillance systé-
matique des fonctions thyroïdiennes.
Le propranolol
(Avlocardyl
®
) reste enco-
re aujourd’hui le bêtabloquant de réfé-
rence le plus connu et le plus utilisé, à la
dose de 3 mg/kg/j en 3 ou 4 prises.
Le nadolol
(Corgard
®
) est le bêtablo-
quant d’effet retard le plus puissant, et
c’est donc le médicament électif des
syndromes du QTL et des TV catécho-
lergiques. Chez l’enfant, on le prescrit à
la dose de 50 mg/m
2
/j en 2 prises. L’ef-
fet du traitement doit être vérifié par
des épreuves d’effort et par des enregis-
trements holter.
U
COMME UNITÉS
Toujours vérifier la vitesse de déroule-
ment et l’étalonnage d’un ECG, de mê-
me que le positionnement des élec-
trodes ! Rappelons qu’un ECG normal
est enregistré en 25 mm/s (un « petit »
carré = 200 ms) et en 1 cm = 1 mV.
V
COMME VENTRICULAIRE
Une tachycardie ventriculaire (TV) mo-
nomorphe est une tachycardie à QRS
larges, différents des complexes sinu-
saux, et identiques entre eux ; l’existen-
ce d’une dissociation auriculo-ventricu-
laire et de complexes de fusion et de
capture permet d’affirmer le diagnostic
de TV
(figure 10)
. Ce diagnostic doit tou-
jours faire rechercher une cause sous-ja-
cente, mais les TV sur cœur normal
constituent le sous-groupe le plus im-
portant des TV de l’enfant
[16]
.
Les TV « idiopathiques » du nourrisson
s’observent entre trois et vingt-quatre
mois. La fréquence ventriculaire est ha-
bituellement comprise entre 160 et
350/mn, et, du fait de son caractère in-
cessant, ce type de TV conduit souvent
à une myocardiopathie dilatée sévère.
La cardioversion est inefficace, mais
l’amiodarone per os permet en règle de
restaurer un rythme sinusal stable, et la
tachycardie disparaît habituellement
avant l’âge de quatre ans, ce qui autori-
se le sevrage thérapeutique
[17]
.
W
COMME WOLFF-PARKINSON-WHITE
Chez certains enfants ayant une voie ac-
cessoire (faisceau de Kent), l’influx
électrique d’origine sinusale circule si-
multanément dans la voie nodo-hissien-
ne et dans la voie accessoire (dépour-
vue du frein vagal), si bien qu’un des
ventricules est activé avant l’autre : il en
résulte un aspect de pré-excitation avec
PR court et onde delta sur l’ECG
(figure 2)
définissant une syndrome de Wolff-Par-
kinson-White. La gravité de ce syndro-
me tient au risque de syncope, voire de
mort subite, auquel sont exposés les pa-
tients
[18]
. Ces accidents sont la consé-
quence de la conduction très rapide
vers les ventricules d’un trouble du
rythme atrial, habituellement une fibril-
lation, à travers une voie accessoire très
perméable, court-circuitant le nœud au-
riculo-ventriculaire. L’ECG montre alors
une tachycardie irrégulière, avec des
QRS plus ou moins larges (plus ou
moins « pré-excités ») car l’influx en pro-
venance des oreillettes est conduit à la
fois par la voie normale et par la voie
accessoire
(figure 11)
. Les formes avec
collapsus sont traitées par choc élec-
trique externe. L’utilisation d’agents dé-
primant la conduction (adénosine,
ATP) est contre-indiquée, car ces
drogues favorisent la transmission ex-
clusive des influx atriaux par la voie ac-
cessoire et induisent donc une accéléra-
tion de la fréquence ventriculaire. C’est
également en raison de ce risque que la
digoxine est contre-indiquée chez tous
les patients ayant une pré-excitation
ventriculaire.
Aucune méthode ne permet avec certi-
tude de prédire quels sont les enfants à
risque de syncope, mais l’étude électro-
physiologique permet de tester la vulné-
rabilité atriale et la perméabilité antéro-
grade de la voie accessoire
[19]
. On
conseille de réaliser cet examen vers
l’âge de dix ans, et une ablation par ra-
Médecine
& enfance
septembre 2008
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Figure 10
Tachycardie ventriculaire monomorphe
chez un nourrisson
Tachycardie à QRS larges, avec dissociation
entre les ondes P (cf DII) et les QRS.
Figure 11
ECG enregistré après une syncope chez
un enfant de douze ans
On voit des complexes QRS de morphologies
variables, irréguliers. Le RR le plus court
correspond à une fréquence ventriculaire
> 300/mn = fibrillation atriale conduite par
voie antérograde à la fois par la voie nodo-
hissienne et par un faisceau de Kent.
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