AvanCées

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MAI 2017
AvanCées
dans les
myopathies
inflammatoires
Les myopathies inflammatoires (ou myosites) constituent
le groupe des maladies inflammatoires du muscle. Ces
maladies sont dites auto-immunes et ne sont pas
héréditaires.
Elles sont caractérisées par une faiblesse musculaire (de la
simple gêne à la paralysie complète) et plus rarement par
des douleurs musculaires. Sont parfois associées à
certaines formes de myosites des douleurs articulaires ou
des manifestations cutanées, une atteinte cardiaque et/ou
une atteinte pulmonaire qui en font aussi la gravité.
Ce document, publié à l’occasion des Journées des
Familles 2017 de l’AFM-Téléthon, présente les actualités
de la recherche dans les myopathies inflammatoires :
colloques internationaux, études ou essais cliniques en
cours, publications scientifiques et médicales... Il est
téléchargeable sur le site internet de l'AFM-Téléthon où
> dermatomyosite (DM)
> polymyosite (PM)
> myosite à inclusions (IBM)
> myosite de chevauchement
> myopathie nécrosante auto-immune
se trouvent aussi d’autres informations concernant les
domaines
sociaux
scientifiques,
ou
techniques
médicaux,
dans
psychologiques,
les
myopathies
inflammatoires :
WEB www.afm-telethon.fr > Concerné par la maladie > Myopathie
inflammatoire (myosite)
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Sommaire
Rédaction
 Myoinfo,
Département d'information sur
les maladies neuromusculaires
de l'AFM-Téléthon, Évry
Validation
 Pr. Olivier Benveniste, Service
de médecine interne, Hôpital
Pitié-Salpêtrière, Paris
Des évènements médico-scientifiques................................................ 4
Congrès international des maladies neuromusculaires ...................................4
Congrès international de la World Muscle Society .............................................4
Atelier ENMC ....................................................................................................................4
Congrès de rhumatologie ............................................................................................4
Conférence internationale sur les myosites ..........................................................5
Conférence annuelle de l’association américaine des myosites ...................5
Publication du Protocole national de diagnostic et de soins sur la
dermatomyosite de l’enfant et de l’adulte ............................................................5
Une base de données française ........................................................... 6
Une étude d’histoire naturelle ............................................................. 6
Une étude observationnelle ................................................................. 6
Des essais cliniques dans les myosites ................................................ 7
Le BAF312 ..........................................................................................................................7
Le MEDI7734 .....................................................................................................................7
L’IMO-8400 ........................................................................................................................8
Le vaccin IFNα-kinoïde..................................................................................................8
Des immunoglobulines par voie sous-cutanée ...................................................8
Une alternative efficace à la voie intraveineuse .................................................... 9
Un essai clinique en cours aux États-Unis................................................................ 9
La rééducation fonctionnelle ......................................................................................9
Le réentrainement à l’effort ..................................................................................... 10
Des essais cliniques dans les myosites réfractaires .........................11
Le rituximab.................................................................................................................... 11
Le tocilizumab ............................................................................................................... 11
Le belimumab ................................................................................................................ 11
L’abadacept .................................................................................................................... 12
L’anabasum (ou JBT-101) .......................................................................................... 12
Des essais cliniques dans la myosite à inclusions ............................13
Inhiber la myostatine .................................................................................................. 13
La thérapie génique par le gène de la follistatine ............................................. 13
Arrêt de l’essai Resilient évaluant le bimagrumab (ou BYM338) ................. 13
La rapamycine ............................................................................................................... 13
La natalizumab .............................................................................................................. 14
L’arimoclomol ................................................................................................................ 14
D’autres avancées médico-scientifiques ...........................................15
De l’intérêt du dosage des auto-anticorps dans la myopathie nécrosante
auto-immune ................................................................................................................. 15
Les formes de myopathie nécrosante auto-immune chez l’enfant ne
sont pas rares ................................................................................................................ 15
Les auto-anticorps anti-SRP et anti-HMGCR entrainent la nécrose des
fibres musculaires ........................................................................................................ 16
*
*
2 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
*
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Savoir & Comprendre
Les myopathies inflammatoires (ou myosites) sont des maladies rares, qui
touchent environ 6 à 7 personnes sur 100 000.
Ce sont des maladies auto-immunes c'est-à-dire des maladies dans
lesquelles le système immunitaire (chargé de protéger un organisme
contre des attaques extérieures : microbe, virus…) se dérègle et va
attaquer des éléments de l'organisme de son hôte.
Une maladie est dite rare quand
elle touche moins d'une personne
sur 2 000. Les maladies rares font
l'objet d'une politique de santé
publique commune dans les
domaines de la recherche, de
l'information et de la prise en
charge.
La classification des myosites est établie en fonction des symptômes, des
caractéristiques immunologiques et de l'aspect du tissu musculaire au
microscope (critères histologiques). Ces dernières années, elle a été en
constante évolution.
On distingue actuellement 5 principaux types de myosites :
▪ la dermatomyosite (DM)
▪ la polymyosite (PM)
▪ la myosite de chevauchement
▪ la myosite à inclusions
▪ la myopathie nécrosante auto-immune.
Dans les myopathies inflammatoires, le système immunitaire attaque des
éléments de l'organisme, le muscle squelettique. Selon le type de
myosites, différents mécanismes immunitaires rentrent en jeu.
▪ Dans la dermatomyosite (DM), le système immunitaire attaque en
premier lieu les vaisseaux sanguins de la peau et du muscle par une
accumulation anormale du complément dans ces vaisseaux. Cela
provoque une destruction des vaisseaux sanguins responsable d’une
diminution de l'apport de sang aux fibres musculaires. Celles-ci vont alors
diminuer de volume : elles s'atrophient. Puis des cellules immunitaires
envahissent la zone lésée (infiltrat inflammatoire), aggravant l'état des
fibres musculaires.
▪ Dans la polymyosite (PM), des cellules immunitaires, les lymphocytes T
de type cytotoxiques (CD8+), attaquent les fibres musculaires et les
détruisent.
▪ Dans la myosite à inclusions, on observe d'une part la présence dans les
fibres musculaires, d’agrégats de protéines toxiques, appelés inclusions.
D'autre part, certaines fibres musculaires sont envahies de cellules
immunitaires, notamment des lymphocytes T CD8+, comme dans la
polymyosite.
▪ La myosite nécrosante auto-immune est une myosite caractérisée par
une nécrose musculaire importante et avec peu ou pas d’infiltrat
inflammatoire.
On distingue les formes liées à la présence d’auto-anticorps spécifiques,
comme les anti-SRP (pour signal recognition particles ou particules de
reconnaissance du signal), ou comme les anticorps anti-HMGCR (pour 3hydroxy-3-methylglutaryl coenzyme A reductase) découverts récemment,
des formes sans auto-anticorps parfois associées à une néoplasie.
▪ La myosite de chevauchement se définit par des manifestations extramusculaires ou extra-cutanées ou la présence d'auto-anticorps spécifiques
des myosites (par exemple le syndrome des antisynthétases associe la
présence de l’auto-anticorps anti-Jo-1, une myosite et des atteintes
articulaires, cutanées et pulmonaires).
Les muscles squelettiques sont
les muscles attachés au squelette.
En se contractant, ils font bouger
les différentes parties de notre
corps. Sous le contrôle de la
volonté, ils sont également
appelés muscles volontaires ou
encore muscles striés à cause de
leur aspect strié au microscope.
Le complément est un système
complexe, composé de différentes
protéines, qui est impliqué dans
la défense de l'organisme par le
système immunitaire.
Les lymphocytes T cytotoxiques
CD8+ sont des globules blancs
spécialisés du système
immunitaire. Ils libèrent des
protéines toxiques, dirigées contre
les cellules qu'ils attaquent. Ces
protéines toxiques font des trous
dans la membrane cellulaire,
provoquant une entrée excessive
d'eau dans les cellules, qui
finissent par éclater.
La nécrose cellulaire est une
mort accidentelle des cellules,
due à des facteurs extérieurs
(manque d'oxygène, intoxication,
maladie...). Si la cellule est trop
endommagée, elle se nécrose :
elle se gorge d'eau au point
d'éclater. Cela conduit au
déversement du contenu de la
cellule dans le milieu
environnant, provoquant une
inflammation et des lésions
des tissus alentours.
Les auto-anticorps sont des
anticorps qui réagissent contre
des éléments de son propre
organisme, comme le muscle.
3 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
▪ Concernant les autres myosites, les mécanismes en cause sont beaucoup
moins bien connus, ce d'autant que leur reconnaissance au sein du groupe
des myosites est très récente.
Le traitement actuel des myosites repose sur différents médicaments
visant à moduler l'activité du système immunitaire (immunosuppresseurs) :
• Corticothérapie associée à des mesures diététiques.
• Agents immunosuppresseurs : méthotrexate, azathioprine, mycophénolate mofétil…
• Immunoglobulines par voie intraveineuse.
• Anti-lymphocytes B : rituximab.
Des évènements médico-scientifiques
Congrès international des maladies neuromusculaires
Le 14ème Congrès international des maladies neuromusculaires (ICNMD
2016) a réuni plus de mille médecins et chercheurs à Toronto (Canada) du
5 au 9 juillet 2016. Il a été l’occasion de faire le point sur la recherche
fondamentale et clinique dans les maladies neuromusculaires, y compris
dans les myopathies inflammatoires.
Congrès international de la World Muscle Society
A l’occasion du 21ème congrès international de la World Muscle Society
(WMS 2016) qui s’est déroulé du 4 au 8 octobre 2016 à Grenade
(Espagne), une session a été consacrée aux myopathies inflammatoires. Un
point sur le premier essai de l’arimoclomol dans ces maladies a été réalisé.
L’arimoclomol a été bien toléré mais n’a pas montré de preuve
significative d’efficacité chez 24 participants atteints de myosite à
inclusions.
La thématique des myopathies inflammatoires a également fait l’objet de
plusieurs posters.
Atelier ENMC
L'European Neuromuscular
Centre (ENMC) est une
organisation internationale visant
à soutenir la recherche dans le
domaine des maladies
neuromusculaires. Il organise
régulièrement des rencontres
internationales (worksphop ou
atelier de travail en français)
rassemblant scientifiques et
cliniciens sur une thématique
donnée.
WEB www.enmc.org/
Un atelier de travail (ou workshop) organisé par l’ENMC sur la
« Classification clinique et pathologique des myosites nécrosantes autoimmunes » a eu lieu du 14 au 16 octobre 2016 à Heemskerk (Pays-Bas). Il a
été organisé par Y. Allenbach (France), O. Benveniste (France). A. Mammen
(États-Unis), W. Stenzel (Allemagne).
La découverte récente de différents sous-types des myosites nécrosantes
auto-immunes a amené les 20 participants de cet atelier à échanger sur la
classification, les critères diagnostiques cliniques et pathologiques ainsi
que les recommandations thérapeutiques dans les myosites nécrosantes
auto-immunes.
Congrès de rhumatologie
La thématique des myopathies inflammatoires est régulièrement abordée
dans les congrès internationaux consacrés à la rhumatologie.
▪ Le congrès annuel américain de rhumatologie s’est déroulé du 11 au 16
novembre 2016 à Washington (États-Unis). Le prochain aura lieu du 5 au 8
novembre 2017 à San Diego (États-Unis).
4 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Savoir & Comprendre
▪ La ligue européenne contre les rhumatismes organise chaque année un
congrès européen de rhumatologie. Le prochain congrès se déroulera du
14 au 17 juin 2017 à Madrid (Espagne).
Conférence internationale sur les myosites
La 2ème conférence internationale sur les myosites s’est tenue à Potomac
(États-Unis) du 5 au 8 mai 2017. Cela a été l’occasion de faire le point sur
la recherche dans les myosites tant en termes de compréhension des
mécanismes moléculaires en cause dans les myosites que de pistes
thérapeutiques et de traitements.
Conférence annuelle de l’association américaine des myosites
Chaque année, l’association américaine des myosites organise une
conférence accueillant près de 500 personnes atteintes de myosite et leurs
aidants. Les thèmes abordés concernent le diagnostic, les traitements,
l'exercice, la nutrition, le soutien émotionnel, l'équipement médical… La
prochaine conférence aura lieu du 7 au 10 septembre 2017 à San Diego
(États-Unis).
Publication du Protocole national de diagnostic et de soins sur la
dermatomyosite de l’enfant et de l’adulte
Le Protocole national de diagnostic et de soins (PNDS) sur la
dermatomyosite de l’enfant et de l’adulte a été publié sur le site de la
Haute Autorité de Santé (HAS) en septembre 2016. Ce travail a été
coordonné par le centre de référence national des maladies
rhumatologiques et inflammatoires rares, sous la responsabilité du Dr
Brigitte Bader-Meunier (Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris) et le
service de Médecine interne et d’immunologie clinique du centre de
référence national des maladies neuromusculaires Paris sous la
responsabilité du Pr Olivier Benveniste (Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris)
sous l'égide et en partenariat avec la Filière des Maladies Auto-Immunes
et Auto-Inflammatoires Rares (FAI²R) et la Filière des Maladies
NeuroMusculaires (FILNEMUS).
Le PNDS sur la dermatomyosite de l’enfant et de l’adulte a été rédigé à
partir d’une revue de la littérature internationale et des principaux
ouvrages de rhumatologie pédiatrique et adulte, dermatologie, neurologie
adulte et pédiatrique, médecine interne concernant les manifestations
cliniques et la prise en charge de la dermatomyosite.
WEB www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2666858/fr/dermatomyosite-de-l-enfant-et-de-l-adulte
Les Protocoles nationaux de
diagnostic et de soins (PNDS)
sont des recommandations
destinées aux professionnels de
santé. « L’objectif d’un PNDS est
d’expliciter aux professionnels
concernés la prise en charge
diagnostique et thérapeutique
optimale actuelle et le parcours
de soins d’un patient atteint
d’une maladie rare donnée. Il a
pour but d’optimiser et
d’harmoniser la prise en charge
et le suivi de la maladie rare sur
l’ensemble du territoire » (Haute
Autorité de Santé, HAS).
L’ensemble des PNDS publiés
sont consultables sur le site de la
Haute Autorité de Santé (HAS).
WEB www.hassante.fr/portail/jcms/c_1340879/fr/pr
otocoles-nationaux-de-diagnosticet-de-soins-pnds
5 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Une base de données française
Ce que les médecins appellent
l'histoire naturelle d'une
maladie est la description des
différentes manifestations d'une
maladie et de leur évolution au
cours du temps en l'absence de
traitement.
Le développement de bases de données de patients permet d’effectuer un
recensement des personnes atteintes d'une même maladie, de préciser
l’histoire
naturelle
de
celle-ci,
d'établir
des
corrélations
autoanticorps/phénotype et de faciliter le recrutement de patients dans
les essais cliniques.
Base de données dans les myosites
Réaliser le suivi des patients atteints de myosites à des fins de recherche
(soutenue par l’AFM-Téléthon)
Statut
Pays
Date de création
Recrutement en cours
France
Octobre 2013
En mars 2017 : 1240 patients sont inclus dans cette base de données.
En outre, la base de données dans les myosites collecte également des
prélèvements biologiques (sang et/ou muscle) de patients permettant la
réalisation de travaux scientifiques pour une meilleure compréhension des
myosites.
Une étude d’histoire naturelle
Les études d’histoire naturelle permettent de mieux décrire l’évolution
d’une maladie au cours du temps. C’est un pré-requis important avant la
mise en place d'essais cliniques.
Étude d’histoire naturelle dans les myosites
Réaliser un suivi clinique, biologique, histologique et d’imagerie chez des
personnes atteintes d’une myosite idiopathique récente (moins de 2 ans)
(Promoteur : Université de Manchester)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
en cours
300
(plus de 18
ans)
Royaume-Uni
5 ans
Octobre 2016
– Février 2021
Une étude observationnelle
Les études observationnelles permettent de mieux connaitre une maladie,
d’identifier de meilleurs outils de diagnostic ou de suivi, de suivre l’effet
d’un traitement à plus ou moins long terme...
Étude génétique dans la dermatomyosite et la polymyosite
Identifier les gènes associés à la survenue et aux caractéristiques cliniques
des myosites
(Promoteur : Salford Royal NHS Foundation Trust)
6 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
en cours
1000
(18 à 70 ans)
Royaume-Uni
20 ans
Janvier 2001 –
Janvier 2020
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Des essais cliniques dans les myosites
Les essais cliniques consistent à évaluer les effets d’un traitement potentiel
dans une maladie (un candidat-médicament, un dispositif médical…) dans
le but de s’assurer qu’il est bien toléré et efficace dans cette maladie.
Le BAF312
Le BAF312 est un modulateur d’un récepteur essentiel à la circulation des
lymphocytes, le récepteur de la sphingosine 1-phosphate. Ce récepteur
représente une cible médicamenteuse dans les maladies auto-immunes
(en particulier dans la sclérose en plaques).
Essai de phase II dans la dermatomyosite
Évaluer la sécurité d’évaluation et l’efficacité de BAF312
(Promoteur : Novartis Pharmaceuticals)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Essai terminé.
Données en
cours
d’analyse
17
(18 à 70 ans)
États-Unis,
Japon,
République
Tchèque
6 mois
Novembre
2013 – Février
2016
Essai de phase II dans la polymyosite
Évaluer la sécurité d’évaluation et l’efficacité de BAF312
Au cours d'un essai clinique de
phase II, un médicament, dont il
a été montré au préalable qu'il
était bien toléré (au cours d'un
essai de phase I) est administré à
un groupe de malades dans le
but de déterminer l'efficacité
thérapeutique, les doses
optimales et la sécurité du
traitement (Quel est le mode
d’administration et la dose
maximale tolérée ?).
 Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM-Téléthon.
(Promoteur : Novartis Pharmaceuticals)
Statut
Essai terminé.
Données en
cours
d’analyse
Nombre de
participants
(âge)
Pays
14
Canada, États(18 à 75 ans) Unis, Hongrie,
Pologne,
République
Tchèque,
Taïwan
Durée du
suivi
Début - Fin
12 semaines
Avril 2013 –
Août 2016
Le MEDI7734
Le MEDI7734 est un anticorps qui se lie à certains globules blancs, les
cellules dendritiques plasmacytoïdes, et provoque une diminution
temporaire de leur quantité. Ces cellules dendritiques plasmacytoïdes
interviennent dans les réactions immunitaires et sont capables de
produire, après activation, de grandes quantités d’interféron α.
Essai de phase I dans la dermatomyosite et la polymyosite
Évaluer la sécurité d’utilisation et la tolérance de MEDI7734,
(Promoteur : MedImmune LLC)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
en cours
36
(18 à 65 ans)
États-Unis
85 jours
Août 2016 –
Août 2018
Au cours d'un essai clinique de
phase I un médicament dont
l'intérêt thérapeutique a été
montré
sur
des
modèles
animaux et/ou cellulaires (essais
précliniques) est administré pour
la première fois à un petit
groupe de volontaires sains, plus
rarement à des malades, afin
d'évaluer leur tolérance à la
substance en fonction de la dose
(Comment le futur traitement
est-il absorbé et éliminé ?
Comment se fait sa répartition
dans les organes ? Est-il toxique
et à quelles doses ? Existe-t-il des
effets secondaires ?).
 Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM-Téléthon.
7 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
L’IMO-8400
Un oligonucléotide antisens
est un fragment d'ARN,
généralement synthétisé en
laboratoire qui se lie
spécifiquement à un ARN
messager naturel (la séquence
de l’oligonucléotide antisens est
complémentaire de celle de
l'ARN messager). Il peut ainsi
modifier à un endroit précis
l’ARN messager (saut ou
incorporation d’exon(s) en
intervenant à l'étape de sa
maturation (l’épissage).
Les TLR (pour Toll like
receptors) sont des récepteurs
présents à la surface des cellules
immunitaires qui vont
reconnaitre des morceaux de
parasites, bactérie, virus… Ainsi,
quand un agent pathogène
pénètre dans l'organisme, un (ou
plusieurs) TLR va s’associer à lui
et activer une série de réactions
dans le but d’éliminer l’agent
pathogène.
L’IMO-8400 appartient à la famille des oligonucléotides antisens. Il inhibe
les récepteurs TLR (toll-like receptors) 7, 8 et 9, qui jouent un rôle
important dans la réaction immunitaire. Le dysfonctionnement de ces
récepteurs serait impliqué dans le développement de maladies autoimmunes.
Essai de phase I dans la dermatomyosite
Évaluer la sécurité d’utilisation et la tolérance de MEDI7734,
(Promoteur : Idera Pharmaceuticals)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
en cours
36
(18 à 75 ans)
États-Unis,
Hongrie,
Royaume-Uni
6 mois
Novembre
2015 –
Août 2017
Le vaccin IFNα-kinoïde
Le laboratoire Neovacs a mis au point le vaccin IFNα-kinoïde. L’objectif est
de provoquer la fabrication, par le système immunitaire du patient,
d’anticorps dirigés contre l’interféron alpha (IFNα) et ainsi de
« rééquilibrer » le système immunitaire.
Plusieurs études ont montré que les interférons jouent un rôle dans les
maladies auto-immunes, comme la dermatomyosite et le lupus
érythémateux disséminé. En France, l’équipe du Pr Benveniste travaille sur
le lien entre interféron et dermatomyosite, avec l’hypothèse que la
dermatomyosite est une maladie de l’interféron (on parle
d’« interféronopathie »).
Également testé dans le lupus érythémateux disséminé, le vaccin IFNαkinoïde est en cours d’essai dans la dermatomyosite.
Essai de phase II dans la dermatomyosite
Évaluer la sécurité, l’immunogénicité et l’efficacité du vaccin IFNα-kinoïde
(Promoteur : Neovacs)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
en cours
30
(18 à 65 ans)
France,
Allemagne,
États-Unis,
Italie,
Royaume-Uni,
Suisse
1 an
Novembre
2016 –
Décembre
2018
Des immunoglobulines par voie sous-cutanée
Les immunoglobulines polyvalentes font partie des traitements des
myopathies inflammatoires. Leur administration habituelle se fait à
l’hôpital par voie intraveineuse, en perfusion. Elles peuvent également être
injectées dans le tissu situé sous la peau (hypoderme). Cette voie souscutanée présente l’avantage d’être réalisable à domicile, par le patient luimême après une phase d’apprentissage. Son autre atout est de permettre
8 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
la poursuite d’un traitement par immunoglobulines efficace dont
l’administration en perfusion est devenue difficile ou impossible.
Différentes études, à très petite échelle, avaient déjà montré que l’injection
sous-cutanée d’immunoglobulines était faisable, efficace et sûre dans les
myosites.
Une alternative efficace à la voie intraveineuse
Un essai clinique, mené en France, s’est attaché à évaluer l’impact de
l’administration sous-cutanée d’immunoglobulines sur la qualité de vie et
la tolérance chez 12 personnes atteintes de myosite et 11 personnes
atteintes de neuropathie chronique périphérique dysimmunitaire, une
autre maladie auto-immune. Toutes étaient déjà traitées avec succès par
de fortes doses d’immunoglobulines en perfusion et toutes devaient
changer de voie d’administration (réseau veineux insuffisant, perfusion mal
tolérée…).
▪ Les résultats obtenus au terme d’un suivi de six mois viennent conforter
ceux des travaux antérieurs. Le passage à la voie sous-cutanée n’a entrainé
aucune détérioration de la qualité de vie des participants à l’essai, qui
sont tous restés stables sur le plan clinique. Les effets indésirables
enregistrés - pour l’essentiel des réactions au site d’injection - avaient déjà
été décrits. Et si deux évènements graves (une myocardite et un accident
vasculaire cérébral) sont survenus, aucun n’a pu être attribué de façon
spécifique à la voie sous-cutanée car ce type d’évènement peut survenir
aussi lors de l’administration par voie intraveineuse.
High dose subcutaneous immunoglobulin for idiopathic inflammatory
myopathies and dysimmune peripheral chronic neuropathies treatment:
observational study of quality of life and tolerance.
Hachulla E, Benveniste O, Hamidou M, Mouthon L, Schleinitz N, Lozeron P, Léger JM,
Vial C, Viala K. Int
J Neurosci., 2016 (Juillet)
Un essai clinique en cours aux États-Unis
Un essai clinique est en cours de recrutement pour évaluer la sécurité
d’utilisation et l’efficacité de l’Hizentra®, une forme sous-cutanée
d’immunoglobulines humaines, sur la faiblesse musculaire de personnes
atteintes de dermatomyosite.
Essai de phase I dans la dermatomyosite
Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité de l’Hizentra®
sur la faiblesse musculaire
(Promoteur : Thomas Jefferson University)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
en cours
10
(18 ans et
plus)
États-Unis
7 mois
Novembre
2014 –
Octobre 2018
La rééducation fonctionnelle
La rééducation a longtemps été déconseillée dans les myopathies
inflammatoires de peur d’aggraver l’inflammation musculaire. Dans un
article publié en novembre 2016, l’équipe du Département de médecine
interne et immunologie clinique de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) a
9 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
Savoir & Comprendre
Dans un essai randomisé, les
participants sont répartis par
tirage au sort dans les différents
groupes.
 Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM-Téléthon
Un essai contrôlé est un essai
qui compare l'efficacité de la
substance testée à celle d'un
placebo ou d'une substance
active connue : une partie des
participants prend un placebo ou
une autre substance active et
constitue un groupe "contrôle".
La créatine phosphokinase
(CPK ou créatine kinase, CK) est
une enzyme musculaire qui joue
un rôle dans la production
d'énergie directement utilisable
par les cellules. Abondamment
présente dans les cellules
musculaires, elle est libérée dans
la circulation sanguine en cas
d'atteinte musculaire. Son dosage
dans le sang est utile au
diagnostic de certaines
myopathies.
Dans un essai en double
aveugle, ni les patients ni les
médecins ne savent quelle
alternative de traitement les
patients prennent.
Avancées dans les myopathies inflammatoires
fait le point sur cette question en s’appuyant sur la trentaine d’études
médico-scientifiques publiées depuis 1993 sur le sujet (cinq essais
contrôlés randomisés, quatre essais contrôlés non randomisés, quinze
études de cohorte et sept études de cas).
▪ Toutes ces études concluent à l’absence de dangerosité de l’exercice
au cours des myopathies inflammatoires (y compris lorsqu’elles sont en
phase active), notamment du fait de l’absence d’augmentation du taux
sanguin de créatine kinase. Certaines études montrent une amélioration
de l’endurance, de la force musculaire et/ou de la fatigabilité.
Selon les études, le travail musculaire était aérobie (endurance), anaérobie
(résistance) ou mixte. Un essai randomisé d’une supplémentation en
créatine associée à un travail en résistance modéré en double aveugle
contre placebo a mis en évidence une amélioration significative de la
fonction musculaire tant en résistance qu’en endurance.
Les auteurs recommandent l’association systématique de la rééducation
aux traitements médicamenteux proposés aux personnes atteintes de
myopathie inflammatoire, y compris en phase active. Si la rééducation
peut réduire l’activité de la maladie, améliorer les performances
musculaires et contribuer à une meilleure qualité de vie, des études
restent à mener pour mieux définir les protocoles de rééducation les plus
appropriés (durée, intensité, fréquence...) ou encore l’intérêt d’une
supplémentation en créatine.
Intérêt de la rééducation fonctionnelle au cours des myopathies inflammatoires.
Moyon Q., Benveniste O.
Rev Med Interne., 2016 (Nov).
Le réentrainement à l’effort
Si certaines myosites réagissent très bien à la corticothérapie et/ou aux
immunosuppresseurs, d’autres ont tendance à devenir chronique avec un
déficit moteur persistant et une diminution de l’autonomie. C’est dans ce
contexte que l’équipe du centre de référence neuromusculaire de Lille
associée à plusieurs services de médecine interne français s’est intéressée
à l’apport potentiellement bénéfique d’un réentrainement à l’effort dans
ce type de maladie.
▪ Dans un article publié en octobre 2016, les chercheurs rapportent les
résultats d’un essai multicentrique conduit de manière randomisée chez
21 patients atteints de myopathie inflammatoire, en comparaison avec un
groupe contrôle.
Le protocole consistait à suivre un programme intensif de réentrainement
physique, d’abord en milieu hospitalier, puis à domicile, le tout sur une
durée d’un an, avec des évaluations intermédiaires régulières.
Même si l’amélioration notée chez la plupart des patients au bout des 12
mois n'était pas statistiquement significative, les auteurs considèrent que
ce type d’intervention est sans doute utile et bénéfique.
Postrehabilitation Functional Improvements in Patients With Inflammatory
Myopathies: The Results of a Randomized Controlled Trial.
Tiffreau V, Rannou F, Kopciuch F, Hachulla E, Mouthon L, Thoumie P, Sibilia J, Drumez
E, Thevenon A.
Arch Phys Med Rehabil., 2016 (Oct).
10 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Des essais cliniques dans les myosites réfractaires
Dans certains cas, les traitements habituellement utilisés ne permettent
pas ou sont insuffisants pour améliorer les manifestations de la myosite.
Les médecins parlent de forme réfractaire.
Le rituximab
Le rituximab est un immunosuppresseur de nouvelle génération qui
bloque l'activité des lymphocytes B, déjà utilisé dans le traitement de
certains cancers.
Essai de phase II/III
Évaluer les effets du rituximab, versus la cyclophosphamide, sur la fonction
respiratoire de personnes atteintes d’une maladie inflammatoire (myosite ou
autre) avec pneumopathie interstitielle,
(Promoteur : Royal Brompton & Harefield NHS Foundation Trust )
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
en cours
116
(18 à 80 ans)
Royaume Uni
1 an
Novembre
2014 –
Novembre
2017
Le tocilizumab
Comme le rituximab, le tocilizumab est un immunomodulateur. Il est déjà
utilisé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde.
Essai de phase II
Évaluer l'effet du tocilizumab dans le traitement
des myosites réfractaires aux traitements habituels
(Promoteur : Université de Pittsburgh)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
en cours
40
(18 ans et
plus)
États-Unis
6 mois
Octobre 2014
– Avril 2018
Le belimumab
Le belimumab est un anticorps qui peut neutraliser un facteur stimulant
les lymphocytes B et qui est déjà utilisé dans le traitement du lupus.
Les lymphocytes B sont des
globules blancs spécialisés dans
un certain type de réaction
immunitaire : ils produisent les
anticorps qui neutralisent des
substances ou des molécules
considérées comme étrangères
par l'organisme.
Un essai de phase II/III permet
de tester l'efficacité d'un
traitement potentiel et son
dosage en une seule étape : les
phases II (dose et mode
d'administration) et III (efficacité)
de l'essai clinique sont regroupées
en une seule. Au terme de l'essai,
si les résultats sont positifs, une
autorisation de mise sur le
marché (AMM) peut être donnée.
 Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM-Téléthon.
Au cours d'un essai clinique de
phase II, un médicament, dont il
a été montré au préalable qu'il
était bien toléré (au cours d'un
essai de phase I) est administré à
un groupe de malades dans le
but de déterminer l'efficacité
thérapeutique, les doses
optimales et la sécurité du
traitement (Quel est le mode
d’administration et la dose
maximale tolérée ?).
 Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM-Téléthon.
Essai de phase II/III
Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité du belimumab
en plus du traitement habituel dans les myosites réfractaires
(Promoteur : North Shore Long Island Jewish Health System)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
en cours
60
(18 ans et
plus)
États-Unis
40 semaines
Janvier 2015 –
Décembre
2018
11 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
L’abadacept
L’abatacept (Orencia®) module de façon sélective un signal nécessaire à
l'activation complète de certains lymphocytes T retrouvés dans les infiltrats
inflammatoires musculaires (biopsies musculaires) de dermatomyosite.
Déjà indiqué dans la polyarthrite rhumatoïde, l’abatacept a déjà été testé
dans quelques cas de myosites.
Essai de phase IV
Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité de l’abatacept, en sous-cutané, sur
l’activité de la dermatomyosite juvénile
(Promoteur : George Washington University)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
en cours
10
(7 ans et plus)
États-Unis
6 mois
Novembre
2015 –
Décembre
2017
Essai de phase III
Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité de l’abatacept, en sous-cutané, sur
l’activité des myopathies inflammatoires
(Promoteur : Bristol-Myers Squibb)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
En préparation
150
(18 ans et
plus)
France,
Allemagne,
Australie,
Brésil, Corée,
États-Unis,
Mexique
6 mois
Avril 2017–
Mars 2021
L’anabasum (ou JBT-101)
L’anabasum (ou JBT-101) se fixe de façon préférentielle sur des récepteurs
CB2 exprimés pour l’essentiel sur les cellules immunitaires, ce qui pourrait
avoir un effet immunomodulateur, avec une interruption des processus
inflammatoires sans entrainer d’immunodépression.
Il est à l’étude dans la dermatomyosite modérée à sévère et réfractaire sur
le plan cutanée.
Essai de phase II dans la dermatomyosite
Évaluer la sécurité d’utilisation, la tolérance et l’efficacité de l’anabasum,
(Promoteur : Corbus Pharmaceuticals)
12 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
terminé, essai
en cours
22
(18 à 70 ans)
États-Unis
1 an
Juin 2015 –
Septembre
2019
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Savoir & Comprendre
Des essais cliniques dans la myosite à inclusions
Dans la myosite à inclusions, aucun traitement immunosuppresseur
habituellement utilisé n'est bénéfique, renforçant l'hypothèse que cette
maladie n'a pas qu’une origine auto-immune. L’atteinte musculaire
progressive y touche particulièrement les muscles quadriceps, en se
manifestant par une perte du volume des cuisses, des chutes fréquentes…
Inhiber la myostatine
Une piste thérapeutique dans la myosite à inclusions consiste à augmenter
la taille et la force des fibres musculaires, en inhibant la voie de la
myostatine, un inhibiteur naturel de la croissance musculaire.
La thérapie génique par le gène de la follistatine
Une piste thérapeutique à l’étude consiste à apporter le gène de la
follistatine à l’aide d’un vecteur (virus, vecteur synthétique…).
▪ Le produit de thérapie génique AAV1.CMV.FS344, composé d’un virus
adéno-associé (AAV1) transportant la forme musculaire de la follistatine, la
follistatine-344, a été injecté dans les muscles du quadriceps des deux
jambes de 6 personnes atteintes de myosite à inclusion dans le cadre d’un
essai de phase I réalisé aux États-Unis.
Les résultats publiés en mars 2017 montrent qu’au bout de 6 mois le
traitement a été bien toléré par les participants ; de plus, il a permis de
réduire la fibrose et d’améliorer la régénération musculaire.
En moyenne, la distance de marche parcourue pendant 6 minutes a
augmenté, de 56 mètres par an, chez les participants traités (de 58 à 153
mètres chez 4 d’entre eux), alors qu’elle a diminué chez 8 patients non
traités (réduction de 25,8 mètres par an).
▪ Un essai de phase II de thérapie génique avec le gène de la follistatine
devrait débuter prochainement. Il se déroulera notamment en France.
Arrêt de l’essai Resilient évaluant le bimagrumab (ou BYM338)
Initié fin 2013, l’essai clinique Resilient évaluait la sécurité d’utilisation, la
tolérance et l’efficacité sur la myosite à inclusions de trois doses
différentes de bimagrumab (BYM338), un anticorps monoclonal dirigé
contre le récepteur de la myostatine. Multicentrique et international, il a
inclus 240 personnes, dont 10 en France.
▪ Lors d’une analyse préliminaire des données, le bimagrumab n’a pas
satisfait à son critère principal d’évaluation. En avril 2016, le laboratoire
Novartis (promoteur de l’essai) a donc procédé à une analyse complète
des résultats préliminaires (critères d’évaluation principal et secondaires).
Il n’existerait pas de différence significative entre le bimagrumab et le
placebo sur la fonction musculaire.
▪ La firme pharmaceutique a décidé d’arrêter l’essai Resilient, en raison
d’une absence de résultats objectifs.
Un vecteur est un système
permettant le transfert de gènes
médicaments dans les cellules
d'un organisme. Pour avoir un
effet, un gène médicament doit
accéder au noyau de la cellule, où
est situé l'ADN. Il faut donc que le
gène médicament traverse
plusieurs barrières biologiques
pour accéder d’abord à la cellule
(en traversant les vaisseaux, les
tissus conjonctifs), puis à
l'intérieur de la cellule (en
traversant la membrane
plasmique délimitant la cellule) et
enfin au noyau (en traversant la
membrane nucléaire). Pour ce
faire, le gène médicament est
introduit dans un vecteur qui lui
facilite le franchissement de
toutes ces barrières. Le vecteur
peut-être soit viral, soit non viral
(plasmides, vecteurs lipidiques…).
Le virus adéno-associé (AAV
pour adeno-associated virus) est
un virus à ADN, qui peut infecter
les cellules de l'être humain.
Toutefois, il ne provoque pas de
maladie et n'entraine qu'une
réponse immunitaire modérée.
Une fois à l'intérieur des cellules,
l’AAV exprime ses gènes (et ceux
que l’on aurait introduit dans son
génome). Il est utilisé en génie
génétique comme vecteur pour la
thérapie génique.
La fibrose est la transformation
de certains tissus, comme le tissu
musculaire, en un tissu composé
de fibres, proche du tissu
conjonctif.
La rapamycine
La rapamycine est un immunosuppresseur déjà utilisé pour les greffes de
rein. Elle inhibe les lymphocytes T tout en préservant les lymphocytes T
régulateurs.
13 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Essai de phase II dans la myosite à inclusions
Évaluer les effets de la rapamycine
(Promoteur : INSERM)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
terminé. Essai
en cours
44
(45 à 85 ans)
France
1 an
Juillet 2015 –
Avril 2018
WEB www.afm-telethon.fr/essai-rapami-3920
La natalizumab
Les lymphocytes T cytotoxiques
CD8+ sont des globules blancs
spécialisés du système
immunitaire. Ils libèrent des
protéines toxiques, dirigées contre
les cellules qu'ils attaquent. Ces
protéines toxiques font des trous
dans la membrane cellulaire,
provoquant une entrée excessive
d'eau dans les cellules, qui
finissent par éclater.
Les fibres musculaires de patients atteints de myosite à inclusion sont
envahies par des infiltrats inflammatoires, notamment de lymphocytes T
CD8+.
Le natalizumab (Tysabri®) est un anticorps qui limite cet envahissement,
en empêchant la migration de ces lymphocytes du sang vers les tissus
inflammatoires. Il possède déjà une autorisation de mise sur le marché
pour la sclérose en plaques.
Essai de phase I dans la myosite à inclusions
Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité du natalizumab sur
l’inflammation et la force musculaire
(Promoteur : Phoenix Neurological Associates)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
terminé. Essai
en cours
6
(21 à 85 ans)
États-Unis
1 an
Mai 2013 –
Novembre
2017
L’arimoclomol
Un médicament orphelin est
un médicament développé pour
le traitement d’une maladie dite
orpheline, c’est-à-dire une
maladie rare.
Cette désignation s’applique à
des candidats-médicaments (qui
n’ont pas encore fait leur preuve
d’efficacité) dans le but d’inciter
les entreprises pharmaceutiques
à développer et à commercialiser
des médicaments à destination
des patients atteints de maladies
rares et laissées pour compte
grâce à des mesures
économiques et
méthodologiques facilitant les
différentes étapes du
développement d’un
médicament.
WEB www.eurordis.org/fr >
Médicaments orphelins
14 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
La survenue d’une myosite à inclusions pourrait impliquer une sousexpression des protéines dites de choc thermique qui protègent les
cellules des effets du stress.
L’arimoclomol augmente l’expression des protéines de choc thermique,
renforçant ainsi la réponse cellulaire au stress. Il a le statut de médicament
orphelin, aux États-Unis et en Europe, pour la sclérose latérale
amyotrophique.
Dans le cadre d’un essai clinique, l’arimoclomol a montré qu’il était bien
toléré mais sans preuve significative d’efficacité dans la myosite à
inclusions. Un nouvel essai est en préparation dans la myosite à inclusions
pour évaluer les effets d’une dose plus élevée d’arimoclomol.
Essai de phase II dans la myosite à inclusions
Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité de l’arimoclomol
(Promoteur : University of Kansas Medical Center)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
En
préparation
150
(plus de 45
ans)
États-Unis,
Royaume-Uni
20 mois
Août 2017 –
Décembre
2021
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Savoir & Comprendre
D’autres avancées médico-scientifiques
De l’intérêt du dosage des auto-anticorps dans la myopathie
nécrosante auto-immune
Un critère diagnostique d’une myopathie nécrosante auto-immune réside
habituellement dans la présence d’auto-anticorps dirigés contre une
enzyme, l’HMG-coréductase (HMGCR).
▪ Dans un article publié en octobre 2016, un consortium international
réunissant neuf pays rapporte les résultats de dosages de l’anti-HMGCR
dans une population de 1906 personnes dont une grande majorité (1250)
est atteinte de myopathie inflammatoire. La méthode ELISA s’est avérée
plus sensible et plus efficace que la méthode en immunofluorescence.
L’exposition aux statines reste un facteur causal majeur de myopathie
nécrosante auto-immune. Le simple arrêt de la prise des statines ne suffit
généralement pas pour enrayer la maladie et le recours à un traitement
immunosuppresseur est presque toujours nécessaire. Les auteurs notent
enfin des différences sensibles entre pays, notamment au Japon où le taux
d’anti-HMGCR était particulièrement bas.
Les auto-anticorps sont des
anticorps qui réagissent contre
des éléments de son propre
organisme, comme le muscle.
Anti-HMGCR antibodies as a biomarker for immune-mediated necrotizing
myopathies: A history of statins and experience from a large international multicenter study.
Musset L, Allenbach Y, Benveniste O, Boyer O, Bossuyt X, Bentow C, Phillips J, Mammen
A, Van Damme P, Westhovens R, Ghirardello A, Doria A, Choi MY, Fritzler MJ,
Schmeling H, Muro Y, García-De La Torre I, Ortiz-Villalvazo MA, Bizzaro N, Infantino M,
Imbastaro T, Peng Q, Wang G, Vencovský J, Klein M, Krystufkova O, Franceschini F,
Fredi M, Hue S, Belmondo T, Danko K, Mahler M.
Autoimmun Rev., 2016 (Oct).
Les formes de myopathie nécrosante auto-immune chez l’enfant ne
sont pas rares
La myopathie nécrosante auto-immune est une maladie qui a été décrite
récemment. Elle recouvre un petit groupe de patients, majoritairement
d’âge adulte. On dispose, avec le dosage des auto-anticorps anti-HMGCR
d’un marqueur biologique fiable de la maladie. Rapportée initialement
chez des personnes exposées à la prise de statines, son expression clinique
est désormais beaucoup plus large et est à l’origine de nombreux pièges
diagnostiques.
▪ Récemment, plusieurs équipes à travers le monde ont rapporté la
description de patients atteints d’une myopathie nécrosante autoimmune juvénile. Comme pour les adultes, les enfants présentent un taux
de créatine phosho-kinase (CPK) élevé et une faiblesse musculaire sévère.
Anti-3-Hydroxy-3-Methylglutaryl-Coenzyme A Reductase Autoantibodies are
Associated with DRB1*07:01 and Severe Myositis in Pediatric Myositis Patients.
Kishi T, Rider LG, Pak K, Barillas-Arias L, Henrickson M, McCarthy PL, Shaham B, Weiss
PF, Horkayne-Szakaly I, Targoff IN, Miller FW, Mammen AL; Childhood Myositis
Heterogeneity Study Group.
Arthritis Care Res (Hoboken)., 2017 (Janv).
Pediatric necrotizing myopathy associated with anti-3-hydroxy-3-methylglutarylcoenzyme A reductase antibodies.
Liang WC, Uruha A, Suzuki S, Murakami N, Takeshita E, Chen WZ, Jong YJ, Endo Y,
Komaki H, Fujii T, Kawano Y, Mori-Yoshimura M, Oya Y, Xi J, Zhu W, Zhao C, Watanabe
Y, Ikemoto K, Nishikawa A, Hamanaka K, Mitsuhashi S, Suzuki N, Nishino I.
Rheumatology (Oxford). 2017 (fév).
La créatine phosphokinase
(CPK ou créatine kinase, CK) est
une enzyme musculaire qui joue
un rôle dans la production
d'énergie directement utilisable
par les cellules. Abondamment
présente dans les cellules
musculaires, elle est libérée dans
la circulation sanguine en cas
d'atteinte musculaire. Son dosage
dans le sang est utile au
diagnostic de certaines
myopathies.
15 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Anti-HMGCR Autoantibodies in Juvenile Idiopathic Inflammatory Myopathies
Identify a Rare but Clinically Important Subset of Patients.
Tansley SL, Betteridge ZE, Simou S, Jacques TS, Pilkington C, Wood M, Warrier K,
Wedderburn LR, McHugh NJ; Juvenile Dermatomyositis Research Group.
J Rheumatol., 2017 (Fév).
Les auto-anticorps anti-SRP et anti-HMGCR entrainent la nécrose des
fibres musculaires
La biopsie musculaire est un
examen médical qui consiste à
prélever, sous anesthésie locale,
un petit fragment de tissu
musculaire. Les fragments de
tissu musculaire prélevés sont
observés au microscope. Les
différentes méthodes utilisées
pour préparer le tissu permettent
de déceler des anomalies de la
morphologie et/ou la structure
des fibres musculaires et/ou de
mettre en évidence le déficit
d'une protéine spécifique.
 Diagnostic des maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM-Téléthon.
Dans un article publié en février 2017, l’équipe du Pr Benveniste (Hôpital
Pitié-Salpêtrière, Paris), soutenue par l’AFM-Téléthon, a mis en évidence
pour la première fois dans des biopsies musculaires de patients atteints de
myosite nécrosante auto-immune le rôle pathologique des auto-anticorps
anti-SRP et anti-HMGCR : ces auto-anticorps augmentent la production de
molécules marqueurs de l’atrophie (TRIM63/MuRF1) et de molécules proinflammatoires (TNF, IL6) et diminuent la production de molécules antiinflammatoires (IL4, IL13). Ils induisent l’atrophie de la fibre musculaire
et altèrent les mécanismes de régénération musculaire par défaut de
fusion des myoblastes laquelle est restaurée par l’adjonction d’IL4 et/ou
d’IL13.
Pathogenic role of anti-SRP and anti-HMGCR antibodies in necrotizing
myopathies: Myofiber atrophy and impairment of muscle regeneration in
necrotizing autoimmune myopathies.
Arouche-Delaperche L, Allenbach Y, Amelin D, Preusse C, Mouly V, Mauhin W, Dzangue
Tchoupou G, Drouot L, Boyer O, Stenzel W, Butler-Browne G, Benveniste O.
Ann Neurol., 2017 (Fév).
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maladies neuromusculaires sur :
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16 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017
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