L
e SM est qualifié d’“orchestre
mortel” de plusieurs ano-
malies associées, l’insulino-
résistance étant un élément cen-
tral (laquelle entraîne chez les
sujets encore non diabétiques une
hyperinsulinémie compensatrice
permettant le maintien d’une gly-
cémie normale). Une hyperactivité
sympathique est à la base de ce
syndrome.
Dépistage
En général, les patients atteints du
syndrome métabolique ne présen-
tent souvent aucun facteur de
risque individuel nettement aug-
menté, mais bien un risque cardio-
vasculaire fortement accru en rai-
son du fait qu’ils cumulent
simultanément divers facteurs de
risque. Comme l’explique le
Pr G. Slama (Paris), « aucun de ces
critères pris isolément ne peut être
considéré comme franchement
pathologique, c’est l’ensemble de
ces anomalies qui devient patholo-
gique du fait de leur
agrégation ».
Autrement dit, les sujets
qui en sont
atteints peuvent apparaître comme
étant encore en bonne santé, d’où
l’importance d’un dépistage pré-
coce des sujets à risque pour qu’ils
puissent bénéficier des mesures de
prévention. Car la prise en charge
thérapeutique précoce du SM est
susceptible de prévenir ses compli-
cations cardiovasculaires et son
passage au diabète. Le syndrome
métabolique, avec l’hyperglycémie,
l’hyperlipidémie et l’hypertension,
entraîne une lésion au niveau des
vaisseaux sanguins et des reins. Les
patients atteints de syndrome
métabolique présentent donc une
incidence plus élevée d’infarctus du
myocarde, d’insuffisance rénale,
d’AVC, de rétinopathie et de corona-
ropathie. Le syndrome est observé
notamment chez les personnes
sédentaires avec un excès de poids,
plus précisément ayant une accu-
mulation de graisse viscérale (obé-
sité androïde). Il est donc très
important d’identifier le SM parmi
les personnes en surpoids même
léger, étant donné que c’est la pré-
sence de l’adiposité abdominale
(dépistée par une simple mesure
du tour de taille) qui doit faire sus-
pecter ce syndrome.
Identification
Il existe une définition de l’OMS,
mais la définition nord-américaine
du Ncep est la plus utilisée, selon
laquelle une intolérance au glucose
(glycémie à jeun > 110 mg/dl)
s’associe à au moins deux critères
suivants : adiposité abdominale
(tour de taille égal ou supérieur à
102 cm chez l’homme et à 88 cm
chez la femme), hypertriglycéridé-
mie (> 150 mg/dl), baisse du
HDL-cholestérol (< 40 mg/dl chez
l’homme et < 50 mg/dl chez la
femme), tandis que le LDL-choles-
térol est généralement normal,
HTA le plus souvent modérée
(< 130/85 mmHg). Il a été dé-
montré dans le cadre d’essais cli-
niques que la lutte contre la séden-
tarité et l’excès pondéral est
efficace, toutefois les cliniciens
constatent que l’application quoti-
dienne de ces recommandations
n’est pas toujours facilement et
durablement obtenue. Chez ces
patients à risque, le médecin de-
vrait réaliser une anamnèse et un
examen clinique approfondis com-
binés à une prise de sang, l’hyper-
tension, les troubles lipidiques et
l’obésité viscérale étant faciles à
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 63 • mai 2005
diagnostiquer. Ces différents fac-
teurs augmentent le risque de
développer une atteinte rénale ou
des maladies cardiovasculaires tels
qu’infarctus du myocarde, AVC,
maladie coronarienne et hypertro-
phie ventriculaire gauche.
Le traitement de l’hypertension est
plus qu’une simple normalisation
des valeurs tensionnelles ; ce traite-
ment doit comporter une approche
globale des divers facteurs de
risque cardiovasculaires qui englo-
bent le syndrome métabolique.
Le recours aux mesures pharmaco-
logiques (metformine, médica-
ments dits ”insulinosensibilisateurs”,
traitements spécifiques d’une ou de
plusieurs anomalies) est souvent
nécessaire. Si on prend en considé-
ration une étude menée sur 8 000
sujets américains, on entrevoit
qu’outre l’exercice physique régulier
et la restriction alimentaire, surtout
en lipides, il est également capital
de consommer abondamment des
fruits et légumes (six à dix par jour)
permettant des apports en anti-
oxydants suffisants.
Ludmila Couturier
Infos ...
Prévalence en
hausse
La prévalence du
syndrome
métabolique (SM)
ne cesse de croître
dans les pays
industrialisés : il est
aujourd’hui observé
chez 20 % des
adultes
normoglycémiques,
chez environ la
moitié des
intolérants au
glucose et chez
80 % des
diabétiques de
type 2. La perte de
poids même
modérée, grâce à
une alimentation
plus équilibrée et
l’exercice physique
régulier, demeure la
mesure capitale.
DOSSIER
20
>> DOSSIER
Tout comme la progression de l’épidémie de l’obésité, la fréquence alarmante du syn-
drome métabolique (SM) préoccupe les cliniciens, d’autant qu’il entraîne une augmen-
tation considérable du risque de survenue d’événements cardiovasculaires et de dia-
bète de type 2. L’insulinorésistance est un élément central.
Syndrome métabolique
Qualifié “d’orchestre mortel”
Un profil type
Concrètement, il s’agit par
exemple d’un sujet de sexe mas-
culin âgé de 60 ans ayant une
obésité viscérale et une pression
artérielle légèrement augmentée
combinée à une résistance à l’in-
suline débutante et à une hyper-
triglycéridémie avec un HDL-cho-
lestérol bas. L’association des
facteurs de risque individuelle-
ment peu importants fait que,
globalement, ce patient court un
risque cardiovasculaire très
élevé.
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