Dysplasie sur réservoir iléal: mythe ou réalité? L a présence d’un réservoir iléal est un facteur de risque reconnu de dysplasie, en particulier en cas d’atrophie villositaire sévère et/ou de pouchite chronique. Cependant, seulement trois cas d’adénocarcinome sur réservoir iléal ont été publiés. Des auteurs canadiens ont étudié 106 patients d’une cohorte de 1 221 porteurs d’un réservoir iléal après proctocolectomie totale pour RCH ayant des facteurs de risque reconnus de dysplasie : 34 patients avec une pouchite chronique, 42 patients avec une anastomose iléo-anale depuis plus de 12 ans, 11 ayant eu une proctocolectomie pour adénocarcinome et 29 avec une anastomose type Koch depuis plus de 15 ans. Une endoscopie avec biopsies iléales pour examen histologique et examen de l’ADN par cytométrie de flux était faite pour tous les patients. Seulement un patient sur 106 avait une dysplasie légère sur un prélèvement biopsique. L’examen de l’ADN par cytométrie de flux montrait trois cas d’aneuploïdie, dont le patient avec dysplasie légère. Une atrophie villositaire sévère était observée chez 33 patients, dont 17 avec pouchite chronique : on ne notait aucun cas de dysplasie ni d’anomalie de l’ADN en cytométrie de flux. Cette étude confirme que le risque de dysplasie sur réservoir iléal semble faible. De plus, la présence d’une atrophie villositaire sévère et/ou d’une pouchite chronique n’est pas associée à un surrisque de dysplasie. G.B. Étanercept : échec et presque mat dans le traitement de la maladie de Crohn C’ est ce que montrent Sandborn et al. dans une étude prospective randomisée en double aveugle chez 43 patients ayant une maladie de Crohn modérée à sévère comparant un placebo et un traitement par Étanercept, une protéine de fusion “ antirécepteur du TNFα ” efficace dans la polyarthrite rhumatoïde et dans une étude ouverte chez 10 patients ayant une maladie de Crohn, à la dose de 25 mg deux fois par semaine en souscutanée pendant huit semaines. À quatre et huit semaines, l’efficacité, définie par une diminution du CDAI de 70 points et/ou un CDAI inférieur à 150 points, était identique et faible dans les deux groupes : 9 versus 20 % et 13 versus 25 %. D’autres études, avec des doses plus importantes de produit, sont cependant nécessaires avant d’enterrer définitivement ce traitement de la maladie de Crohn. G.B. Mots Intestin – Traitement – Crohn – clés Étanercept. ✎ Gastroenterology 2001 ; 121 : 1088-94. Mots Intestin – Surveillance – Pouchite – clés Dysplasie. ✎ Gastroenterology 2001 ; 121 : 275-81. Coloscopie difficile : quels facteurs de risque ? L a coloscopie jusqu’au bas fond caecal est techniquement possible chez 95 à 98 % des patients. Plusieurs études ont montré que le taux d’échec de cet examen était plus important chez la femme, en particulier en cas d’antécédent d’hystérectomie. Sept endoscopistes américains ont revisité les facteurs de risque d’échec de la coloscopie chez 802 patients (396 femmes, 406 hommes) consécutifs pendant une période de deux mois. La coloscopie était considérée comme complète chez 95,7 % des femmes, avec un temps de montée jusqu’au caecum de sept minutes, et 99 % des hommes, avec un temps de montée jusqu’au caecum moindre, de 4 minutes 30, confirmant que la coloscopie reste plus difficile chez la femme que chez l’homme. D’autres facteurs de risque d’échec étaient retrouvés : la femme âgée, un BMI inférieur à 25 (la coloscopie est plus facile chez l’obèse !), la présence d’une diverticulose colique chez la femme et la présence d’une constipation chez l’homme. Des antécédents de chirurgie pelvienne ou abdominale, en particulier une hystérectomie, n’étaient pas retrouvés comme facteurs de risque d’échec de l’examen, mais il existe manifestement un manque de puissance statistique dans cette étude. Ainsi, cette étude permet de prévoir que le taux maximal d’échec de la coloscopie sera chez la femme âgée, mince, diverticulaire et hystérectomisée. Chez ces patientes, il faudra peut-être s’aider d’endoscopes à rigidité variable ou choisir un autre moyen diagnostique. G.B. Mots Intestin – Coloscopie – Technique. clés ✎ Gastrointest Endosc 2001 ; 54 : 558-61. Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (16), n° 5, mai 2002 80 Revue de presse Revue de presse La ciclosporine n’augmente pas les risques périopératoires de la colectomie… D ans les poussées aiguës sévères de recto-colite-ulcéro-hémorragiques (RCUH), l’utilisation de ciclosporine intraveineuse (i.v.), en association à la corticothérapie parentérale, permet dans 40 à 50 % des cas d’éviter ou de retarder une chirurgie lourde. Si cette association immunosuppressive ne paraît pas plus morbide que la corticothérapie i.v. seule, son impact sur la chirurgie, pourtant encore souvent nécessaire, n’est pas connu. Cette étude rétrospective de Hyde et al., portant sur 44 malades atteints d’une pancolite ulcérée sévère traitée par colectomie totale + iléostomie temporaire, ne montre pas de différence significative, en termes d’incidence de complications périopératoires (médicales ou chirurgicales, bénignes ou sévères), en fonction de la prise en charge médicale préopératoire, par corticothérapie i.v. seule (25 patients à 1,5 mg/kg par jour pendant cinq jours en moyenne) ou par ciclosporine (19 patients 4 mg/kg par jour pendant sept jours en moyenne) + corticoïdes (1,5 mg/kg par jour). Ce résultat, qui reste bien sûr à confirmer par une étude prospective contrôlée, permet de rassurer le clinicien sur les faibles risques liés à l’utilisation de la ciclosporine dans les formes de RCUH aiguës sévères, réfractaires aux stéroïdes injectables seuls, sans altérer les possibilités chirurgicales. G.T. Cytolyse hépatique au cours des gastroentérites aiguës L a survenue d’une cytolyse hépatique lors des gastroentérites aiguës a été rapportée, mais sa fréquence et sa signification clinique sont mal connues. Tositti et al. (Milan, Italie) ont étudié rétrospectivement 727 patients hospitalisés pour une gastroentérite aiguë entre 1994 et 2000. Une cytolyse hépatique était observée dans 10,5% des cas. L’élévation de l’ALAT était généralement modérée (en moyenne 2 N) mais pouvait atteindre 18 N. Elle n’était liée ni à la sévérité, ni à la durée de la gastroentérite, ni à l’existence de troubles hydroélectrolytiques. Parmi les agents infectieux isolés, les rotavirus étaient ceux le plus souvent associés à une cytolyse hépatique (18%), suivis de Clostridium difficile (14 %), Salmonella spp et Campylobacter spp (10 % chacun). L’élévation de l’ALAT était significativement plus importante en cas de gastroentérite à rotavirus (en moyenne 5 N) qu’en cas de gastroentérite à un autre agent infectieux ou de gastroentérite d’étiologie indéterminée (en moyenne 2 N dans les deux cas). A.P. Mots Gastroentérite – Cytolyse – Rotavirus. clés ✎ American Journal of Gastroenterology 2002 ; 97 : 487-8. Mots RCUH – Ciclosporine – Colectomie. clés ✎ Dis Colon Rectum 2001 ; 44 : 1436-40. Une nouvelle piste de traitement du RGO : les agonistes du GABAB (le baclofène) L es relaxations transitoires du sphincter inférieur de l’œsophage (RTSIO) semblent être le principal mécanisme du reflux gastro-œsophagien (RGO) pathologique, mais également physiologique. Ainsi, la diminution de ces RTSIO constituerait le traitement étiologique du RGO. L’agent pharmacologique diminuant le plus les épisodes de RTSIO chez les sujets sains est l’agoniste du récepteur B à l’acide gamma amino-butyrique (GABAB) : le baclofène. L’étude contrôlée versus placebo de Zhang et al. sur 20 patients porteurs d’un RGO pathologique documenté (antécédent d’œsophagite endoscopiquement prouvée dans les six mois précédant l’inclusion) montre que 40 mg de baclofène per os, pris 90 mn avant un repas test, permet : – de diminuer de 40 % le nombre d’épisodes de RTSIO pendant plus de trois heures ; – d’augmenter la pression basale du SIO; – de diminuer de 43 % le nombre d’épisodes de reflux dans les trois heures suivantes. Cependant, ce traitement, parfaitement bien supporté par ces patients, n’entraîne pas de diminution significative du temps d’exposition œsophagien à l’acide ni de la symptomatologie clinique. Pour autant que la piste étiologique du RTSIO soit la bonne, cette nouvelle voie thérapeutique semble intéressante et mérite d’être approfondie. Les bases manométriques sont là. Place à une étude clinique. En monothérapie ou associée aux IPP, le baclofène, commercialisé sous le nom de Lioresal®, déjà préconisé dans le hoquet rebelle, pourrait bien se voir gratifier d’extension de ses indications.G.T. Mots RGO – Baclofène – Traitement. clés ✎ Gut 2002 ; 50 : 19-24. Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (16), n° 5, mai 2002 81 Revue de presse Revue de presse Utilité du test au synacthène en cas d'élévation inexpliquée des transaminases L’ insuffisance surrénale est une cause connue d’augmentation de l’activité sérique des transaminases. Cette augmentation peut survenir précocement au cours de l’évolution de la maladie, à un stade où la cortisolémie à 8 heures est encore normale. Roblin et al. (Gap, France) ont rapporté trois cas de maladie d’Addison révélés par une élévation des transaminases isolée, chez lesquels le diagnostic n’a été fait qu’après réalisation d’un test au synacthène immédiat. Les trois patients n’avaient pas d’autre cause d’élévation des transaminases. Leur examen clinique ne trouvait pas de signe évocateur d’insuffisance surrénale, et leur cortisolémie à 8 heures était normale. Cependant, lors du test au synacthène (injection i.m. de 250 pg de synacthène avec dosage du cortisol à 30 et 60 minutes), il n’y avait pas d’augmentation significative de la cortisolémie (1,5 x taux de base ou > 180 µg/ml). Ce test (très spécifique) permettait d’affirmer l’existence d’une insuffisance surrénale. Dans les trois cas, l’activité sérique des transaminases se normalisait en huit à 15 jours après la mise en route d’un traitement par hydrocortisone. Le test au synacthène doit donc être ajouté à la liste des explorations utiles devant une élévation inexpliquée des transaminases. A.P. Mots Cytolyse chronique inexpliquée – clés Insuffisance surrénale lente. ✎ J of Hepatol 2002; 36: 139-140. Alcoolodépendance : naltrexone, la déception ! L a naltrexone a récemment obtenu une AMM pour la prévention de la rechute après sevrage alcoolique, bien que les données en faveur de son efficacité soient limitées. Krystal et al. (ÉtatsUnis) ont réalisé une étude multicentrique en double aveugle versus placebo évaluant son intérêt dans le traitement de l’alcoolodépendance. Ils ont randomisé 627 patients présentant une alcoolo- dépendance sévère en trois groupes : naltrexone (50 mg/j) pendant 12 mois, naltrexone pendant trois mois (puis placebo), et placebo. Tous les patients bénéficiaient d’une prise en charge psychosociale standardisée en 12 étapes et étaient encouragés à participer aux réunions des Alcooliques anonymes. La participation à l’étude pouvait être jugée correcte, puisque 73% des patients ont terminé l’essai, et que des données complètes ou partielles concernant la consommation alcoolique ont pu être obtenues chez 93 % d’entre eux. À trois mois, il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes naltrexone et le groupe placebo pour le taux de rechute (38 versus 44 %) et le délai de rechute (72 jours versus 62 jours). À un an, le nombre de jours avec alcoolisation et le nombre de verres consommés par jour d’alcoolisation étaient identiques dans les trois groupes. L’alcoolodépendance désespère de trouver son médicament ! A.P. Mots Alcoolodépendance – Traitement. clés ✎ N Engl J Med 2001; 345: 1734-9. Lab’infos Pegasys® obtient un avis favorable de l’Agence européenne du médicament Pegasys® [peginterféron alfa-2a est un interféron pégylé (40 KD)] est un traitement de l’hépatite chronique C en association à la Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (16), n° 5, mai 2002 ribavirine.Un important programme de développement clinique comportant plus de 17 000 malades a permis d’obtenir un dossier solide,prouvant l’efficacité de cette molécule.Avec une injection par semaine,une réponse virologique prolongée est obtenue chez 56 % des malades. Le traitement sera mis à disposition des cliniciens français dans quelques mois par les laboratoires Roche. 82 Revue de presse Revue de presse