La Lettre de L’Hépato-Gastroentérologue - n° 1 - février 1998 63
également utile pour éliminer une pathologie extra-digestive
(colique néphrétique, cholécystite, pathologie tubo-ovarienne),
pour reconnaître des lésions non chirurgicales comme une adé-
nolymphite mésentérique chez l’enfant ou une banale appen-
dicite épiploïque chez l’adulte. Si l’échographie apparaît très
performante dans l’étude des épaississements pariétaux intes-
tinaux, elle peut sous-estimer la souffrance pariétale (et
notamment méconnaître des micro-pneumo-péritoines, une
aéroportie ou une pneumatose pariétale) et surtout rester aspé-
cifique. Les hématomes sous-muqueux du tube digestif (non
traumatiques, à l’inverse des lésions traumatiques sous-
séreuses) sont facilement reconnus par le contexte clinique
chez l’enfant (purpura rhumatoïde, syndrome hémolytique et
urémique) comme chez l’adulte (essentiellement les anticoa-
gulants, le purpura thrombotique thrombocytopénique ou le
syndrome hémolytique et urémique de l’adulte, en particulier
dans les cancers prostatiques, ou toutes autres anomalies de la
crase sanguine). En revanche, en présence d’un syndrome
diarrhéique ou hémorragique, la différenciation entre une coli-
te ischémique et une colite bactérienne (notamment les colites
à E. Coli de sérotype O157 : H7 responsables de diarrhées san-
glantes) reste très difficile, car souvent l’aspect échographique
se limite à un aspect congestif de la sous-muqueuse aspéci-
fique (comme dans une rectocolite hémorragique ou une coli-
te au glutaraldéhyde).
L’infiltration de la graisse mésentérique est très utile
pour reconnaître une pathologie infectieuse. Même si ces
anomalies sont recherchées de mieux en mieux par les
échographistes, le scanner reste l’élément de référence
pour l’étude des infiltrations des différents mésos, quel
que soit le morphotype du patient, quels que soient leurs
m é c a n i s m e s : surtout une pathologie infectieuse et/ou
inflammatoire, mais aussi une anomalie du retour veineux
dans une torsion intestinale, une infiltration séro-héma-
tique dans une souffrance pariétale ischémique (veineuse
ou artérielle), une sclérolipomatose, une panniculite
mésentérique, une appendicite épiploïque ou une torsion
du grand épiploon. La qualité diagnostique du scanner
dans les syndromes hyperalgiques de l’appendicite épi-
ploïque comme pour la torsion du grand épiploon permet
de surseoir à une intervention chirurg i c a l e .
Le scanner reste le document essentiel pour l’étude des espaces
péri-digestifs et il est fondamental dans la recherche d’une per-
foration d’organe creux pour reconnaître des micro-pneumo-
péritoines. La place du scanner hélicoïdal dans l’étude du tube
digestif n’apparaît pas déterminante comme dans les patholo-
gies hépatiques ou pancréatiques. Cette exploration hélicoïdale
(avec reconstructions) est toutefois utile pour les syndromes
occlusifs pour mieux définir le siège et la nature de l’obstruction
intestinale.
En pratique : on tend actuellement à faire converger les
auteurs vers une complémentarité des examens échogra-
phique et scanographique. Mais dans cette “cuisine” radiolo-
gique, quel devrait être le premier plat ? Chez l’enfant, il
s’agit sans nul doute de l’exploration échographique, et de
même pour un adulte (et a fortiori pour une femme) pour l’ex-
ploration de la pathologie vésiculaire et des urgences des
fosses iliaques ou du pelvis. En revanche, en présence de dou-
leurs épigastriques violentes, ou devant la crainte de la perfo-
ration d’un organe creux, l’exploration scanographique est à
réaliser en priorité pour la recherche d’un pneumopéritoine
“infra-radiologique”, d’un ulcère perforé gastroduodénal, ou
d’une pancréatite. Pour de nombreux auteurs, l’exploration
scanographique est privilégiée également dans l’exploration
initiale des syndromes occlusifs et la recherche d’une maladie
diverticulaire compliquée.
LA CHOLANGIO-IRM :UN AVENIR CERTAIN !
Séances animées par P. Bret (Toronto) et D.Régent (Nancy)
Pourquoi ? La cholangiographie IRM a bénéficié des récents
progrès technologiques et de nombreuses études d’évaluation
clinique, avec une très bonne concordance interobservateur sur
toutes les séries présentées, de rares erreurs diagnostiques en
confrontation avec le cathétérisme rétrograde, permettant
d’avoir une exploration globale des voies biliaires, même péri-
phériques, et des voies pancréatiques, avec une aisance dia-
gnostique du niveau de l’obstacle ou de sa nature. Le but de
cette exploration est de mieux définir les indications ou les stra-
tégies thérapeutiques ultérieures.
Quand ? Toute pathologie obstructive biliaire peut faire l’objet
d’une investigation, quel que soit l’état clinique du patient
puisque sa coopération n’est plus nécessaire avec la pratique du
“Single Shot” (avec des coupes de moins de 2 secondes). Les
ambitions de la cholangio-IRM sont de définir la meilleure thé-
rapeutique ultérieure devant tout syndrome obstructif bilio-pan-
créatique, avant toute autre procédure invasive, en assurant des
performances diagnostiques au moins équivalentes à celles du
cathétérisme rétrograde ou de la cholangiographie percutanée.
Toutefois, la disponibilité de l’IRM ou l’absence de remise à
niveau de ces appareillages (pour ces nouvelles séquences) reste
un obstacle incontournable pour beaucoup de structures
publiques (même en CHU) ou privées. Il faut mentionner éga-
lement la performance actuelle de la cholangio-IRM pour l’étu-
de des anastomoses bilio-digestives et la visualisation des voies
biliaires périphériques qui fait souvent défaut dans les explora-
tions rétrogrades (surtout en cas de cholangite ou de tumeur
hilaire). Certains auteurs proposent également la cholangio-
IRM comme un examen de dépistage des cholangites scléro-
santes des entéropathies inflammatoires chroniques (surtout