PRISE EN COMPTE DE LA DYSLEXIE AU COLLEGE ETUDE LONGITUDINALE AUTEURS : Docteur Monique Jacquier-Roux Docteur Christine Egaud Docteur Céline Gissinger Docteur Françoise Imler-Weber Docteur Paulette Morand Docteur Brigitte Partrat Docteur Claire Tempelhoff Médecins de l’Education nationale Inspection académique académique de la Loire, Service médical des élèves 9-11 rue des Docteurs Charcot, 42023 SAINT-ETIENNE Cédex 02 ℡ : 04-77-81-41-84 Fax : 04-77-81-41-63 Décembre 2009 PRIX AFPSSU 2009 0 PRISE EN COMPTE DE LA DYSLEXIE AU COLLEGE ETUDE LONGITUDINALE AUTEURS : Docteurs Monique Jacquier-Roux, Christine Egaud, Céline Gissinger, Françoise Imler-Weber, Paulette Morand, Brigitte Partrat, médecins de l’Education nationale, IA de la Loire RESUME Une étude longitudinale portant sur le suivi d’une cohorte d’élèves de la fin du CM2 à la 3ème a été réalisée dans le département de la Loire, avec pour objectifs de valider une procédure de repérage-dépistage systématique de la dyslexie, de tester les effets d'un accompagnement spécifique au collège sur le cursus et les résultats scolaires et de suivre l'évolution du trouble spécifique du langage écrit (TSLE), ainsi que de ses répercussions psychologiques. Cette étude, pilotée par le médecin conseiller technique en accord avec l'IA, a été menée avec les médecins scolaires, d’emblée en partenariat avec des principaux de collège, des professeurs, des formateurs d’enseignants de l’académie de Lyon, des COPsy, des assistants d’éducation, les familles des élèves et le concours de l’université de Saint-Etienne. Elle a montré que grâce à cette procédure, les élèves dyslexiques, tout en gardant des difficultés très spécifiques vis-à-vis de l’écrit, réussissent leur cursus au collège, sont très majoritairement admis au brevet et garde une bonne estime de soi. La procédure de repérage-dépistage systématique a été validée. Les élèves, leurs familles et leurs enseignants sont unanimes pour plébisciter ce type de prise en charge. Une généralisation de la procédure de dépistage et d’accompagnement est en cours dans le département, ainsi qu’un plan de formation et d’accompagnement des enseignants, avec de nouvelles demandes émanant des lycées. En outre, cette action a permis aux médecins scolaires de collaborer à la création d’un réseau de santé pour les enfants TSL a été agréé par l’URCAM. MOTS-CLES dyslexie - trouble spécifique du langage – partenariat - étude longitudinale - estime de soi dyslexia - specific language impairment – partnership- longitudinal study - self-respect PRISE EN COMPTE DE LA DYSLEXIE AU COLLEGE ETUDE LONGITUDINALE Docteurs Monique Jacquier-Roux, Christine Egaud, Céline Gissinger, Françoise Imler-Weber, Paulette Morand, Brigitte Partrat, Claire Tempelhoff, médecins de l’Education nationale, IA de la Loire I/ INTRODUCTION ET PRESENTATION « La dyslexie est un trouble persistant de l’identification des mots et de son automatisation chez une personne d’efficience intellectuelle normale. Ce trouble ne peut pas être expliqué par d’autres raisons médicales ou sociales1 ». C’est, classiquement, un trouble spécifique et durable de l’acquisition du langage écrit. La dyslexie touche en France 5 à 8 % des élèves, soit 1 à 2 élèves par classe, ce qui est loin d’être négligeable. En outre, à cause des répercussions sur l’insertion sociale, il s’agit un problème de santé publique. De nombreux textes constituent un cadre de référence de notre travail. En 2000, c’est le Rapport Ringard2, qui pose le problème de la souffrance des enfants dysphasiques et dyslexiques et remarque que « le partenariat apparaît comme un élément clé de la réussite d’un projet élaboré pour aider » ces enfants. En 2001, c’est le plan d’action interministériel « pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage3 », avec la « mise en œuvre du plan d’action » en 20024 (Circulaire N°2002-024 du 31/01/2002)5. En 2000, c’est la circulaire sur les PAI6 puis en 2005 la « Loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées »7. En 2000, les premiers médecins se formaient dans la Loire, puis dès 2002, plusieurs d’entre eux acceptaient une formation complémentaire pour devenir formateurs de leurs confrères et des enseignants. Tous les médecins scolaires du département ont ensuite bénéficié d'une formation initiale et d'une formation au dépistage de la dyslexie. Pour autant, la mise en place d'aménagements pédagogiques s'inspirant des recommandations générales faites par les médecins pour la prise en compte de la dyslexie à l'école semblait encore difficile à réaliser ou peu efficace. En outre, les répercussions psychologiques (baisse très importante de l’estime de 1 Définition travaillée entre les médecins scolaires et les conseillers pédagogiques de l’IA de la Loire « A propos de l’enfant dysphasique et de l’enfant dyslexique », Jean-Charles Ringard, février 2000 3 Plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage, mars 2001, Ministère de l’Education nationale, Ministère de la santé, secrétariat d’Etat aux personnes âgées et aux personnes handicapées 4 voir BO spécial du 7-02-2002 5 Notre objectif se plaçait dans le cadre de ceux de cette circulaire : « connaître et comprendre ces troubles », « assurer la continuité du parcours scolaire », « organiser les réponses » 6 projet d’accueil individualisé 7 Loi N°2005-102 du 11/02/2005 2 1 soi, sentiment prégnant d’échec, mal-être, troubles du comportement) étaient majorées avec l’entrée au collège. Jusque là nous avions très peu d’éléments permettant de valider telle ou telle pratique, parce qu’il est difficile pour les chercheurs d’effectuer une étude longitudinale en milieu scolaire. Or il nous est apparu que seul ce type d’étude permettrait de valider des procédures spécifiques d’accompagnement de ces élèves ainsi que des tests de repérage-dépistage. C’est ainsi qu’une étude longitudinale a été menée dans la Loire entre 2003 et 2007, portant sur le suivi de 52 élèves dyslexiques entre les classes de 6ème et de 3ème. Le projet a été élaboré par le Dr Jacquier-Roux, médecin de santé publique, médecin conseiller technique (MCT) de l'inspectrice d'académie de la Loire, avec le soutien de celle-ci. Cette étude a été d’emblée conçue en interdisciplinarité8, concernant dans les collèges, des médecins scolaires, des chefs d’Etablissement, des enseignants de collège, des conseillers d’orientation psychologues (COPsy), des infirmières d’Etablissement ainsi que des assistantes d’éducation. L’étude d’évaluation a bénéficié du soutien financier du Fonds Social Européen et de la collaboration de l’université J. Monnet de St Etienne. II/ HYPOTHESES DE TRAVAIL La prise en compte au collège des difficultés spécifiques des élèves dyslexiques leur permettrait de restaurer l’estime de soi et de limiter leur démotivation Si les difficultés d’accès à l’écrit (lecture/écriture) sont prises en compte dans l’enseignement et les formes d’évaluation, ces élèves présentant une efficience intellectuelle normale devraient poursuivre leur parcours scolaire au-delà de la 3ème sans redoublement Le regroupement des élèves dyslexiques à 5-7 par classe est bénéfique pour les élèves et les enseignants III/ OBJECTIFS DE L’ETUDE valider une procédure de repérage-dépistage systématique des dyslexiques en fin de primaire tester une procédure d’accueil des élèves dyslexiques au collège et ses effets sur le cursus et les résultats scolaires suivre l'évolution du TSLE et ses répercussions psychologiques 8 Voir tous les résultats sur le site ia42.ac-lyon.fr/tsle/index.html 2 IV/ POPULATION ETUDIEE La population intéressée par la recherche-action se composait d’une cohorte d’élèves entrant en 6ème au collège. Les élèves dyslexiques de cette population avaient été identifiés en fin de primaire. Selon la prévalence reconnue, le nombre attendu de ces élèves ne devait pas dépasser 5 à 7 % de la population totale. La population provenait de plusieurs secteurs géographiques Les collèges étaient de plusieurs types (effectif variable, privé/publique). La cohorte serait suivie jusqu’en classe de 3ème. Le groupe d’élèves dyslexiques présentait les caractéristiques suivantes : 52 % avaient redoublé au moins une classe, le plus souvent le CP 65 % avaient suivi une rééducation orthophonique 21 % avaient des antécédents familiaux de dyslexie 1/3 avaient des antécédents personnels de trouble du langage oral en maternelle 1/5 seulement étaient connus comme dyslexiques avant le repérage-dépistage V/ ACTION Tous les dossiers ont été gérés à l'Inspection Académique et toutes les analyses de données ont été réalisées par le médecin conseiller technique (MCT) et des étudiants stagiaires et doctorants en biostatistique sous la responsabilité de Mohamed REHAILIA, maître de conférences à l'université J. Monnet de St Etienne. En mai 2003 un repérage systématique des 930 élèves de CM2 entrant en 6ème dans les collèges concernés a été effectué grâce à l’outil REPERDYS. Puis un dépistage a été effectué par les médecins scolaires chez les enfants repérés (après information et accord de leurs parents) au moyen d'un bilan de langage utilisant la batterie BALE. Cinq chefs d’Etablissement s’étaient portés volontaires pour les collèges suivants : • 1 collège rural de 216 élèves (Papire Masson à St Germain-Laval) • 1 collège de zone REP de 880 élèves (Jacques Prévert à Andrézieux-Bouthéon) • 1 collège privé de zone urbaine de 700 élèves (St Joseph à St Just-St Rambert) • 2 collèges de zones suburbaines de 559 et 560 élèves (Le Bois de la Rive à Unieux et Le Dorlay à La Grand Croix-) Sur le plan de la formation, les enseignants volontaires ont reçu : -une information sur le projet, en 2003, avant le début de l'action, par le médecin scolaire en présence de tout le personnel du collège et des parents d'élèves. 3 -une formation de 2 jours qui a été organisée en octobre 2003 avec des personnels des équipes ayant travaillé sur l'élaboration de la procédure dans d’autres départements (Le Touvet 38, Bonneville 74 et Saint-Vallier 71). -des formations complémentaires ont eu lieu pendant la 1ère année9. 7 classes sont entrées dans le dispositif, donc 7 équipes d’enseignants volontaires • 1 établissement avec 2 classes comprenant 7 élèves dyslexiques sur 25 élèves • 3 établissements avec chacun 1 classe comprenant 7 élèves dyslexiques sur 24 élèves • 1 établissement avec 1 classe comprenant 8 élèves dyslexiques et 1 classe en comprenant 5 sur 25 élèves Ce regroupement a été reconduit en 5ème. En 4ème les élèves ont été répartis dans d’autres classes en fonction des options et de la deuxième langue vivante. Mais en 3ème, le plus souvent ils ont été de nouveau rassemblés par groupe de 3 à 5. Les élèves dyslexiques ont bénéficié d’un suivi médical à l’école : bilan de langage complet en début de 6ème et rencontre chaque année au moins une fois, en début d’année, avant la réunion d’actualisation du projet individualisé (PAI). Le personnel infirmier a été chargé de l'accompagnement des élèves dyslexiques. Les médecins étaient plus particulièrement en relation avec les enseignants pour les problèmes d'adaptation des aménagements. Ils se sont tenus à disposition des élèves, de leur famille et des enseignants pour répondre à toutes les interrogations, organiser les réunions de suivi dans chaque collège et apporter les compléments de formation. Les conseillers d'orientation psychologues se sont chargés de l'évaluation de l'efficience intellectuelle des élèves dyslexiques. En 6ème et 5ème, l’assistante d’éducation a apporté son aide chaque semaine en dehors des cours et ponctuellement dans la classe pour les temps de contrôle écrit. En 4ème et 3ème l’aide a été ponctuelle, à la demande des élèves. En début de 6ème, le médecin scolaire du collège commentait le « profil de l’élève » à l’équipe de professeurs concernée, en terme de difficultés spécifiques et de compétences. A l’issue de la réunion, un accord était conclu sur les aménagements souhaitables. La première année, ils ont d’abord été basés sur les conseils habituellement donnés par les personnels médicaux, à savoir : accorder un temps supplémentaire (pour compenser la lenteur de lecture, faciliter la compréhension, permettre la correction des erreurs orthographiques), ne pas tenir compte des 9 Dyslexie : prise en compte au collège - une expérience originale de regroupement des élèves des élèves dyslexiques de 6ème au sein d'une classe ordinaire, Monique Jacquier-Roux, ANAE 2003 : n°74-75, p.237 à 247 - décembre 2002 4 erreurs d'orthographe dans la notation, ne pas pénaliser l'élève par des appréciations négatives ou par des travaux supplémentaires, favoriser l'oral. Dès la 2ème année, les enseignants, mieux formés, ont commencé à élaborer eux-mêmes des outils pédagogiques originaux adaptés aux besoins des élèves dyslexiques. Les réunions de concertation ont eu pour objectif d’ajuster les aménagements au fur et à mesure et de discuter les nouvelles propositions. En 5ème une transmission d’information entre enseignants a été organisée en début d’année et les temps de concertation ont perduré. En 4ème et 3ème la transmission a été faite au cours de la réunion autour du projet d’accueil individualisé de l’élève (PAI). (le calendrier de l’action est mis en annexe) VI/ EVALUATION Elle a été prévue à la fin de chaque année et a consisté en questionnaires distribués aux élèves, aux parents et aux enseignants, ainsi qu’en analyse de suivi du parcours scolaire. En fin de 5ème un test de français (dictée et questions) a été réalisé sur toute la population. Pour répondre aux interrogations des autres collèges intéressés par une action similaire, une évaluation finale (en classe de 3ème) plus globale, abordant tous les aspects de l’action a été décidée. Cette étude a obtenu le soutien financier du Fonds Social Européen. Evaluation de fin de 3ème Tous les résultats sont consultables sur le site : ia42.ac-lyon.fr/tsle/index.html En fin de 3ème, les élèves de la cohorte ont été revus. Le bilan comprenait : 1/ POUR TOUS LES ELEVES un test REPERDYS (2ème validation) : les résultats des élèves dyslexiques ont été statistiquement très inférieurs à ceux des autres élèves en dictée et en copie. Ce test pourrait donc encore être utilisé au collège pour aider au dépistage10. un bilan scolaire réalisé par les enseignants (voir ci-dessous) une analyse des résultats au brevet (voir ci-dessous) Epreuves spécifiques par discipline FRANÇAIS : les capacités d’analyse d’un texte ne sont pas différentes chez l’élève dyslexique. Il peut s’auto-corriger en dictée (dictée négociée). Sa maîtrise de la langue a bien progressé entre la 6ème et la 3ème. Cependant ses écrits présentent des erreurs spécifiques facilement identifiables par des enseignants formés. 10 Reperdys : évaluation d’un outil de repérage des élèves dyslexiques pour les enseignants, JACQUIER-ROUX Monique, SANDON Jean-Michel, REHAILIA Mohamed, SANFILIPPO Calogero, EL BNOUJ Aziza et GONCALVES Alice : ANAE N°86, p. 41 à 47, Mai 2006. 5 ANGLAIS : il n’existe pas de différence significative à l’oral entre les résultats des élèves dyslexiques de l’étude (l’enseignant avait privilégié l’oral) et les autres. MATHEMATIQUES : les élèves dyslexiques sont en difficulté dans le calcul littéral (développement, factorisation) Analyse des résultats au Brevet La grande majorité des élèves dyslexiques réussissent le brevet même si leur taux de réussite (69,8%) est statistiquement inférieur à celui des non-dyslexiques (85,6%). Les mentions sont également moins fréquentes chez les élèves dyslexiques, ce qui peut leur être préjudiciable en cas de demande de bourse au mérite. Mentions obtenues par les élèves dyslexiques Mentions obtenues par les élèves non dyslexiques L’analyse des résultats des élèves dyslexiques et non-dyslexiques dans les 3 matières présentées au Brevet montre que la différence entre les 2 groupes est beaucoup plus 6 significative en Français. On peut donc en conclure que le taux de réussite plus bas chez les élèves dyslexiques, bénéficiant pourtant d’aménagements, est expliqué plus particulièrement par leurs problèmes de lecture-écriture, et notamment par les résultats en dictée. La question se pose de la pertinence des aménagements proposés en dictée : il est probable que la nécessité de recopier la dictée a anéanti l’effet des aménagements proposés pour la dictée (texte à trous). Le temps supplémentaire ne permet pas à lui seul de rétablir l’équité entre les élèves dyslexiques et les autres. 2/ POUR LES ELEVES DYSLEXIQUES 2.1. un bilan de langage (BALE) réalisé par les médecins EN et analysé par des neuropsychologues (CHU Debrousse, Lyon). L’âge moyen de lecture à l’Alouette est passé de « octobre CE2 » en 6ème à « mai CM1 » en fin de 3ème, ce qui confirme le diagnostic posé par les médecins scolaires, tout en mettant en évidence leur progression en lecture, bien que le trouble de la reconnaissance des mots écrits soient toujours présent. La difficulté porte surtout sur les temps qui sont très allongés. La durabilité de la dyslexie est confirmée. 2.2. un bilan psychologique réalisé par les COPsy On ne note pas de différence statistiquement significative concernant l’estime de soi entre les élèves dyslexiques et les autres. Cependant, la quasi-totalité d’entre eux a choisi de s’orienter vers la voie professionnelle, par crainte que les aménagements ne soient plus mis en place au lycée. En ce qui concerne le vécu de l’expérimentation, les élèves dyslexiques se sont sentis bien acceptés par les autres. 3/ AVIS DES ELEVES DYSLEXIQUES ET DE LEURS PARENTS 3.1. Enquête auprès des parents Des questionnaires ont été adressés aux chefs d’établissements pour être remis aux parents de tous les élèves des 7 classes expérimentales. 143 parents ont répondu en 6ème et 112 en 5ème. Les résultats sont indiqués dans le tableau suivant (les données de 6ème sont en bleu). 62% des parents d’élèves des classes expérimentales ont signalé un changement de comportement chez leurs enfants depuis leur intégration dans ces classes (compétences 7 psycho-sociales, confiance en soi et en l’avenir, sens des responsabilités, motivation au travail). En fin de 3ème, des questionnaires ont à nouveau été adressés à tous les parents et 219 ont été retournés. Selon les parents, la confiance en soi et en l’avenir reste bonne en 3ème. 1/4 des parents d’élèves non dyslexiques considèrent leur enfant en difficulté scolaire. La moitié de ceux-ci signalent que leur enfant a été aidé par les aménagements mis en place par les professeurs pour les élèves dyslexiques. 40% de ces parents ont changé de regard sur les élèves en difficulté. 3.2. Enquête auprès des élèves Le questionnaire a été distribué par le professeur principal à tous les élèves des 7 classes, qu’ils soient dyslexiques ou non. 155 élèves ont donné leur avis en 6ème et 131 en 5ème. Environ 30% de ceux qui ont répondu sont des élèves dyslexiques. Les résultats de 6ème sont indiqués en bleu. Avoir fait partie de cette classe a changé le regard porté sur les élèves en difficulté pour 62% (60%) de ces élèves. 67% (80%) des élèves de ces classes ayant répondu ont été aidés par les aménagements mis en place par les enseignants. 3.3. Enquête auprès des enseignants Les questionnaires ont été adressés aux enseignants des 7 classes expérimentales, via les chefs d’établissements. 35 ont répondu en 6ème et 28 en 5ème . Cette expérience a changé le regard des professeurs sur les difficultés scolaires pour 72% en5ème et 83 % en 6ème. Elle a favorisé le travail d’équipe entre enseignants (54% en 6ème et 68% en 5ème). Les enseignants qui ont mis en place des aménagements pédagogiques les ont jugés utiles pour les élèves dyslexiques (100% des enseignants en 6ème et 92% en 5ème), pour les élèves en difficulté scolaire (97% des enseignants en 6ème et 83% en 5ème ), mais aussi pour les élèves sans difficultés (82% des enseignants en 6ème et 50% en 5ème). La majorité (86%) considère que la gestion de la dyslexie est plus facile avec la procédure expérimentée dans ce dispositif (regroupement de 6 à 7 dyslexiques dans une 8 classe ordinaire, soit ¼ de l’effectif de la classe) que dans le cadre individuel d’un P.A.I. simple. Tous mettent en avant le bénéfice sur les résultats et sur les comportements de TOUS les élèves. VIII/ PARTENARIAT DAFOP (Délégation académique à la formation des personnels) Pôle académique de soutien à l’innovation et à l’expérimentation (PASIE). IA-IPR (Inspecteurs Principaux Régionaux) de français, mathématiques et anglais Université Jean Monnet de Saint-Etienne, département de biostatistique Fonds social européen, partenaire financier DDASS IX/ IMPACT L’analyse complète est disponible sur le site déjà cité. En voici quelques points: généralisation du repérage systématique avec REPERDYS dans le département, à la demande de l’Inspectrice d’Académie diffusion de la procédure d’accueil dans les autres collèges du département : en 2003, 5 collèges, en 2007, 11 collèges (22%), et plus d’un collège sur 2 en 2009. diffusion hors du département : Ain, région PACA élargissement du partenariat : dès la 2ème année, nous avons obtenu le soutien du pôle académique de soutien à l’innovation et à l’expérimentation (PASIE) pour aider à l’analyse des pratiques pédagogiques développées par les enseignants. Ce travail a débouché sur la mise en place d'un plan de formation spécifique au niveau académique pour les enseignants du secondaire, coordonné par la DAFOP, avec un « groupe ressource » dans la Loire. Des enseignants formateurs ont été recrutés pour cette mission dans chaque département (les 1ers étaient les enseignants des 5 collèges expérimentaux. Une diffusion des résultats a pu commencer au début de la 3ème année. Ainsi sont proposés soit une information pluricatégorielle (enseignants, direction, CPE, vie scolaire) dans les établissements (avec une équipe composée d’un chef d’Etablissement, un enseignant et un médecin EN), soit des échanges de pratiques, soit un travail par discipline entre enseignants. Cette formation a reçu le soutien des IPR (Inspecteurs Principaux Régionaux) de français, mathématiques et anglais de l’académie ; elle est très demandée par les enseignants de collège et depuis début 2008, par des enseignants de lycée. formation des enseignants du primaire (animations pédagogiques avec des médecins EN) 9 organisation d'un colloque en Novembre 2006 (1200 participants, public ayant largement débordé l’académie de Lyon). Un film, auquel ont contribué les médecins EN a été présenté à cette occasion (voir bibliographie) collaboration au montage d'un réseau de santé dans la Loire prenant en charge ces enfants (Réseau DYS-42, qui a reçu l’agrément de l’URCAM en juin 2008) en septembre 2008 : création d'un site pour héberger tous les résultats : celui-ci est bien fréquenté, 1448 consultations en 15 mois (ia42.ac-lyon.fr/tsle/index.html) IX/ CONCLUSION ET PERSPECTIVES Une étude d’évaluation avec suivi de cohorte, élaborée par des médecins scolaires et menée par un groupe de professionnels de collège, a pu déboucher sur la mise en place d’un repérage systématique de la pathologie et d’un plan de formation adapté aux besoins des enseignants pour leur permettre de proposer des aménagements raisonnés aux élèves dyslexiques. La diffusion s’est faite spontanément de collège à collège. Pour analyser comment l’information avait circulé à partir des établissements expérimentaux et savoir ce qui avait amené la prise de décision pour utiliser la procédure testée, une enquête a été menée auprès des 11 chefs des établissements qui avaient reconduit la procédure fin 2007. Les 3 éléments les plus souvent cités pour expliquer la décision de reproduction de cette action sont : le rôle du médecin scolaire (en 1ère position), la qualité des échanges individuels avec des enseignants des collèges expérimentaux et le rôle essentiel du principal, ainsi que l’accueil très favorable réservé à la procédure, tant au niveau des parents d’élèves qu’à celui des enseignants qui constatent un bénéfice pour tous les élèves. Les principaux de collège mettent aussi en évidence le grand besoin de formation des enseignants. Ce souci est largement repris par la DAFOP de l’académie de Lyon. C’est la condition nécessaire à une diffusion plus large dans les autres départements de l’académie et en direction des enseignants de lycées. En outre, nous avons le projet d’une formation de formateurs commune au 1er et au second degré, facilitant les stages de formation intercycle, avec pour objectif de favoriser la continuité du parcours de l’élève, et de la prise en compte de ses difficultés du primaire à la terminale.° En conclusion cette étude montre qu’un dépistage systématique des élèves dyslexiques est possible et faisable, que ceux-ci peuvent accomplir leur parcours scolaire au collège sans redoublement, avec de bonne chance d’obtenir un diplôme. Pour cela, un partenariat entre les professionnels de toute la communauté scolaire nous paraît nécessaire. 10 Calendrier de l’action 1 / Au 3ème trimestre de l’année du CM2 • Information-formation initiale des professeurs au printemps de l’année précédant l’entrée des élèves en 6° • Organisation ou vérification de l'identification des élèves dyslexiques en CM2 • Organisation du bilan de langage • Information des parents sur le projet d’accueil au collège 2 / A la rentrée en 6ème • Mise en place du projet dans les classes de 6ème. • Présentation du projet à tous les élèves de la classe et à leurs parents • Concertation entre enseignants sur les attitudes pédagogiques • Recrutement des assistants d'éducation • Aménagements pédagogiques • Aide spécifique • Accompagnement médico-social 3 / Suivi après la 6ème • Etude du cas de chaque élève dyslexique en début d’année • Evaluation en fin d'année I 11 Groupe de travail pour l’évaluation Comité de pilotage : Monique JACQUIER-ROUX (chef de projet), Les Inspecteurs Principaux Régionaux (IAIPR : René NALLET, français, Maurice CLUTIER, anglais, Alain NEVADO et Janine REYNAUD, mathématiques), Gilbert ROYON, directeur de C.I.O., Laurent COLON, chargé de mission DAFOP, Mohamed REHAILIA, maître de conférences en mathématiques et statistiques (université J. Monnet, Saint-Etienne) Participants à l’action : Médecins de l’Education nationale : Christine EGAUD, Céline GISSINGER, Françoise IMLER-WEBER, Monique JACQUIER-ROUX, Paulette MORAND Professeurs : Jean-François BELLET (français, collège Gambetta, Saint-Etienne), Joëlle COFFY (mathématiques, collège Gambetta, Saint-Etienne), Ivan D’AVEZEDO (anglais, collège Gambetta, Saint-Etienne), Sylviane DENIS ( mathématiques, collège P. et M. Curie, La Talaudière), Olivier FOURETS (mathématiques, collège P. Masson, Saint-GermainLaval), Stéphanie FOURNEL (français, collège P. Masson, Saint-Germain-Laval), Jacqueline GONZALES-MONTAGNON (français, collège Le Dorlay, La Grand Croix), Brigitte LELIEVRE (anglais, collège Le Dorlay, La Grand Croix), Karine MALACHER (mathématiques, collège Le Bois de la Rive, Unieux), Elisabeth MARCON (anglais, collège P. Masson, Saint-Germain-Laval), Evelyne MARCON (anglais, collège Le Bois de la Rive, Unieux), Sylvie OGIE (français, collège Gambetta, Saint-Etienne), Estelle PAILLEUX (français, collège Jacques Prévert, Andrézieux), Florence PAUZE (français, collège Le Dorlay, La Grand Croix), Liliane RAMBAUD (anglais, collège Le Dorlay, La Grand Croix), Janine ROUQUET (mathématiques, collège P. et M. Curie, La Talaudière) Conseillers d’orientation psychologues : Anne GAZINSKI, Pierre JOASSARD, Nathaly MITJAVILLE, Agnès OBRINGER, Gilbert ROYON, Marie VUILLERMOZ 12 II Neuropsychologues : Vania HERBILLON (CHU Debrousse, Lyon), Elodie VUILLEZ (étudiante en neuropsychologie) Etudiants-stagiaires : Emilie FERLEY (master économie), Johan PAIRE (master sociologie) Statisticiens : Adel AMIROUCHE (doctorant), Calogero SAN FILIPPO Chefs d’établissements pour l’organisation du recueil de données : Robert DEVOUCOUX (collège Jacques Prévert, Andrézieux), Antoine ROYE (collège Le Bois de la Rive, Unieux), Monique CARRERE (collège P. Masson, Saint-Germain-Laval), Christiane TEYSSIER (collège Le Dorlay, La Grand Croix), Michèle TREVE (collège St joseph, Saint-Just-SaintRambert) III 13 BIBLIOGRAPHIE DUSSAP Séverine : Evaluation de l'outil de repérage des élèves à risque de dyslexie dans les classes de CE2 et CM1 - Rapport de stage de master économie et gestion - ISEAG, Université Jean Monnet - mai 2005 EGAUD Christine, IMLER-WEBER Françoise, GISSINGER Céline, JACQUIER-ROUX Monique, PARTRAT Brigitte, TEMPELHOFF Claire : Comment effectuer un dépistage efficace de dyslexie de développement ? Contribution au repérage et au dépistage de la dyslexie - Le Pédiatre, n° 214, Mai-juin 2006 EGAUD Christine, IMLER-WEBER Françoise, GISSINGER Céline, JACQUIER-ROUX Monique, PARTRAT Brigitte, TEMPELHOFF Claire : Comment effectuer un dépistage efficace de dyslexie de développement ? Contribution au repérage et au dépistage de la dyslexie - Le Pédiatre, N° 216, Septembre-Octobre 2006 EGAUD Christine : Les troubles spécifiques du langage oral et écrit - Les comprendre, les prévenir et les dépister, accompagner l'élève, CRDP de Lyon, 110p, 2001 EGAUD Christine, Les troubles spécifiques du langage écrit. Un diaporama pour accompagner la formation des enseignants, mémoire du DU de Neuropsychopathologie des apprentissages scolaires, Université Claude Bernard- Lyon 1, Juin 2003 EL BNOUJ Aziza, GONCALVES Alice, SAN FILIPPO Calogero : "Repérage des dyslexies en CM2 - Analyse d'outils et évaluation des procédures " Rapport de stage de maîtrise de biologie des populations et des écosystèmes , Université Jean Monnet, Saint-Etienne, Juin 2004 FERLAY Emilie : Effet des aménagements sur les acquis des élèves en 5°, Mémoire de stage, master d'économie, ISEAG, Saint-Etienne, 2005 JACQUIER-ROUX Monique, EGAUD Christine : Etalonnage d’un outil d’évaluation des capacités métaphonologiques de l’enfant, ANAE N° 82, Juin 2005 JACQUIER-ROUX Monique : Dyslexie : prise en compte au collège - une expérience originale de regroupement des élèves des élèves dyslexiques de 6ème au sein d'une classe ordinaire - ANAE 2003 : n°74-75, p.237 à 247 - décembre 2002 JACQUIER-ROUX Monique, SANDON Jean-Michel, REHAILIA Mohamed, SANFILIPPO Calogero, EL BNOUJ Aziza et GONCALVES Alice : Reperdys : évaluation d’un outil de repérage des élèves dyslexiques pour les enseignants, ANAE N°86, p. 41 à 47, Mai 2006 JACQUIER-ROUX Monique, EGAUD Christine, IMLER-WEBER Françoise, GISSINGER Céline, MORAND Paulette, PARTRAT Brigitte, médecins de l’Education nationale et AMIROUCHE Abdel, doctorant ; Intérêt de la prise en compte au collège des difficultés des élèves dyslexiques, 3p, 2008 (soumis) PLAQUETTE "Les troubles spécifiques du langage écrit ... En quelques mots" - DAFOP Rectorat de Lyon - Novembre 2006 FILM " Les troubles spécifiques du langage écrit - C'est quoi ce monstre ?" CDDP du département de la Loire, Académie de Lyon, Novembre 2006 CD-ROM " Les troubles spécifiques du langage écrit - Quels aménagements pédagogiques ?" CDDP-Loire, distribué par la DAFOP, Rectorat de Lyon, Novembre 2006 CD "Que nous apprennent ces enfants qui n'apprennent pas à lire ?", CPC, inspection académique de la Loire reperdys.com : test de repérage 14 IV 8 Novembre 2006 V 15 Site Internet, avec le descriptif de l’étude, les résultats, les ressources : www.ia42.ac-lyon.fr/tsle/index.html (ouvrir avec Mozilla Firefox) VI 16 PUBLICATIONS DES AUTEURS sur ce thème D. CALLU, M. JACQUIER-ROUX, F.CUSIN, I.GIANNOPULU, G.DELLATOLAS- « Pertinence du repérage par les parents des retards de langage chez l’enfant entre quatre et six ans »- Archives de Pédiatrie 2003;10 :1061-1067. EGAUD Christine : Les troubles spécifiques du langage oral et écrit - Les comprendre, les prévenir et les dépister, accompagner l'élève, CRDP de Lyon, 110 p, 2001 EGAUD Christine, Les troubles spécifiques du langage écrit. Un diaporama pour accompagner la formation des enseignants, mémoire du DU de Neuropsychopathologie des apprentissages scolaires, Université Claude Bernard- Lyon 1, Juin 2003 EGAUD Christine, IMLER-WEBER Françoise, GISSINGER Céline, JACQUIER-ROUX Monique, PARTRAT Brigitte, TEMPELHOFF Claire : Comment effectuer un dépistage efficace de dyslexie de développement ? Contribution au repérage et au dépistage de la dyslexie - Le Pédiatre, n° 214, Mai-juin 2006 EGAUD Christine, IMLER-WEBER Françoise, GISSINGER Céline, JACQUIER-ROUX Monique, PARTRAT Brigitte, TEMPELHOFF Claire : Comment effectuer un dépistage efficace de dyslexie de développement ? Contribution au repérage et au dépistage de la dyslexie – Suite-Le Pédiatre, N° 216, Septembre-Octobre 2006 JACQUIER-ROUX Monique, « Santé et apprentissages de la lecture » in Santé et apprentissages, la Documentation française, 1994 JACQUIER-ROUX Monique, « Entraînement visuel et apprentissage de la lecture », in Vision et lecture, médecine scolaire et universitaire, éditions AFPSSU 1994 JACQUIER-ROUX Monique, ZORMAN Michel, « Conscience phonologique et entraînement phonologique en grande section de maternelle », in Entraînements cognitifs, les éditions de la cigale – 9 rue de Chamrousse , 38100 Grenoble. JACQUIER-ROUX Monique, ZORMAN Michel, VALDOIS Sylviane, BSEDS (Bilan de Santé – Evaluation du Développement pour la Scolarité) et ODEDYS, Laboratoire cogni-sciences et apprentissages, téléchargeables sur le site Internet grenoble.iufm.fr/recherch/cognisciences/index.html JACQUIER-ROUX M., ZORMAN M., MICHEYL C., COLLET L. Discrimination auditive et résultats scolaires, in Entraînements auditifs, Edition La Cigale, 1995 JACQUIER-ROUX Monique, « BSEDS 5-6 : un dépistage des difficultés de langage oral et des risques de développer une dyslexie qui ne fait pas l’économie de la réflexion clinique », in Dépistage des troubles de l’apprentissage scolaire : tests, bilans, batteries ; intérêts et limites » N°66 – A.N.A.E. JACQUIER-ROUX Monique : Dyslexie : prise en compte au collège - une expérience originale de regroupement des élèves des élèves dyslexiques de 6ème au sein d'une classe ordinaire - ANAE 2003 : n°74-75, p.237 à 247 - décembre 2002 JACQUIER-ROUX Monique, EGAUD Christine : Etalonnage d’un outil d’évaluation des capacités métaphonologiques de l’enfant, ANAE N° 82, Juin 200 5 JACQUIER-ROUX Monique, SANDON Jean-Michel, REHAILIA Mohamed, SANFILIPPO Calogero, EL BNOUJ Aziza et GONCALVES Alice : Reperdys : évaluation d’un outil de repérage des élèves dyslexiques pour les enseignants, ANAE N°86, p. 41 à 47, Mai 2006 JACQUIER-ROUX Monique, EGAUD Christine, IMLER-WEBER Françoise, GISSINGER Céline, MORAND Paulette, PARTRAT Brigitte, médecins de l’EN et AMIROUCHE Abdel, doctorant ; Intérêt de la prise en compte au collège des difficultés des élèves dyslexiques, 3 p, 2008 (soumis) FILM " Les troubles spécifiques du langage écrit - C'est quoi ce monstre ?" avec le CDDP du département de la Loire, Académie de Lyon, Novembre 2006