311 Eosinophilie

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EOSINOPHILIE
Item 311
Philippe ARLET
Objectif pédagogique : devant une éosinophilie argumentez les principales
hypothèses diagnostiques et justifiez les examens complémentaires pertinents.
1. INTRODUCTION – DEFINITIONS
L’éosinophilie (ou hyperéosinophilie) est une anomalie biologique fréquente,
banale, dont la définition quantitative peut varier en fonction des auteurs. Nous
choisirons par simplicité le chiffre de 500 éléments ce qui correspond donc à 5
% de 10 000 GB.
Cette anomalie biologique, souvent de découverte fortuite sur
l’hémogramme, a des significations étiologiques très variées. C’est de plus un
paramètre quantitativement très variable dans le temps quelque soit l’étiologie.
2. LES PRINCIPALES HYPOTHESES DIAGNOSTIQUES
Une hyperéosinophilie doit toujours évoquer 3 domianes différents de la
pathologie :
- l’allergie
- les pathologies parasitaires
- des maladies rares : certaines vascularites et certaines hémopathies.
1.1 L’allergie : c’est probablement dans ce contexte que se retrouvent la
plupart du temps les patients chez lesquels on retrouve une éosinophilie.
Dans notre monde moderne où le médicament fait partie de la vie de
beaucoup de personnes, c’est très probablement à ce niveau là qu’il faut
chercher la cause d’une petite éosinophilie fluctuante, asymptomatique, de
celles que l’on rencontre très volontiers quand on fait des prises de sang.
La règle lorsqu’on découvre une éosinophilie sur une prise de sang sera
donc, en l’absence de symptômes cliniques, de savoir si le malade prend
un médicament et de suspecter ce médicament comme étant à l’origine de
cette anomalie.
Dans des contextes plus rares, lorsque le patient présente une maladie
allergique avérée, un syndrome de Lyell, une dermatose allergique, on
peut observer des éosinophilies importantes dépassant 1000 éléments et
persistant pendant plusieurs semaines.
L’asthme hyperéosinophilique est une entité clinico-biologique connue.
De ce fait trouver une hyperéosinophilie même importante chez un patient
asthmatique ne doit pas faire entreprendre forcément une recherche
étiologique autre.
Certains praticiens pratiquent ou recommandent le dosage des IgE pour
préciser le mécanisme allergique d’une éosinophilie. En fait ce dosage est
très peu spécifique, et ne doit pas être pratiqué car il n’a pas de valeur
diagnostique. Le dosage des IgE spécifiques peut par contre être utile dans
l’arsenal diagnostique en allergologie.
1.2 Les maladies parasitaires : l’éosinophilie est fréquente au cours des
maladies parasitaires, elle peut être modérée voire très modérée comme
dans des maladies aussi banales que l’oxyurose, il n’est pas utile de la
rechercher pour faire le diagnostic de ces pathologies bénignes qui
s’expriment le plus souvent par un prurit anal. Toutes les parasitoses ne
s’accompagnent pas d’éosinophilie.
Ce sont des parasitoses avec passage tissulaire du parasite qui vont donner
cette réaction responsable de l’éosinophilie qui peut être importante en
particulier dans les parasitoses autochtones à vers ronds type larva
migrans (toxocarose), distomatose, ascaridiose, anguillulose.
Le kyste hydatique ne donne pas d’éosinophilie importante sauf en cas de
rupture et là le tableau clinique est tout à fait particulier et grave.
C’est surtout les parasitoses observées en milieu tropical en particulier les
filarioses, la bilharziose qui donnent le plus souvent des éosinophilies
majeures qui peuvent atteindre 10 ou 20 000 éléments par mm3.
La trichinose est une maladie qui survient par petites épidémies d’origine
alimentaire, qui peut ne se traduire chez certains malades que par
l’éosinophilie alors que pour d’autres il y aura aussi des signes cliniques
parfois intenses au niveau musculaire en particulier.
1.3 En l’absence de contexte clinique franchement évident, chez un sujet
peu symptomatique, on ne recherchera les causes rares que lorsqu’on a un
recul suffisant de la présence d’une éosinophilie importante supérieure à
1000 depuis plusieurs mois.
1.4 Certaines situations peuvent faire penser aux maladies rares que sont
certaines vascularites telles que la maladie de Churg et Strauss.
Cette maladie est en principe assez bruyante, et souvent reconstitue une
histoire stéréotypée : c’est un asthmatique hyperéosinophilique qui
nécessite une corticothérapie, et qui va développer une altération de l’état
général avec des signes multisystémiques, alors même que l’asthme va
mieux et est éventuellement sevré de corticoïdes. L’éosinophilie persiste
et s’aggrave, et cet asthme hyperéosinophilique va se transformer en une
maladie générale, une vascularite de Churg et Strauss.
La fasciite avec éosinophilie est une forme rare de collagénose parfois
induite par des toxiques, qui se caractérise par une infiltration
oedémateuse cartonnée siégeant aux membres inférieurs. Le diagnostic se
fait par la biopsie qui montre l’atteinte du fascia.
1.5 Dans d’autres situations l’éosinophilie pourra faire évoquer une maladie
néoplasique soit un cancer, cela est exceptionnel, soit plutôt une
hémopathie maligne et en particulier certains syndromes
myéloprolifératifs, ou une maladie de HODGKIN.
L’éosinophilie que l’on peut voir au cours de certaines hémopathies ou au
cours de certaines thérapeutiques chimiothérapeutiques n’est qu’un
épiphénomène qui ne doit pas faire entreprendre de recherche particulière.
2. EXAMENS
COMPLEMENTAIRES
DIAGNOSTIC D’UNE EOSINOPHILIE
UTILES
DANS
LE
La démarche diagnostique est essentiellement clinique devant
une éosinophilie.
Si l’on évoque un problème allergique, c’est essentiellement par l’interrogatoire,
par l’évolution des symptômes à l’arrêt de l’allergène que l’on va faire le
diagnostic. Il n’y a quasiment pas besoin d’examens complémentaires.
Si l’on évoque une maladie parasitaire, c’est là encore la clinique qui va
orienter, en particulier le séjour en pays tropical, l’absorption de certains
poissons ou de certains aliments tels que du gibier ou du sanglier (trichinose).
C’est l’étude sérologique essentiellement, associée à l’examen parasitologique
des selles qui va permettre de confirmer les diagnostics de maladie parasitaire.
Il est important aussi de savoir si le patient a certains animaux présents à son
domicile (toxocara canis, toxocara cati).
Enfin si l’on s’oriente vers des maladies rares, la recherche d’une
hypergammaglobulinémie, des anticorps anticytoplasmes des polynucléaires
peut orienter vers une vascularite. Le myélogramme et la ponction biopsie
osseuse peuvent orienter vers le diagnostic d’une hémopathie maligne type
syndrome myéloprolifératif.
3. CONCLUSIONS
L’éosinophilie reste un symptôme biologique banal, variable. Les
éosinophilies de faible importance entre
500 et 1000 ne doivent pas donner lieu forcément à une recherche étiologique
s’il n’y a pas d’histoire clinique ou de symptômes particuliers. L’allergie et la
parasitose sont les 2 processus pathologiques auxquels il faut penser
systématiquement.
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