dans les épilepsies du lobe temporal de l’hémisphère majeur et
de la mémoire visuo-constructive dans les épilepsies du lobe
temporal de l’hémisphère mineur. Dans les autres lobes, il
n’existe pas de profil aussi marqué, mais ce bilan permet de
révéler des déficits fonctionnels individuels. Dans tous les cas,
ce bilan ne permet pas de porter l’indication opératoire : c’est
une brique dans l’élaboration des hypothèses quant à la situation
anatomique de la ZE.
●Des EEG répétés sont nécessaires pour apprécier la stabilité
des anomalies et apprécier l’activité cérébrale dans des zones
éloignées de la ZE supposée.
●IRM et TDM. La TDM n’a plus maintenant que peu d’inté-
rêt dans le bilan d’une épilepsie. Tout au plus permet-elle de pré-
ciser l’existence et la localisation de calcifications. L’IRM est,
quant à elle, l’instrument clé de la recherche d’une lésion (2).
Bien souvent plusieurs examens seront nécessaires pour locali-
ser une lésion et tenter de préciser sa nature, son évolutivité.
L’IRM fournit aussi des éléments pronostiques sur l’épilepsie
(1). Les progrès techniques sont rapides (séquence FLAIR), et il
ne faut pas hésiter à renouveler cet examen au bout de quelques
années, d’autant plus si, connaissant mieux le patient, on a la
conviction de crises partielles stéréotypées. Il n’est pas rare
qu’une épilepsie considérée comme cryptogénique devienne
symptomatique. Enfin, certains protocoles sont maintenant éta-
blis pour rechercher dans les meilleures conditions une patholo-
gie donnée : par exemple, une sclérose de la corne d’Ammon
peut n’être visible qu’en T2 dans un plan orthogonal au plan des
lobes temporaux. La spectro-IRM est, quant à elle, toujours en
cours d’évaluation et aurait un intérêt important en post-ictal
précoce (elle serait alors un examen semi-dynamique).
●Tomographie par émission monophotonique (TEMP)
interictale : reflet du débit sanguin cérébral au moment où le tra-
ceur est injecté, elle n’a qu’un intérêt limité dans l’exploration
de patients épileptiques. Il est en effet exceptionnel qu’elle
révèle une lésion non visible sur l’IRM. Son intérêt essentiel à
ce stade sera de permettre la comparaison avec l’examen ictal.
●Tomographie par émission de positons (TEP) : elle permet
l’étude du métabolisme cérébral, du débit sanguin, de la densité
de certains récepteurs en fonction du ligand utilisé. Il est démon-
tré que les épilepsies temporales sont associées à un hypométa-
bolisme ipsilatéral à la ZE dans 70 à 90 % des cas : il s’agit
même d’un élément de bon pronostic (3). Dans les autres loca-
lisations, elle peut permettre de découvrir des anomalies non
vues ou douteuses sur l’IRM.
Outils de localisation dynamiques non invasifs
●EEG-vidéo avec enregistrement des crises : cette étape est,
pour tous les centres, nécessaire à la poursuite du bilan. Dans
notre expérience, il est possible d’enregistrer des crises chez les
patients, en en faisant au moins deux ou trois par mois. Pour les
favoriser, une baisse de traitement est souvent nécessaire ; cela
se fera donc en hospitalisation. Il est nécessaire d’enregistrer
tous les types de crises du patient, ce qui permet de décrire les
signes des crises et de rechercher un déficit neurologique ou
neuro-psychologique per- et post-critique. L’interprétation de
l’EEG-vidéo doit permettre d’établir des corrélations anatomo-
électro-cliniques.
●TEMP ictale, si cela est possible : une injection de traceur
est faite lors de la crise. Celui-ci se fixe presque instantanément
et de façon irréversible en intracérébral, et une image du débit
sanguin cérébral pendant la crise peut être obtenue en médecine
nucléaire dans l’heure qui suit l’injection (4). Associé à l’EEG-
vidéo, cet examen renforce l’établissement des corrélations
anatomo-électro-cliniques par sa dimension anatomique plus
précise que celle de l’EEG.
Les moyens non invasifs utilisés par chaque équipe dépendent
des ressources locales, des habitudes et surtout de l’expérience
acquise au cours des années. Il n’y a pas d’examen souverain,
mais il n’y a pas, pour l’instant, d’examen inutile. Il existe peu
de différences entre les diverses équipes rodées de chirurgie de
l’épilepsie, tant en nombre de patients traités qu’en termes de
résultats. La tendance, outre-Atlantique, est peut être d’accorder
un poids un peu supérieur à l’imagerie “statique”, permettant la
reproductibilité et un traitement statistique, alors qu’en Europe
les examens dynamiques, toujours individuels, sont la base du
raisonnement.
Au terme de ce bilan, et si tout concorde, une intervention peut
être proposée, pourvu que, fonctionnellement, elle soit “accep-
table”. L’examen clinique et neuro-psychologique per- et post-
critique est celui qui apporte le plus de renseignements.
Toutefois, si la ZE paraît être en rapport avec des aires fonc-
tionnelles, le recours à des techniques autres est utile. Là aussi,
cela dépend des moyens locaux et des habitudes.
●IRM fonctionnelle ou magnéto-encéphalographie
(MEG) : elles permettent la localisation précise des aires pri-
maires et des aires du langage.
●Le test de Wada pour la latéralisation des centres du langage
tend progressivement à être remplacé par ces dernières tech-
niques. Il conserve toutefois des indications pour apprécier les
performances mnésiques des patients “hémisphère par hémi-
sphère” ainsi que la disparition d’anomalies EEG controlaté-
rales au foyer lorsqu’on “éteint” par l’amytal sodique la région
épileptogène.
Inversement, le bilan non invasif peut déboucher sur une contre-
indication de chirurgie : c’est toujours une déception pour le
patient, et il doit être averti que cet investissement peut se faire
en pure perte.
ÉPILEPSIE
La Lettre du Neurologue - Hors-série - avril 2002
18