QUESTIONS DE SPORT
La Lettre du Rhumatologue - n° 297 - décembre 2003
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Un joueur de volley, amateur,
s’est fait une entorse de la che-
ville étiquetée bénigne (immobili-
sation par orthèse Air cast ) puis
a suivi une rééducation progres-
sive pendant trois mois.
Néanmoins, une douleur de la
cheville persiste, notamment à la
reprise des entraînements.
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Quels diagnostics peut-on
envisager ?
Les douleurs de cheville dans les
suites d’un entorse de cheville, y
compris à distance, ne sont pas rares. Tout d’abord on peut voir,
pour l’entorse du ligament latéral externe de la cheville comme
pour l’en
torse du
ligament latéral interne
du genou, des dou-
leurs résiduelles “cicatricielles”
du plan ligamentaire externe.
Mais la principale complica-
tion qu’il faut évoquer
devant ces douleurs traî-
nantes de cheville est une
lésion ostéochondrale du
dôme astragalien. Lorsque le
mécanisme de l’entorse est en
inversion-flexion plantaire (cas
le plus fréquent), la lésion
ostéochondrale se situe alors
sur la partie interne de l’astra-
gale, du côté opposé aux lésions ligamentaires. L’examen cli-
nique, même s’il est pauvre, doit accorder une certaine valeur
à un gonflement intermittent
de la cheville ou à des sensa-
tions de blocage, voire d’in-
stabilité. L’examen des ampli-
tudes articulaires de la
tibio-astragalienne mené de
façon comparative peut par-
fois montrer une diminution
de la flexion dorsale ou plan-
taire. Il faut également prati-
quer les tests d’impaction en
varus flexion dorsale et
flexion plantaire, car ils
réveillent électivement la dou-
leur en fonction de la topo-
graphie de la lésion articulaire
et du mécanisme de survenue.
Les autres articulations du
pied doivent aussi être exami-
nées : sous-astragalienne et
médio-pied (interligne de
Chopart et de Lisfranc).
En pratique, un autre dia-
gnostic est possible chez un
sportif ayant des antécé-
dents d’entorse sur une
même cheville et accumulant les microtraumatismes répé-
tés : le syndrome exostosant antérieur. À l’examen, le patient
décrit une gêne mécanique douloureuse à la face antérieure
du cou-de-pied, la flexion dorsale pouvant être limitée.
Quant au syndrome d’impaction postérieure touchant la
queue de l’astragale, il concerne surtout les footballeurs par
hypersollicitation en flexion plantaire.
‰
Quelles sont les explorations utiles ?
Le bilan radio standard doit être demandé en première
intention devant cette douleur traînante : cliché de face
Douleur persistante,
trois mois après une entorse de la cheville
étiquetée bénigne chez un volleyeur
* * Rhumatologue, médecin du sport, médecin de la FFT, attaché à l’hôpi-
tal Ambroise-Paré, Boulogne.
** Chef du service de rhumatologie, hôpital Henri-Mondor, Créteil.
lP. Le Goux*, X. Chevalier**
Coupe frontale.
Évaluation de la mobilité
de la tibio-astragalienne
en flexion et en extension.
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