-signes cutanés (prurit généralisé ou localisé, prurigo, larva migrans, œdème
dur) : loase, onchocercose, filariose lymphatique, anguillulose.
-signes pulmonaires : dyspnée asthmatiforme (phase invasive d'ascaridiose,
de bilharziose, d'anguillulose)
-signes musculaires : trichinose, toxocarose
-signes hépatiques : bilharziose d'invasion, bilharziose intestinale à la phase
d'état, fasciolase, hydatidose
-signes digestifs : douleurs épigastriques (ankylostomiase, anguillulose,
anisakiase), douleurs abdominales et ballonnements (taeniasis), diarrhées
(bilharziose intestinale, distomatose intestinale, trichocéphalose, anguillulose
maligne)
-prurit anal (oxyurose)
-signes urinaires : hématurie, dysurie, infection urinaire (bilharziose urinaire),
chylurie (filariose lymphatique)
-L'hyperéosinophilie et les traitements anti-parasitaires
Un pic d’éosinophilie au décours d’un traitement anti-parasitaire est un signe
d’efficacité, il y a alors libération de matériel antigénique par lyse du parasite.
Remarques générales concernant les limites de la parasitologie des selles
L'examen parasitologique des selles (EPS) n'est positif qu'après maturation
des larves en adulte. L'hyperéosinophilie est la plus élevée pendant la phase
d'infestation lorsque le parasite est sous forme larvaire. Il y a donc décalage
entre HE et positivité de l’examen parasitologique des selles.
La recherche d'œufs d'helminthes dans les selles est toujours négative lors de
la phase d'infestation. Cet examen doit être répété à plusieurs mois d'intervalle
avant de conclure à sa négativité. La production d'œufs est discontinue, elle se
traduit par l'existence de périodes "d'expression muette" sans émission
d'œufs, ce qui justifie de répéter les examens de selles. Trois examens
négatifs permettent d'écarter le diagnostic sans grand risque d'erreur.
L'EPS est toujours négatif pour les parasites en impasse parasitaire
(toxocarose, trichinose, anisakiase).
Remarques générales concernant les limites de la sérologie parasitaire
La synthèse sérique d'Ac est parallèle à la montée des éosinophiles sanguins.
Les dosages sériques doivent être répétés pour mettre en évidence une
ascension des Ac, seule véritablement significative. La fréquence des
réactions croisées en cas d'helminthiases rend leur interprétation délicate. Les
parasites strictement endocavitaires (oxyure, trichocéphale) n’induisent pas la
synthèse d’Ac sériques.
Diagnostic clinico-biologique d'une HE d'origine parasitaire
En pratique courante, il faut distinguer deux cas:
le patient n’a jamais quitté la France
: il faut alors penser aux
parasitoses autochtones.
-la distomatose hépatique à Fasciola hepatica est fréquente dans l’Aveyron
et dans les régions d’élevage, la contamination se fait principalement par
ingestion de cresson et de pissenlit. Lors de la phase d’invasion, l'examen
clinique révèle une fièvre et une hépatomégalie douloureuse surtout à la
palpation ; l'’HE est alors maximale et peut être considérable (10 à 30 x 10
9
/l).
Elle s'accompagne d'une hyperleucocytose. L'examen sérologique permet le
diagnostic et la positivité de l'examen parasitologique des selles est retardée
(3
ème
mois), la recherche des œufs dans le selles restant difficile.
-la toxocarose ou syndrome de Larva migrans viscérale est également très
fréquente. Il existe une forme cutanée appelée « larbish ». Cette parasitose
cosmopolite est endémique en France, en particulier dans la région Midi-
Pyrénées. Il s'agit d'une zoonose parasitaire causée par l'errance, dans
l'organisme humain de larves de Toxocara canis (ascaris du chien) ou
Toxocara cati (ascaris du chat).
La contamination s'effectue par géophagie (enfants) ou promiscuité avec les
chiens.
L'infestation se manifeste en général par une forme mineure qui associe
asthénie, fébricule, myalgies (20% des cas), arthralgies au niveau de grosses
ou moyennes articulations et parfois véritables arthrites. Les manifestations
cutanées (prurit, urticaire, eczéma) ou pulmonaires (asthme) sont fréquentes.
L'HE est modérée. Les IgE totales sont élevées et des IgE anti-toxocara sont
décelées chez 75% des patients. Au début de la maladie on pourra noter une
hépatite biologique qui involuera spontanément, ne laissant parfois persister
qu'une élévation isolée de la GGT.
Le diagnostic repose sur la sérologie, confirmée par le Western-blot car il
existe des réactions croisées avec certaines helminthiases (anguillulose,
filariose, taenisasis). L'EPS sera toujours négatif.
Les formes majeures sont rares. La symptomatologie associe une
hépatomégalie importante, de la fièvre, des troubles respiratoires et une
asthénie avec éventuellement manifestations neurologiques et oculaires. L'HE
est massive et persistante > 20 x 10
9
/l avec une augmentation franche de la
VS, une hypergammaglobulinémie et souvent une anémie microcytaire
hypochrome. Le diagnostic de certitude ne pourra être établi que sur des
données anatomopathologiques (larves dans les coupes de ponction de foie).
-la trichinose doit être évoquée chez les chasseurs (contamination par
ingestion de viande de sanglier) ou lors d'épidémies urbaines (contamination
par ingestion de viande de cheval et de porc).
Les principaux signes cliniques sont les troubles digestifs (diarrhée, nausées,
vomissements), la fièvre, l'œdème de la face ou des membres et les myalgies.
L'HE est précoce, elle apparaît 2 semaines après la contamination avant
même les signes cliniques, elle est maximale à la 5
ème
semaine et se
normalise en 12 semaines. Les enzymes musculaires (CPK) sont élevées. Le
diagnostic est confirmé par la sérologie qui se positive 20 jours après
l'infestation et par la biopsie musculaire (si nécessaire).
-l’ascaridiose se voit en zone rurale, elle est due à l’ingestion de végétaux
souillés. Au stade larvaire, le diagnostic sera évoqué devant
l'hyperleucocytose avec HE. L’'EPS demeure négatif jusqu'au 60ème jour
après l'infestation quand l'HE est déjà en forte régression. Les réactions
sérologiques sont difficiles à interpréter en raison des réactions croisées. Au
stade adulte, l'HE est modérée voire absente. Le diagnostic repose sur l'EPS
et la mise en évidence d'œufs d'ascaris. Rarement, on découvre un ver adulte
dans les selles.
-l’oxyurose est une parasitose principalement infantile. Les enfants se
contaminent par géophagie ou par contact avec des objets souillés. On
observe un prurit anal nocturne, voire un prurit vulvaire chez la fillette, et une
irritabilité caractéristiques
Le diagnostic peut être effectué par observation de vers adultes à la surface
des selles. La recherche des œufs doit se faire par le test de Graham (scotch
test) : le matin, avant la toilette et avant toute défécation, on applique un ruban
de cellophane adhésive sur la peau déplissée de la marge anale. Ce test doit
être répété s'il est négatif et prescrit à la famille et/ou la collectivité.
-la trichocéphalose est une parasitose cosmopolite, le plus souvent
asymptomatique, à transmission tellurique. L'HE augmente progressivement
pendant l'incubation (un mois) mais régresse rapidement si bien qu'au moment
où le malade est vu en consultation, en général pour des troubles digestifs
mineurs, elle est normale ou subnormale et l'EPS met en évidence des œufs
de trichocéphales. Le pouvoir pathogène est fonction du nombre de vers
hébergés qui peuvent provoquer une anémie et une diarrhée sanglante si
l'infestation est massive.
-le taeniasis est transmis par la viande de bœuf ou de porc contaminée,
consommée crue ou peu cuite. C'est une des causes les plus fréquentes d'HE
parasitaire. Les signes cliniques digestifs sont vagues.
Le taux d'éosinophiles augmente pendant la phase de maturation du ver. Les
examens sérologiques sont généralement non significatifs et leur valeur
diagnostique est discutable. Le diagnostic sera confirmé avec l'élimination des
anneaux, à partir de la 12
ème
semaine quand l'hyperéosinophilie est redevenue
modérée. Le scotch test anal peut permettre la mise en évidence des œufs.
-l'hydatidose : cette parasitose retrouvée dans les régions d’élevage est
provoquée par les larves d'une cestode : Echinococcus granulosus. Cette
affection cosmopolite se retrouve dans tous les pays où se pratique l'élevage
de moutons. L'éosinophilie est le plus souvent normale, elle n'est élevée que
dans le cas de fissuration du kyste. Plusieurs techniques sérologiques sont
disponibles pour effectuer le diagnostic : 2 techniques sérologiques sont
habituellement utilisées, l'une qualitative et l'autre quantitative. L'immuno-
électrophorèse permet la mise en évidence de l'arc 5 caractéristique.
-l’anisakiase ou granulome éosinophilique du tractus gastro-intestinal est due
à la présence dans le tube digestif de l'homme d'une larve de nématode de la
famille des Anisakidae, parasite de poisson au stade larvaire. L'homme
s'infeste par consommation des poissons parasités. La diffusion de cette
affection est due à l'accroissement de la consommation du poisson cru ou peu
cuit (restaurants asiatiques). En outre, avec les nouvelles méthodes de pêche,
les poissons sont stockés en chambre froide avant d'être éviscérés.