3. l’observation de règles de référence particu-
lières en cas de lésion.
Le patient à risque
En cas de lésion chez un patient à risque (dès le
grade 1), la référence rapide à une équipe ou à
un centre spécialisé pour évaluation doit être la
règle. C’est aux diabétologues que revient la mis-
sion d’organiser et de coordonner ces équipes
afin d’assurer la prise en charge rapide et efficace
des patients. Ces derniers devront être examinés
dans un délai maximal de 48 heures après l’ap-
pel du médecin traitant.
La décision d’hospitaliser ou non devra être prise
par ces référents, en concertation avec l’équipe
de soins. Les soins pourront être poursuivis en
ambulatoire si neuf critères sont réunis :
1. plaie superficielle et de diamètre inférieur à
2cm, cellulite comprise ;
2. possibilité de revoir le patient dans les
48 heures ;
3. absence de signes généraux ;
4. pas d’hospitalisation récente pour lésion du
pied ;
5. absence d’artérite hémodynamique ;
6. cause de la plaie reconnue et curable ;
7. diabète correctement équilibré ;
8. possibilité de soins à domicile par une
infirmière ;
9. possibilité de supprimer l’appui ou le frotte-
ment sur la plaie par un moyen simple (découpe
du chausson, CHTS, orthoplastie...).
La majorité des patients atteints d’une lésion is-
chémique du pied devront donc être hospitali-
sés. Seuls les patients atteints d’une lésion de pe-
tite taille et localisée au niveau d’un orteil
pourront être suivis en ambulatoire. Dans le cas
de soins ambulatoires, la prescription initiale
doit comporter :
–les moyens pour assurer la suppression de l’ap-
pui et du frottement : chaussures Barouk ou Sa-
nital, découpe des chaussons, éventuelle ortho-
plastie... ;
–une antibiothérapie probabiliste après prélè-
vement adapté ;
–des soins quotidiens par une infirmière avec
prescription du nettoyage, de la détersion au bis-
touri stérile, du mode de pansement ;
–une vaccination antitétanique ;
–un rendez-vous de contrôle dans les 48 heures.
Évaluer la gravité de l’ischémie
Cette évaluation repose sur des explorations non
invasives dont le but est d’évaluer la probabilité
de cicatrisation et de poser l’indication d’une
procédure de revascularisation.
•Les radios sans préparation des jambes et des
pieds renseignent sur le degré de calcification
des artères (médiacalcose).
•L’écho-Doppler de l’aorte et des axes ilio-
fémoraux et poplités doit être systématique pour
le bilan anatomique et hémodynamique des lé-
sions. Une écho-Doppler des axes cervicaux, à la
recherche d’une sténose nécessitant un traite-
ment préalable à celui des axes des membres in-
férieurs, doit être associée.
•La mesure de l’index bras-cheville (IBC) : un
IBC inférieur à 0,5 ou une pression systolique à
la cheville inférieure ou égale à 50 mmHg indi-
quent qu’il existe une “ischémie critique” et une
faible probabilité de cicatrisation spontanée. Des
valeurs supérieures peuvent être faussement ras-
surantes à cause de l’induration artérielle. Du fait
de sa simplicité, elle mérite d’être réalisée devant
toute plaie ischémique, mais elle prédit assez mal
la cicatrisation : des mesures de pression plus
distales sont nécessaires pour cela.
•La mesure de la pression systolique du gros or-
teil est réalisée par pléthysmographie à l’aide
d’un brassard gonflable placé à la racine de l’or-
teil. Une pression inférieure à 30 mmHg révèle
une “ischémie critique” et une faible probabilité
de cicatrisation spontanée.
•La mesure transcutanée de la pression par-
tielle d’oxygène (TcPO2) mesure le débit sanguin
nutritif et est le meilleur témoin de l’ischémie
cutanée. Elle est utilisable en cas de médiacal-
cose. Elle permet de prédire la cicatrisation : si
]a pression est inférieure à 30 mmHg, il est illu-
soire d’espérer la cicatrisation d’un trouble tro-
phique. Cet examen doit être réalisé s’il existe un
doute sur l’indication d’une procédure de re-
vascularisation devant une plaie du pied. Il peut
également être réalisé en post-procédure de re-
vascularisation et si l’on envisage une oxygéno-
thérapie hyperbare.
Ces explorations doivent être rapides. En pré-
sence d’une lésion du pied associée à des signes
d’ischémie :
–les explorations vasculaires non invasives doi-
vent être réalisées dès l’admission avec un délai
maximal de 48 heures ;
–l’avis du chirurgien vasculaire doit être pris
dès qu’une procédure de revascularisation est
envisagée, sans aucun retard ;
–l’artériographie doit être réalisée immédiate-
ment avant ou après ;
–à partir du moment où la procédure de revas-
cularisation est décidée, elle doit être réalisée le
plus rapidement possible.
Ces délais ont pour but d’éviter l’extension de la
nécrose et la perte de substance cutanée.
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No33-34 - janvier-février 2002
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