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Chapitre 7 ■ Probabilités et fréquences
© Éditions Belin 2010
Ce chapitre commence par un cours classique introduisant les notions essentielles
permettant de calculer de manière théorique la probabilité d’un événement.
Nous avons fait le choix de commencer par introduire le vocabulaire des
événements et des ensembles avant de défi nir la notion de probabilité. La seconde
partie aborde une autre approche, l’approche dite « fréquentiste » qui permet
de réinvestir le chapitre précédent de statistique. C’est l’occasion de présenter
à nouveau des exercices de simulation (déjà proposés dans le chapitre 6) en
utilisant la possibilité de confronter les résultats à un calcul théorique.
Probabilités
et fréquences Chapitre 7
Ouverture
Le hasard, mot d’origine arabe, a d’abord
désigné les jeux de dé (az-zahr : le dé). Si les
jeux de dés sont les ancêtres étymologiques
des probabilités, ils en sont aussi les ancêtres
mathématiques. Que ce soit la question du
Duc de Toscane à Galilée ou celle du Che-
valier de Méré demandant à Blaise Pascal
s’il est plus probable d’obtenir (au moins)
un six lors de quatre lancers d’un seul dé,
qu’un double six (au moins) lors de vingt-
quatre lancers de deux dés, on constate
dans les deux cas que les probabilités ont
d’abord été envisagées pour répondre à des
problèmes liés à des jeux de dés et, aussi, de
lancers de pièces.
Jusqu’à Buffon, cette théorie, développée en
particulier par Pascal et Fermat, porta essen-
tiellement sur des problèmes de dénombre-
ment : le fameux quotient, nombre de cas
favorables divisé par nombre de cas possibles.
Buffon, dans son traité d’arithmétique
morale, fi t entrer les probabilités dans le
domaine continu en étudiant le jeu de
« franc-carreau » et le jet d’aiguille sur un
parquet, en « généralisant » à des proba-
bilités géométriques le quotient précédent.
Le séisme du paradoxe de Bertrand remit
tout en cause ; il montra la nécessité de défi -
nitions précises dans le cadre du continu et
d’une théorie axiomatisée des probabilités,
théorie achevée au XXe siècle par le russe
Kolmogorov.
Durant tout ce développement, comme le
montre la question du Duc de Toscane, les
fréquences ont été sous jacentes ; le double
aspect des probabilités : celles calculables en
utilisant un modèle théorique et celles obte-
nues comme limites de fréquences est très
naturel.
Si nous revenons au Duc de Toscane, on
peut écrire les décompositions suivantes (à
l’ordre près) :
9 = 1 + 2 + 6 10 = 1 + 3 + 6 12 = 1 + 5 + 6
9 = 1 + 3 + 5 10 = 1 + 4 + 5 12 = 2 + 4 + 6
9 = 1 + 4 + 4 10 = 2 + 2 + 6 12 = 2 + 5 + 5
9 = 2 + 2 + 5 10 = 2 + 3 + 5 12 = 3 + 3 + 6
9 = 2 + 3 + 4 10 = 2 + 4 + 4 12 = 3 + 4 + 5
9 = 3 + 3 + 3 10 = 3 + 3 + 4 12 = 4 + 4 + 4
Dans chacune fi gurent trois décompositions
avec trois chiffres différents, chacune ayant
la même probabilité d’apparaître 1
36
⎛
⎝
⎜⎞
⎠
⎟, des
décompositions utilisant deux chiffres différents
qui ont aussi la même probabilité d’apparaître
1
72
⎛
⎝
⎜⎞
⎠
⎟, mais 9 et 12 font apparaître une décom-
position utilisant un seul chiffre qui n’a qu’une
probabilité de 1
216 d’apparaître. Ainsi les pro-
babilités de réaliser 9 ou 12 sont 25
216 et celle