Brèves
Le Courrier de l’Observance thérapeutique
16
Vol. 1 - n
os
1-2 - janvier-juin 2001
IIes rencontres des réseaux ville-hôpital
“Observance et VIH”[1]
●V. Reliquet*
es 20 et 21 octobre 2000 se sont dérou-
lées à Bordeaux les IIes Rencontres des
réseaux ville-hôpital (grâce au Laboratoire
Brystol-Myers Squibb), axées sur le thème de
l’observance. Ces deux journées se sont arti-
culées autour d’interventions magistrales et
d’ateliers, dont la mise en commun s’est
effectuée le lendemain par quatre rappor-
teurs, et d’une table ronde intitulée “Place
de chacun et évolution du système de
santé”, clôturant cette rencontre.
Les deux premiers intervenants, M. Bary et
C. Tourette-Turgis, ont rappelé quelques
principes essentiels, déjà évoqués au Congrès
national sur l’observance thérapeutique à
Nantes. L’observance suppose un patient
acteur (sujet et non objet), une prise en
charge globale, une adhésion au suivi, une
faisabilité pour le patient, un entourage
capable d’écouter et d’entendre. Elle
implique un partenariat entre équipe soi-
gnante et patient, qui doit s’inscrire dans le
temps et, pour cela, garder une adaptabilité.
Ce travail d’équipe ne peut fonctionner cor-
rectement que s’il s’organise autour de
réunions périodiques. Le vécu du traitement
est indissociable du vécu et de l’histoire de la
séropositivité. Le retour à la santé somatique
nécessite souvent un travail sur la santé psy-
chique et la santé sociale. M. Bary a souligné
la nécessité d’aller à la rencontre des popu-
lations précarisées, soit grâce à des équipes
de terrain, soit par la création de sites d’ac-
cueil sur des lieux de passage (ce qu’il a créé
au Moulin-Joly), favorisant la demande et
permettant alors d’y apporter une réponse.
Langue et culture interagissent avec l’obser-
vance par le biais des informations et
des connaissances, des croyances et des
attitudes sur la séropositivité, la maladie et
les traitements.
Les problèmes Nord-Sud ont
été traités par C. Beck (REVIH
Mulhouse) et J.B. Guiard-
Schmid (REZO 85). Ainsi que
l’ont exprimé le juge
E. Cameron et N. Mandela à
Durban, il est temps de
reconnaître l’ampleur du
désastre et d’agir. L’accès aux
soins dans les pays en déve-
loppement représente un
enjeu majeur de la lutte
contre le sida : 90 % des trai-
tements de l’infection par le VIH sont attribués
à 10 % des personnes infectées dans le monde.
Les ateliers, portant sur quatre thèmes
pourtant différents (effets secondaires, résis-
tances, accompagnement et difficultés
psychologiques), ont débouché sur des
conclusions similaires.
La mise en route d’un traitement antirétrovi-
ral comporte deux phases : l’initialisation et
la maintenance (réévaluation et accompa-
gnement). L’initialisation implique une
consultation préparatoire permettant d’ex-
pliquer à un patient, surinformé par les
médias, les éventuels effets secondaires de
façon non préjudiciable. L’accompagnement
par une équipe pluridisciplinaire (diététi-
cienne, psychologue, assistante sociale, infir-
mière, médecin, associations de patients)
permet de gérer au mieux la survenue de ces
effets indésirables.
Les remèdes diffèrent selon les réseaux ; cer-
tains, comme le Réseau Gironde, ont créé
une commission “observance” impliquant
des pharmacies hospitalières et des associa-
tions pour réfléchir ensemble aux difficultés
rencontrées et aux solutions envisagées ;
ainsi, la possibilité d’un lien téléphonique
disponible sept jours sur sept et vingt-quatre
heures sur vingt-quatre grâce aux hôpitaux
de jour et services d’hospitalisation.
Le rôle des réseaux est de fournir aux interve-
nants une formation, des informations et un
accompagnement diversifié et cohérent
concourant à un mieux-être du patient et l’ai-
dant dans son observance. Les difficultés inhé-
rentes à la mise en place de réunions multidis-
ciplinaires ont été largement discutées : sur-
charge de travail, horaires différents, absence
d’indemnisation des libéraux soulevée par
B. Coadou (généraliste, réseau Gironde).
Au cours de la table ronde, D. Lacoste (hos-
pitalier, réseau Gironde) a exprimé la néces-
sité de faire changer les états d’esprit, le
besoin de disponibilité, d’implications volon-
taires, d’une requalification des acteurs hos-
pitaliers et libéraux, d’une mobilisation des
généralistes. Les infirmières sont fortement
impliquées dans les réseaux, leur profession
représentant 28 % des intervenants : onze
d’entre elles sont coordinatrices.
Sur le fond, cette réunion différait peu du
congrès sur l’observance qui s’était déroulé à
Nantes quinze jours auparavant. Elle a pour
mérite d’avoir permis aux adhérents de se
rencontrer, de verbaliser leurs questions et
leurs attentes.
CONCLUSION
Si les pessimistes retiennent la difficulté du
travail en équipe pluridisciplinaire, les opti-
mistes, eux, retiendront que certains arrivent
à faire du travail en réseau un véritable par-
tenariat entre ville et hôpital, centré autour
du patient. Alors, pourquoi pas tous ? ■
L
[1] Bordeaux, 21-22 octobre 2000.
*Service d’infectiologie, Hôtel-Dieu, 44093
Nantes Cedex 1.
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