Dossier D ossier Introduction – Introduction IP B. de Lafontan N ous avons choisi de vous présenter dans ce dossier quelques exemples de nouvelles modalités de prise en charge des patientes atteintes d’un cancer du sein. Ces nouveautés sont destinées à aider ces femmes à mieux vivre les différentes étapes de leur maladie, en leur permettant de mieux se les approprier. Elles traduisent les préoccupations, assez nouvelles, du corps médical d’aller au-delà d’un traitement efficace et bien conduit, pour offrir aux patientes de l’empathie, du bien-être et plus de sérénité. L’objectif est de développer, à chaque étape, un environnement et une organisation optimaux, comme on le retrouve couramment dans des pratiques commerciales, en particulier de loisir. J.-L. Labourey nous présente la première consultation d’annonce, qui n’en avait pas encore le nom, et qui a le mérite d’avoir été mise en place en 1998 ! Elle est déjà associée à la consultation infirmière et aussi à des groupes d’information et de parole, qui nous viennent des pays anglo-saxons et qui sont très appréciés par les patientes dans les quelques démarches expérimentales françaises. F. Dravet nous décrit la chirurgie ambulatoire, ses avantages et ses limites. Elle est largement utilisée dans les pays anglosaxons, mais a des difficultés à se développer en France, bien que la durée d’hospitalisation moyenne ait largement diminué ces vingt dernières années. La chimiothérapie par voie orale, décrite par P. Rivera, n’est aujourd’hui utilisée que chez les patientes métastatiques. L’avenir permettra sans doute de l’utiliser en adjuvant, en gardant à l’esprit que les patientes doivent être sélectionnées pour privilégier la compliance. La sophrologie, décrite par N. Bariot et l’hypnose pendant les macrobiopsies, développée par V. Bouté contribuent à apprivoiser l’angoisse pour mieux la gérer. Enfin, I. Dagousset nous présente un réseau de surveillance de la région parisienne, qui implique des cancérologues, mais aussi des gynécologues et des médecins généralistes. Le réseau permet des prises en charge optimales et complémentaires : les médecins sont formés, les protocoles de suivi sont validés et actualisés et les patientes ont une offre de soin plus complète (qui mieux qu’une gynécologue peut prendre en charge la contraception, le THS ou les conséquences des traitements antihormonaux après cancer du sein ?). L’enregistrement du suivi dans le cadre du réseau permet, en outre, d’éviter les patientes “perdues de vue”. C’est au corps médical de généraliser ces pratiques qui correspondent aux demandes largement exprimées par les patientes.n Bilan d’une consultation infirmière avec un programme d’éducation des patients traités pour un cancer : évaluation à 5 ans End result of a nurse consultation associated with an educational program of treated patients for cancer: evaluation at 5 years IP J.-L. Labourey, C. Suran, J. Lehomme, C. Raffy †, M. Pépion, C. Peyroux, C. Appert, E. Boulaye, J. Martin, D. Genet, N. Tubiana-Mathieu* A ujourd’hui, les patients porteurs d’un cancer souhaitent être informés sur leur maladie (1, 2), et dans l’immense majorité, ils connaissent leur diagnostic (3). Toutefois, la compréhension de la maladie, des modalités thérapeutiques et des objectifs des traitements est loin d’être toujours connue ou assimilée, puisque 30 à 50 % des patients disent ne pas comprendre leur traitement (4). La compréhension du diagnostic et des différentes étapes du traitement permet une meilleure adhésion à celui-ci (5) et a un impact sur la durée et la qualité de vie (1, 6-8). En 1998, dans le service d’oncologie du CHU de Limoges, une consultation infirmière à l’annonce du diagnostic et/ou de la récidive a été mise en place, ainsi que des groupes d’information sur la pathologie cancéreuse et sa prise en charge. Ces derniers sont proposés aux patients commençant une chimiothérapie. Ils ont été créés à la suite de réflexion de patients qui se disaient abreuvés d’informations “sensationnelles” par les médias, avec un impact le plus souvent négatif sur le vécu de la maladie (espoirs déçus). * CHU Limoges, avenue Martin-Luther-King, 87042 Limoges. Les soignants intervenants, médecins ou autres, sont nombreux dans la prise en charge d’un patient atteint de cancer, tous en charge d’expliquer ou tout au moins “d’aider”. S’il n’est pas possible et certainement pas souhaitable d’uniformiser les discours de chacun, des messages “concordants” sont essentiels pour le patient. L’information est, certes, à adapter à chaque patient en tenant compte des données psychologiques et somatiques, toutefois, des idées communes sur la réalité des différentes étapes thérapeutiques et de soins peuvent être énoncées clairement. Un travail d’équipe soudée avec une volonté commune a permis de débuter une telle expérience et d’en faire les premières évaluations. L’équipe L’équipe impliquée dans ce projet d’information comprenait : une infirmière clinicienne, une infirmière formée à “l’entretien”, une psychologue, deux médecins oncologues médicaux. Ce noyau s’est élargi à pratiquement l’ensemble du personnel La Lettre du Sénologue - n° 36 - avril-mai-juin 2007