LeParisien.fr 22 juillet 2016 30 % des patients ont peur lors de leur hospitalisation La qualité des soins n'est pas en cause. Mais une enquête inédite met en avant une faiblesse de l'hôpital dans la prise en compte du ressenti des patients. C'est un sentiment spontané, purement subjectif, qui s'impose à eux lorsqu'ils attendent dans une chambre d'hôpital : près d'un patient sur trois ne s'y sent pas en sécurité. C'est ce que révèle aujourd'hui un baromètre BVA pour le site Hospitalidée, plus connu sous l'appellation de « Tripadvisor de la santé ». Comme son cousin s'intéressant au tourisme, ce service Internet gratuit permet à des particuliers d'émettre des avis sur la prise en charge dans les hôpitaux et les cliniques qu'ils ont fréquentés. Ce site, basé à Toulouse, rencontre déjà un beau succès. En un an, date de sa création, Hospitalidée a recueilli plus de 50 000 commentaires. Le patient y est libre de s'exprimer, la seule condition est de ne pas attaquer quelqu'un personnellement. L'enquête, réalisée à partir de l'analyse de 6 546 avis publiés sur le site et concernant 827 établissements de santé, montre ainsi un gouffre entre le soin et le « prendresoin ». Autrement dit, si l'excellence des soins n'est pas remise en question, il en va autrement de la qualité de la prise en charge du patient dans sa totalité, avec ses peurs, ses angoisses et ses questions. « Ces 30 % de gens qui ne se sentent pas en sécurité pendant leur hospitalisation ne jugent pas le personnel médical, ni leurs compétences, mais l'organisation de l'établissement, qui ne s'adapte pas aux besoins des patients. Ce sont ces personnes accueillies de façon très administrative qui ont peur d'être oubliées, à qui on n'explique pas les soins ou les symptômes, ni ce qui se passera pour elles après l'opération. Bref, ces 30 % représentent ce manque de visibilité. Ce pourcentage est intéressant, car il ne désigne pas une appréhension avant un acte médical, mais la crainte ressentie pendant le séjour », distingue Loïc Raynal, créateur du site, qui se dit fier d'avoir « mesuré une émotion » avec ce baromètre. Le ressenti des patients n'est d'ailleurs pas le même lorsqu'ils sont pris en charge en ambulatoire, c'est-à-dire lorsqu'ils peuvent rentrer chez eux dans la journée. Quand ils ne font « que passer » à l'hôpital, ils sont 76 % à se sentir en sécurité. Loïc Raynal insiste sur le fait « que le monde de la santé est aussi un service public » et qu'il ne doit pas l'oublier. L'association de défense des consommateurs et des usagers CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) ne dit d'ailleurs pas autre chose. « C'est une bonne chose que cette enquête fasse émerger la parole non seulement du patient, mais des usagers qui ont des droits. Car, à l'hôpital, nous sommes aussi des usagers, même si cette idée à du mal à s'installer dans la communauté médicale, juge François Carlier, directeur général de l'association, qui a présenté en avril une étude sur les temps d'attente lors de la consultation à l'hôpital. Elle révélait alors que l'accueil des patients n'était en effet pas une priorité. Christine Mateus