La Lettre du Cardiologue - n° 329 - avril 2000
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sissement de la paroi. Il n’y a pas d’indication à une biopsie à
visée diagnostique (lésions non spécifiques).
L’évolution se fait par poussées liées au tabac ++++, avec pos-
sible phase de cicatrisation en cas d’un arrêt de l’intoxication
tabagique. Le risque d’amputation est de 7 à 10 % (première cause
de nécrose digitale chez les patients jeunes) et l’espérance de vie
est normale.
Le traitement doit être précoce, consistant surtout en l’arrêt
du tabac +++. Un traitement local consistant en l’ablation des
tissus nécrosés doit être associé. Les prostaglandines n’ont qu’un
effet modeste dans cette indication.
La part de l’inflammation dans la genèse des syndromes coro-
nariens aigus a été rappelée par E. Van Belle (Lille). Il a été
montré que les taux sériques de CRP, de fibrinogène, d’IL6,
d’ICAM-1 peuvent être corrélés à la progression de l’athéro-
sclérose et à la survenue d’événements coronaires aigus. Ces mar-
queurs de l’inflammation peuvent traduire l’étendue du proces-
sus d’athérosclérose ou refléter son évolution et être impliqués
dans la survenue d’un syndrome coronarien aigu. Un nouvel
impact thérapeutique pourrait se dégager : l’étude CARE a mon-
tré, en effet, que le bénéfice d’un traitement par pravastatine était
supérieur s’il existait des stigmates d’inflammation.
A. Scheublé, hôpital Bichat, Paris
ACTUALITÉS DES ÉTUDES CLINIQUES
L’étude LIVE (P. Gosse) a étudié la régression de l’hypertro-
phie ventriculaire gauche (VG) chez 505 hypertendus traités par
indapamide (1,5 mg/j) ou par énalapril (20 mg/j) pendant douze
mois. L’HTA était légère à modérée, avec une TA systolique com-
prise entre 210 et 160 mmHg et une TA diastolique comprise entre
114 et 95 mmHg. Cette étude a eu comme particularité la mise
en place d’une lecture centralisée des échographies cardiaques
qui permettaient de mesurer la masse ventriculaire gauche, avec
une lecture aléatoire des examens pratiqués chez un patient.
L’analyse a porté sur 411 patients ayant suivi un traitement pen-
dant plus de trois mois. La réduction tensionnelle a été compa-
rable dans les deux groupes. Elle a été, pour la TA systolique, de
–25,2 ± 16,3 mmHg dans le groupe indapamide et de – 24,5 ±
16,5 mmHg dans le groupe énalapril (NS). Pour la TA diasto-
lique, les chiffres ont été de – 12,8 ± 10,3 mmHg dans le groupe
indapamide et de – 12,4 ± 9,7 mmHg dans le groupe énalapril.
En revanche, la masse VG n’a régressé de manière significative
que dans le groupe indapamide (– 7,3 ± 25,8 g/m2versus – 3 ±
25,8 g/m2,p<0,05), avec une différence significative entre les
deux groupes. Ce résultat est en faveur d’un mécanisme de régres-
sion HVG ne passant pas uniquement par la baisse tensionnelle.
Les études ne portant que sur la baisse tensionnelle ne reflètent
donc pas l’efficacité d’une thérapeutique.
L’étude ADMIRAL (G. Montalescot) a apprécié l’action de
l’abciximab associé à l’héparine, l’aspirine et la ticlopidine dans
l’angioplastie primaire avec stenting à la phase aiguë de l’in-
farctus du myocarde. Le
critère principal d’éva-
luation était le taux de
décès par réinfarctus et
revascularisation de la
coronaire stentée à 30
jours. Il a été observé une réduction de 50 % du critère principal
dans le groupe abciximab (7,3 % versus 14,7 %, p < 0,02). La
mortalité à un mois a été réduite de manière non significative dans
le groupe abciximab. En termes de tolérance, il a été simplement
noté une plus grande fréquence des hémorragies mineures au
point de ponction dans le groupe abciximab, mais sans augmen-
tation des hémorragies majeures. Le flux TIMI était également
amélioré dans le groupe abciximab. Cette étude montre l’amé-
lioration du pronostic des patients grâce à l’angioplastie primaire
avec stent associée à un traitement pharmacologique.
TRAITEMENT DE L’INSUFFISANCE CARDIAQUE
Les antagonistes mixtes (molécules ayant des propriétés d’in-
hibiteur de l’enzyme de conversion et d’inhibiteur de l’endopep-
tidase neutre) sont actuellement en voie de développement
(J. Cleland). L’omapatrilat est celui dont le développement est
le plus avancé. Plusieurs études ont été effectuées dans l’insuffi-
sance cardiaque. Une étude, qui a inclus 573 patients principale-
ment en classe II de la NYHA (63 %), a comparé l’omapatrilat à
l’énalapril. La durée de l’exercice et les symptômes ont été amé-
liorés de manière comparable dans les deux groupes. Les effets
indésirables étaient moins fréquents avec l’omapatrilat. Les décès
et les aggravations de l’insuffisance cardiaque étaient moins fré-
quente avec l’omapatrilat (16 versus 29, p = 0,04). Cette molé-
cule est prometteuse, et une étude de morbimortalité est actuel-
lement en cours (étude OVERTURE).
Le lévosimendan est un sensibilisateur du calcium. Il a été com-
paré à la dobutamine dans une étude ayant inclus au total
200 patients en insuffisance cardiaque sévère. La mortalité à six
mois a été réduite dans le groupe lévosimendan (26 % versus
38 %, p = 0,029).
La thérapie génique ouvre des perspectives cliniques promet-
teuses, mais rencontre de nombreuses difficultés (J.J. Mercadier).
La transfection des myocytes par des adénovirus in vitro est assez
facile, mais se heurte in vivo à des problèmes d’accessibilité. Plu-
sieurs impératifs sont nécessaires pour que la thérapie génique
puisse être bénéfique : normaliser un déficit de fonctionnement
sans altérer les autres fonctions cellulaires, effectuer un transfert
de gène sans toxicité et obtenir une diffusion du gène suffisam-
ment importante pour qu’un grand nombre de myocytes soient
impliqués. L’injection directe par aiguille dans le myocarde est
efficace mais n’intéresse que la zone traversée. Les meilleurs
résultats expérimentaux ont été obtenus par voie transcoronaire,
mais il faut interrompre le flux sanguin coronaire, voire clamper
l’aorte, pour augmenter la pression de perfusion coronaire. En
plus de ces moyens mécaniques, des “facilitateurs” ont été essayés
(histamine, bradykinine, sérotonine...). Ils permettent d’aug-
menter le transfert de gènes mais nécessitent néanmoins une inter-
ruption du flux coronaire. Plusieurs questions restent en suspens
avant d’envisager une application clinique : quels gènes transfé-
INFORMATIONS
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