dans les myopathies inflammatoires - AFM

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JUIN 2014
AvanCées
dans les
myopathies
inflammatoires
Ce document présente l'état actuel des connaissances
scientifiques sur les myopathies inflammatoires, mis à jour
à l'occasion des Journées des Familles 2014 de l'AFMTéléthon. Il est téléchargeable sur le site internet de
l'AFM-Téléthon : WEB www.afm-telethon.fr .
Pour en savoir plus sur les myopathies inflammatoires,
vous pouvez consulter le Zoom sur... les myopathies
dysimmunitaires (myosites) et les Repères Savoir et
Comprendre qui traitent de sujets scientifiques, médicaux,
psychologiques et sociaux.
Destinés
aux
personnes
atteintes
de
maladies
neuromusculaires et à leurs familles, ils sont disponibles
sur le site internet de l'AFM-Téléthon et auprès du Service
régional de votre région.
> dermatomyosite (DM)
> polymyosite (PM)
> myosite à inclusions (IBM)
Ils ne peuvent en aucun cas se substituer à l'avis d'un
médecin, même s'ils peuvent vous faciliter le dialogue
avec l'équipe soignante.
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Savoir & Comprendre
Sommaire
Rédaction
 Myoinfo,
Département d'information sur
les maladies neuromusculaires
de l'AFM-Téléthon, Évry
Validation
 Pr. Olivier Benveniste et
Dr. Aude Rigolet, Service de
médecine interne, Hôpital
Pitié-Salpêtrière, Paris
Faits marquants .....................................................................................2
Que sont les myopathies inflammatoires ? ........................................ 3
A quoi les myopathies inflammatoires sont-elles dues ? .................. 3
Où en est la recherche dans les myopathies inflammatoires ?......... 5
Des bases de données pour mieux connaître les myopathies
inflammatoires .................................................................................................................5
Mieux décrire l’histoire naturelle de la myosite à inclusions............................ 6
Développer des modèles animaux et cellulaires pour mieux comprendre
les mécanismes sous-jacents aux myosites ..........................................................6
Pistes thérapeutiques et traitements dans les myosites ..................................7
Arsenal thérapeutique dans la dermatomyosite et la polymyosite ............... 7
Mise à jour de la revue Cochrane sur les traitements des
dermatomyosites et les polymyosites ....................................................................... 7
Effets positifs de l'entrainement physique dans les myosites ......................... 8
Essais de BAF312................................................................................................................ 8
Dans les myosites réfractaires ...................................................................................... 8
Pistes thérapeutiques et traitements dans la myosite à inclusion ...............9
L'alemtuzumab ................................................................................................................... 9
L'exercice physique ........................................................................................................... 9
Inhiber la myostatine par thérapie génique............................................................ 9
Inhiber la myostatine par le BYM338......................................................................... 9
La rapamycine .................................................................................................................. 10
*
*
*
Faits marquants
> Le compte rendu d'un séminaire de travail consacré à la myosite à
inclusion organisé par l’ENMC du 2 au 4 novembre 2011 à Naarden (PaysBas), a été publié en décembre 2013.
> Le compte rendu d'un autre séminaire organisé par l'ENMC du 30
novembre au 2 décembre 2012 à Naarden et portant sur le diagnostic
anatomo-pathologique dans les myosites idiopathiques, a été publié
en septembre 2013.
> Une base de données pour le suivi des personnes atteintes de myosites
a été créée par un laboratoire de l’hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris).
> Des souris modèles de polymyosite expérimentale ont été mises au
point.
> Effets bénéfiques du réentrainement à l’endurance chez 23
personnes atteintes de myosites.
> Dans les myosites
• Deux essais de BAF312, un immunomodulateur, sont en cours, l'un chez
56 personnes atteintes de dermatomyosite et l'autre chez 30 personnes
2 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Savoir & Comprendre
atteintes de polymyosite, au Canada, aux États-Unis, en Hongrie, au Japon,
en Pologne et en République Tchèque. Recrutement en cours.
> Dans les myosites réfractaires
• Essai FORCE chez 12 personnes atteintes de myosite réfractaire en
France. Le rituximab entraîne une amélioration dans environ 50% des cas.
• Essai de phase II du tocilizumab, un immunomodulateur. En
préparation aux États-Unis.
> Dans les myosites à inclusions
• Essai de phase I de thérapie génique avec le gène de la follistatine
chez 15 personnes aux États-Unis. Recrutement en cours.
• Essai de phase II/III de BYM338 chez 240 personnes atteintes de
myosites à inclusion (dont une dizaine en France). Recrutement en cours.
• Essai de la rapamycine, un immunosuppresseur. En préparation en
France.
Que sont les myopathies inflammatoires ?
Les myopathies inflammatoires (ou myosites) constituent le groupe des
maladies inflammatoires du muscle. Ces maladies sont dites autoimmunes et ne sont pas héréditaires.
Les myopathies inflammatoires sont des maladies rares, qui touchent
environ 6 à 7 personnes sur 100 000.
Elles sont caractérisées par une faiblesse musculaire (de la simple gêne à la
paralysie complète) et plus rarement par des douleurs musculaires. Suivant
les formes de myosites, sont parfois associées des douleurs articulaires ou
des manifestations cutanées, une atteinte cardiaque et une atteinte
pulmonaire qui en font aussi la gravité.
La classification des myosites est établie en fonction des types de
symptômes, de caractéristiques immunologiques et de l'aspect du tissu
musculaire au microscope (critères histologiques).
Ces dernières années, la classification des myosites a été en constante
évolution. On distingue actuellement 5 principaux types de myosites :
- la dermatomyosite (DM)
- la polymyosite (PM)
- la myosite de chevauchement
- la myosite à inclusions
- la myopathie nécrosante auto-immune.
À quoi les myopathies inflammatoires sont-elles dues ?
Dans les myopathies inflammatoires, le système immunitaire se dérègle et
attaque des éléments de l'organisme (maladie auto-immune), notamment
le muscle squelettique.
Une maladie auto-immune est
une maladie dans laquelle le
système immunitaire (chargé
normalement de protéger un
organisme contre des attaques
extérieures : microbe, virus…) se
dérègle et va attaquer des
éléments de l'organisme de son
hôte.
Une maladie est dite rare quand
elle touche moins d'une personne
sur 2 000. Les maladies rares font
l'objet d'une politique de santé
publique commune dans les
domaines de la recherche, de
l'information et de la prise en
charge.
Les muscles squelettiques sont
les muscles attachés au squelette.
En se contractant, ils font bouger
les différentes parties de notre
corps. Sous le contrôle de la
volonté, ils sont également
appelés muscles volontaires ou
encore muscles striés à cause de
leur aspect strié au microscope.
3 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Des mécanismes immunitaires différents rentrent en jeu selon le type de
myosites.
Le complément est un système
complexe, composé de différentes
protéines, qui est impliqué dans
la défense de l'organisme par le
système immunitaire.
Les lymphocytes T cytotoxiques
CD8+ sont des globules blancs
spécialisés du système
immunitaire. Ils libèrent des
protéines toxiques, dirigées contre
les cellules qu'ils attaquent. Ces
protéines toxiques font des trous
dans la membrane cellulaire,
provoquant une entrée excessive
d'eau dans les cellules, qui
finissent par éclater.
La nécrose cellulaire est une
mort accidentelle des cellules, due
à des facteurs extérieurs (manque
d'oxygène, intoxication,
maladie...). Si la cellule est trop
endommagée, elle se nécrose :
elle se gorge d'eau au point
d'éclater. Cela conduit au
déversement du contenu de la
cellule dans le milieu
environnant, provoquant une
inflammation et des lésions
des tissus alentours.
Les auto-anticorps sont des
anticorps qui réagissent contre
des éléments de son propre
organisme, comme le muscle.
La créatine kinase est une
enzyme musculaire qui joue un
rôle dans la production d'énergie
directement utilisable par les
cellules. Abondamment présente
dans les cellules musculaires, elle
est libérée dans la circulation
sanguine en cas d'atteinte
musculaire. Son dosage dans le
sang est utile au diagnostic de
certaines myopathies.
4 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014
Dans la dermatomyosite (DM), le système immunitaire attaque en
premier lieu les vaisseaux sanguins de la peau et du muscle par une
accumulation anormale du complément dans ces vaisseaux. Les raisons de
cette sur-activation anormale du complément demeurent inconnues,
même si quelques hypothèses ont été émises par les chercheurs.
La destruction des vaisseaux sanguins provoque une diminution de
l'apport de sang aux fibres musculaires qui vont alors diminuer de
volume : elles s'atrophient. Par la suite, différents types de cellules
immunitaires vont envahir la zone lésée (infiltrat inflammatoire), aggravant
l'état des fibres musculaires.
Dans la polymyosite (PM), les fibres musculaires présentent à leur surface
des signaux anormaux caractéristiques d'un agent étranger (microbe,
virus…). Les lymphocytes T de type cytotoxiques (CD8+) réagissent à ces
signaux en attaquant les fibres musculaires et en les détruisant.
Dans la myosite à inclusions, on observe d'une part la présence dans les
fibres musculaires d’agrégats de protéines toxiques, appelés inclusions.
D'autre part, certaines fibres musculaires sont envahies de cellules
immunitaires, notamment des lymphocytes T CD8+, comme dans la
polymyosite.
On ne connaît pas la cause initiale de l'attaque immunitaire et il est
possible que les caractéristiques auto-immunes de cette maladie ne soient
que les conséquences d'un autre événement primaire (telle que
l’apparition des inclusions).
La myosite nécrosante est une myosite caractérisée par une nécrose
musculaire importante et avec peu ou pas d’infiltrat inflammatoire.
On distingue les formes liées à la présence d’auto-anticorps spécifiques
comme les anti-SRP (pour signal recognition particles ou particules de
reconnaissance du signal) ou myopathie à SRP, ou comme les anticorps
anti-HMGCoR (pour 3-hydroxy-3-methylglutaryl coenzyme A reductase)
récemment découverts, de formes sans auto-anticorps parfois associées à
une néoplasie.
Il a récemment été montré une corrélation stricte entre les niveaux d’autoanticorps anti-SRP ou anti- HMGCoR et l’activité créatine kinase.
Une première étude française réalisée chez 206 personnes atteintes de
myopathie nécrosante a montré que 45 étaient atteintes d’une forme liée
aux anti-HMGCoR et 44% d’entre elles étaient sous statines. La grande
majorité (97,7%) des personnes avec des anti-HMGCoR présentaient un
déficit musculaire ; aucun signe extra-musculaire n’a été rapporté.
La myosite de chevauchement est une myosite qui se définit par la
présence de manifestations extra-musculaires ou extra-cutanées ou
d'autoanticorps spécifiques des myosites (par exemple le syndrome des
antisynthétases qui associe la présence de l’auto-anticorps anti-Jo-1, une
myosite, et des atteintes articulaires, cutanées et pulmonaires).
Avancées dans les myopathies inflammatoires
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Concernant les autres myosites, les mécanismes en cause sont beaucoup
moins bien connus, ce d'autant que leur distinction au sein du groupe des
myosites est très récente.
Où en est la recherche dans les myopathies
inflammatoires ?
Un atelier organisé par l'ENMC a été consacré à la myosite à inclusion.
Organisé du 2 au 4 décembre 2011 à Naarden (Pays-Bas), il a réuni 24
participants (cliniciens, chercheurs, parents) venus de 9 pays (Allemagne,
Australie, Belgique, Danemark, États-Unis, France, Pays Bas, Royaume-Uni
et Suède). Le compte rendu de cet atelier ENMC a été publié en décembre
2013.
Les critères de diagnostic des myosites à inclusion, les recherches
immunologiques et génétiques, les études d’histoire naturelle, les
protocoles d’essais cliniques, les critères d’évaluation, les bases de
données et les standards de soins… ont été les principaux sujets abordés
au cours de cet atelier.
À l’issue de cet atelier, des critères de diagnostic plus spécifiques ont été
proposés afin de mieux identifier les cas pour lesquels un traitement
pourrait être efficace. Ont été soulignés le besoin d’harmoniser les bases
de données et l'intérêt du test musculaire quantitatif du quadriceps pour
évaluer l’efficacité d’un traitement dans le cadre des essais de cliniques.
Un autre atelier ENMC, consacré au diagnostic anatomo-pathologique
(c'est-à-dire l'observation au microscope des lésions du tissu musculaire
prélevé par biopsie musculaire) dans les myopathies inflammatoires
idiopathiques, a eu lieu du 30 novembre au 2 décembre 2012 à Naarden
(Pays-Bas). Il a réuni 21 participants (cliniciens, chercheurs, parents) venus
de 9 pays (Allemagne, Belgique, Espagne, États-Unis, Finlande, France,
Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède). Son compte rendu a été publié en
septembre 2013.
Les discussions ont porté sur la classification des myopathies
inflammatoires, la standardisation et l’interprétation des biopsies
musculaires, les modifications tissulaires, les nouvelles découvertes sur les
auto-anticorps et les régulateurs immunitaires dans les myopathies
inflammatoires.
Des bases de données pour mieux connaître les myopathies
inflammatoires
Le développement de bases de données de patients permet d’effectuer un
recensement (exhaustif en cas de registre) des personnes atteintes d'une
même maladie, de préciser l’histoire naturelle de celle-ci et d'établir des
corrélations génotype/phénotype.
La détermination de l’histoire naturelle de la maladie est un pré-requis
essentiel avant la mise en place d'essais thérapeutiques. Ceci est encore
plus vrai quand la progression de la maladie est variable comme dans ces
myopathies inflammatoires.
L'European Neuromuscular
Centre (ENMC) est une
organisation internationale visant
à soutenir la recherche dans le
domaine des maladies
neuromusculaires. Il organise
régulièrement des rencontres
internationales rassemblant
scientifiques et cliniciens sur une
thématique donnée.
WEB www.enmc.org/
Ce que les médecins appellent
l'histoire naturelle d'une
maladie est la description des
différentes manifestations d'une
maladie et de leur évolution au
cours du temps en l'absence de
tout traitement (médicaments,
kinésithérapie, chirurgie…).
Les études de corrélations
génotype/phénotype
recherchent l'existence de liens
entre les caractéristiques
génétiques, le génotype, et les
caractéristiques s'exprimant de
façon apparente, le phénotype
(taille, couleur et forme des yeux,
couleur des cheveux,
manifestation d'une maladie...).
On peut ainsi identifier une
relation plus ou moins étroite
entre la présence d'une anomalie
génétique de tel ou tel type et
celle de telles ou telles
manifestations d'une maladie
génétique.
5 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Une base de données a été créée par un laboratoire de l’hôpital PitiéSalpêtrière (Paris) pour le suivi des personnes atteintes de myosites. Les
premiers dossiers ont été saisis en août 2013. A l’heure actuelle, la base de
données pour les myosites compte 950 dossiers.
Mieux décrire l’histoire naturelle de la myosite à inclusions
Des études sur des groupes importants de patients ont permis de mieux
caractériser certaines myosites sur les plans clinique et immunologique.
Un modèle cellulaire permet
d'étudier les mécanismes
biologiques d'une maladie à
partir de cellules cultivés en
laboratoire qui reproduisent les
caractéristiques de cette maladie.
Ces cellules peuvent provenir de
personnes atteintes par la
maladie, ou avoir été crées en
laboratoire. Elles peuvent aussi
servir à tester les effets d'un
traitement potentiel.
Un modèle animal est un
animal qui reproduit les
caractéristiques de la maladie (à
la fois sur le plan génétique et sur
le plan clinique) permettant
l'étude des mécanismes de la
maladie ou l'essai de traitements
potentiels.
Myobank-AFM Téléthon /
Institut de Myologie est une
banque de tissus pour la
recherche qui a été créée par
l'AFM pour recueillir et conserver
des prélèvements de tissus
(muscle, peau...) et les acheminer
vers des équipes de recherche qui
travaillent dans le domaine des
maladies rares.
>> ADN, cellules, tissus... des
banques pour la recherche
Repères Savoir & Comprendre, AFM,
Février 2009.
WEB www.institut-myologie.org/ >
Recherche > Banque de Tissus
MYOBANK-AFM de l’Institut de
Myologie
6 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014
Une étude de l'évolution de la myosite à inclusions sporadique a été
réalisée pendant 9 mois en France chez 22 personnes atteintes de la
maladie. Le but était non seulement d'étudier l'histoire naturelle de la
maladie, mais aussi d’identifier des critères de mesures utiles pour de
futurs essais cliniques.
Les résultats publiés en 2012 ont montré qu’au bout de 9 mois, les
fonctions musculaires les plus faibles concernaient la préhension de la
main, la flexion du poignet et la flexion du coude, l'extension du genou et
la flexion de la cheville. La force d'extension du genou est celle qui a
diminué le plus au cours de cette étude.
Ce travail s’est poursuivi pendant 4 ans chez 13 personnes atteintes de
myopathie à inclusion sporadique. Les résultats publiés très récemment
montrent que la force musculaire a continué de se dégrader, spécialement
celles de l'extension du genou, de la flexion et de l'extension de la cheville.
Ces travaux confirment après 4 ans de suivi que la force d'extension du
genou est un bon marqueur pour le suivi des personnes atteintes de
myosite à inclusion sporadique.
Développer des modèles animaux et cellulaires pour mieux
comprendre les mécanismes sous-jacents aux myosites
Pour étudier les mécanismes moléculaires et cellulaires en jeu dans les
myosites et tester de nouvelles pistes thérapeutiques, les chercheurs
développent des modèles animaux qui reproduisent les signes cliniques
de la maladie.
Si les modèles animaux de dermatomyosite sont très difficiles à obtenir,
des souris modèles de polymyosite et de myosite à inclusions ont été
développées, notamment par des équipes françaises.
Des souris modèles d'une polymyosite expérimentale ont été très
récemment obtenues en leur injectant de la myosine. Les souris
présentaient une faiblesse musculaire et une inflammation proche de celle
observée dans la polymyosite chez l’homme.
Les chercheurs travaillent aussi sur des cellules musculaires de
personnes atteintes de myosite et provenant de biopsie musculaire ou
de don de tissu.
Faire un don de tissu en pratique
A l'occasion d'une intervention chirurgicale dont vous avez besoin ou lors d'une
biopsie, vous pouvez, si vous le souhaitez profiter de cette occasion pour faire don
de tissu à Myobank AFM-Téléthon / Institut de Myologie.
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Savoir & Comprendre
Pour ce faire, parlez-en à votre chirurgien, et celui-ci, ou vous-même, informe
Myobank :
- par téléphone au
01 42 17 74 63 / 01 42 17 75 06
- par e-mail à l'adresse [email protected].
Myobank se met alors en contact avec le médecin pour organiser, dans des
conditions réglementaires et sanitaires strictes, le recueil du matériel biologique
(tissus, cellules, ADN), son stockage et son acheminement vers les équipes de
recherche qui en font la demande.
L'étude de souris modèles a notamment montré l'implication des cellules
T régulatrices (lymphocytes Treg) dans le développement des myosites.
Les cellules T régulatrices (lymphocytes Treg) sont des cellules
immunitaires capables de moduler l'activité des lymphocytes T.
Dans la polymyosite et dans la myosite à inclusions, ces lymphocytes Treg
seraient altérés et moins nombreux, entrainant une sur-activation des
lymphocytes T toxiques pour les cellules musculaires.
Une piste thérapeutique pourrait consister à cibler les lymphocytes T
suractivés ou à augmenter le nombre ce lymphocytes Treg.
Des modèles de souris atteintes de myopathie nécrosante sont en cours
de développement.
Pistes thérapeutiques et traitements dans les myosites
Le traitement actuel repose sur une panoplie de médicaments visant à
moduler l'activité du système immunitaire (immunosuppresseurs). Ces
traitements sont plus ou moins efficaces selon les myosites, les personnes
et les périodes de la maladie.
Arsenal thérapeutique dans la dermatomyosite et la polymyosite
• Corticothérapie associée à des mesures diététiques.
• Agents
immunosuppresseurs :
méthotrexate,
azathioprine,
mycophénolate mofétil…
• Immunoglobulines par voie intraveineuse
• Anti-lymphocytes B : Rituximab®.
Mise à jour de la revue Cochrane sur les traitements des
dermatomyosites et les polymyosites
En 2012, une mise à jour d’une revue Cochrane publiée en 2005 fait le
point sur les traitements immunosuppresseurs et immunomodulateurs
dans les dermatomyosites et les polymyosites.
Les auteurs ont retenu 10 essais correspondant à un total de 258
participants. Comme le nombre de participants à ces études était faible,
les données restent à confirmer.
Les 4 essais dans lesquels les participants ont été répartis par tirage au
sort dans les différents groupes (essais randomisés), comparant la
plasmaphérèse et la leucaphérèse, l’eculizumab, l’infliximab ou
l’azathioprine à un placebo, ont tous montré des résultats négatifs.
Concernant 3 des 4 essais comparant 2 immunosuppresseurs
(azathioprine et méthotrexate, ciclosporine et méthotrexate, ou encore
méthotrexate intramusculaire et méthotrexate oral avec azathioprine),
aucune différence significative n’a été observée. Dans l’ensemble, les
immunosuppresseurs se sont parfois accompagnés d'effets secondaires.
Une revue Cochrane a pour but
d'identifier quelles pratiques de
soins sont efficaces, celles qui ne
marchent pas et celles qui
éventuellement sont néfastes. Elle
repose sur une compilation et une
analyse exhaustive de la
littérature médicale et
scientifique sur un sujet donné. Le
processus suit une méthodologie
rigoureuse : recensement des
études publiées, sélection de
celles qui sont
méthodologiquement recevables,
analyse de leurs données
combinées (méta-analyse). Le
résultat de cette méta-analyse
fait généralement autorité.
Dans un essai randomisé, les
participants sont répartis par
tirage au sort dans les différents
groupes.
La plasmaphérèse consiste à
enlever des éléments du plasma
sanguin. Le sang est prélevé dans
une veine et le plasma en est
séparé par une machine pour être
traité. Une fois les éléments
prélevés, les cellules sanguines
sont réinjectées aux patients.
La leucaphérèse consiste à
prélever dans le sang d’une
personne une variété de globules
blancs spécialisés dans la défense
anti-bactérienne, les leucocytes.
7 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
Les auteurs de cette analyse concluent à la nécessité de poursuivre les
essais randomisés de qualité pour mieux évaluer le rapport
bénéfices/effets secondaires de ces traitements.
Effets positifs de l'entrainement physique dans les myosites
En Suède, les effets du réentrainement à l’endurance ont été évalués chez
23 personnes atteintes de dermatomyosite ou de polymyosite.
Le programme de réentrainement, réalisé sur bicyclette ergométrique,
s’est étalé sur 12 semaines. Douze personnes ont bénéficié du programme
de réentraînement, tandis que les 11 personnes contrôles recevaient
uniquement leur traitement. Ce programme a entrainé des effets positifs
sur l’endurance et surtout sur la qualité de vie et le ressenti de l’évolution
de la maladie.
Au cours d'un essai clinique de
phase II, un médicament, dont il
a été montré au préalable qu'il
était bien toléré (au cours d'un
essai de phase I) est administré à
un groupe de malades dans le
but de déterminer l'efficacité
thérapeutique, les doses
optimales et la sécurité du
traitement (Quel est le mode
d’administration et la dose
maximale tolérée ?).
La phase II peut être divisée en
deux étapes : la phase IIa étudie
le dosage et la phase IIb
l'efficacité du traitement.
>> Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM, Juillet 2010.
Le rituximab est un
immunosuppresseur de nouvelle
génération capable d'inactiver
certains lymphocytes B.
Les lymphocytes B sont des
globules blancs spécialisés dans
un certain type de réaction
immunitaire : ils produisent les
anticorps qui neutralisent des
substances ou des molécules
considérées comme étrangères
par l'organisme.
Essais de BAF312
Le BAF312 est un modulateur d’un récepteur essentiel à la circulation des
lymphocytes, le récepteur de la sphingosine 1-phosphate. Ce récepteur
représente une cible médicamenteuse dans les maladies auto-immunes
(en particulier dans la sclérose en plaques).
Deux essais de phase II, l’un dans la dermatomyosite (56 participants) et
l’autre dans la polymyosite (30 participants) sont en cours pour évaluer les
effets de BAF312.
Les 2 essais se déroulent au Canada, aux États-Unis, en Hongrie, au Japon,
en Pologne et en République Tchèque.
Dans les myosites réfractaires
Dans certains cas, les traitements habituellement utilisés ne permettent
pas ou sont insuffisant pour améliorer les manifestations de la myosite.
Les médecins parlent de forme réfractaire.
Essai FORCE
Le rituximab est un médicament qui bloque l'activité des lymphocytes B,
déjà utilisé dans le traitement de certains cancers.
L’essai FORCE, un essai multicentrique français de phase II, coordonné par
O. Benveniste (Paris), financé par l'AP-HP, est terminé. Il a évalué l'effet sur
18 mois du rituximab, chez 12 personnes atteintes de myosites
réfractaires. La phase clinique de l'essai est terminée et les données sont
en cours d’analyse. Des résultats préliminaires montrent une amélioration
de la force musculaire dans environ 50% des cas.
Essai FORCE en cours d’analyse
• Essai multicentrique de phase II du rituximab en intraveineux : 2 injections
intraveineuses de 1 g de rituximab à 2 semaines d'intervalle suivies d’une
troisième six mois plus tard.
- Phase clinique de l'essai terminée. Données en cours d’analyse.
- Investigateur principal : Pr O.Benveniste (Centre de référence Maladies
neuromusculaires, Hôpital Pitié-Salpétrière, Paris)
Essai du tocilizumab
Comme le rituximab, le tocilizumab est un immunomodulateur. Il est
indiqué pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde.
8 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014
Avancées dans les myopathies inflammatoires
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Une étude pilote de phase II pour évaluer les effets du tocilizumab dans
les dermatomyosites et les polymyosites réfractaires est en préparation
aux États-Unis.
L’essai devrait débuter en 2014 et concernera 40 participants.
Pistes thérapeutiques et traitements dans la myosite à inclusion
Dans la myosite à inclusions, aucun traitement immunosuppresseur
habituellement utilisé n'est bénéfique, renforçant l'hypothèse que cette
maladie n'a pas qu’une origine auto-immune.
L'alemtuzumab
L'alemtuzumab (Campath®) a montré un effet bénéfique lors d’un essai
sur 13 patients. Cet anticorps agit en supprimant certaines cellules du
système immunitaire, responsables en partie de la maladie. Les effets
secondaires du Campath® peuvent toutefois engager le pronostic vital.
L'exercice physique
Plusieurs études confirment les effets bénéfiques de l’exercice physique.
Les programmes d’entrainement physique sont parfaitement tolérés et
permettent d’augmenter l'endurance (les capacités aérobiques) des
individus testés et d’améliorer la force de certains groupes musculaires.
Inhiber la myostatine par thérapie génique
La thérapie génique consiste à remplacer le gène défectueux ou manquant
par un gène thérapeutique.
Les chercheurs ont développé différents types de vecteurs et de
techniques permettant le transfert du gène thérapeutique jusqu'au noyau
des cellules malades : les vecteurs viraux (virus dont les éléments
pathogènes sont remplacés par le gène thérapeutique), les vecteurs
synthétiques (plasmide, vecteurs lipidiques,…) et des techniques
"physiques" (électroporation, biolistique...).
Dans la myosite à inclusions, la faiblesse musculaire conduit
progressivement à la perte de la marche. Une piste thérapeutique consiste
à augmenter la taille et la force des fibres musculaires, en inhibant la voie
de la myostatine, un inhibiteur naturel de la croissance musculaire.
Un essai de phase I en ouvert, coordonné par J. Mendell (Colombus, ÉtatsUnis), est en cours aux États-Unis pour étudier l’innocuité de l’injection du
gène de la follistatine (un inhibiteur naturel de la myostatine) à l’aide d’un
AAV dans la cuisse ou dans la jambe de 15 patients atteints de myosites à
inclusion. La taille des fibres musculaires sera observée par biopsie 180
jours (environ 6 mois) après l’administration. La fin de l’essai est prévue
pour fin 2016.
Essai en cours aux États-Unis
• Essai de phase I en ouvert du transfert du gène de la follistatine
- Recrutement en cours
- Fin de l’essai prévue pour la fin de l’année 2016.
- Investigateur principal : J. Mendell (Colombus, États-Unis)
Inhiber la myostatine par le BYM338
Le BYM338 est un anticorps qui empêche le fonctionnement du récepteur
de la myostatine. Des travaux antérieurs ont montré que le BYM338
Au cours d'un essai clinique de
phase I un médicament dont
l'intérêt thérapeutique a été
montré sur des modèles animaux
et/ou cellulaires (essais
précliniques) est administré pour
la première fois à un petit groupe
de volontaires sains, plus
rarement à des malades, afin
d'évaluer leur tolérance à la
substance en fonction de la dose
(Comment le futur traitement estil absorbé et éliminé ? Comment
se fait sa répartition dans les
organes ? Est-il toxique et à
quelles doses ? Existe-t-il des
effets secondaires ?).
>> Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM, Juillet 2010.
Un essai en ouvert est un essai
thérapeutique dans lequel les
médecins et les participants ont
connaissance du traitement à
l'essai.
Le virus adéno-associé (AAV pour
adeno-associated virus) est un
petit virus à ADN, qui peut
infecter l'être humain. Toutefois,
il ne provoque pas de maladie et
n'entraine qu'une réponse
immunitaire de défense modérée.
Une fois à l'intérieur des cellules,
l’AAV, comme tous les virus,
incorpore ses gènes dans
l'ensemble des gènes de la cellule
infectée. Il est utilisé en génie
génétique comme vecteur pour la
thérapie génique.
9 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014
Savoir & Comprendre
Avancées dans les myopathies inflammatoires
augmente la masse musculaire et protège le muscle de l'atrophie et de la
perte de force chez la souris.
En août 2013, la société pharmaceutique Novartis a annoncé que la Food
and Drug Administration (FDA) avait accordé au BYM338 (bimagrumab) la
désignation d’"avancée thérapeutique majeure" dans la myosite à
inclusion. Cette désignation, qui permet d’accélérer la procédure en vue
d’une autorisation de mise sur le marché, fait suite aux résultats positifs de
l’essai de phase II du BYM338 aux États-Unis.
Cet essai a évalué pendant 2 mois l’efficacité, la tolérance et l’innocuité du
BYM338 chez 14 personnes atteintes de myosite à inclusion. Ces résultats
présentés en octobre 2013 au congrès de l’American Neurological
Association ont montré que le BYM338 augmente la masse et la force
musculaires, sans induire d’effet secondaire.
Un essai de phase II/III permet
de tester l'efficacité d'un
traitement potentiel et son
dosage en une seule étape : les
phases II (dose et mode
d'administration) et III (efficacité)
de l'essai clinique sont regroupées
en une seule. Au terme de l'essai,
si les résultats sont positifs, une
autorisation de mise sur le
marché (AMM) peut être donnée.
>> Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM, Juillet 2010.
Forte de ces résultats, la société Novartis a débuté en septembre 2013 un
essai de phase II/III pour évaluer les effets de trois doses (une forte, une
moyenne et une faible doses) de BYM338 par rapport à un placebo chez
240 personnes atteintes de myosite à inclusion pendant un an. La fin de
l’essai est estimée pour décembre 2015. Cet essai international devrait
inclure des participants en France.
La rapamycine
La rapamycine est un immunosuppresseur déjà utilisé pour les greffes de
rein. Elle inhibe les lymphocytes T et préserve les lymphocytes T
régulateurs.
Une étude de la rapamycine sur 25 jours a montré un effet bénéfique dans
des souris modèles de polymyosite expérimentale, aussi bien comme
traitement préventif que curatif. La force musculaire des souris était
améliorée et l’inflammation musculaire diminuée.
Un essai de phase II, en double aveugle, contre placebo de la rapamycine
dans la myosite à inclusions est en préparation en France. L’essai, soutenu
par l’AFM-Téléthon, devrait débuter en 2014 et inclure 44 patients.
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