Le Courrier de colo-proctologie (II) - n° 1 - mars 2001
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Colo-proctologie
sans frontières
persistance d’un tonus sympathique d’ori-
gine adrénergique, puisque la voie hypogas-
trique, sympathique d’origine thoraco-
lombaire, est préservée. La perte de réflecti-
vité sacrée explique aussi la perte d’adapta-
tion réflexe à la toux. Celle-ci va expliquer des
fuites urinaires d’effort malgré une pression
de clôture urétrale relativement maintenue.
Ce défaut de contraction vésicale peut être
compensé par une poussée abdominale, plus
facilement efficace chez la femme que chez
l’homme, du fait de résistances urétrales
basses.
La miction est donc obtenue par poussée abdo-
minale (contractions des abdominaux en sta-
tion assise même chez l’homme, pour éviter
une défécation simultanée). Elle est plus faci-
lement efficace chez la femme que chez
l’homme. Cette acquisition d’une poussée
abdominale peut faire appel à un travail de
musculation abdominale. La manœuvre de
Crédé, qui consiste à réaliser une expression
manuelle sus-pubienne, est actuellement évi-
tée car délétère sur la statique périnéale et du
fait de la facilité de recourir à l’autosondage.
L’autosondage est donc une alternative quand
on veut éviter des poussées abdominales trop
importantes. Dans la pratique, le patient vic-
time d’un syndrome de la queue de cheval bru-
tal apprend habituellement rapidement l’auto-
sondage, ce qui lui permet d’être autonome.
Progressivement, il reprend des mictions par
poussée abdominale et, quand le résidu a dis-
paru, l’autosondage peut être interrompu.
La dénervation périnéale
À la paralysie périnéale s’associe une hypo-
tonie périnéale retrouvée au niveau de l’anus
et du plancher périnéal. La poussée abdomi-
nale utilisée par la miction et la défécation, si
elle est trop importante, favorise la distension
et la descente périnéale, conduisant parfois à
de véritables hernies périnéales. Cette pous-
sée abdominale favorise également la surve-
nue de prolapsus génitaux (cystocèle, hysté-
roptose, rectocèle) mais aussi de prolapsus
rectaux.
Les douleurs lésionnelles
De type brûlures permanentes, parfois plus
vives en station assise, elles apparaissent dans
les territoires anesthésiques, c’est-à-dire au
niveau périnéal. Il faudra donc les interpréter
en tant que douleurs neuropathiques et ne pas
leur donner valeur de complications procto-
logiques, car elles perdureront au-delà des trai-
tements locaux.
La défécation, la continence
Le réflexe recto-anal inhibiteur est préservé
dans les atteintes de la queue de cheval, car il
répond à une innervation intrinsèque organi-
sée localement. Il est donc possible de déclen-
cher l’exonération par l’utilisation de suppo-
sitoires à dégagement gazeux. En revanche,
l’absence de réflectivité sacrée fait disparaître
les contractions rectales et le sphincter anal est
hypotonique. La défécation peut être obtenue
par poussée abdominale. Celle-ci doit en géné-
ral survenir de façon régulière, à heure fixe.
Dans les lésions incomplètes, certains patients
retrouveront un besoin adapté. Dans d’autres
cas, il faudra se méfier de troubles sensitifs qui
amènent le patient à interpréter des “sensa-
tions” rectales (parfois désagréables, voire
douloureuses) comme des besoins d’exonérer
et l’incitent à déclencher des exonérations plu-
sieurs fois par jour, donc à répéter de façon
infructueuse des efforts de poussée abdomi-
nale avec un risque majoré sur la statique péri-
néale.
L’incontinence peut là aussi être secondaire à
la stase stercorale favorisée par les troubles du
besoin et une évacuation incomplète. Les épi-
sodes diarrhéiques sont mal tolérés du fait de
l’importance de l’hypotonie sphinctérienne et
de l’absence de contrôle volontaire.
La rééducation sphinctérienne
Pour éviter ces complications, il est souhai-
table de laisser le patient et surtout la patiente
à l’autosondage intermittent, et cela même si
la poussée abdominale permet de vider la ves-
sie sans résidu postmictionnel. En fait, le choix
entre poursuite de l’autosondage ou poussée
abdominale est fonction de l’importance de la
dénervation périnéale et de l’intensité de la
poussée abdominale effectuée.
La sclérose en plaques (SEP)
La SEP est une atteinte multifocale du système
nerveux central. Les problèmes ano-rectaux
sont liés à l’existence d’une importante consti-
pation de transit associée à des difficultés
d’exonération par asynchronisme recto-
sphinctérien. Cet asynchronisme, contraire-
ment à celui des pathologies purement fonc-
tionnelles, réagit mal à la rééducation dans la
mesure où le patient est incapable de contrô-
ler la relaxation et la contraction anale. Les
anus de ces patients sont spastiques avec un
strech réflexe marqué mais acontractiles : anus
hypertoniques et figés.
Le traitement est essentiellement médical, fai-
sant appel aux laxatifs osmotiques et aux sup-
positoires à dégagement gazeux.
Dans les formes évoluées avec troubles cogni-
tifs, certains patients peuvent avoir de véri-
tables défécations réflexes incontrôlées qu’il
n’est possible de prévenir que par des présen-
tations régulières aux toilettes.
Les troubles urinaires sont fréquents, associant
hyperréflexie vésicale et dyssynergie vésico-
sphinctérienne. Le traitement des troubles uri-
naires justifie souvent de faire appel aux anti-
cholinergiques qui aggravent la constipation.
Le
spina bifida
paralytique
Les enfants présentant les spina bifida que l’on voit
actuellement en France sont des formes sacrées,
avec problèmes orthopédiques mineurs et
dont le handicap est essentiellement sphinctérien.
La neurovessie
Les troubles urinaires associent la plupart du
temps une vessie acontractile et une insuffi-
sance sphinctérienne. Cependant, ces vessies
sont souvent animées de petites contractions
vésicales autonomes, inefficaces pour les vider
mais participant à un travail vésical parasite
qui peut être dangereux pour le haut appareil
urinaire. La compliance vésicale se détériore
souvent au cours de la surveillance, surtout
après les interventions chirurgicales visant à
renforcer la résistance urétrale.
L’objectif thérapeutique est donc d’assurer à
la fois l’acquisition de la continence et la pro-
tection du haut appareil urinaire. Les anti-
cholinergiques sont souvent utilisés. Le son-
dage intermittent est souvent proposé et réalisé
initialement par l’entourage et dès l’âge de
8 ans par l’enfant. Les agrandissements vési-
caux sont parfois réalisés pour diminuer la
pression vésicale et protéger les reins. Les
interventions de continence comme les sphinc-
ters artificiels sont implantés quand l’enfant a
acquis suffisamment d’autonomie, c’est-à-dire
toujours après l’âge de dix ans.
La défécation, la continence
L’anus du spina est très souvent considéra-
blement hypotonique, béant. À l’examen