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DOSSIER
Syndrome métabolique
>> DOSSIER
Qualifié “d’orchestre mortel”
Infos
...
Prévalence en
hausse
La prévalence du
syndrome
métabolique (SM)
ne cesse de croître
dans les pays
industrialisés : il est
aujourd’hui observé
chez 20 % des
adultes
normoglycémiques,
chez environ la
moitié des
intolérants au
glucose et chez
80 % des
diabétiques de
type 2. La perte de
poids même
modérée, grâce à
une alimentation
plus équilibrée et
l’exercice physique
régulier, demeure la
mesure capitale.
Tout comme la progression de l’épidémie de l’obésité, la fréquence alarmante du syndrome métabolique (SM) préoccupe les cliniciens, d’autant qu’il entraîne une augmentation considérable du risque de survenue d’événements cardiovasculaires et de diabète de type 2. L’insulinorésistance est un élément central.
L
e SM est qualifié d’“orchestre
mortel” de plusieurs anomalies associées, l’insulinorésistance étant un élément central (laquelle entraîne chez les
sujets encore non diabétiques une
hyperinsulinémie compensatrice
permettant le maintien d’une glycémie normale). Une hyperactivité
sympathique est à la base de ce
syndrome.
Dépistage
En général, les patients atteints du
syndrome métabolique ne présentent souvent aucun facteur de
risque individuel nettement augmenté, mais bien un risque cardiovasculaire fortement accru en raison du fait qu’ils cumulent
simultanément divers facteurs de
risque. Comme l’explique le
Pr G. Slama (Paris), « aucun de ces
critères pris isolément ne peut être
considéré comme franchement
pathologique, c’est l’ensemble de
ces anomalies qui devient pathologique du fait de leur agrégation ».
Autrement dit, les sujets qui en sont
atteints peuvent apparaître comme
étant encore en bonne santé, d’où
l’importance d’un dépistage précoce des sujets à risque pour qu’ils
puissent bénéficier des mesures de
prévention. Car la prise en charge
thérapeutique précoce du SM est
susceptible de prévenir ses complications cardiovasculaires et son
passage au diabète. Le syndrome
métabolique, avec l’hyperglycémie,
l’hyperlipidémie et l’hypertension,
entraîne une lésion au niveau des
vaisseaux sanguins et des reins. Les
patients atteints de syndrome
métabolique présentent donc une
incidence plus élevée d’infarctus du
myocarde, d’insuffisance rénale,
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 63 • mai 2005
d’AVC, de rétinopathie et de coronaropathie. Le syndrome est observé
notamment chez les personnes
sédentaires avec un excès de poids,
plus précisément ayant une accumulation de graisse viscérale (obésité androïde). Il est donc très
important d’identifier le SM parmi
les personnes en surpoids même
léger, étant donné que c’est la présence de l’adiposité abdominale
(dépistée par une simple mesure
du tour de taille) qui doit faire suspecter ce syndrome.
Identification
Il existe une définition de l’OMS,
mais la définition nord-américaine
du Ncep est la plus utilisée, selon
laquelle une intolérance au glucose
(glycémie à jeun > 110 mg/dl)
s’associe à au moins deux critères
suivants : adiposité abdominale
(tour de taille égal ou supérieur à
102 cm chez l’homme et à 88 cm
chez la femme), hypertriglycéridémie (> 150 mg/dl), baisse du
HDL-cholestérol (< 40 mg/dl chez
l’homme et < 50 mg/dl chez la
femme), tandis que le LDL-cholestérol est généralement normal,
HTA le plus souvent modérée
(< 130/85 mmHg). Il a été démontré dans le cadre d’essais cliniques que la lutte contre la sédentarité et l’excès pondéral est
efficace, toutefois les cliniciens
constatent que l’application quotidienne de ces recommandations
n’est pas toujours facilement et
durablement obtenue. Chez ces
patients à risque, le médecin devrait réaliser une anamnèse et un
examen clinique approfondis combinés à une prise de sang, l’hypertension, les troubles lipidiques et
l’obésité viscérale étant faciles à
diagnostiquer. Ces différents facteurs augmentent le risque de
développer une atteinte rénale ou
des maladies cardiovasculaires tels
qu’infarctus du myocarde, AVC,
maladie coronarienne et hypertrophie ventriculaire gauche.
Le traitement de l’hypertension est
plus qu’une simple normalisation
des valeurs tensionnelles ; ce traitement doit comporter une approche
globale des divers facteurs de
risque cardiovasculaires qui englobent le syndrome métabolique.
Le recours aux mesures pharmacologiques (metformine, médicaments dits ”insulinosensibilisateurs”,
traitements spécifiques d’une ou de
plusieurs anomalies) est souvent
nécessaire. Si on prend en considération une étude menée sur 8 000
sujets américains, on entrevoit
qu’outre l’exercice physique régulier
et la restriction alimentaire, surtout
en lipides, il est également capital
de consommer abondamment des
fruits et légumes (six à dix par jour)
permettant des apports en antioxydants suffisants.
Ludmila Couturier
Un profil type
Concrètement, il s’agit par
exemple d’un sujet de sexe masculin âgé de 60 ans ayant une
obésité viscérale et une pression
artérielle légèrement augmentée
combinée à une résistance à l’insuline débutante et à une hypertriglycéridémie avec un HDL-cholestérol bas. L’association des
facteurs de risque individuellement peu importants fait que,
globalement, ce patient court un
risque cardiovasculaire très
élevé.
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