Il n’y a pas de recommandations précises pour la corticothéra-
pie, qu’elle soit locale ou systémique, les décongestionnants, les
mucolytiques, les antihistaminiques. Des études complémentaires
sont nécessaires pour évaluer leur apport dans le traitement des
rhinosinusites tant aiguës que chroniques.
Questions diverses
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●Sinusites uni- et bilatérales : même prise en charge ?
Dans la stratégie diagnostique et thérapeutique, l’évolution des
symptômes est importante, mais aussi leur caractère uni- ou bila-
téral. Si la sinusite récidive et est bilatérale, il s’agit d’une mala-
die d’organisme. En revanche, si elle récidive et est unilatérale,
il s’agit d’une maladie d’organe qui peut nécessiter un geste chi-
rurgical (P. Dessi, Marseille), d’où l’importance, à ce moment-
là, d’une imagerie.
●
●Informations apportées par l’aspect du mouchage
Il importe surtout de distinguer le mucus collant d’une franche
purulence. Seule cette dernière est évocatrice d’une rhinosinu-
site aiguë. Il ne faut pas attacher trop d’importance à la colora-
tion du mouchage. Le mouchage jaune est lié à la présence dans
les sécrétions nasales de lysats de polynucléaires et ne corres-
pond pas à un germe particulier (R. Jankowski).
●
●Comment faire la différence entre rhinosinusites bactériennes
et virales ?
La seule façon pratique pour affirmer qu’une rhinosinusite est
d’origine bactérienne est de faire un prélèvement, de rechercher
des polynucléaires altérés et de compter les germes quand on en
trouve (P. Géhanno). On considère qu’une bactérie est patho-
gène s’il y a plus de 104UFC/ml (UFC = unités formant colo-
nie). L’intensité de la fièvre n’est pas discriminante.
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●Quel antibiotique prescrire ?
La plupart des antibiotiques couramment utilisés (pristinamy-
cine, amoxicilline + acide clavulanique, céphalosporines orales
de deuxième ou de troisième génération) sont efficaces dans la
majorité des cas. Mais l’émergence de pneumocoques de sensi-
bilité diminuée à la pénicilline peut conduire à optimiser la stra-
tégie thérapeutique (P. Dellamonica, Nice). Les streptogramines
(pristinamycine), du fait de leur activité conservée sur les pneu-
mocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline, peuvent consti-
tuer une bonne alternative en situation probabiliste. Quant aux
nouvelles fluoroquinolones, P. Géhanno a insisté sur le fait
qu’elles devraient être réservées aux sinusites compliquées ou à
risque de complication comme les sinusites fronto-ethmoïdales
et les sinusites sphénoïdales.
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●Quelle est la place des traitements non antibiotiques ?
Antipyrétiques et antalgiques sont prescrits systématiquement. Il
ne faudrait pas prescrire d’emblée une corticothérapie. L’intérêt
des vasoconstricteurs (souvent prescrits, aussi bien par les méde-
cins généralistes que par les ORL) demanderait à être confirmé
par des études versus placebo bien difficiles à mettre en place (ne
serait-ce pas le rôle des autorités de santé ?) (J.M. Klossek).
Conclusion
La majorité des sinusites sont diagnostiquées et prises en charge
par des médecins généralistes, sur la base de critères cliniques.
La radiographie n’est demandée que dans les formes inhabi-
tuelles. Elle est moins performante que l’examen endoscopique
des fosses nasales tel que peut le réaliser l’ORL. Le traitement
repose sur l’antibiothérapie adaptée aux germes les plus fré-
quemment rencontrés dans ces infections. Les formes compli-
quées, mais aussi les formes traînantes ou récidivantes devraient
être adressées à l’ORL. ■
ACTUALITÉ
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - n° 251 - mars 2000
Germes Rhinosinusite Témoin P
chronique
Aérobies Aérobies
(n = 482) (n = 60)
Staphylococcus aureus 90 (18,6 %) 19 (11,9 %) 0,003
Streptococcus viridans 48 (10 %) 6 (3,7 %) 0,01
Haemophilus influenzae 43 (8,9 %) 2 (1,2 %) 0,001
Streptococcus pneumoniae 38 (7,9 %) 2 (1,2 %) 0,003
Anaérobies Anaérobies
(n = 159) (n = 29)
Prevotella sp. 29 (18,2 %) 0 0,002
Fusobacterium sp. 14 (8,8 %) 0 0,03
Tableau III. Épidémiologie des sécrétions purulentes chroniques
(> 3 mois) (Klossek J.M. et coll. J Laryngol Otol 1998 ; 112 : 1162-6).