C O N G R È S Journées Françaises de Radiologie Paris, 3-7 novembre 1997 • G. Genin Les techniques d’imagerie effectuent actuellement des progrès rapides, notamment grâce aux avancées de l’informatique dévolue au traitement du signal. La coloscopie virtuelle remplacerat-elle un jour prochain la coloscopie, en particulier dans le cadre du dépistage ? Voici un aperçu des principaux travaux présentés dans le domaine de l’hépato-gastroentérologie au récent congrès de radiologie. L’IMAGERIE DU TUBE DIGESTIF Séances dirigées par P.J.Valette (Lyon),V.Vilgrain (Clichy), G. Schmutz (Caen) et P.Taourel (Montpellier) 62 L’échographie du tube digestif a bénéficié de l’amélioration des sondes de hautes fréquences pour différencier les différentes couches pariétales comme en écho-endoscopie (la muqueuse et la musculeuse hypoéchogène, la sous-muqueuse hyperéchogène). Le caractère non invasif, la disponibilité des examens échographiques, et l’augmentation des compétences des opérateurs expliquent l’augmentation des performances diagnostiques dans la pathologie appendiculaire, mais également dans les sigmoïdites, les iléites et les colites. Dans le contexte de l’urgence des douleurs de la fosse iliaque droite ou gauche atypiques (sur les seules données cliniques ou biologiques), il s’agit de l’examen de première intention. Dans ces contextes, l’échographie est La Lettre de L’Hépato-Gastroentérologue - n° 1 - février 1998 également utile pour éliminer une pathologie extra-digestive (colique néphrétique, cholécystite, pathologie tubo-ovarienne), pour reconnaître des lésions non chirurgicales comme une adénolymphite mésentérique chez l’enfant ou une banale appendicite épiploïque chez l’adulte. Si l’échographie apparaît très performante dans l’étude des épaississements pariétaux intestinaux, elle peut sous-estimer la souffrance pariétale (et notamment méconnaître des micro-pneumo-péritoines, une aéroportie ou une pneumatose pariétale) et surtout rester aspécifique. Les hématomes sous-muqueux du tube digestif (non traumatiques, à l’inverse des lésions traumatiques sousséreuses) sont facilement reconnus par le contexte clinique chez l’enfant (purpura rhumatoïde, syndrome hémolytique et urémique) comme chez l’adulte (essentiellement les anticoagulants, le purpura thrombotique thrombocytopénique ou le syndrome hémolytique et urémique de l’adulte, en particulier dans les cancers prostatiques, ou toutes autres anomalies de la crase sanguine). En revanche, en présence d’un syndrome diarrhéique ou hémorragique, la différenciation entre une colite ischémique et une colite bactérienne (notamment les colites à E. Coli de sérotype O157 : H7 responsables de diarrhées sanglantes) reste très difficile, car souvent l’aspect échographique se limite à un aspect congestif de la sous-muqueuse aspécifique (comme dans une rectocolite hémorragique ou une colite au glutaraldéhyde). L’infiltration de la graisse mésentérique est très utile pour reconnaître une pathologie infectieuse. Même si ces anomalies sont recherchées de mieux en mieux par les échographistes, le scanner reste l’élément de référence pour l’étude des infiltrations des différents mésos, quel que soit le morphotype du patient, quels que soient leurs m é c a n i s m e s : surtout une pathologie infectieuse et/ou inflammatoire, mais aussi une anomalie du retour veineux dans une torsion intestinale, une infiltration séro-hématique dans une souffrance pariétale ischémique (veineuse ou artérielle), une sclérolipomatose, une panniculite mésentérique, une appendicite épiploïque ou une torsion du grand épiploon. La qualité diagnostique du scanner dans les syndromes hyperalgiques de l’appendicite épiploïque comme pour la torsion du grand épiploon permet de surseoir à une intervention chirurg i c a l e . Le scanner reste le document essentiel pour l’étude des espaces péri-digestifs et il est fondamental dans la recherche d’une perforation d’organe creux pour reconnaître des micro-pneumopéritoines. La place du scanner hélicoïdal dans l’étude du tube digestif n’apparaît pas déterminante comme dans les pathologies hépatiques ou pancréatiques. Cette exploration hélicoïdale (avec reconstructions) est toutefois utile pour les syndromes occlusifs pour mieux définir le siège et la nature de l’obstruction intestinale. La Lettre de L’Hépato-Gastroentérologue - n° 1 - février 1998 En pratique : on tend actuellement à faire converger les auteurs vers une complémentarité des examens échographique et scanographique. Mais dans cette “cuisine” radiologique, quel devrait être le premier plat ? Chez l’enfant, il s’agit sans nul doute de l’exploration échographique, et de même pour un adulte (et a fortiori pour une femme) pour l’exploration de la pathologie vésiculaire et des urgences des fosses iliaques ou du pelvis. En revanche, en présence de douleurs épigastriques violentes, ou devant la crainte de la perforation d’un organe creux, l’exploration scanographique est à réaliser en priorité pour la recherche d’un pneumopéritoine “infra-radiologique”, d’un ulcère perforé gastroduodénal, ou d’une pancréatite. Pour de nombreux auteurs, l’exploration scanographique est privilégiée également dans l’exploration initiale des syndromes occlusifs et la recherche d’une maladie diverticulaire compliquée. LA CHOLANGIO-IRM : UN AVENIR CERTAIN ! Séances animées par P. Bret (Toronto) et D. Régent (Nancy) Pourquoi ? La cholangiographie IRM a bénéficié des récents progrès technologiques et de nombreuses études d’évaluation clinique, avec une très bonne concordance interobservateur sur toutes les séries présentées, de rares erreurs diagnostiques en confrontation avec le cathétérisme rétrograde, permettant d’avoir une exploration globale des voies biliaires, même périphériques, et des voies pancréatiques, avec une aisance diagnostique du niveau de l’obstacle ou de sa nature. Le but de cette exploration est de mieux définir les indications ou les stratégies thérapeutiques ultérieures. Quand ? Toute pathologie obstructive biliaire peut faire l’objet d’une investigation, quel que soit l’état clinique du patient puisque sa coopération n’est plus nécessaire avec la pratique du “Single Shot” (avec des coupes de moins de 2 secondes). Les ambitions de la cholangio-IRM sont de définir la meilleure thérapeutique ultérieure devant tout syndrome obstructif bilio-pancréatique, avant toute autre procédure invasive, en assurant des performances diagnostiques au moins équivalentes à celles du cathétérisme rétrograde ou de la cholangiographie percutanée. Toutefois, la disponibilité de l’IRM ou l’absence de remise à niveau de ces appareillages (pour ces nouvelles séquences) reste un obstacle incontournable pour beaucoup de structures publiques (même en CHU) ou privées. Il faut mentionner également la performance actuelle de la cholangio-IRM pour l’étude des anastomoses bilio-digestives et la visualisation des voies biliaires périphériques qui fait souvent défaut dans les explorations rétrogrades (surtout en cas de cholangite ou de tumeur hilaire). Certains auteurs proposent également la cholangioIRM comme un examen de dépistage des cholangites sclérosantes des entéropathies inflammatoires chroniques (surtout 63 C O N G R È dans la rectocolite hémorragique) devant toute anomalie du bilan biologique hépatique, mais le problème du diagnostic de la dégénérescence en cholangiocarcinome n’est pas résolu. Comment ? On doit retenir la tendance actuelle en faveur des coupes épaisses, souvent de 10 à 20 mm, avec un TE très long de plus de 500 ms (jusqu’à 1100 ms) pour réduire tous les artefacts veineux (hépatiques ou portaux) et ne reconnaître que les “structures liquidiennes stagnantes” (biliaire ou vésiculaire). Les principaux plans de référence sont les plans frontal et frontal-oblique, plus rarement sagittal. Secondairement, on peut utiliser les coupes fines axiales, notamment pour préciser l’extension des cholangiocarcinomes de la voie biliaire principale (selon la classification de Bismuth). La technique des coupes épaisses en Single Shot Fast Spin Echo (SSFSE) a l’avantage d’une simplicité de lecture en supprimant notamment l’étape des reconstructions (MIP). Des limites ? Les seules limites diagnostiques actuelles sont la reconnaissance des microlithiases de moins de 2 mm, l’individualisation d’une pathologie ampullaire et les artefacts d’hyposignal (pseudolithiasique) des aérobilies, du sludge ou de la boue biliaire conglomérée. LA COLOSCOPIE VIRTUELLE : DES PROGRÈS À SUIVRE Séance animée par V.Vilgrain (Clichy) et J. Pringot (Bruxelles) Il s’agit d’une acquisition volumique à partir d’une exploration TDM spiralée. Le but n’est pas seulement de pallier les échecs d’une coloscopie mais de “s’attaquer” également au dépistage des polypes par une méthode peu invasive (avec une faible valeur prédictive négative). La préparation colique est identique à celle d’une endoscopie. Une acquisition scanographique hélicoïdale est nécessaire sur près de 40 cm de hauteur, avec une irradiation minimale. Cette méthode va explorer également la totalité du cadre colique, même en présence d’une sténose “infranchissable”. L’association des différentes méthodes de reconstruction semble prometteuse. Des constructeurs proposent un logiciel (“navigator”) pour se promener même dans un dolicho-côlon. La définition du seuil de segmentation idéale reste à définir pour la fiabilité du dépistage de petites formations polypoïdes. L’interprétation des coupes axiales transverses permet de mieux reconnaître les résidus fécaux. Les problèmes actuels restent les polypes plans, les petits polypes masqués par une haustration colique, les résidus liquidiens ou un défaut d’expansion aérique du côlon. On atteint une sensibilité de 75 % pour des polypes de plus de 10 mm. La relecture a pu montrer également des faux négatifs de l’endoscopie, pourtant considérée comme le “Gold La Lettre de L’Hépato-Gastroentérologue - n° 1 - février 1998 S Standard”. Il s’agit donc d’une investigation sérieuse mais une amélioration de la préparation colique et un long apprentissage de lecture paraissent indispensables pour augmenter les performances de la méthode. IMAGERIE DU FOIE : PEU DE RÉVOLUTION Séance animée par Y. Menu (Clichy) et L. Engelhom (Belgique) Le point de vue du chirurgien : une “affaire de spécialiste” (J. Belghiti, Clichy). Il existe une importante extension des indications chirurgicales dans les métastases hépatiques qui met les radiologues en première ligne pour la qualité des bilans d’extension préopératoires. La chirurgie des métastases coliques augmente considérablement la survie des patients avec des métastases uniques et même multiples. La mortalité opératoire est actuellement très basse (1 à 2 %) pour des métastases uniques. La marge de résection conditionne la survenue de récidive et serait également un facteur d’échec des traitements locaux. Une embolisation portale permet d’élargir ces indications aux patients ayant moins de 30 % de foie sain en préopératoire ; le drainage biliaire peut également augmenter le volume de foie restant. Il existe toujours un débat chirurgical pour la prise en charge du cancer colique avec des métastases hépatiques synchrones (en dehors des métastases superficielles facilement accessibles). La chirurgie hépatique devrait être considérée comme une chirurgie spécialisée justifiant des approches “multi-opérateurs” des cancers coliques avec métastases hépatiques. Ainsi, il peut être réalisé lors de l’intervention initiale une ligature d’une branche portale droite pour des métastases hépatiques droites, permettant d’assurer une expansion du foie gauche sain (de plus de 40 %) dans les semaines suivantes (4 à 6 semaines) et une hépatectomie droite différée non compliquée (avec une parfaite tolérance clinique). Le bénéfice de la chimiothérapie préopératoire (prés d’un tiers des malades) a pu être exceptionnel dans 20 % des cas dans l’expérience de J. Belghiti, mais elle n’a pas diminué la tolérance de la chirurgie hépatique. Les récidives postopératoires sont également des indications potentielles de la chirurgie hépatique, avec des résections mineures mais souvent difficiles (plus hémorragiques), avec une survie de 15 % à 5 ans. A i n s i les bilans d’imagerie sont capitaux pour le dépistage de ces récidives conduisant à des résections itératives. L’échographie peropératoire est systématique, malgré un apport minime de près de 10 % (par rapport au progrès des bilans préopératoires), essentiellement pour guider le geste de résection durant l’intervention. Il semble que la chimiothérapie préopératoire pourrait prendre de l’ampleur dans les années futures. Enfin, la recherche de localisations pulmonaires par le scanner préopératoire est systématique, en sachant que la présence de nodule métastatique pulmonaire ne constitue plus actuellement une contre-indication pour la chir u rgie hépatique. 65 C O N G R È Les tumeurs bénignes (M.P. Géraud, Caen). A partir d’une série chirurgicale importante de 60 tumeurs bénignes du foie, le diagnostic final n’a pu être affirmé que dans près de 40 % des cas. Les auteurs rapportent l’intérêt d’une approche radioclinique en rappelant que la cœliochirurgie peut faire des biopsies de qualité et que la chirurgie hépatique de résection segmentaire devient “bénigne” dans des mains expertes. V. Vilgrain remet en cause la faible pertinence des performances radiologiques sans une méthodologie rigoureuse (avec seulement 22 patients ayant bénéficié d’une IRM). Les nodules dans la maladie de Budd-Chiari (M. Lewin, Clichy). Les auteurs montrent la fréquence des nodules de régénération (ou plutôt des “nodules cirrhotiques” selon V. Vilgrain), multiples et homogènes, typiquement hyperdenses spontanément en TDM et hyperintenses en T1 et T2, mais également des hépatocarcinomes (surtout en cas d’obstruction membraneuse de la veine cave inférieure) plutôt hétérogènes. La différenciation des lésions bénignes et malignes peut toutefois rester difficile dans le contexte particulier en présence de ces multiples lésions hypervasculaires. Les nodules du cirrhotique (S. Zaim, Paris). Soixante-trois lésions ont pu être retenues après une exploration hélicoïdale de 48 patients cirrhotiques. Aucune lésion hypervasculaire n’était bénigne. En revanche, l’hypovascularisation reste aspécifique pouvant correspondre à un nodule de régénération ou à un hépatocarcinome peu différencié. Ces études rappellent l’intérêt de l’exploration biphasique hélicoïdale hépatique (phase artérielle précoce et veineuse tardive), et plus particulièrement l’apport de la phase artérielle précoce pour la reconnaissance des hépatocarcinomes (hypervasculaires). C. Lherminé note également le problème des petits angiomes hypervasculaires trompeurs si l’on ne tient pas compte de la cinétique du rehaussement. Il n’existe pas actuellement de critère prédictif selon la taille des lésions, même si statistiquement un nodule de plus de 3 cm a plus de chance d’être un hépatome, surtout si l’on dispose d’un bilan radiologique précédent normal. IMAGERIE PANCRÉATIQUE Séances dirigées par Y. Menu (Clichy) et L. Engelhom (Bruxelles) Quelle est la meilleure technique en 1997 ? Il n’existe pas encore de véritables substitutions du scanner par l’IRM. De nombreuses études donnent actuellement une place privilégiée au scanner hélicoïdal et des investigations supplémentaires restent nécessaires pour définir la place de l’IRM. Le scanner conventionnel est définitivement délaissé dans toutes les communications et ne semble plus pouvoir être comparé aux performances actuelles du scanner hélicoïdal. La Lettre de L’Hépato-Gastroentérologue - n° 1 - février 1998 S L’apport du scanner hélicoïdal a été étudié (X. Meyer, Lyon) dans l’exploration des obstructions bilio-pancréatiques en rappelant l’intérêt du balisage hydrique (900 ml) (sans la gastrografine habituelle des scanners abdomino-pelviens) et d’une étude biphasique (artérielle et veineuse) avec une collimation fine de 3 mm. La qualité diagnostique est améliorée (90 % de sensibilité pour les adénocarcinomes pancréatiques). Il existe une très bonne reproductibilité avec une très bonne sensibilité pour détecter les envahissements vasculaires et les infiltrations péritumorales venant compromettre la résécabilité des adénocarcinomes pancréatiques (même si on sous-estime encore les lésions non résécables). Cette résécabilité peropératoire reste parfois subjective selon l’environnement chirurgical et l’état général du patient. Certains ayant mentionné l’effet néfaste des injections de produit de contraste dans les pancréatites aiguës, cela a motivé une étude IRM pour l’évaluation des pancréatites aiguës par l’équipe de P. Bret (Montréal) qui a montré une équivalence des performances diagnostiques par rapport au scanner pour la stadification des lésions pancréatiques et péripancréatiques. Les séquences IRM rapides en apnée ont été étudiées pour la caractérisation des lésions pancréatiques (D. Krausé et coll., Dijon). Les explorations en T1 sont ainsi apparues très performantes surtout pour les bilans d’extension locorégionale. En accord avec l’orateur, les modérateurs (Y. Menu, L. Engelhom) rappellent qu’il n’existe pas d’uniformité des machines actuellement disponibles (avec des performances très variables des résultats) et l’apparition de nouvelles séquences, en particulier de type vasculaire, laisse présager des progrès futurs. Attention au diagnostic de “polykystose pancréatique”. L’atteinte pancréatique est très élevée sur les études autopsiques (72 %) de la maladie de Von Hippel Lindau et cela a été confirmé par une étude remarquable de V. Vilgrain à partir de 149 sujets. Les diagnostics portés par l’imagerie sont des kystes simples, des cystadénomes séreux, ou des tumeurs endocrines. Une multikystose pancréatique est définie arbitrairement à partir de 5 lésions kystiques. Il existe des calcifications (50 % des cas) arciformes ou punctiformes, voire annulaires. Les cystadénomes séreux (9 % des cas) sont également souvent calcifiés, avec des cloisons fibreuses et souvent une atteinte panglandulaire. Ces différentes lésions peuvent s’associer entre elles. Les lésions sont en règle asymptomatiques. Il n’existe pas de risque plus important d’adénocarcinome pancréatique. Dans près de la moitié des cas, les tumeurs endocrines peuvent présenter histologiquement des signes de malignité. L’existence d’une multikystose pancréatique (rare en dehors de 10 % des polykystoses hépatorénales) associée à une tumeur rénale doit faire rechercher systématiquement, même en l’absence de lésion neurologique, une maladie de Von Hipppel Lindau avec une enquête génétique. 67 C O N G R È Le diagnostic de tumeur mucineuse intracanalaire a été proposé (J.F. Rauturier, Bordeaux) par une approche IRM (séquence HAST) avec typiquement : une dilatation du canal pancréatique principal et/ou des canaux secondaires (“en nid d’abeille”), des lésions kystiques en “grappe”, et dans un quart des cas des anomalies de la papille (typiquement béante). Le contenu des kystes peut avoir un signal IRM différent des liquides de voisinage, probablement en raison de leur composante mucineuse. La sécrétion de mucus est retrouvée en endoscopie alors que le diagnostic clinique initial est souvent celui d’une pancréatite chronique. La communication de l’équipe de Bruxelles (S. Willemart) nous rappelle que la TDM permet également d’évoquer le diagnostic pour éviter le caractère invasif d’un cathéterisme rétrograde de la papille. Le potentiel malin des lésions impose une sanction chirurgicale en l’absence de contre-indication chirurgicale (en sachant que ces tumeurs peuvent évoluer lentement). Idéalement, la possibilité de localisations multiples devrait imposer une pancréatectomie totale. La lésion tumorale tissulaire (prolifération papillaire intracanalaire) doit être recherchée au niveau de la dilatation maximale. L’IRM permet de mieux montrer les dilatations canalaires secondaires du processus unciforme. Il peut exister une atrophie du tissu pancréatique et des calcifications voisines d’une pancréatite chronique. La surveillance des gre ffes pancréatiques. L’évaluation de l’imagerie dans les complications des greffes pancréatiques a été présentée par l’équipe du Kremlin-Bicêtre (L. Rocher et coll.). L’écho-doppler permet surtout de reconnaître de nombreuses complications vasculaires (thrombose artérielle ou veineuse), mais il reste malheureusement peu sensible dans les rejets (dont le diagnostic reste fondé sur les données cliniques et biologiques). RADIOLOGIE INTERVENTIONNELLE Séances multiples organisées par la SIAD (Société d’Imagerie Digestive) et/ou le CRI (Collège de Radiologie Interventionnelle). La photocoagulation au laser des “petites” métastases (A. Gangi, Strasbourg). Classiquement réservée aux tumeurs de moins de 4 cm sous contrôle échographique ou scanographique, cette technique pourrait être une alternative chirurgicale pour le futur. Le traitement doit déborder sur la périphérie de la lésion avec plusieurs fibres optiques pour limiter le risque de récidive. Les métastases de plus de 4 cm ont été reprises ultérieurement. Les principales complications rapportées sont des douleurs transitoires et exceptionnellement un hématome sous-capsulaire. La précision du laser assure la supériorité de cette méthode par rapport à l’utilisation de l’alcool. La diminution actuelle du prix des fibres optiques devrait rendre cette thérapeutique beaucoup moins coûteuse. L’ablation par radiofréquence hépatique (M. Hoey, La Lettre de L’Hépato-Gastroentérologue - n° 1 - février 1998 S Minneapolis). L’ablation par radiofréquence est limitée aux lésions de petite taille du fait des phénomènes de vaporisation (qui forme un isolant autour de l’aiguille). L’infusion concomitante de sérum salé hypertonique permet d’accéder à des lésions plus larges. Il s’agit, là encore, d’études expérimentales (chez le chien). Le lipiodol intra-artériel (Lipiocis) pour l’hépatocarcinome : plutôt décevant ! Il s’agit d’une étude multicentrique (T. de Baère, Villejuif, P. Taourel, Montpellier, J.M. Tubiana, Paris) réservée au traitement des lésions inopérables avec une thrombose portale avec l’injection intra-artérielle de lipiodol radioactif (LIP 131). La survie reste médiocre avec une médiane de survie de 147 jours. Il a été retenu de nombreuses complications (essentiellement des insuffisances hépatocellulaires). Il s’agit également d’un traitement très lourd et très coûteux dont l’avenir paraît douteux pour tous les auteurs. Le shunt porto-cave percutané. Il existe maintenant près de 7 ans de recul depuis les premiers TIPS (shunt intrahépatique porto-systémique) et ce recul permet de présenter des séries importantes (notamment 242 malades pour l’équipe de Metz). On peut donc admettre le bénéfice de cette procédure pour le traitement en urgence des ruptures de varices (avec un succès dans 75 à 90 % des cas) avec une mortalité immédiate et à moyen terme plus élevée pour les Child C. Une réintervention dans les 2 ans a été nécessaire dans 66 % des cas, essentiellement par une obstruction secondaire par une hyperplasie néointimale. L’efficacité sur les ascites réfractaires est moins probante selon certaines équipes (85 % pour l’équipe de Metz, 78 % pour l’équipe de Lille, et 64 % pour l’équipe de Toulouse), et elle est conditionnée essentiellement par la sélection des patients. Tous les auteurs confirment que les TIPS doivent être réservés en priorité aux échecs du traitement médical et dans l’optique d’une possible transplantation ultérieure. L’embolisation portale préopératoire du foie cirrhotique (A. Denys, Clichy). Une étude de l’embolisation portale droite percutanée avant une hépatectomie droite chez des sujets cirrhotiques porteurs d’un hépatocarcinome montre une faible augmentation de la pression portale (3mmHg) sans retentissement clinique, et une bonne tolérance biologique avec une augmentation transitoire des gamma-GT (+20 %) et des transaminases (+40 %) lors de la première semaine, et surtout une augmentation de 37 % du volume du foie gauche. Biopsie hépatique “ à risque ” (P. Chevalier, Nice). Il est possible de maintenir l’indication d’une biopsie percutanée chez des sujets à risques (TP inférieur à 60 %, plaquette inférieure à 80 000/mm3, ascite, etc.) en embolisant le trajet percutané au décours immédiat du prélèvement. Les auteurs rapportent 28 ® cas avec une embolisation du trajet avec de l’Histoacryl (enbu69 crilate), sans aucune complication hémorragique majeure. QUELQUES NOTES INTÉRESSANTES défécographies pour ne pas méconnaître ses interpositions digestives (le plus souvent des élytrocèles). D i v e rticules de Meckel atypiques. Les présentations atypiques sont essentiellement des diverticulites, des entérolithiases, des hernies inguinales (“hernie de Littré”), des greffes néoplasiques (léiomyosarcomes), et des formes inversées avec un aspect pseudolipomateux en TDM si l’on fait abstraction de la paroi invaginée entourant la structure endoluminale. Thrombose portale après splénectomie. Elle doit être recherchée pratiquement exclusivement dans les contextes hématologiques (surtout pour les syndromes myéloprolifératifs), mais elle reste rare (4 à 6 % seulement), souvent asymptomatique, et parfois extensive au tronc porte (s’accompagnant alors d’un état fébrile). Elle répond au traitement anticoagulant dans tous les cas décrits Entérocèle méconnue. L’exploration des pesanteurs anopérinéales associées à des rectocèles ou une constipation terminale doit faire envisager l’opacification du grêle lors des Une autre étiologie de la cholangite sclérosante. La mucoviscidose. ■ Vous avez pris connaissance de ce premier numéro de La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue. Nous espérons qu’il a retenu votre attention et vous remercions de nous faire part de vos remarques et suggestions. 70 La Lettre de L’Hépato-Gastroentérologue - n° 1 - février 1998