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dans chaque étude, mais les résultats prin-
cipaux sont les suivants :
– la majorité des sujets qui ont fait des cri-
ses d’épilepsie devant un jeu vidéo sont
photosensibles. Il n’existe que quelques
cas de sujet à épilepsie partielle sans
photosensibilité retrouvée à l’EEG ;
– l’incidence annuelle de survenue de crise
d’épilepsie à l’occasion d’un jeu vidéo
dans la tranche d’âge 7-19 ans est de 1,5
pour 100 000 ;
– les crises surviennent beaucoup plus
souvent devant les consoles de jeu reliées
à un téléviseur et les jeux arcades (jeux à
grand écran dans les salles spécialisées)
que devant les jeux d’ordinateur ou une
console de jeu portable ;
– plus le sujet est près de l’écran, plus le
risque est grand ;
– les écrans conventionnels à fréquence de
balayage de 50 Hz (majoritaires sur le
marché en Europe) sont plus dangereux
que les écrans de nouvelle génération à
fréquence de balayage de 100 Hz ;
– certaines séquences de jeu paraissent
plus épileptogènes que d’autres : celles qui
comportent des “patterns” ou une forte
luminosité sont incriminées.
Ces résultats ont été expliqués dans les
médias, le but étant de dédramatiser la
situation, dans la mesure où les risques
d’épilepsie étaient faibles et ne concer-
naient finalement qu’un nombre peu
important d’utilisateurs.
Alors que la population était rassurée, fin
1996 est survenu un incident grave au
Japon : un dessin animé, Pocket Monster,
diffusé simultanément à des millions de
téléspectateurs, a conduit plusieurs centai-
nes d’enfants à l’hôpital pour crise d’épi-
lepsie. On a constaté plus tard que 1,4 %
des enfants ayant regardé ce programme
avaient eu une crise d’épilepsie. Dans ce
dessin animé, il y avait des effets strobos-
copiques répétés et prolongés intéressant
la majorité de l’écran à une fréquence de
12 Hz, comportant les couleurs rouge et
bleue en alternance, particulièrement
sensibilisantes. À la suite de cet inci-
dent, cette séquence de dessin animé a
cessé d’être diffusée au Japon, et n’a pas
été exportée à l’étranger. Les recomman-
dations ont été renouvelées demandant
aux diffuseurs de télévision d’éviter les
effets stroboscopiques.
Conseils pratiques
D’abord reconnaître
la photosensibilité
Les symptômes cliniques relatifs à la
photosensibilité peuvent avoir des aspects
divers : il peut s’agir de crises convulsives,
de myoclonies diffuses ou localisées à la
musculature oculo-céphalique. Le patient
peut ressentir des sursauts, des frissons,
commettre des actes de maladresse.
Parfois, les troubles sont plus légers mais
ressentis comme désagréables : gêne
visuelle avec sensation douloureuse rétro-
orbitaire, voire plus diffuse, ou absences
pas toujours reconnues par le patient lui-
même.
Connaître les facteurs pouvant
déclencher des crises
Effets lumineux
Des lumières naturelles ou artificielles
peuvent provoquer des crises. Le plus sou-
vent, il s’agit de flashes clignotant à une
certaine fréquence. Les fréquences (nom-
bre d’éclairs par seconde) les plus dange-
reuses sont comprises entre 10 et
25 éclairs par seconde (10 à 25 Hz). En
fait, la sensibilité dépend de chaque
sujet. Pour certains, des fréquences plus
basses (entre 3 et 10 Hz) ou plus élevées
(entre 25 et 60 Hz) peuvent être aussi
sensibilisantes. Ainsi, les stroboscopes
des discothèques ou utilisés lors de tra-
vaux pratiques de physique au lycée peu-
vent induire des crises.
L’intensité de la lumière peut aussi jouer un
rôle par effet d’éblouissement : les crises
peuvent survenir en regardant simplement
le soleil ou lors de la réflexion de celui-ci
sur la neige, l’eau ou une surface métal-
lique. Dans d’autres cas, une crise apparaît
alors que le sujet se trouve en voiture ou
dans un train et qu’il regarde défiler les
arbres éclairés par le soleil. De façon plus
exceptionnelle, des crises peuvent être
déclenchées par un éclairage ressemblant à
ceux des supermarchés ou lors du passage
d’un endroit sombre à un lieu fortement
éclairé.
Télévision
La télévision est particulièrement dange-
reuse chez les sujets photosensibles.
Cela est dû aux caractéristiques tech-
niques de composition de l’image télévi-
suelle : un point lumineux apparaît sur l’é-
cran et se déplace rapidement en suivant
des lignes horizontales, en commençant
dans l’angle supérieur gauche pour se ter-
miner dans l’angle inférieur droit. Une
image comporte 625 lignes balayées l’une
après l’autre à une certaine vitesse (fré-
quence de balayage). En réalité, l’image
complète est formée de deux demi-ima-
ges entrelacées : l’œil voit défiler une
série de lignes, la conserve en mémoire,
puis voit une autre série de lignes. Le
cerveau recompose l’image entière en
mêlant les 2 demi-images, ce qui donne
l’illusion qu’il n’y a pas de déplacement
de points ni de succession de lignes.
Le clignotement de l’image télévisuelle
peut ainsi être responsable de la stimula-
tion de certaines zones cérébrales anor-
males et hyperexcitables.
Les fréquences lumineuses les plus bas-
ses (aux alentours de 25 Hz) liées au scin-
tillement des lignes sont visibles si on est
près de l’écran (moins de 1 mètre). Les
risques sont ainsi d’autant plus impor-
tants pour le sujet photosensible qu’il est
près de l’écran, surtout si l’ambiance lumi-
neuse de la pièce est sombre.
Depuis 1992, il existe des téléviseurs à fré-
quence de balayage à 100 Hz. Au lieu que
l’image soit constituée de 2 demi-images
comme avec les écrans à balayage clas-
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