HÉPATOLOGIE
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bien que le pronostic àlong terme ne
soit pas encore connu, le syndrome
LPAC peutêtre considéré dans la
grande majoritédes cas comme étant
sansgravitésiletraitementpar AUDC
est bien suivi.
Traitement en cas
de syndromeLPAC
Traitement médical
Le traitementdusyndromeLPAC
reposesuruntraitementprolongépar
AUDC àlaposologie de 10 mg/kg/j
(AMMobtenuen2011danscetteindi-
cation) [7]. L’AUDC augmente le pool
desacidesbiliaires hydrophilesqui
protègentlamembranedescholangio-
cytes(auxdépendsdesacidesbiliaires
hydrophobes toxiques), augmente
l’expression de la protéine MDR3et
faciliteainsilasécrétiondesphosholi-
pides dans la bile[9]. Il en résulte une
meilleuresolubilisationdu cholestérol
etàdistance,ladissolutiondescristaux
de cholestéroletdes calculs. Ce traite-
mentpermet dans la majoritédes cas
la disparitiondes symptômes dès les
toutes premières semainesdetraite-
ment. Cet effetest surtoutspectacu-
laire chez lespatients avec douleurs
biliairesrépétitivesetrapprochéesqui
disparaissentsous AUDC. Les anoma-
lies échographiques disparaissent
beaucouppluslentement,enquelques
mois, voire en quelques années[7].
Cettedisparitéentrel’améliorationcli-
nique et l’amélioration radiologique
pourraitsuggérerqu’une partie des
symptômes seraitplusliée auxcris-
tauxdecholestéroletàl’inflammation
des canauxbiliaires qu’aux calculs
intra-hépatiques.
L’amélioration clinique peutêtre par-
tiellesousAUDCàcetteposologie,avec
diminutionsansdisparitiondunombre
et de l’intensité des crises doulou-
reuses. En dehors d’une mauvaise
observancedutraitementparAUDCou
de douleur d’une autre origine, il peut
alors êtreproposéd’augmenterla
posologie d’AUDC jusqu’à 15 mg/kg/j.
Encasd’échecdel’optimisationdutrai-
tementparAUDC,untraitementadju-
vant par ezetimibe peutêtre proposé
sur des arguments physiopatholo-
giques,sans que la preuve de son effi-
cacitéclinique aitété apportée. En cas
d’hypercholestérolémie, il est préfé-
rabled’utiliser lesstatines plutôt que
Quelle stratégiepour ne pas
passer àcôté du diagnostic ?
L’étudeLPANGHmontrequelaplupart
des cas de syndrome LPAC ne sontpas
diagnostiqués. En effet, dans cette
étude menée dans des hôpitaux géné-
rauxdetailleassezprocheetdisposant
de services d’urgences et de chirurgie
viscérale,lenombredesyndromeLPAC
recensé étaitde0à2cas dans la plu-
partdes hôpitauxcontre 14 à45 cas
pour les 3hôpitaux danslesquels les
équipes de chirurgie digestive,de
radiologieetdegastro-entérologiesont
plusparticulièrementsensibilisées au
diagnostic de cette maladie, sans que
l’on puisse identifier de biais de sélec-
tion majeur dans ces 3hôpitaux, les
patients yétantadressés initialement
pour lithiase symptomatique et non
pour suspiciondesyndrome LPAC.
Cesous-diagnostics’expliqueenpartie
par la méconnaissance d’une maladie
quin’aétédécritepourlapremièrefois
qu’ilya15ans.Cetteméconnaissance
porte sur :
–Unesous-estimationdelafréquence
de la maladie, considérée générale-
mentcommetrèsrare,cequiestloin
d’êtrelecas,quecesoitàl’hôpitalou
en cabinet libéral de gastro-entéro-
logie.Eneffet,20à25 %desfemmes
de moins de 30 ans présentantune
lithiasebiliairesymptomatiquesont
atteintes de syndrome LPAC [2]. Par
ailleurs,àl’hôpital SaintCamillede
Bry-sur-Marne (94), hôpital général
de taille moyenne où sont prati-
quées àpeu près 200 cholécystecto-
mies annuelles, il aété misenévi-
dence en moyenne, depuis 10 ans,
4nouveaux cas de syndrome LPAC
par an, soittrois àquatre fois plus
que le nombre de nouveau cas de
cirrhose biliaire primitive.
–Laméconnaissance des signes de la
maladieparlesradiologues.Eneffet,
quasimenttouslespatientsontdéjà
eu, au momentdudiagnostic, plu-
sieurséchographies ne mettantpas
en évidence lessignes de syndrome
LPAC,alors qu’une échographie par
un radiologue expertvamettre en
évidence, chez ces mêmes patients,
lessignes caractéristiques de LPAC
dans plus de 90 %des cas.
–Laméconnaissance de la maladie
parleschirurgiens,qui prennenten
charge la grande majoritédes
patients atteints de lithiase biliaire
symptomatique et qui ne vont que
lesfibrates qui augmententlasécré-
tion de cholestéroldans la bile. Enfin,
le traitementœstro-progestatifdoit
être arrêté pendantles premières
semaines de traitement par AUDC et
tantque la maladie reste symptoma-
tique ;eneffet,cetraitementinhibela
sécrétiondes phospholipides dans la
bileetmajoreainsi lessymptômes.De
plus, dans de rares cas, le traitement
œstro-progestatif peut être respon-
sabledecholestaseencasdesyndrome
LPAC.
Traitement chirurgical
Bienque lalithiasedu syndrome LPAC
soitfréquemmentdelocalisation
mixte (vésiculaire et intra-hépatique),
lessymptômes sontsurtoutdus àla
lithiaseintra-hépatique.L’efficacitédu
traitementmédical par AUDC est telle
que la cholécystectomie peutêtre évi-
tée dans la majoritédes cas, d’autant
plus que la cholécystectomie ne pré-
vientpas la récidive des symptômes
biliaires [7]. Seuls lesrares cas de cho-
lécystite sontdes indications claires à
lacholécystectomie.Lapersistancedes
symptômes sousAUDCpeutégale-
mentfairediscuterunecholécystecto-
mie.
Dans la forme particulière de syn-
dromeLPACavecdilatationdes voies
biliaires intra-hépatiques autourde
macro-calculs,lerecours àlarésection
du segmentoudulobe atteintpeutse
justifiersilepatientprésentedes
angiocholites récidivantes malgré le
traitementpar AUDC.
Le dépistage familial
Undépistagefamilialparéchographie
experte (et/ou génotypage si une
mutation ABCB4aété mise en évi-
dence chez le proband) pourra être
proposé auxparents du 1er degré de
plus de 18 ans. Une échographiede
dépistagenormalechezunsujetjeune
asymptomatique pourraêtre répétée
quelques années plus tard car les
signes radiologiques évocateurs de
syndromeLPAC peuvent survenirulté-
rieurement.Le dépistage par échogra-
phie est moins rentablechezles
hommes,chez qui la pénétrance des
mutations ABCB4est très incomplète.
Chez lesparents asymptomatiques
aveclithiaseintra-hépatique,il estrai-
sonnabledeproposer un traitement
par AUDC.