MAI 2017 AvanCées dans les myopathies inflammatoires Les myopathies inflammatoires (ou myosites) constituent le groupe des maladies inflammatoires du muscle. Ces maladies sont dites auto-immunes et ne sont pas héréditaires. Elles sont caractérisées par une faiblesse musculaire (de la simple gêne à la paralysie complète) et plus rarement par des douleurs musculaires. Sont parfois associées à certaines formes de myosites des douleurs articulaires ou des manifestations cutanées, une atteinte cardiaque et/ou une atteinte pulmonaire qui en font aussi la gravité. Ce document, publié à l’occasion des Journées des Familles 2017 de l’AFM-Téléthon, présente les actualités de la recherche dans les myopathies inflammatoires : colloques internationaux, études ou essais cliniques en cours, publications scientifiques et médicales... Il est téléchargeable sur le site internet de l'AFM-Téléthon où > dermatomyosite (DM) > polymyosite (PM) > myosite à inclusions (IBM) > myosite de chevauchement > myopathie nécrosante auto-immune se trouvent aussi d’autres informations concernant les domaines sociaux scientifiques, ou techniques médicaux, dans psychologiques, les myopathies inflammatoires : WEB www.afm-telethon.fr > Concerné par la maladie > Myopathie inflammatoire (myosite) Savoir & Comprendre Avancées dans les myopathies inflammatoires Sommaire Rédaction Myoinfo, Département d'information sur les maladies neuromusculaires de l'AFM-Téléthon, Évry Validation Pr. Olivier Benveniste, Service de médecine interne, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris Des évènements médico-scientifiques................................................ 4 Congrès international des maladies neuromusculaires ...................................4 Congrès international de la World Muscle Society .............................................4 Atelier ENMC ....................................................................................................................4 Congrès de rhumatologie ............................................................................................4 Conférence internationale sur les myosites ..........................................................5 Conférence annuelle de l’association américaine des myosites ...................5 Publication du Protocole national de diagnostic et de soins sur la dermatomyosite de l’enfant et de l’adulte ............................................................5 Une base de données française ........................................................... 6 Une étude d’histoire naturelle ............................................................. 6 Une étude observationnelle ................................................................. 6 Des essais cliniques dans les myosites ................................................ 7 Le BAF312 ..........................................................................................................................7 Le MEDI7734 .....................................................................................................................7 L’IMO-8400 ........................................................................................................................8 Le vaccin IFNα-kinoïde..................................................................................................8 Des immunoglobulines par voie sous-cutanée ...................................................8 Une alternative efficace à la voie intraveineuse .................................................... 9 Un essai clinique en cours aux États-Unis................................................................ 9 La rééducation fonctionnelle ......................................................................................9 Le réentrainement à l’effort ..................................................................................... 10 Des essais cliniques dans les myosites réfractaires .........................11 Le rituximab.................................................................................................................... 11 Le tocilizumab ............................................................................................................... 11 Le belimumab ................................................................................................................ 11 L’abadacept .................................................................................................................... 12 L’anabasum (ou JBT-101) .......................................................................................... 12 Des essais cliniques dans la myosite à inclusions ............................13 Inhiber la myostatine .................................................................................................. 13 La thérapie génique par le gène de la follistatine ............................................. 13 Arrêt de l’essai Resilient évaluant le bimagrumab (ou BYM338) ................. 13 La rapamycine ............................................................................................................... 13 La natalizumab .............................................................................................................. 14 L’arimoclomol ................................................................................................................ 14 D’autres avancées médico-scientifiques ...........................................15 De l’intérêt du dosage des auto-anticorps dans la myopathie nécrosante auto-immune ................................................................................................................. 15 Les formes de myopathie nécrosante auto-immune chez l’enfant ne sont pas rares ................................................................................................................ 15 Les auto-anticorps anti-SRP et anti-HMGCR entrainent la nécrose des fibres musculaires ........................................................................................................ 16 * * 2 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 * Avancées dans les myopathies inflammatoires Savoir & Comprendre Les myopathies inflammatoires (ou myosites) sont des maladies rares, qui touchent environ 6 à 7 personnes sur 100 000. Ce sont des maladies auto-immunes c'est-à-dire des maladies dans lesquelles le système immunitaire (chargé de protéger un organisme contre des attaques extérieures : microbe, virus…) se dérègle et va attaquer des éléments de l'organisme de son hôte. Une maladie est dite rare quand elle touche moins d'une personne sur 2 000. Les maladies rares font l'objet d'une politique de santé publique commune dans les domaines de la recherche, de l'information et de la prise en charge. La classification des myosites est établie en fonction des symptômes, des caractéristiques immunologiques et de l'aspect du tissu musculaire au microscope (critères histologiques). Ces dernières années, elle a été en constante évolution. On distingue actuellement 5 principaux types de myosites : ▪ la dermatomyosite (DM) ▪ la polymyosite (PM) ▪ la myosite de chevauchement ▪ la myosite à inclusions ▪ la myopathie nécrosante auto-immune. Dans les myopathies inflammatoires, le système immunitaire attaque des éléments de l'organisme, le muscle squelettique. Selon le type de myosites, différents mécanismes immunitaires rentrent en jeu. ▪ Dans la dermatomyosite (DM), le système immunitaire attaque en premier lieu les vaisseaux sanguins de la peau et du muscle par une accumulation anormale du complément dans ces vaisseaux. Cela provoque une destruction des vaisseaux sanguins responsable d’une diminution de l'apport de sang aux fibres musculaires. Celles-ci vont alors diminuer de volume : elles s'atrophient. Puis des cellules immunitaires envahissent la zone lésée (infiltrat inflammatoire), aggravant l'état des fibres musculaires. ▪ Dans la polymyosite (PM), des cellules immunitaires, les lymphocytes T de type cytotoxiques (CD8+), attaquent les fibres musculaires et les détruisent. ▪ Dans la myosite à inclusions, on observe d'une part la présence dans les fibres musculaires, d’agrégats de protéines toxiques, appelés inclusions. D'autre part, certaines fibres musculaires sont envahies de cellules immunitaires, notamment des lymphocytes T CD8+, comme dans la polymyosite. ▪ La myosite nécrosante auto-immune est une myosite caractérisée par une nécrose musculaire importante et avec peu ou pas d’infiltrat inflammatoire. On distingue les formes liées à la présence d’auto-anticorps spécifiques, comme les anti-SRP (pour signal recognition particles ou particules de reconnaissance du signal), ou comme les anticorps anti-HMGCR (pour 3hydroxy-3-methylglutaryl coenzyme A reductase) découverts récemment, des formes sans auto-anticorps parfois associées à une néoplasie. ▪ La myosite de chevauchement se définit par des manifestations extramusculaires ou extra-cutanées ou la présence d'auto-anticorps spécifiques des myosites (par exemple le syndrome des antisynthétases associe la présence de l’auto-anticorps anti-Jo-1, une myosite et des atteintes articulaires, cutanées et pulmonaires). Les muscles squelettiques sont les muscles attachés au squelette. En se contractant, ils font bouger les différentes parties de notre corps. Sous le contrôle de la volonté, ils sont également appelés muscles volontaires ou encore muscles striés à cause de leur aspect strié au microscope. Le complément est un système complexe, composé de différentes protéines, qui est impliqué dans la défense de l'organisme par le système immunitaire. Les lymphocytes T cytotoxiques CD8+ sont des globules blancs spécialisés du système immunitaire. Ils libèrent des protéines toxiques, dirigées contre les cellules qu'ils attaquent. Ces protéines toxiques font des trous dans la membrane cellulaire, provoquant une entrée excessive d'eau dans les cellules, qui finissent par éclater. La nécrose cellulaire est une mort accidentelle des cellules, due à des facteurs extérieurs (manque d'oxygène, intoxication, maladie...). Si la cellule est trop endommagée, elle se nécrose : elle se gorge d'eau au point d'éclater. Cela conduit au déversement du contenu de la cellule dans le milieu environnant, provoquant une inflammation et des lésions des tissus alentours. Les auto-anticorps sont des anticorps qui réagissent contre des éléments de son propre organisme, comme le muscle. 3 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans les myopathies inflammatoires ▪ Concernant les autres myosites, les mécanismes en cause sont beaucoup moins bien connus, ce d'autant que leur reconnaissance au sein du groupe des myosites est très récente. Le traitement actuel des myosites repose sur différents médicaments visant à moduler l'activité du système immunitaire (immunosuppresseurs) : • Corticothérapie associée à des mesures diététiques. • Agents immunosuppresseurs : méthotrexate, azathioprine, mycophénolate mofétil… • Immunoglobulines par voie intraveineuse. • Anti-lymphocytes B : rituximab. Des évènements médico-scientifiques Congrès international des maladies neuromusculaires Le 14ème Congrès international des maladies neuromusculaires (ICNMD 2016) a réuni plus de mille médecins et chercheurs à Toronto (Canada) du 5 au 9 juillet 2016. Il a été l’occasion de faire le point sur la recherche fondamentale et clinique dans les maladies neuromusculaires, y compris dans les myopathies inflammatoires. Congrès international de la World Muscle Society A l’occasion du 21ème congrès international de la World Muscle Society (WMS 2016) qui s’est déroulé du 4 au 8 octobre 2016 à Grenade (Espagne), une session a été consacrée aux myopathies inflammatoires. Un point sur le premier essai de l’arimoclomol dans ces maladies a été réalisé. L’arimoclomol a été bien toléré mais n’a pas montré de preuve significative d’efficacité chez 24 participants atteints de myosite à inclusions. La thématique des myopathies inflammatoires a également fait l’objet de plusieurs posters. Atelier ENMC L'European Neuromuscular Centre (ENMC) est une organisation internationale visant à soutenir la recherche dans le domaine des maladies neuromusculaires. Il organise régulièrement des rencontres internationales (worksphop ou atelier de travail en français) rassemblant scientifiques et cliniciens sur une thématique donnée. WEB www.enmc.org/ Un atelier de travail (ou workshop) organisé par l’ENMC sur la « Classification clinique et pathologique des myosites nécrosantes autoimmunes » a eu lieu du 14 au 16 octobre 2016 à Heemskerk (Pays-Bas). Il a été organisé par Y. Allenbach (France), O. Benveniste (France). A. Mammen (États-Unis), W. Stenzel (Allemagne). La découverte récente de différents sous-types des myosites nécrosantes auto-immunes a amené les 20 participants de cet atelier à échanger sur la classification, les critères diagnostiques cliniques et pathologiques ainsi que les recommandations thérapeutiques dans les myosites nécrosantes auto-immunes. Congrès de rhumatologie La thématique des myopathies inflammatoires est régulièrement abordée dans les congrès internationaux consacrés à la rhumatologie. ▪ Le congrès annuel américain de rhumatologie s’est déroulé du 11 au 16 novembre 2016 à Washington (États-Unis). Le prochain aura lieu du 5 au 8 novembre 2017 à San Diego (États-Unis). 4 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Avancées dans les myopathies inflammatoires Savoir & Comprendre ▪ La ligue européenne contre les rhumatismes organise chaque année un congrès européen de rhumatologie. Le prochain congrès se déroulera du 14 au 17 juin 2017 à Madrid (Espagne). Conférence internationale sur les myosites La 2ème conférence internationale sur les myosites s’est tenue à Potomac (États-Unis) du 5 au 8 mai 2017. Cela a été l’occasion de faire le point sur la recherche dans les myosites tant en termes de compréhension des mécanismes moléculaires en cause dans les myosites que de pistes thérapeutiques et de traitements. Conférence annuelle de l’association américaine des myosites Chaque année, l’association américaine des myosites organise une conférence accueillant près de 500 personnes atteintes de myosite et leurs aidants. Les thèmes abordés concernent le diagnostic, les traitements, l'exercice, la nutrition, le soutien émotionnel, l'équipement médical… La prochaine conférence aura lieu du 7 au 10 septembre 2017 à San Diego (États-Unis). Publication du Protocole national de diagnostic et de soins sur la dermatomyosite de l’enfant et de l’adulte Le Protocole national de diagnostic et de soins (PNDS) sur la dermatomyosite de l’enfant et de l’adulte a été publié sur le site de la Haute Autorité de Santé (HAS) en septembre 2016. Ce travail a été coordonné par le centre de référence national des maladies rhumatologiques et inflammatoires rares, sous la responsabilité du Dr Brigitte Bader-Meunier (Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris) et le service de Médecine interne et d’immunologie clinique du centre de référence national des maladies neuromusculaires Paris sous la responsabilité du Pr Olivier Benveniste (Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) sous l'égide et en partenariat avec la Filière des Maladies Auto-Immunes et Auto-Inflammatoires Rares (FAI²R) et la Filière des Maladies NeuroMusculaires (FILNEMUS). Le PNDS sur la dermatomyosite de l’enfant et de l’adulte a été rédigé à partir d’une revue de la littérature internationale et des principaux ouvrages de rhumatologie pédiatrique et adulte, dermatologie, neurologie adulte et pédiatrique, médecine interne concernant les manifestations cliniques et la prise en charge de la dermatomyosite. WEB www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2666858/fr/dermatomyosite-de-l-enfant-et-de-l-adulte Les Protocoles nationaux de diagnostic et de soins (PNDS) sont des recommandations destinées aux professionnels de santé. « L’objectif d’un PNDS est d’expliciter aux professionnels concernés la prise en charge diagnostique et thérapeutique optimale actuelle et le parcours de soins d’un patient atteint d’une maladie rare donnée. Il a pour but d’optimiser et d’harmoniser la prise en charge et le suivi de la maladie rare sur l’ensemble du territoire » (Haute Autorité de Santé, HAS). L’ensemble des PNDS publiés sont consultables sur le site de la Haute Autorité de Santé (HAS). WEB www.hassante.fr/portail/jcms/c_1340879/fr/pr otocoles-nationaux-de-diagnosticet-de-soins-pnds 5 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans les myopathies inflammatoires Une base de données française Ce que les médecins appellent l'histoire naturelle d'une maladie est la description des différentes manifestations d'une maladie et de leur évolution au cours du temps en l'absence de traitement. Le développement de bases de données de patients permet d’effectuer un recensement des personnes atteintes d'une même maladie, de préciser l’histoire naturelle de celle-ci, d'établir des corrélations autoanticorps/phénotype et de faciliter le recrutement de patients dans les essais cliniques. Base de données dans les myosites Réaliser le suivi des patients atteints de myosites à des fins de recherche (soutenue par l’AFM-Téléthon) Statut Pays Date de création Recrutement en cours France Octobre 2013 En mars 2017 : 1240 patients sont inclus dans cette base de données. En outre, la base de données dans les myosites collecte également des prélèvements biologiques (sang et/ou muscle) de patients permettant la réalisation de travaux scientifiques pour une meilleure compréhension des myosites. Une étude d’histoire naturelle Les études d’histoire naturelle permettent de mieux décrire l’évolution d’une maladie au cours du temps. C’est un pré-requis important avant la mise en place d'essais cliniques. Étude d’histoire naturelle dans les myosites Réaliser un suivi clinique, biologique, histologique et d’imagerie chez des personnes atteintes d’une myosite idiopathique récente (moins de 2 ans) (Promoteur : Université de Manchester) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement en cours 300 (plus de 18 ans) Royaume-Uni 5 ans Octobre 2016 – Février 2021 Une étude observationnelle Les études observationnelles permettent de mieux connaitre une maladie, d’identifier de meilleurs outils de diagnostic ou de suivi, de suivre l’effet d’un traitement à plus ou moins long terme... Étude génétique dans la dermatomyosite et la polymyosite Identifier les gènes associés à la survenue et aux caractéristiques cliniques des myosites (Promoteur : Salford Royal NHS Foundation Trust) 6 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement en cours 1000 (18 à 70 ans) Royaume-Uni 20 ans Janvier 2001 – Janvier 2020 Savoir & Comprendre Avancées dans les myopathies inflammatoires Des essais cliniques dans les myosites Les essais cliniques consistent à évaluer les effets d’un traitement potentiel dans une maladie (un candidat-médicament, un dispositif médical…) dans le but de s’assurer qu’il est bien toléré et efficace dans cette maladie. Le BAF312 Le BAF312 est un modulateur d’un récepteur essentiel à la circulation des lymphocytes, le récepteur de la sphingosine 1-phosphate. Ce récepteur représente une cible médicamenteuse dans les maladies auto-immunes (en particulier dans la sclérose en plaques). Essai de phase II dans la dermatomyosite Évaluer la sécurité d’évaluation et l’efficacité de BAF312 (Promoteur : Novartis Pharmaceuticals) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Essai terminé. Données en cours d’analyse 17 (18 à 70 ans) États-Unis, Japon, République Tchèque 6 mois Novembre 2013 – Février 2016 Essai de phase II dans la polymyosite Évaluer la sécurité d’évaluation et l’efficacité de BAF312 Au cours d'un essai clinique de phase II, un médicament, dont il a été montré au préalable qu'il était bien toléré (au cours d'un essai de phase I) est administré à un groupe de malades dans le but de déterminer l'efficacité thérapeutique, les doses optimales et la sécurité du traitement (Quel est le mode d’administration et la dose maximale tolérée ?). Essais cliniques et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon. (Promoteur : Novartis Pharmaceuticals) Statut Essai terminé. Données en cours d’analyse Nombre de participants (âge) Pays 14 Canada, États(18 à 75 ans) Unis, Hongrie, Pologne, République Tchèque, Taïwan Durée du suivi Début - Fin 12 semaines Avril 2013 – Août 2016 Le MEDI7734 Le MEDI7734 est un anticorps qui se lie à certains globules blancs, les cellules dendritiques plasmacytoïdes, et provoque une diminution temporaire de leur quantité. Ces cellules dendritiques plasmacytoïdes interviennent dans les réactions immunitaires et sont capables de produire, après activation, de grandes quantités d’interféron α. Essai de phase I dans la dermatomyosite et la polymyosite Évaluer la sécurité d’utilisation et la tolérance de MEDI7734, (Promoteur : MedImmune LLC) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement en cours 36 (18 à 65 ans) États-Unis 85 jours Août 2016 – Août 2018 Au cours d'un essai clinique de phase I un médicament dont l'intérêt thérapeutique a été montré sur des modèles animaux et/ou cellulaires (essais précliniques) est administré pour la première fois à un petit groupe de volontaires sains, plus rarement à des malades, afin d'évaluer leur tolérance à la substance en fonction de la dose (Comment le futur traitement est-il absorbé et éliminé ? Comment se fait sa répartition dans les organes ? Est-il toxique et à quelles doses ? Existe-t-il des effets secondaires ?). Essais cliniques et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon. 7 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans les myopathies inflammatoires L’IMO-8400 Un oligonucléotide antisens est un fragment d'ARN, généralement synthétisé en laboratoire qui se lie spécifiquement à un ARN messager naturel (la séquence de l’oligonucléotide antisens est complémentaire de celle de l'ARN messager). Il peut ainsi modifier à un endroit précis l’ARN messager (saut ou incorporation d’exon(s) en intervenant à l'étape de sa maturation (l’épissage). Les TLR (pour Toll like receptors) sont des récepteurs présents à la surface des cellules immunitaires qui vont reconnaitre des morceaux de parasites, bactérie, virus… Ainsi, quand un agent pathogène pénètre dans l'organisme, un (ou plusieurs) TLR va s’associer à lui et activer une série de réactions dans le but d’éliminer l’agent pathogène. L’IMO-8400 appartient à la famille des oligonucléotides antisens. Il inhibe les récepteurs TLR (toll-like receptors) 7, 8 et 9, qui jouent un rôle important dans la réaction immunitaire. Le dysfonctionnement de ces récepteurs serait impliqué dans le développement de maladies autoimmunes. Essai de phase I dans la dermatomyosite Évaluer la sécurité d’utilisation et la tolérance de MEDI7734, (Promoteur : Idera Pharmaceuticals) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement en cours 36 (18 à 75 ans) États-Unis, Hongrie, Royaume-Uni 6 mois Novembre 2015 – Août 2017 Le vaccin IFNα-kinoïde Le laboratoire Neovacs a mis au point le vaccin IFNα-kinoïde. L’objectif est de provoquer la fabrication, par le système immunitaire du patient, d’anticorps dirigés contre l’interféron alpha (IFNα) et ainsi de « rééquilibrer » le système immunitaire. Plusieurs études ont montré que les interférons jouent un rôle dans les maladies auto-immunes, comme la dermatomyosite et le lupus érythémateux disséminé. En France, l’équipe du Pr Benveniste travaille sur le lien entre interféron et dermatomyosite, avec l’hypothèse que la dermatomyosite est une maladie de l’interféron (on parle d’« interféronopathie »). Également testé dans le lupus érythémateux disséminé, le vaccin IFNαkinoïde est en cours d’essai dans la dermatomyosite. Essai de phase II dans la dermatomyosite Évaluer la sécurité, l’immunogénicité et l’efficacité du vaccin IFNα-kinoïde (Promoteur : Neovacs) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement en cours 30 (18 à 65 ans) France, Allemagne, États-Unis, Italie, Royaume-Uni, Suisse 1 an Novembre 2016 – Décembre 2018 Des immunoglobulines par voie sous-cutanée Les immunoglobulines polyvalentes font partie des traitements des myopathies inflammatoires. Leur administration habituelle se fait à l’hôpital par voie intraveineuse, en perfusion. Elles peuvent également être injectées dans le tissu situé sous la peau (hypoderme). Cette voie souscutanée présente l’avantage d’être réalisable à domicile, par le patient luimême après une phase d’apprentissage. Son autre atout est de permettre 8 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans les myopathies inflammatoires la poursuite d’un traitement par immunoglobulines efficace dont l’administration en perfusion est devenue difficile ou impossible. Différentes études, à très petite échelle, avaient déjà montré que l’injection sous-cutanée d’immunoglobulines était faisable, efficace et sûre dans les myosites. Une alternative efficace à la voie intraveineuse Un essai clinique, mené en France, s’est attaché à évaluer l’impact de l’administration sous-cutanée d’immunoglobulines sur la qualité de vie et la tolérance chez 12 personnes atteintes de myosite et 11 personnes atteintes de neuropathie chronique périphérique dysimmunitaire, une autre maladie auto-immune. Toutes étaient déjà traitées avec succès par de fortes doses d’immunoglobulines en perfusion et toutes devaient changer de voie d’administration (réseau veineux insuffisant, perfusion mal tolérée…). ▪ Les résultats obtenus au terme d’un suivi de six mois viennent conforter ceux des travaux antérieurs. Le passage à la voie sous-cutanée n’a entrainé aucune détérioration de la qualité de vie des participants à l’essai, qui sont tous restés stables sur le plan clinique. Les effets indésirables enregistrés - pour l’essentiel des réactions au site d’injection - avaient déjà été décrits. Et si deux évènements graves (une myocardite et un accident vasculaire cérébral) sont survenus, aucun n’a pu être attribué de façon spécifique à la voie sous-cutanée car ce type d’évènement peut survenir aussi lors de l’administration par voie intraveineuse. High dose subcutaneous immunoglobulin for idiopathic inflammatory myopathies and dysimmune peripheral chronic neuropathies treatment: observational study of quality of life and tolerance. Hachulla E, Benveniste O, Hamidou M, Mouthon L, Schleinitz N, Lozeron P, Léger JM, Vial C, Viala K. Int J Neurosci., 2016 (Juillet) Un essai clinique en cours aux États-Unis Un essai clinique est en cours de recrutement pour évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité de l’Hizentra®, une forme sous-cutanée d’immunoglobulines humaines, sur la faiblesse musculaire de personnes atteintes de dermatomyosite. Essai de phase I dans la dermatomyosite Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité de l’Hizentra® sur la faiblesse musculaire (Promoteur : Thomas Jefferson University) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement en cours 10 (18 ans et plus) États-Unis 7 mois Novembre 2014 – Octobre 2018 La rééducation fonctionnelle La rééducation a longtemps été déconseillée dans les myopathies inflammatoires de peur d’aggraver l’inflammation musculaire. Dans un article publié en novembre 2016, l’équipe du Département de médecine interne et immunologie clinique de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) a 9 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Dans un essai randomisé, les participants sont répartis par tirage au sort dans les différents groupes. Essais cliniques et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon Un essai contrôlé est un essai qui compare l'efficacité de la substance testée à celle d'un placebo ou d'une substance active connue : une partie des participants prend un placebo ou une autre substance active et constitue un groupe "contrôle". La créatine phosphokinase (CPK ou créatine kinase, CK) est une enzyme musculaire qui joue un rôle dans la production d'énergie directement utilisable par les cellules. Abondamment présente dans les cellules musculaires, elle est libérée dans la circulation sanguine en cas d'atteinte musculaire. Son dosage dans le sang est utile au diagnostic de certaines myopathies. Dans un essai en double aveugle, ni les patients ni les médecins ne savent quelle alternative de traitement les patients prennent. Avancées dans les myopathies inflammatoires fait le point sur cette question en s’appuyant sur la trentaine d’études médico-scientifiques publiées depuis 1993 sur le sujet (cinq essais contrôlés randomisés, quatre essais contrôlés non randomisés, quinze études de cohorte et sept études de cas). ▪ Toutes ces études concluent à l’absence de dangerosité de l’exercice au cours des myopathies inflammatoires (y compris lorsqu’elles sont en phase active), notamment du fait de l’absence d’augmentation du taux sanguin de créatine kinase. Certaines études montrent une amélioration de l’endurance, de la force musculaire et/ou de la fatigabilité. Selon les études, le travail musculaire était aérobie (endurance), anaérobie (résistance) ou mixte. Un essai randomisé d’une supplémentation en créatine associée à un travail en résistance modéré en double aveugle contre placebo a mis en évidence une amélioration significative de la fonction musculaire tant en résistance qu’en endurance. Les auteurs recommandent l’association systématique de la rééducation aux traitements médicamenteux proposés aux personnes atteintes de myopathie inflammatoire, y compris en phase active. Si la rééducation peut réduire l’activité de la maladie, améliorer les performances musculaires et contribuer à une meilleure qualité de vie, des études restent à mener pour mieux définir les protocoles de rééducation les plus appropriés (durée, intensité, fréquence...) ou encore l’intérêt d’une supplémentation en créatine. Intérêt de la rééducation fonctionnelle au cours des myopathies inflammatoires. Moyon Q., Benveniste O. Rev Med Interne., 2016 (Nov). Le réentrainement à l’effort Si certaines myosites réagissent très bien à la corticothérapie et/ou aux immunosuppresseurs, d’autres ont tendance à devenir chronique avec un déficit moteur persistant et une diminution de l’autonomie. C’est dans ce contexte que l’équipe du centre de référence neuromusculaire de Lille associée à plusieurs services de médecine interne français s’est intéressée à l’apport potentiellement bénéfique d’un réentrainement à l’effort dans ce type de maladie. ▪ Dans un article publié en octobre 2016, les chercheurs rapportent les résultats d’un essai multicentrique conduit de manière randomisée chez 21 patients atteints de myopathie inflammatoire, en comparaison avec un groupe contrôle. Le protocole consistait à suivre un programme intensif de réentrainement physique, d’abord en milieu hospitalier, puis à domicile, le tout sur une durée d’un an, avec des évaluations intermédiaires régulières. Même si l’amélioration notée chez la plupart des patients au bout des 12 mois n'était pas statistiquement significative, les auteurs considèrent que ce type d’intervention est sans doute utile et bénéfique. Postrehabilitation Functional Improvements in Patients With Inflammatory Myopathies: The Results of a Randomized Controlled Trial. Tiffreau V, Rannou F, Kopciuch F, Hachulla E, Mouthon L, Thoumie P, Sibilia J, Drumez E, Thevenon A. Arch Phys Med Rehabil., 2016 (Oct). 10 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans les myopathies inflammatoires Des essais cliniques dans les myosites réfractaires Dans certains cas, les traitements habituellement utilisés ne permettent pas ou sont insuffisants pour améliorer les manifestations de la myosite. Les médecins parlent de forme réfractaire. Le rituximab Le rituximab est un immunosuppresseur de nouvelle génération qui bloque l'activité des lymphocytes B, déjà utilisé dans le traitement de certains cancers. Essai de phase II/III Évaluer les effets du rituximab, versus la cyclophosphamide, sur la fonction respiratoire de personnes atteintes d’une maladie inflammatoire (myosite ou autre) avec pneumopathie interstitielle, (Promoteur : Royal Brompton & Harefield NHS Foundation Trust ) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement en cours 116 (18 à 80 ans) Royaume Uni 1 an Novembre 2014 – Novembre 2017 Le tocilizumab Comme le rituximab, le tocilizumab est un immunomodulateur. Il est déjà utilisé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. Essai de phase II Évaluer l'effet du tocilizumab dans le traitement des myosites réfractaires aux traitements habituels (Promoteur : Université de Pittsburgh) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement en cours 40 (18 ans et plus) États-Unis 6 mois Octobre 2014 – Avril 2018 Le belimumab Le belimumab est un anticorps qui peut neutraliser un facteur stimulant les lymphocytes B et qui est déjà utilisé dans le traitement du lupus. Les lymphocytes B sont des globules blancs spécialisés dans un certain type de réaction immunitaire : ils produisent les anticorps qui neutralisent des substances ou des molécules considérées comme étrangères par l'organisme. Un essai de phase II/III permet de tester l'efficacité d'un traitement potentiel et son dosage en une seule étape : les phases II (dose et mode d'administration) et III (efficacité) de l'essai clinique sont regroupées en une seule. Au terme de l'essai, si les résultats sont positifs, une autorisation de mise sur le marché (AMM) peut être donnée. Essais cliniques et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon. Au cours d'un essai clinique de phase II, un médicament, dont il a été montré au préalable qu'il était bien toléré (au cours d'un essai de phase I) est administré à un groupe de malades dans le but de déterminer l'efficacité thérapeutique, les doses optimales et la sécurité du traitement (Quel est le mode d’administration et la dose maximale tolérée ?). Essais cliniques et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon. Essai de phase II/III Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité du belimumab en plus du traitement habituel dans les myosites réfractaires (Promoteur : North Shore Long Island Jewish Health System) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement en cours 60 (18 ans et plus) États-Unis 40 semaines Janvier 2015 – Décembre 2018 11 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans les myopathies inflammatoires L’abadacept L’abatacept (Orencia®) module de façon sélective un signal nécessaire à l'activation complète de certains lymphocytes T retrouvés dans les infiltrats inflammatoires musculaires (biopsies musculaires) de dermatomyosite. Déjà indiqué dans la polyarthrite rhumatoïde, l’abatacept a déjà été testé dans quelques cas de myosites. Essai de phase IV Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité de l’abatacept, en sous-cutané, sur l’activité de la dermatomyosite juvénile (Promoteur : George Washington University) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement en cours 10 (7 ans et plus) États-Unis 6 mois Novembre 2015 – Décembre 2017 Essai de phase III Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité de l’abatacept, en sous-cutané, sur l’activité des myopathies inflammatoires (Promoteur : Bristol-Myers Squibb) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin En préparation 150 (18 ans et plus) France, Allemagne, Australie, Brésil, Corée, États-Unis, Mexique 6 mois Avril 2017– Mars 2021 L’anabasum (ou JBT-101) L’anabasum (ou JBT-101) se fixe de façon préférentielle sur des récepteurs CB2 exprimés pour l’essentiel sur les cellules immunitaires, ce qui pourrait avoir un effet immunomodulateur, avec une interruption des processus inflammatoires sans entrainer d’immunodépression. Il est à l’étude dans la dermatomyosite modérée à sévère et réfractaire sur le plan cutanée. Essai de phase II dans la dermatomyosite Évaluer la sécurité d’utilisation, la tolérance et l’efficacité de l’anabasum, (Promoteur : Corbus Pharmaceuticals) 12 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement terminé, essai en cours 22 (18 à 70 ans) États-Unis 1 an Juin 2015 – Septembre 2019 Avancées dans les myopathies inflammatoires Savoir & Comprendre Des essais cliniques dans la myosite à inclusions Dans la myosite à inclusions, aucun traitement immunosuppresseur habituellement utilisé n'est bénéfique, renforçant l'hypothèse que cette maladie n'a pas qu’une origine auto-immune. L’atteinte musculaire progressive y touche particulièrement les muscles quadriceps, en se manifestant par une perte du volume des cuisses, des chutes fréquentes… Inhiber la myostatine Une piste thérapeutique dans la myosite à inclusions consiste à augmenter la taille et la force des fibres musculaires, en inhibant la voie de la myostatine, un inhibiteur naturel de la croissance musculaire. La thérapie génique par le gène de la follistatine Une piste thérapeutique à l’étude consiste à apporter le gène de la follistatine à l’aide d’un vecteur (virus, vecteur synthétique…). ▪ Le produit de thérapie génique AAV1.CMV.FS344, composé d’un virus adéno-associé (AAV1) transportant la forme musculaire de la follistatine, la follistatine-344, a été injecté dans les muscles du quadriceps des deux jambes de 6 personnes atteintes de myosite à inclusion dans le cadre d’un essai de phase I réalisé aux États-Unis. Les résultats publiés en mars 2017 montrent qu’au bout de 6 mois le traitement a été bien toléré par les participants ; de plus, il a permis de réduire la fibrose et d’améliorer la régénération musculaire. En moyenne, la distance de marche parcourue pendant 6 minutes a augmenté, de 56 mètres par an, chez les participants traités (de 58 à 153 mètres chez 4 d’entre eux), alors qu’elle a diminué chez 8 patients non traités (réduction de 25,8 mètres par an). ▪ Un essai de phase II de thérapie génique avec le gène de la follistatine devrait débuter prochainement. Il se déroulera notamment en France. Arrêt de l’essai Resilient évaluant le bimagrumab (ou BYM338) Initié fin 2013, l’essai clinique Resilient évaluait la sécurité d’utilisation, la tolérance et l’efficacité sur la myosite à inclusions de trois doses différentes de bimagrumab (BYM338), un anticorps monoclonal dirigé contre le récepteur de la myostatine. Multicentrique et international, il a inclus 240 personnes, dont 10 en France. ▪ Lors d’une analyse préliminaire des données, le bimagrumab n’a pas satisfait à son critère principal d’évaluation. En avril 2016, le laboratoire Novartis (promoteur de l’essai) a donc procédé à une analyse complète des résultats préliminaires (critères d’évaluation principal et secondaires). Il n’existerait pas de différence significative entre le bimagrumab et le placebo sur la fonction musculaire. ▪ La firme pharmaceutique a décidé d’arrêter l’essai Resilient, en raison d’une absence de résultats objectifs. Un vecteur est un système permettant le transfert de gènes médicaments dans les cellules d'un organisme. Pour avoir un effet, un gène médicament doit accéder au noyau de la cellule, où est situé l'ADN. Il faut donc que le gène médicament traverse plusieurs barrières biologiques pour accéder d’abord à la cellule (en traversant les vaisseaux, les tissus conjonctifs), puis à l'intérieur de la cellule (en traversant la membrane plasmique délimitant la cellule) et enfin au noyau (en traversant la membrane nucléaire). Pour ce faire, le gène médicament est introduit dans un vecteur qui lui facilite le franchissement de toutes ces barrières. Le vecteur peut-être soit viral, soit non viral (plasmides, vecteurs lipidiques…). Le virus adéno-associé (AAV pour adeno-associated virus) est un virus à ADN, qui peut infecter les cellules de l'être humain. Toutefois, il ne provoque pas de maladie et n'entraine qu'une réponse immunitaire modérée. Une fois à l'intérieur des cellules, l’AAV exprime ses gènes (et ceux que l’on aurait introduit dans son génome). Il est utilisé en génie génétique comme vecteur pour la thérapie génique. La fibrose est la transformation de certains tissus, comme le tissu musculaire, en un tissu composé de fibres, proche du tissu conjonctif. La rapamycine La rapamycine est un immunosuppresseur déjà utilisé pour les greffes de rein. Elle inhibe les lymphocytes T tout en préservant les lymphocytes T régulateurs. 13 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans les myopathies inflammatoires Essai de phase II dans la myosite à inclusions Évaluer les effets de la rapamycine (Promoteur : INSERM) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement terminé. Essai en cours 44 (45 à 85 ans) France 1 an Juillet 2015 – Avril 2018 WEB www.afm-telethon.fr/essai-rapami-3920 La natalizumab Les lymphocytes T cytotoxiques CD8+ sont des globules blancs spécialisés du système immunitaire. Ils libèrent des protéines toxiques, dirigées contre les cellules qu'ils attaquent. Ces protéines toxiques font des trous dans la membrane cellulaire, provoquant une entrée excessive d'eau dans les cellules, qui finissent par éclater. Les fibres musculaires de patients atteints de myosite à inclusion sont envahies par des infiltrats inflammatoires, notamment de lymphocytes T CD8+. Le natalizumab (Tysabri®) est un anticorps qui limite cet envahissement, en empêchant la migration de ces lymphocytes du sang vers les tissus inflammatoires. Il possède déjà une autorisation de mise sur le marché pour la sclérose en plaques. Essai de phase I dans la myosite à inclusions Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité du natalizumab sur l’inflammation et la force musculaire (Promoteur : Phoenix Neurological Associates) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement terminé. Essai en cours 6 (21 à 85 ans) États-Unis 1 an Mai 2013 – Novembre 2017 L’arimoclomol Un médicament orphelin est un médicament développé pour le traitement d’une maladie dite orpheline, c’est-à-dire une maladie rare. Cette désignation s’applique à des candidats-médicaments (qui n’ont pas encore fait leur preuve d’efficacité) dans le but d’inciter les entreprises pharmaceutiques à développer et à commercialiser des médicaments à destination des patients atteints de maladies rares et laissées pour compte grâce à des mesures économiques et méthodologiques facilitant les différentes étapes du développement d’un médicament. WEB www.eurordis.org/fr > Médicaments orphelins 14 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 La survenue d’une myosite à inclusions pourrait impliquer une sousexpression des protéines dites de choc thermique qui protègent les cellules des effets du stress. L’arimoclomol augmente l’expression des protéines de choc thermique, renforçant ainsi la réponse cellulaire au stress. Il a le statut de médicament orphelin, aux États-Unis et en Europe, pour la sclérose latérale amyotrophique. Dans le cadre d’un essai clinique, l’arimoclomol a montré qu’il était bien toléré mais sans preuve significative d’efficacité dans la myosite à inclusions. Un nouvel essai est en préparation dans la myosite à inclusions pour évaluer les effets d’une dose plus élevée d’arimoclomol. Essai de phase II dans la myosite à inclusions Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité de l’arimoclomol (Promoteur : University of Kansas Medical Center) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin En préparation 150 (plus de 45 ans) États-Unis, Royaume-Uni 20 mois Août 2017 – Décembre 2021 Avancées dans les myopathies inflammatoires Savoir & Comprendre D’autres avancées médico-scientifiques De l’intérêt du dosage des auto-anticorps dans la myopathie nécrosante auto-immune Un critère diagnostique d’une myopathie nécrosante auto-immune réside habituellement dans la présence d’auto-anticorps dirigés contre une enzyme, l’HMG-coréductase (HMGCR). ▪ Dans un article publié en octobre 2016, un consortium international réunissant neuf pays rapporte les résultats de dosages de l’anti-HMGCR dans une population de 1906 personnes dont une grande majorité (1250) est atteinte de myopathie inflammatoire. La méthode ELISA s’est avérée plus sensible et plus efficace que la méthode en immunofluorescence. L’exposition aux statines reste un facteur causal majeur de myopathie nécrosante auto-immune. Le simple arrêt de la prise des statines ne suffit généralement pas pour enrayer la maladie et le recours à un traitement immunosuppresseur est presque toujours nécessaire. Les auteurs notent enfin des différences sensibles entre pays, notamment au Japon où le taux d’anti-HMGCR était particulièrement bas. Les auto-anticorps sont des anticorps qui réagissent contre des éléments de son propre organisme, comme le muscle. Anti-HMGCR antibodies as a biomarker for immune-mediated necrotizing myopathies: A history of statins and experience from a large international multicenter study. Musset L, Allenbach Y, Benveniste O, Boyer O, Bossuyt X, Bentow C, Phillips J, Mammen A, Van Damme P, Westhovens R, Ghirardello A, Doria A, Choi MY, Fritzler MJ, Schmeling H, Muro Y, García-De La Torre I, Ortiz-Villalvazo MA, Bizzaro N, Infantino M, Imbastaro T, Peng Q, Wang G, Vencovský J, Klein M, Krystufkova O, Franceschini F, Fredi M, Hue S, Belmondo T, Danko K, Mahler M. Autoimmun Rev., 2016 (Oct). Les formes de myopathie nécrosante auto-immune chez l’enfant ne sont pas rares La myopathie nécrosante auto-immune est une maladie qui a été décrite récemment. Elle recouvre un petit groupe de patients, majoritairement d’âge adulte. On dispose, avec le dosage des auto-anticorps anti-HMGCR d’un marqueur biologique fiable de la maladie. Rapportée initialement chez des personnes exposées à la prise de statines, son expression clinique est désormais beaucoup plus large et est à l’origine de nombreux pièges diagnostiques. ▪ Récemment, plusieurs équipes à travers le monde ont rapporté la description de patients atteints d’une myopathie nécrosante autoimmune juvénile. Comme pour les adultes, les enfants présentent un taux de créatine phosho-kinase (CPK) élevé et une faiblesse musculaire sévère. Anti-3-Hydroxy-3-Methylglutaryl-Coenzyme A Reductase Autoantibodies are Associated with DRB1*07:01 and Severe Myositis in Pediatric Myositis Patients. Kishi T, Rider LG, Pak K, Barillas-Arias L, Henrickson M, McCarthy PL, Shaham B, Weiss PF, Horkayne-Szakaly I, Targoff IN, Miller FW, Mammen AL; Childhood Myositis Heterogeneity Study Group. Arthritis Care Res (Hoboken)., 2017 (Janv). Pediatric necrotizing myopathy associated with anti-3-hydroxy-3-methylglutarylcoenzyme A reductase antibodies. Liang WC, Uruha A, Suzuki S, Murakami N, Takeshita E, Chen WZ, Jong YJ, Endo Y, Komaki H, Fujii T, Kawano Y, Mori-Yoshimura M, Oya Y, Xi J, Zhu W, Zhao C, Watanabe Y, Ikemoto K, Nishikawa A, Hamanaka K, Mitsuhashi S, Suzuki N, Nishino I. Rheumatology (Oxford). 2017 (fév). La créatine phosphokinase (CPK ou créatine kinase, CK) est une enzyme musculaire qui joue un rôle dans la production d'énergie directement utilisable par les cellules. Abondamment présente dans les cellules musculaires, elle est libérée dans la circulation sanguine en cas d'atteinte musculaire. Son dosage dans le sang est utile au diagnostic de certaines myopathies. 15 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans les myopathies inflammatoires Anti-HMGCR Autoantibodies in Juvenile Idiopathic Inflammatory Myopathies Identify a Rare but Clinically Important Subset of Patients. Tansley SL, Betteridge ZE, Simou S, Jacques TS, Pilkington C, Wood M, Warrier K, Wedderburn LR, McHugh NJ; Juvenile Dermatomyositis Research Group. J Rheumatol., 2017 (Fév). Les auto-anticorps anti-SRP et anti-HMGCR entrainent la nécrose des fibres musculaires La biopsie musculaire est un examen médical qui consiste à prélever, sous anesthésie locale, un petit fragment de tissu musculaire. Les fragments de tissu musculaire prélevés sont observés au microscope. Les différentes méthodes utilisées pour préparer le tissu permettent de déceler des anomalies de la morphologie et/ou la structure des fibres musculaires et/ou de mettre en évidence le déficit d'une protéine spécifique. Diagnostic des maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon. Dans un article publié en février 2017, l’équipe du Pr Benveniste (Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris), soutenue par l’AFM-Téléthon, a mis en évidence pour la première fois dans des biopsies musculaires de patients atteints de myosite nécrosante auto-immune le rôle pathologique des auto-anticorps anti-SRP et anti-HMGCR : ces auto-anticorps augmentent la production de molécules marqueurs de l’atrophie (TRIM63/MuRF1) et de molécules proinflammatoires (TNF, IL6) et diminuent la production de molécules antiinflammatoires (IL4, IL13). Ils induisent l’atrophie de la fibre musculaire et altèrent les mécanismes de régénération musculaire par défaut de fusion des myoblastes laquelle est restaurée par l’adjonction d’IL4 et/ou d’IL13. Pathogenic role of anti-SRP and anti-HMGCR antibodies in necrotizing myopathies: Myofiber atrophy and impairment of muscle regeneration in necrotizing autoimmune myopathies. Arouche-Delaperche L, Allenbach Y, Amelin D, Preusse C, Mouly V, Mauhin W, Dzangue Tchoupou G, Drouot L, Boyer O, Stenzel W, Butler-Browne G, Benveniste O. Ann Neurol., 2017 (Fév). * * * ▪ Tout au long de l'année, suivez l'actualité de la recherche dans les maladies neuromusculaires sur : WEB www.afm-telethon.fr > Voir toutes les actus > Maladies 16 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017