Cancer bronchique : chimiothérapie adjuvante, un nouveau standard ? C

CANCER DU POUMON
221
La Lettre du Cancérologue - Volume XII - no6 - novembre-décembre 2003
ÉPIDÉMIOLOGIE
Alors que, dans le monde, la consommation de cigarettes ne cesse
d’augmenter (figure 1), l’impact des mesures de lutte contre le
tabagisme commence à être sensible dans les pays occidentaux.
En effet, il apparaît que la mortalité liée au cancer bronchique
dans la population masculine de l’Union européenne a atteint un
pic en 1988, avec 51,9 décès pour 100 000, suivi depuis par une
diminution de 15 %, avec, en 1999, une mortalité de 44,1/100 000
(figure 2) (1). La situation est comparable en Europe de l’Est,
avec un pic plus élevé, à 62,7/100 000 en 1995, puis une dimi-
nution de 6 %, avec un taux de mortalité qui reste très élevé à
59,2/100 000 en 1999. En revanche, chez les femmes, les taux
continuent de croître inexorablement. Si on analyse la mortalité
annuelle liée à l’usage du tabac dans le monde (2), cela repré-
sente 4,83 millions de décès prématurés, dont 850 000 attribuées
au cancer bronchique. Les résultats de cette dernière étude démon-
trent de façon évidente l’impact de l’augmentation du tabagisme
dans les pays en voie de développement, avec un nombre de
décès liés à l’usage du tabac plus important dans ces pays que
dans les pays industrialisés.
La grande incidence, la mortalité qui en résultent, sont autant
d’incitations à la conception de stratégies de dépistage. Plusieurs
études randomisées utilisant la tomodensitométrie sont en cours,
notamment l’étude DEPISCAN en France (3). Une stratégie de
dépistage combinant la TDM et la scintigraphie au FDG (tomo-
graphie à émission de positons) a été proposée par Pastorino (4).
Mille trente-cinq volontaires à haut risque (gros fumeurs de 50 ans
ou plus ayant fumé au mois 20 ans) ont été explorés par une
TDM thoracique spiralée faiblement irradiante. Les nodules de
moins de 5 mm étaient simplement surveillés, et la TDM était
renouvelée à un an. Les nodules non calcifiés de plus de 5 mm
étaient évalués par TDM conventionnelle et injection de produit
de contraste et la variation de leur densité après injection était
analysée. Enfin, les nodules de 7 mm ou plus étaient évalués par
la scintigraphie au FDG. Les résultats de cette étude sont présentés
dans le tableau I. Ils montrent la faisabilité de cet algorithme sim-
plifié de dépistage qui donne des résultats comparables à ceux
d’études antérieures (5). Si ces techniques d’imagerie démontrent
leur efficacité en termes de diagnostic précoce, il faut maintenant
montrer qu’elles sont efficaces en termes de réduction de la mor-
talité spécifique pour les accepter comme technique de dépistage.
Cancer bronchique : chimiothérapie adjuvante,
un nouveau standard ?
D. Moro-Sibilot
* DMAS UF oncologie thoracique, CHU Grenoble, INSERM U578, BP 217X,
38043 Grenoble Cedex 9.
1880
1890
1900
1910
1920
1930
1940
1950
1960
1970
1980
1990
2000
Années
6 000
5 000
4 000
3 000
2 000
1 000
0
Figure 1. Consommation globale mondiale de cigarettes (en milliards).
(Source : The Tobacco Atlas [WHO 2002]. http://www.who.int).
1980-1
1982-3
1984-5
1986-7
1988-9
1990-1
1992-3
1994-5
1996-7
1998-9
Période
Taux de décès pour 100 000 habitants
60
70
80
50
40
30
20
10
0
Fédération de Russie (hommes)
Pays de l'Est de l'Europe (hommes)
Union européenne (hommes)
Fédération de Russie (femmes)
Pays de l'Est de l'Europe (femmes)
Union européenne (femmes)
Figure 2. Mortalité annuelle liée à l’usage du tabac dans le monde.
CANCER DU POUMON
222
La Lettre du Cancérologue - Volume XII - no6 - novembre-décembre 2003
LA BIOLOGIE DES CANCERS BRONCHIQUES
“NON À PETITES CELLULES” (CBNPC)
Les progrès dans la connaissance des mécanismes biologiques
aux niveaux cellulaire et moléculaire, associés aux progrès
rapides dans la technologie d’analyse protéomique et génomique,
seront à terme source d’améliorations dans la prise en charge des
patients. L’identification de voies de signalisation spécifiques de
telle ou telle maladie, ainsi que l’identification de nouvelles cibles
biologiques, amèneront à la conception de nouveaux médica-
ments et moyens thérapeutiques. Cependant, actuellement, le
bénéfice le plus immédiat de l’analyse simultanée de multiples
gènes ou protéines trouve son application dans le diagnostic, la
classification, la prédiction de la réponse thérapeutique et le pro-
nostic d’affections diverses, en particulier cancéreuses (6).
Les premiers travaux concernant la classification des adénocar-
cinomes bronchiques ont été publiés il y a maintenant deux ans
(7, 8). L’intérêt le plus immédiat résultant de ces deux publica-
tions est l’identification de “signatures” génomiques permettant
de différencier de façon quasi absolue les adénocarcinomes pri-
mitifs ou secondaires. Il reste à transposer ce progrès majeur
dans la clinique courante. Un article plus récent (9) a étudié
l’influence pronostique de l’expression d’un groupe de 50 gènes
chez 67 adénocarcinomes de stade I. Ces 50 gènes ont été sélec-
tionnés après un screening initial de 4 966 gènes ; ils permettent
une subdivision en groupes de bon ou mauvais pronostic
(figure 3). Cette distinction pronostique peut paraître futile dans
la mesure où ces patients sont systématiquement opérés ; elle est
en fait probablement le meilleur outil futur de choix pour pres-
crire ou non un traitement adjuvant ou néoadjuvant.
Une autre approche s’est intéressée (10) aux profils protéiques
de 42 tumeurs (36 CBNPC, 1 carcinoïde, 5 métastases de primi-
tifs extrathoraciques). Cette étude a permis non seulement une
classification histologique précise, mais aussi de prédire le pro-
nostic et l’envahissement ganglionnaire médiastinal.
LA CHIMIOTHÉRAPIE DES CANCERS BRONCHIQUES
“NON À PETITES CELLULES” (CBNPC)
On croyait que la question du meilleur standard de première ligne
n’était plus d’actualité depuis les études successives ECOG 1594
(11), SWOG (12) et l’étude italienne (13). Le consensus général
retenu était que la chimiothérapie de référence des CBNPC était
un doublet comportant un sel de platine et soit le docétaxel, soit
la gemcitabine, le paclitaxel ou la vinorelbine.
Deux études viennent relancer la polémique et donnent lieu à des
prises de positions audacieuses (14) : les auteurs de cet éditorial
orientent à efficacité quasi comparable le choix de la chimiothéra-
pie en faveur de l’association donnant la meilleure “qualité de vie”.
Dans l’étude internationale de phase III TAX326 (15), un bras
de référence comportant cisplatine 100 mg/m2et vinorelbine
25 mg/m2/sem. (J1 = J28) a été comparé aux association cispla-
tine 75 mg/m2et docétaxel 75 mg/m2toutes les trois semaines et
carboplatine ajusté aire sous la courbe (ASC) 6 et docétaxel
75 mg/m2toutes les trois semaines. Mille deux cent vingt patients
ont été inclus dans cet essai.
Les profils de tolérance des trois schémas sont relativement com-
parables pour ce qui est de l’incidence des neutropénies, des
infections, des thrombopénies et des neutropénies fébriles ; en
revanche, la toxicité digestive et l’anémie ont été plus marquées
dans le bras vinorelbine-cisplatine.
On note dans cette étude une tendance pour un meilleur taux de
réponse (31,6 % contre 24,5 % ; p = 0,029) et de survie (médiane :
11,3 contre 10,1 mois, survie à 2 ans : 21 % contre 14 %, test du
log rank : p = 0,044), en faveur de l’association docétaxel-cis-
platine lorsqu’on la compare à vinorelbine-cisplatine ; en
revanche, cette différence n’atteint pas le niveau de signification
statistique requis, qui est de p = 0,029 dans cette étude à trois
modalités thérapeutiques (16). Par contre, les paramètres de
réponse et de survie étaient relativement similaires dans les bras
vinorelbine-cisplatine et carboplatine-docétaxel.
Tableau I. Résultats de l’étude de dépistage sur des sujets à haut
risque.
TDM de prévalence TDM
(année 1) (année 2)
(n = 1 035) (n = 996)
Patients avec nodules 199 (19 %) 99 (10 %)
1 seul nodule 145 80
2 nodules 32 14
> 3 nodules 22 5
Nodules > 5 mm 46 (4,4 %) 20 (2 %)
Cancers bronchiques 11 (1,1 %) 11 (1,1 %)
Stade I 6 (55 %) 11 (100 %)
Adénocarcinomes 10 (91 %) 7 (64 %)
0,6
0,8
1,0
0,4
0,2
0,0
020 40 60 80 100
haut risque faible risque
Figure 3. Division en deux sous-groupes de pronostic très différent selon
le profil génomique.
223
La Lettre du Cancérologue - Volume XII - no6 - novembre-décembre 2003
La différence principale entre ces trois bras thérapeutiques se
trouve en fait au niveau de la qualité de vie, qui est améliorée
dans les deux bras comportant du docétaxel, alors qu’elle se dété-
riore dans le bras cisplatine-vinorelbine.
L’association cisplatine-gemcitabine a été comparée à d’autres
doublets modernes dans l’étude ECOG 1594 (11). Les résultats
de cette comparaison ont montré un avantage en termes de sur-
vie sans progression en faveur de l’association cisplatine-gem-
citabine. Cette constatation est à la base d’une méta-analyse de
treize essais randomisés présentée lors de la World Conference
on Lung Cancer (WCLC) (sélection des essais disponibles au
31 décembre 2002) (17). Les essais qui ont été comparés aux
associations comportant de la gemcitabine sont divisés en deux
sous-groupes, le premier comportant du cisplatine seul ou asso-
cié à des agents de première ou seconde génération tels que éto-
poside, ifosfamide, mitomycine, vinblastine (cinq essais, envi-
ron 1 900 patients), le second avec du cisplatine associé à des
agents de troisième génération tels que vinorelbine, taxanes (huit
essais, environ 2 600 patients). Cette méta-analyse montre que
l’association cisplatine-gemcitabine permet une amélioration
modeste, mais significative de la survie sans progression et de la
survie globale (figure 4). Cette amélioration est claire pour les
associations plus anciennes du sous-groupe 1. En ce qui concerne
les associations de troisième génération, l’association cisplatine-
gemcitabine est au moins aussi efficace sur la survie globale ; en
revanche, il existe aussi dans ce sous-groupe une amélioration
significative de la survie sans progression.
Ces deux études relancent donc la lutte pour la première place entre
les différents doublets de chimiothérapie comprenant du cispla-
tine. Cette association reste néanmoins d’utilisation complexe. En
effet, la nécessité d’une hydratation abondante et les effets indé-
sirables du cisplatine restreignent souvent son utilisation à l’hos-
pitalisation continue. Il est donc tentant d’essayer d’associer les
nouveaux médicaments de chimiothérapie et de se passer du cis-
platine. L’alternative représentée par les doublets sans cisplatine
est à l’étude depuis plusieurs années. Des essais ont étudié les dou-
blets sans platine associant docétaxel et gemcitabine. Georgoulias
(18) a été le premier à comparer l’association docétaxel-gemcita-
bine à l’association docétaxel-cisplatine, ces deux modalités thé-
rapeutiques ayant des résultats relativement comparables en
matière de réponse et de survie. L’an dernier, Kakolyris (19) avait
présenté les résultats préliminaires d’une étude de phase III mul-
ticentrique randomisée comparant l’association docétaxel J8 et
gemcitabine J1 et J8 au schéma vinorelbine J1 et J8 et cisplatine
J8. Les cycles de traitement étaient renouvelés tous les 21 jours,
et la prescription de facteurs de croissance hématopoïétique était
systématique. Deux cent cinquante et un patients (219 évaluables)
avaient été randomisés. Les résultats ne montraient pas de net
avantage de l’association docétaxel-gemcitabine par rapport à
vinorelbine-cisplatine. Les résultats définitifs de cette étude sont
attendus avec impatience. Les résultats de l’étude française pilo-
tée par J.L. Pujol comparant, dans une étude de phase III, gemci-
tabine 1 000 mg/m2J1 et J8 associé à docétaxel 85 mg/m2J8 à
l’association vinorelbine 30 mg/m2hebdomadaire et cisplatine
100 mg/m2J1 ont été présentés lors de la WCLC (tableau II)
(20). Cette étude ne démontre pas d’avantage net en termes de sur-
vie sans progression du doublet “sans platine”. En revanche, elle
montre sa bien meilleure tolérance par rapport au doublet cispla-
tine-vinorelbine. L’avenir nous dira si ces schémas sont à même
de nous faire sortir de l’ère des doublets contenant du cisplatine.
1
Hazard Ratio
En faveur de la gemcitabine
0,5 1,5
Cardenal (1999)
Crino (1999)
Danson (2002)
Rudd (2002)
Sandler (2000)
Chang (2001)
Gridelli (2002)
Scagliotti (2002)
Scagliotti (2002)
Schiller (2002)
Schiller (2002)
Schiller (2002)
Thomas (2002)
Van Meerbeeck (2001)
En faveur de la molécule comparée
Figure 4. Méta-analyse compa-
rant l’association gemcitabine-
sel de platine à d’autres associa-
tions de chimiothérapie. Les
données à gauche de la ligne
médiane sont en faveur de l’asso-
ciation gemcitabine-sel de pla-
tine.
CANCER DU POUMON
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La Lettre du Cancérologue - Volume XII - no6 - novembre-décembre 2003
DURÉE DE LA CHIMIOTHÉRAPIE
Deux études randomisées antérieures (21, 22) ont comparé une
chimiothérapie de courte durée à une chimiothérapie plus longue,
et étaient en faveur d’un nombre de cures compris entre trois et
quatre. Une nouvelle étude présentée lors de la WCLC (23) com-
pare l’association carboplatine-vinorelbine prescrite pendant trois
ou six cycles. On constate comme dans les études précédentes
une difficulté à administrer la chimiothérapie pendant six cycles,
ce qui plaide définitivement pour une durée courte (trois à quatre
cycles) de la chimiothérapie de première ligne.
Une étude française réalisée dans les années 1990 avait rando-
misé un traitement de maintenance par la vinorelbine après induc-
tion par association MIP. Cette étude n’avait pas conclu à l’inté-
rêt du traitement de maintenance par vinorelbine, et avait
démontré la difficulté à réaliser cette maintenance et la toxicité
potentielle de ce traitement (24). Une nouvelle étude (25) évalue
un concept un peu différent, avec un doublet gemcitabine-
cisplatine pendant quatre cycles, puis, après randomisation, soit
une surveillance, soit un traitement d’entretien par la gemcita-
bine 250 mg/m2J1 et J8 tous les 21 jours jusqu’à progression ou
toxicité. Les résultats préliminaires concernent les 215 premiers
patients randomisés (sur les 353) : 143 dans le bras gemcitabine,
73 dans le bras surveillance.
La chimiothérapie de maintenance par gemcitabine semble aug-
menter le taux de réponse, puisqu’il est de 31 % après les quatre
cycles initiaux et qu’il monte ensuite, après maintenance, à 44 %.
Le temps avant progression est lui aussi augmenté, puisqu’il
passe de 5 mois dans le groupe surveillance à 6,6 mois dans le
groupe gemcitabine. Mais ces résultats sont encore préliminaires,
et doivent être confirmés avant d’être justifiés en pratique clinique
courante.
LES TRAITEMENTS ADJUVANTS DES CANCERS
BRONCHIQUES “NON À PETITES CELLULES” (CBNPC)
OPÉRABLES
La chirurgie reste depuis plus de cinquante ans le traitement de
référence des carcinomes bronchiques non à petites cellules de
stades I et II. Ses résultats, assez constants et reproductibles en
termes de guérison, sont reconnus par les chirurgiens, les méde-
cins et, bien sûr, les patients. Cependant, l’étude attentive des
nombreuses séries chirurgicales montre qu’environ un patient
sur deux va rechuter de sa maladie et en mourir. Pour les stades I
et II, le site principal de rechute est métastatique, témoignant
d’une grande agressivité de ces tumeurs même lors des stades les
moins avancés. La chimiothérapie ainsi que la radiothérapie ont
été proposées comme traitement adjuvant à la chirurgie.
L’absence d’intérêt de la radiothérapie dans ces stades I et II a
été suggérée par la méta-analyse PORT (26). Pour ce qui est de
la chimiothérapie, malgré de nombreuses études randomisées
réalisées dans les années 1980 et le début des années 1990 et fai-
sant intervenir de nombreuses équipes internationales, notamment
le Lung Cancer Study Group, il n’a pas été possible de démon-
trer l’intérêt d’une chimiothérapie adjuvante après résection com-
plète d’un carcinome non à petites cellules. La grande majorité
de ces études n’avaient pas montré d’intérêt à l’administration
d’une chimiothérapie adjuvante, et seule une étude (27) était
positive. Une méta-analyse de ces études randomisées réalisées
entre janvier 1965 et décembre 1991 (28) a montré que la chi-
miothérapie adjuvante réduisait le risque de décès de 3 % à 2 ans
et 5 % à 5 ans. Plusieurs études multicentriques ont été initiées
pour tenter de confirmer ces résultats (tableau III).
Quatre études sont désormais disponibles : deux d’entre elles
n’ont pas démontré l’intérêt de la chimiothérapie adjuvante, alors
que les deux plus récentes, présentées cette année à l’ASCO et à
la WCLC, montrent un bénéfice modeste, mais incontestable, en
faveur de la chimiothérapie. Ce bénéfice est comparable à celui
que l’on observe dans d’autres localisations tumorales telles que
les cancers du sein ou du côlon. Un essai japonais (29) a porté
sur une chimiothérapie adjuvante par de l’UFT (prodrogue du
5 fluoro-uracile) administré par voie orale. Cette étude a rando-
misé près de 1 000 malades atteints d’adénocarcinomes bron-
chiques à des stades précoces. L’étude a comparé un groupe chi-
rurgie seule et un groupe chirurgie suivie par un traitement par
l’UFT à la dose de 250 mg/m2/j par voie orale pendant deux ans.
Tableau III. État d’avancement des différentes études de chimio-
thérapie adjuvante.
Nom Pays Chimiothérapie n Résultats
E3590 États-Unis 4 x VP16-P 488 Négatifs
ALPI-EORTC Italie/Europe 3 x MVP 1 197 Négatifs
IALT International 3/4 x V-P 1 867 Positifs
JAUFS Japon UFT x 2 ans 999 Positifs
NCI-C Canada/ 4 x NVB-P 482 Résultats
États-Unis en attente
INT 0115 États-Unis 4 x VP16-P 462 Résultats
en attente
ANITA 01 International 4 x NVP-P 840 Résultats
en attente
ANITA 02 International 16 NVB 311 En cours
CALGB 96 33 États-Unis 4 x Taxol-Carbo 196/504 En cours
BLT International 3 x V-P 481 Résultats
en attente
Tableau II. Comparaison docétaxel-gemcitabine/vinorelbine-
cisplatine.
Docétaxel- Vinorelbine-
gemcitabine cisplatine
(n = 155) (n = 156)
Décès 131 130
Médiane (mois) [IC
95
] 11,3 [10,0-12,6] 9,8 [8,2-12,0]
Survie à 1 an (%) 47 43
Réponse (%) 31 35,9
Effet indésirable sérieux (%) 21,9 35,9*
Neutropénie grade 3-4 (%) 52,3 83,4
* p < 0,01.
225
La Lettre du Cancérologue - Volume XII - no6 - novembre-décembre 2003
Cinquante-deux pour cent des patients ont complété le traite-
ment. On observe un gain en survie de 2,5 % à 5 ans pour
l’ensemble du groupe traité par chimiothérapie ; le gain est de
11 % pour les tumeurs de stade 1B (T2 N0), alors qu’aucun gain
en survie n’est observé pour les tumeurs T1N0. La raison de cette
différence n’est pas encore connue, mais on peut évoquer une
nature biologique différente des tumeurs périphériques, ainsi
qu’une moins bonne compliance des patients de meilleur pro-
nostic. Cette étude est originale par le choix du médicament. On
doit, par ailleurs, souligner le mérite des investigateurs, qui ont
pu inclure autant de patients porteurs d’adénocarcinomes de petits
stades. Cette étude mérite confirmation et, en tout état de cause,
est sensiblement différente des autres études évaluant la chimio-
thérapie adjuvante. Les deux études précédemment publiées,
intergroupe E3590 (30) et ALPI (31), n’ont pas pu montrer d’amé-
lioration de la survie par la chimiothérapie adjuvante. Cette
absence de différence peut tout d’abord s’expliquer par un
manque de puissance statistique ; d’autre part, les modalités thé-
rapeutiques retenues avec l’utilisation de la mitomycine dans
l’étude ALPI et de la radiothérapie dans l’étude intergroupe ont
peut-être majoré la toxicité du traitement adjuvant et, de ce fait,
masqué le bénéfice potentiel de la chimiothérapie. Enfin, des dif-
ficultés méthodologique et, en particulier, l’exclusion des patients
d’un centre de l’étude ALPI ont peut-être pénalisé les résultats
définitifs.
Dans l’étude internationale IALT (32), le choix du traitement était
laissé à l’initiative de chaque centre, tant en ce qui concerne la
stratégie en matière de radiothérapie adjuvante que le choix des
médicaments de chimiothérapie. La dose prévue de cisplatine
devait toutefois être de 300 à 400 mg/m2, et le cisplatine devait
être associé soit à l’étoposide, soit à un vinca-alcaloïde. Mille huit
cent soixante-sept patients ont été randomisés, les deux groupes
ne présentant pas de différence significative dans leurs principales
caractéristiques (tableau IV). Soixante-sept pour cent des patients
ont reçu au moins 300 mg/m2de cisplatine. Le second médica-
ment associé au cisplatine a été soit l’étoposide (56 %), soit la
vinorelbine (27 %), la vinblastine (11 %) ou, enfin, la vindésine
(6 %). Le bénéfice observé sur la survie a été de 5 % à 5 ans
(figure 5).
Un point important est la difficulté de l’observance thérapeutique,
avec, de façon reproductible dans ces études, un taux d’environ
30 % des patients qui ne peuvent recevoir le traitement adjuvant
initialement planifié.
Cette étude va contribuer à faire de la chimiothérapie adjuvante un
standard dans les cancers bronchiques ; cependant, il est aujourd’hui
difficile de définir qui va le plus bénéficier de cette chimiothérapie.
Déjà, on admet facilement que l’indication d’un traitement adju-
vant se module selon les comorbidités du patient et l’état clinique
postopératoire. On espère que les nouvelles techniques de géno-
mique et protéomique contribueront à nous aider dans ce choix.
LES TRAITEMENTS CIBLÉS DES CANCERS BRONCHIQUES
“NON À PETITES CELLULES” (CBNPC)
La classification des carcinomes bronchiolo-alvéolaires (CBA)
a récemment permis une meilleure reproductibilité entre les ana-
tomopathologistes. Dans cette nouvelle révision, on distingue les
CBA purs, qui ont un mode de croissance bronchiolo-alvéolaire
et ne doivent pas montrer d’invasion stromale, vasculaire ou
pleurale, et une forme variante, les CBA avec invasion focale et
les adénocarcinomes avec un composant de CBA. On estime que
les CBA purs représentent environ 3 % des cancers bronchiques
non à petites cellules, alors que les adénocarcinomes avec un com-
posant de CBA sont plus fréquents, représentant, aux États-Unis,
20 % des cancers bronchiques non à petites cellules. Les CBA
sont associés au tabagisme, un tiers d’entre eux étant toutefois
diagnostiqués chez des non-fumeurs.
L’essai de thérapies ciblées, en première intention, pour les
patients souffrant de carcinomes bronchiolo-alvéolaires (CBA
variants de la nouvelle classification) est justifié par la relative
chimiorésistance de ce type de tumeurs, par le fait qu’elles expri-
ment l’EGFR (33) et par des réponses observées chez des non-
fumeurs traités par gefitinib (34). Une étude présentée lors de la
WCLC a évalué l’efficacité du gefitinib en première ligne dans
ce groupe histologique chez des patients prétraités et non pré-
traités (35). Les taux de réponse observés sont bons (tableau V)
Tableau IV. Résultats de l’étude IALT.
Adjuvant Groupe contrôle
(n = 932) (n = 935)
Âge moyen 59 59
Hommes/femmes (%) 81/19 80/20
PS 0-1 (%) 92 93
p Stade I (%) 36 37
p Stade II (%) 25 24
p Stade III (%) 39 39
Pneumonectomie (%) 35 34
Lobectomie (%) 64 65
Segmentectomie (%) 1 < 1
Radiothérapie (%) 71 85
100
40
80
60
20
0
0 1 2 3
Contrôle
Patients
4 5
Chimiothérapie
932
935
775
774
624
602
450
432
308
286
181
Années
164
Pourcentage
Figure 5. Survie globale dans l’étude IALT.
1 / 9 100%

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